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qu'ils ont remporté le prix de l'Académie des Sciences de Paris, tout le monde est à portée de concevoir l'influence que peut avoir une comète en s'approchant de la Terre, pour souléver les eaux de l'Océan, causer les plus hautes marées, et être capable de produire ces déluges, dont l'histoire fait mention.

C'est sur ce principe que je viens de faire cette digression sur les comètes, pas pour donner du poids à des assertions outrées, mais uniquement pour éclaircir la matière après les contestations qui ont paru; me tenant seulement à l'influence qu'elles peuvent avoir sur notre Globe; et par-là j'ai cru ne devoir omettre aucun de ces ressorts, capables d'avoir contribué aux cataclysmes, que

la Terre a subis.

Sénéque étoit persuadé que les eaux ont été soulevées au dessus de plus hautes montagnes par de grandes marées.

Dolomiau suppose aussi, aussi, qu'il y eut un soulévement des eaux occasionné par les marées. Chaque flux déposoit des couches, qui étoient ensuite morcelées et dégradées par la retraite des eaux. Quoique dans nos plages nous ne connoissions que des petites marées, il a des astronomes, des hydrographes et des navigateurs, qui nous

indiquent la considérable hauteur des marées, l'on observe dans différens lieux de notre

que

Globe.

Le célèbre mr. Cassini rapporte, qu'il a tronvé la marée à Brest monter le mois de mars 1716 à 22 pieds, tandis qu'au port de l'Orient elle n'étoit que de 16 pieds et un pouce.

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Mr. de la Lande considéra en 1772, que la

plus forte marée qu'on ait vu à Brest, la Lune étant perigée, a monté à 23 pieds cinq pouces et six lignes.

Au havre de Grace Mr. Boyssaye de Bocage professeur d'hydrographie a trouvé la marée monter à 18 pieds trois pouces. Le vent très-fort du sud-sud-ouest contribue à la grande hauteur, qu'on y observe dans les nouvelles et pleines lunes.

Le 22 novembre 1772 la marée a été si forte à Portsmouth, qu'on n'avoit jamais vu la Mer si haute, et qu'une partie des fortifications de Blockhose a été entraînée par l'impétuosité des vagues (Gazette de France pag. 462. )

Suivant les observations de Samuel Colepress faites à Plimouth et aux environs, l'eau s'élève de 16 pieds pour l'ordinaire. Collect. académique t. VI.)

Dans la table de l'établissement des ports et côtes de l'Europe on lit, que la Mer monte de 18 pieds depuis le Pas de Calais jusqu'à l'embouchure de l'Escaut; il paroit que c'est de 18 pieds et demi à Calais et à Douvres et de 17 pieds et demi à Dunkerque.

Mr. Richer eut lieu de remarquer le quatrieme jour après la pleine lune, aux côtes de l'Acadie, dans la rivière de Pentagouët, au fort du même nom, à la latitude de 44° 22' 20", que la différence entre la haute et la basse mer étoit de dix pieds.

Il est marqué dans l'Enciclopedie le grand flux, qu'on a observé à l'une des embouchures du fleuve Indus, et à l'embouchure de la rivière des Amazones qui monte à 30 pieds. Il est aussi énoncé, qu'au passage de Bacareau sur la côte de l'Acadie, en Canada, la Mer, au solstice, ne s'élévant qu'à la hauteur de six pieds environ, au fond de la baïe, à ce qu'on assure, elle monte 60 à 70 pieds. Le flux est aussi remarquable au port de S. Julien, vers l'extrémité de la terre Magellanique, auprès de Malaga, dans le détroit de la Sonde, dans la Mer Ronge, dans la baïe de Hudson, à l'embouchure du fleuve S. Laurent, sur les côtes de la Chine et du Japon.

La nature des côtes, des golfes, la position des

montagnes, l'action des vents, des fleuves, la profondeur des eaux et la combinaison des courans, occasionnent toutes les anomalies.

Sans donner du poids au flux surnaturel, qui est rapporté dans l'histoire générale et particulière (t. I. pag. 438) que l'on apperçoit dans la principale des îles Orcades, je me borne à considérer, ce qui est annoncé dans l'histoire de l'Académie des Sciences de Paris de l'année 1772. » Les marées vont jusqu'à 46 pieds à S. Malo, mais c'est l'endroit de la Terre, où les plus grandes marées ont été observées jusqu'à présent».

Toutes ces marées ne sont pourtant excitées que par la force d'attraction du Soleil et de la Lune; ne peut-on pas imaginer l'approche d'une comète, pour soulever pareillemment les eaux, sans avoir besoin de recourir au torrent de vapeurs de Whiston qui tombe du Ciel?

D'abord l'influence du Soleil et de la Lune sur les eaux de la Mer est évidente. Ces astres par leur masse et leur gravité non seulement agissent sur ce fluide, mais aussi sur le fluide de l'air, qui par sa nature est plus compressible. On n'a à cet objet qu'à lire le mémoire des recherches sur les causes des vents de Mr. d'Alembert, qui remporta le prix de l'Académie, et le traité de M. Romme, qui vient de

sortir, sous le titre de tableaux sur les courans, les vents et les marées.

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Mr. Bailly réfléchit à cet égard, que cette action étant une fois admise, celle des autres planètes quoique moins sensible, n'en est pas moins réelle; mais la multitude, la complication des phénomènes rend la recherche des causes infiniment difficile. Il faut séparer ces causes, en déterminer l'intensité, ce sera le travail des siècles et le fruit des observations suivies et répétées. En un mot il ne faut pas trop légèrement rejetter une influence d'action qui n'a rien d'impossible.

C'est d'ailleurs dans l'histoire des faits, qu'on peut puiser les vrais principes de l'explication des phénomènes de la nature. Le grand tableau nous est représenté par une foule de voyageurs et naturalistes qui ont observé de corps marins sur des grandes hauteurs, comme Scheuchzer, Vallisnieri, Lazare Moro, Jefferson, le Père Feuillée, la Saussure, Pallas, Patrin, l'abbé Fortis etc. etc.

C'est Lamanon qui pensoit que les coquilles et autres animaux fossiles ne sont pas des productions marines. Selon son systême, il supposoit qu'il eût existé de grands lacs par toute la Terre, qui ont déposé les fossiles, qu'on y trouve ensevelis. Il prétendoit que ces lacs s'ouvrant peu à peu des

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