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dant plusieurs jours, ne pouvant suivre leur traîn pour se rendre au Caucase!

Je n'acheverai pas l'article des inondations, sans énoncer encore le projet, qui depuis long tems étoit enraciné dans une certaine classe de personnes, et qui a été soutenu avec des principes directs et indirects, par quelques ressorts du pays, qui régissent cette contrée.

Il consiste dans la transplantation de la ville. de Tscherkask sur la colline d'Oksay.

C'est l'expédient qui reste généralement à ceux qui ne connoissent pas les moyens que l'hydraulique fournit; et c'est à cet égard que tombe à propos la considération de Mr. de Fontenelle qu'on traite volontiers d'inutile ce qu'on ne sait 'point, c'est une espèce de vengeance.

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Ce que quelques-uns refusent par ignorance, quelques autres méprisent ou négligent par intrigue; c'est d'où tirent leur origine les subterfuges des gens en place dans leurs rapports à la Cour; et en faisant paroître que tout scrt du fond de la nation, il résulte bien des arrêts contradictoires.

Il n'y a pas de quoi s'étonner par conséquent si l'on veut faire croire que c'est la volonté du peuple, volonté que le peuple n'a jamais eu, que

celle de vouloir s'expatrier pour perdre la grande quantité des avantages dont il jouit à Tscherkask.

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La pêche aux fenêtres qui constitue la principale richesse depuis le mois de mars jusqu'à celui de juillet; le bois ensuite par les roseaux dont toute l'île est remplie, l'eau à portée, ensuite le pâturage, la facilitation de la navigation et du commerce. Ce sont autant d'objets qui feroient passer une population active dans un état passif.

Les Arméniens de la ville de Nakitschevan limitrophes des habitans d'Oksay ne se soutiennent que par leur industrie. Ils ont besoin de payer l'eau et d'acheter le bois des Cosaques, consistant en des Kigeaky, savoir dans des excrémens mêlés avec de la paille et de la terre, ou bien dans un mêlange de paille et de fumier.

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D'ailleurs l'emplacement en question pour reconstruire la ville de Tscherkask sur la montagne d'Oksay, vers la communauté de Groussewka, est trop petit pour pouvoir contenir tout ce monde qui doit s'y fixer, et lorsqu'il s'agit d'aisance, il faut remarquer que ce ne seroit pas seulement l'eau et le bois qui se rendroient précieux, mais même le fourrage pour les bestiaux. La proximité des Choutors ou des maisons de plaisance de plu

sieurs seigneurs, le long de la rivière d'Oksay, porte un droit exclusif de pâturage dans les plaines environnantes, ce qui réfléchit aussi sur la masse générale de la population, qu'on voudroit transplanter.

Si enfin l'on contemploit l'objet économique il y auroit à comparer la somme de 130,000 roubles environ qu'il auroit fallu pour achever tous les ouvrages, avec celle qu'il faudroit pour démolir toutes les maisons de Tscherkask, pour faire le transport des vieux matériaux à une si grande distance sur la montagne, et pour la nouvelle bâtisse.

Tant que l'on s'imagina de pouvoir suivre le plau d'exhausser tout l'horison de la ville au niveau des plus hautes cruës, en démolissant peu à peu les maisons pour encombrer le terrain, ce projet tout ignorant qu'il étoit, étoit pourtant mené avec beaucoup d'adresse, par le tems qu'il auroit fallu, pour son exécution de 156 ans et cinq mois, et les frais immenses dans lesquels on se seroit enfoncé ; mais depuis que la Cour a refusé ce plan idéal, dénué de tout principe, en approuvant formellement les ouvrages que j'ai exécutés; c'est alors qu'on a commencé à forger d'autres systêmes pour détourner même les vuës du Souverain

et contrecarrer les projets sanctionnés, suivant les intérêts de ceux qui peuvent y avoir part.

Il ne s'agissoit que de saisir le moment.

C'est dans le cahos que tout se perd; que la vérité reste effacée; c'est ainsi qu'on ne devroit nullement s'étonner, si dans la suite on avoit l'occasion de voir des changemens diamétralement opposés aux vrais principes. Quoiqu'il en résulte, la vérité gardera toujours son poste.

Pour faire honneur à la vraie philosophie il faut attendre le paisible suffrage de la raison, sûre mais bien souvent lente dans ses récompenses.

Il faut à cet égard convenir avec Bayle, que les grandes et les importantes vérités, ont des caractères intérieurs qui les soutiennent.

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ORIGINE DES COSAQUES.

L est bien difficile de suivre le fil de l'analogie des peuples barbares: la marche de la vérité ne peut pas être suivie; lorsqu'on la cherche hors de ses limites. Il y eut en tout tems des disputes sur leur origine sitôt que l'ordre manque l'on peut facilement s'égarer. Je m'efforce de le suivre le plus qu'il est possible, en m'en rapportant aux pères de l'histoire, à Hérodote, Justin, Diodore de Sicile et Pomponius Mela.

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L'on voit ainsi, qu'Hérodote les appelle quelque part Scythes Royaux. C'est pourquoi il me semble, qu'il n'est pas hors de propos que je remonte à l'origine des Scythes.

Justin prétend qu'ils sont plus anciens que le peuple d'Egypte, et Eusèbe étayé par le suffrage de quelques savans les fait descendre de Serug, septième arrière neveu de Noë. La premiere men tion historique des Scythes se trouve dans le nom de la ville de Palestine, appellée par les Grecs Scythopolis, et par les Hébreux Beth-Saan.

Hérodote nous dit, qu'il n'y avoit que les Grecs, qui se servoient du nom Scythe; mais que les Scy

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