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» La sécousse terrible pour la plaine de Cala» bre, celle qui ensevelit sous les ruines de la » ville, plus de vingt mille habitans, arriva le 5 » fevrier à midi et demi. Elle dura deux minutes..... les villes et toutes les maisons éparses » dans la campagne, furent rasées dans le même instant; les fondemens parurent avoir été vomis » par la terre..... Les terrains, qui étoient appuyés contre le granit de la base des monts » Caulonne, Esope, Agra et Aspramonte, glis» sèrent sur le noyau solide, dont la pente est

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rapide, et descendirent un peu plus bas. Il » s'établit alors une fente de plusieurs pieds de large, sur une longueur de neuf à dix milles » (trois lieues) entre le solide et le terrain sa>> blonneux, et cette fente règne presque sans >> discontinuité depuis S. George jusques derrière >> S. Christine. Plusieurs terraius, en coulant » ainsi, ont été portés assez loin de leur pre>> miere position. La sécousse, qui arriva pendant » la nuit du 5 fevrier, augmenta les dommages » de Messine, de Regio, et des villes, qui avoient déjà été ébranlées par le premier tremblement » de terre du même jour. Elle fut fatale aux ha» bitans de Scilla, par la chute d'une portion >> considérable de la montague dans la Mer, ce

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» qui fit soulever les eaux, et leur donna une >> fluctuation violente. Les flots se brisèrent con

tre la plage et la partie basse de la ville, où » s'étoit réfugié le prince Sinopoli, seigneur du » lieu, accompagné de beaucoup d'habitans che» vauchèrent sur le rivage, et en se retirant en>> traînerent avec eux tous ceux qui y étoient (environ douze cent personnes qui furent noyées. ) A la distance d'environ huit milles que le Vésuve

se

trouve de Naples, heureusement pour cette ville , que les vents méridionaux et du couchant étant ceux qu'y règnent le plus souvent, portent les cendres d'un côté opposé à la ville.

Ce qu'il y a de plus surprenant c'est, qu'on éprouve très-souvent des tremblemens de terre dans des lieux où l'on ne soupçonnoit pas, qu'il y eut des feux soûterrains, ainsi que dans le Jura, dans la Comté et jusques du côté de Dijon, dans les Pays-bas, les Pyrenées, dans plusieurs provinces de la Chine, quoiqu'on n'y connoisse point de volcans.

Le tremblement de terre qui suivit le 14 octobre 1802. à Moscou vers les deux heures de l'après-midi, se fit annoncer à Kiew, à Jassy, à Nikolaïew, à Sevastopol, et à Tscherkask. I ne causa pas de ruines, mais il mérite d'être rapporté,

car il a enfilé des régions fort éloignées les unes des autres, et sans que l'on eût pu jamais s'appercevoir des matières volcaniques, ou d'une communication soûterraine.

Sans avoir besoin de décrire tous les détails du rapport, que j'eus occasion de lire du Feld-Maréchal le comte Soltikow, fait au sénat de Pétersbourg, j'énoncerai seulement d'après ce mêine rapport, que le tremblement de terre fut général dans tous les quartiers de la ville de Moscou, et que ce fut chez le général en chef prince Dolgorouki, que le directeur de la Police et le professeur de physique de l'Université de Moscou Mr. Strakow découvrirent une fente de deux pieds de largeur sur trois de longueur et six de profondeur, dans une cave louée à un certain Gautier.

Le tremblement fut suivi d'un brouillard, qui s'éleva à quatre heures après midi, et le brouillard ajoute le Feld-Maréchal, dans son rapport écrit le 23 d'octobre, continue encore, mais par intervalles, n'étant pas de la même épaisseur, ce qui fait qu'à la distance de dixhuit pieds, il est difficile de distinguer les objets.

Ce tremblement de terre ne se fit point sentir à Pétersbourg, tandis qu'il fut sensible à Moscou,

où la sécheresse commença et l'aridité se prolongea dans plusieurs gouvernemens de la Russie jusqu'à la Mer Noire et celle d'Azow. En Italie la sécheresse fut sensible, et quoique l'on puisse dire, en général, que les années sèches sont favorables aux bleds, ce n'est qu'aux terres fortes que convient une pareille température; car l'eau est absolument nécessaire dans les terres légères, comme le P. Cotte remarque dans son traité de météorologie.

C'est pourquoi la sécheresse qui règna vers le midi de la Russie dans ce tems-là, suivant les plages, produisit des effets tout-à-fait différens. L'aridité en Italie, par la qualité du sol, saisit les bleds, dans le tems, qu'ils étoient vigoureux et les rendit petits et ridés, ce qu'on appelle bleds échaudés, c'est-à-dire que les grains ont mûri trop tôt et avant d'avoir été assez rempli de farine. C'est ainsi, qu'au lieu de faire des exportations de la Sicile, qui en est le grênier, du Po lesin, du Milanois, etc. on eut besoin dans ce tems-là de mendier du pain de l'Ukraine et de la Pologne, et Odesse servit d'entrepôt.

A Tscherkask où je me trouvois alors, il ne plût point du tout, pendant l'été, non plus dans les environs. C'est pourquoi les fruits ayant acquis

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un trop grand degré de maturité, leurs sucs extrêmement rafinés fermentant avec les acides, se corrompirent très-promptement, et le foin et les bleds, par une sécheresse non interrompue, ont été brûlés en grande quantité; on auroit pu pourtant en tirer parti ( ainsi que j'eus lieu de remar→ quer) si on avoit profité du tems précieux incommensurable pour ceux, qui ne savent le calculer, qu'après de funestes suites. L'on s'en apperçut trop tard, dans l'hiver, où des haras entiers de chevaux périrent, faute de subsistance, dans une saison si rigide, que celle qu'on éprouva.

On n'a qu'à jetter l'oeil sur la Ire Planche, pour voir la grande quantité de rivières, qui tireut leur origine des environs de Moscou, et que dans ce cas, je suppose avoir été le véhicule aux fentes et aux cavernes ; d'où l'eau réduite en vapeurs, et les différens fluides élastiques qui se sont détachés des feux souterrains, ont enfilé des vents, avec impétuosité, et produit une commotion qui s'est communiquée à des distances considérables.

Mr. Troil, parlant des volcans d'Islande, observe, que c'est un signe d'une prochaine éruption, le desséchement soudain des petits lacs d'eau douce, des ruisseaux et des rivières.

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