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beaucoup de probables, et une grande quantité d'équivoques.

D'ailleurs chaque observateur a ses lunettes d'approche: chacun a sa manière de voir, d'où il résulte aussi des contradictions manifestes.

La nature ayant ses crises et l'homme ses passions, tout seroit bientôt bouleversé et méconnoissable, sans ces grands fleuves et ces hautes montagnes, que distribua si merveilleusement sur la surface de la Terre celui qui en établit les fondemens, et en régla toutes les proportions et les mesures. (Job. cap. 38. vers. 4 ct 5 ).

:

Tous les composés de la nature tendent à se détruire leur destruction suit la raison inverse de l'intimité d'union de leurs principes constituans, et la raison directe des impulsions ou bien des chocs, qu'ils éprouvent, par une grande quantité d'agens extérieurs.

D'abord il règne dans tout l'Univers une activité étonnante; d'après laquelle tout ce qui existe semble constamment assujetti à des changemens nécessaires. De toutes parts on ne voit perpétuellement, qu'une succession alternative de vie et de mort, de formation et de destruction. Ovide, en faisant parler Pithagore, décrit fort bien cette vicissitude, dans dont Mr. de Voltaire a si bien rendu

ces vers,

le sens.

;; Le tems qui donne à tout le mouvement et l'être Produit, accroît, détruit, fait mourir, fait renaître Change tout dans les Cieux, sur la Terre et dans l'Air; L'âge d'or, à son tour, suivra l'âge de Fer.

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Flore embellit des champs l'aridité sauvage.

La Mer change son lit, son flux et son rivage.

Le limon qui nous porte est né du sein des Eaux Le Caucase est semé des débris des vaisseaux. Bientôt la main du Tems applanit les montagnes Il creuse les vallons, il étend les campagnes. Tandis que l'Eternel, le Souverain des tems Est seul inébranlable en ces grands changemens. Beaucoup de philosophes ont attribué les cataclysmes ou les révolutions de notre Globe à l'influence des astres.

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Tycho en étoit si épris, qu'il s'exprima de la façon qu'il suit: Nier la force et l'influence des astres, c'est détruire la sagesse et la providence de Dieu, c'est contredire l'expérience.

I

Pour tirer des conséquences relatives à ce sujet, l'on a commencé à prendre en considération les différens mouvemens, qu'a la Terre autour du Soleil; mouvement de rotation en 23 h. 56 4 11: mouvement annuel en 365 jours 5 h. 481 48 11. Dans le mouvement on s'apperçut des inégalités produites par les forces d'attraction des Plarètes, sur-tout de Venus, Jupiter et Saturne.

Hipparque parut à Alexandrie vers l'an 160. avant Jesus Christ, où il observa l'inclinaison de l'axe de la Terre. Ce fut depuis ce tems-là, qu'on s'apperçut que cette inclinaison devient toujours plus petite, et que le point équinoxial arrivant chaque annéee plutôt que l'année précedente, l'année se raccourcit.

C'est aux forces perturbatrices, qui font éprou ver une petite variation dans l'équation et l'excentricité de la Terre, que plusieurs physiciens ont rapporté les grandes catastrophes.

Eu égard à la précession annuelle, l'on conjectura, qu'il y eut un tems, où le grand axe de l'orbe terrestre coïncidoit avec la ligne des équinoxes, et qu'il y eut aussi une autre époque astronomique, où le grand axe étoit perpendiculaire à la ligne, des équinoxes, établissant dans le premier cas l'équinoxe vrai et l'équinoxe moyen réunis, et dans le second le solstice vrai réuni au solstice moyen.

>> La seconde époque (dont j'ai fait mention » ci-dessus est beaucoup plus rapprochée de >> nous et remonte à peu près à l'année 1250.

Laissant à part les fluides de l'Univers, le magnetique, l'électrique, etc. qui peuvent avoir une influence sur les phénomènes terrestres, j'observe

que plusieurs astronomes ont établi, comme propre à causer des altérations dans le systême de la nature, le changement de position de plusieurs constellations, et de la masse même du Soleil.

Il ne suffit pas que le Soleil paroisse immobile pour le juger réellewert tel. Nous sommes même fondés à croire, que cette immobilité n'est qu'apparente. Cette image du repos physique peut être aussi trompense que l'image du repos moral (Bailly hist. de l'Astron. mod. 182. )

Outre le mouvement rotatoire du Soleil d'environ 25 jours et demi, et demi, on reconnoit un autre mouvement progressif vers la constellation d'Hercule, à 260° d'ascension droite et 27° de déclinaison boréale, ainsi qu'Herschel put appercevoir.

C'est du parallélisme de l'axe avec celui du plan de l'orbite terrestre, que plusieurs astronomies et naturalistes ont inferé le printems perpétuel de l'ancienneté, dont entr'autres, parlent Thomas Burnet, Louville, Maillet, et un homme d'un grand mérite Mr. de la Place. Ce n'est pourtant pas que ces auteurs s'accordent dans leurs systêmés.

Burnet se rapportant au déluge universel pense, que ce fut alors, que tout changea de face. Il imagina, que la croûte de la Terre se dessécha par le Soleil et creva de tout côté; qu'en même

tems l'eau qui y restoit au dessous fit des efforts contre la croûte, qui purent la soulever en différens endroits, et en augmentant les fentes, la Terre s'écroula dans le vaste abîme d'eau qui étoit au dessous. C'est par-là, que l'équilibre fut détruit (dit-il) et l'axe de la Terre pencha comme nous voyons, y amènant l'inégalité des saisons.

Louville en 1716 appuya son systême sur les observations des Chaldéens, rapportées par Diodore de Sicile. Maillet soutint aussi le systême des Egyptiens, qui pensoient, que dans les tems primitifs, l'axe n'étoit point incliné. Il supposoit, que les eaux ont diminué; et comme l'hémisphère austral, qui renferme moins de continens que le septentrional, alloit perdre proportionnellement ; l'équilibre entre les deux hémisphères en fut troublé, et l'axe s'est incliné.

La Place se rapporte à la marche progressive de la nature, après avoir confuté en 1789 le célèbre Mr. de la Grange qui d'après ses calculs trouve, que l'axe de la Terre ne peut être incliné moins de 18°, ainsi que l'on voit dans ses mémoires de Berlin de 1782.

Un auteur de poids la Place, c'est de cette manière, qu'il s'exprime, au sujet du parallélisme, dans sa mécanique céleste de 1805.

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