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pendant le mouvement de rotation n'a été exposé dans tout son jour qu'en ce siècle, par M. Poinsot, qui en a donné une théorie aussi simple et aussi pleine de lumière qu'elle est neuve.

Il serait intéressant d'examiner les idées et les travaux de Descartes, de Newton, de Leibnitz, de Jacques, Jean et Daniel Bernoulli, sur le mouvement dans les milieux résistants, et sur le mouvement de fluides; mais cet examen, qui, en définitive, ne peut rouler que sur l'application des principes généraux du mouvement, ne faisant point partie essentielle de notre objet, qui est les principes, nous le laissons de côté, afin d'abréger.

On n'a pas tort d'exalter la découverte de la loi du mouvement uniformément accéléré, dont au reste Descartes doit partager l'honneur avec Galilée; mais quelle qu'en soit l'importance, elle serait demeurée stérile sans la révolution cartésienne, et elle semble presque une œuvre ordinaire auprès de ce qui est sorti de cette révolution pour les progrès de la science du mouvement.

CHAPITRE IV (4).

Suite du même sujet.

NOTIONS SUR LA PUISSANCE ET SUR LA FORCE, CONSIDÉRÉES DANS LES EFFETS QUI LEUR SERVENT DE MESURE.

Les corps ont la puissance d'agir et de réagir les uns sur les autres. La force est une manifestation quelconque instantanée de cette puissance.

La force, par conséquent, dépend de la manière dont la puissance se produit, c'est-à-dire des circonstances dans lesquelles elle entre en exercice et du degré auquel elle se développe.

Dans l'homme et dans les animaux la puissance

(1) Ce chapitre se compose d'une note sur les principes du mouvement, que M. Lamarle a bien voulu nous communiquer. La manière dont ils sont envisagés nous semble propre à éclairer le chapitre précédent et à intéresser les esprits qui aiment à approfondir les notions primitives, de la science.

d'agir et de réagir est limitée; elle peut se développer spontanément à des degrés divers. Toutefois, la force ne dépasse jamais un certain maxi

mum.

La même puissance réside dans la matière, mais dépourvue de spontanéité. Lorsqu'elle agit, l'action persiste sans altération tant que la cause extérieure qui l'excite reste la même; elle se modifie en même temps que cette cause, et elle cesse avec elle.

La force, ainsi que la puissance, échappe à toute appréciation directe; c'est par ses effets seulement qu'on parvient à l'évaluer.

Quoique active, la matière ne peut d'elle-même ni sortir du repos, ni changer le mouvement qui l'anime considérée sous ce rapport, on dit qu'elle est inerte. Pour qu'un point matériel ne persiste pas dans l'état où il se trouve, il faut une cause étrangère à laquelle il cède et obéisse. Cette cause, quelle qu'elle soit, est la manifestation d'une puissance d'action appartenant à un corps extérieur et s'exerçant sur le point que l'on considère; c'est une force.

A ce point de vue, la force est une cause quelconque de modification dans l'état d'un corps.

L'inertie de la matière implique une puissance de réaction qui se révèle dans tout changement d'état. En effet, le changement ne pouvant avoir

lieu sans être particularisé, il faut qu'à chaque instant l'action de la force qui le provoque soit complétement détruite par une réaction égale et contraire. Cette réaction naît donc; due à l'inertie, elle se développe par le changement d'état, instantanément et toujours dans la mesure précisément nécessaire pour équilibrer l'action sollicitante.

Lorsqu'il y a changement d'état, l'état nouveau persiste de lui-même; rien d'ailleurs n'est changé dans la puissance de réaction inhérente à la matière. D'un autre côté, quand la force extérieure agit, son action instantanée est nécessairement la même quel que soit le mouvement du point auquel elle s'applique. Donc d'abord l'accroissement de vitesse, qui constitue le changement d'état, est indépendant de l'état initial. De là résulte aussi le principe de la proportionnalité des vitesses aux forces. Quant à la loi de génération de la vitesse, elle n'est autre chose que l'expression de l'égalité, qui doit exister à chaque instant entre l'action solli

dv

citante (F) et la réaction due à l'inertie (m dt

On a donc constamment :

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Cette relation permet d'estimer la force par l'un de ses effets, le mouvement. En statique, on

l'évalue par un autre effet, l'équilibre; la différence entre ces deux modes n'est qu'apparente. En réalité, c'est toujours par l'action contraire qu'elle contre-balance que la force se trouve mesurée.

Si le point sollicité par la force n'est pas libre et qu'il demeure en repos, la force est équilibrée par la réaction de l'obstacle qui ne permet pas au point de se mouvoir. Si le point est libre, son état change, mais les autres circonstances restent les mêmes. L'obstacle vient alors de l'inertie; il y a différence d'effet, parce que la réaction provoquée par la force et qui doit la détruire, ne peut plus résulter que d'un changement d'état.

Les acceptions variées du mot force ont quelquefois fait confondre la puissance d'agir et de réagir avec l'effort qui en est la manifestation. La force proprement dite est l'exercice, à un degré déterminé, d'une puissance dont on ne connaît par là que le développement actuel et instantané.

Dans un corps en mouvement, il y a puissance. La même puissance se retrouve dans le corps en repos. Pour qu'elle se révèle, il faut dans les deux cas une cause extérieure. De là, la force qui naît et périt avec cette cause.

Dans le choc des corps, la cause qui provoque le développement de la puissance est la différence de vitesse. La matière étant impénétrable, deux

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