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« Ces détails étaient étrangers à mon sujet; j'ai voulu les exposer de suite, pour appuyer mon assertion de la force tractoire de la lune.

« Il suit de là que si la force de la lune s'étend jusqu'à la terre, à plus forte raison celle de la terre doit s'étendre jusqu'à la lune et beaucoup plus loin; et que rien de ce qui est analogue à la nature de la terre, ne peut échapper à cette force tractoire.

« Rien n'est léger absolument s'il est matériel; il ne peut être léger que comparativement, parce qu'il est plus rare, soit de sa nature, soit que la chaleur l'ait dilaté. Je n'appelle pas rare ce qui est poreux ou creux, mais, en général, ce qui, sous

meridiem, facile est ex cosmographis, et Diodoro Siculo probare; cum etiam in historia ecclesiastica quidam perhibeatur fuisse communis episcopus Arabiæ et Taprobanæ, utique vicinæ, non vero quingentis milliaribus germanicis (imo vero per anfractus illi ætati usitatos, amplius mille) in orientem remotæ. Quæ vero hodie Taprobane putatur Sumatra insula, cam existimo olim fuisse Chersonnes um auream, isthmo Indiæ conjunctam ad urbem Malaccam. Nam Chersonnesus, quam hodie credimus aurea, non multo magis Chersonnesus dici posse videtur, quam Italia.

« Quæ quamvis erant alius loci, sic uno contextu explicare volui, ut majorem æstui marino et per hunc virtuti lunæ tractoriæ fidem facerem.

«Sequitur enim, si virtus tractoria lunæ porrigitur in terras usque, multo magis virtutem tractoriam telluris porrigi in lunam et longe altius, ac proinde nihil eorum quod ex terrena materia quomodocunque constat, inque altum subvehitur, complexum hunc fortissimum virtutis tractoriæ unquam effugere.

<«<Leve vero nihil est absolute, quod corporea materia constat, sed comparate levius est, quod rarius est sive natura sua, sive ex accidente calore. Rarum vero dico non illud tantum, quod porosum est et in multas cavitates

un volume donné, renferme moins de matière. « Le mouvement suit la définition de la légèreté. Il ne faut pas s'imaginer que les corps légers montent et ne sont point attirés : ils sont moins attirés que les graves, et les graves les expulsent; mais quand cet effet a lieu, ils s'arrêtent à la place qu'ils occupent, et y sont retenus par la terre. Mais, quoique la vertu tractoire de la terre s'étende fort loin, cependant, si une pierre était lancée à une distance comparable au diamètre de la terre, il est vrai que la terre se mouvant, la pierre ne la suivrait pas si exactement, et que sa force de résistance se combinerait avec la force tractoire de la terre, et qu'ainsi elle se dégagerait en partie de la force tractoire de la terre; ainsi que nous voyons dans les projectiles qui s'écartent du lieu où ils ont été lancés, sans que le mouvement de la terre

dehiscit, sed in genere, quod sub eadem loci amplitudine, quam occupat gravius aliquod, minorem quantitatem materiæ corporeæ concludit.

<< Levium definitionem sequitur et motus. Non enim est existimandum, illa fugere ad superficiem usque mundi, dum feruntur sursum, aut non attrahi a terra: minus enim attrahuntur quam gravia, et sic expelluntur a gravibus, quo facto quiescunt, retinenturque a terra loco suo.

Etsi vero virtus tractoria terræ, ut dictum, porrigitur longissime sursum; tamen si lapis aliquis tanto intervallo abesset, quod fieret ad diametrum telluris sensibile: verum est, terra mota, lapidem talem non plane secuturum, sed suas resistendi vires permixturum cum viribus terræ tractoriis, atque ita se explicaturum nonnihil a raptu illo telluris : non secus atque motus violentus projectilia nonnihil a raptu telluris explicat, ut vel præcurrant, projecta versus orientem, vel destituantur, si in occiden

puisse empêcher ce mouvement, quand il est dans toute sa force.

Mais parce qu'aucun projectile ne peut être lancé à la cent millième partie du diamètre de la terre, il s'ensuit que la fumée et les nuages ne peuvent résister au mouvement général; ainsi, ce qui sera projeté perpendiculairement retombera au même lieu, nonobstant le mouvement de la terre, qui entraîne avec elle tous les corps qui sont dans l'atmosphère, comme si ces corps la touchaient.

« Ces vérités bien comprises, et soigneusement examinées, on verra s'évanouir cette absurdité et cette impossibilité imaginaire qu'on objectait au mouvement de la terre. >>

tem projiciantur: atque ita locum suum, a quo projecta sunt, vi compulsa deserant: neque raptus terræ hanc violentiam in solidum impedire possit, quamdiu violentus motus in suo vigore est.

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«< Sed quia nullum projectile centies millesimam diametri terræ partem a superficie terræ separatur, ipsæque adeo nubes, atque fumi, quæ minimum terrestris materiæ obtinent, non millesima semidiametri parte evolant in altum nihil igitur potest nubium, fumorum, et eorum, quæ perpendiculariter in altum projiciuntur resistentia, et naturalis ad quietem inclinatio, nihil, inquam, potest ad impediendum hunc sui raptum ; utpote ad quem hæc resistentia in nulla proportione est. Itaque quod perpendiculariter sursum est projectum, recidet in locum suum, nihil impeditum motu telluris, ut quæ subduci non potest, sed una rapit in aere volantia, 'vi magnetica sibi non minus concatenata, quam si corpora illa contingeret. << Hisce propositionibus mente comprehensis et diligenter trutinatis, non tantum evanescit absurditas et falso imaginata impossibilitas physica motus terræ: sed etiam patebit, quid ad objecta physica, quomodocunque informata, sit respondendum. » Stella Martis, introduc.

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Voilà, s'écrie Delambre, à qui nous emprun«< tons cette traduction libre, voilà qui était neuf, << vraiment beau, et qui n'avait besoin que de quel<«<ques développements et de quelques explica<«<tions. Voilà les fondements de la physique mo<< derne, céleste et terrestre (1). »

Sans doute, on y reconnaît la puissance du génie devinateur, qui, dans les temps modernes, n'a point de rival, et qui, dans l'antiquité, ne rencontre que Pythagore.

Cependant que tirer de ces anticipations étonnantes, qui ne mettent sur la voie d'aucun calcul important, qui respirent les forces animales, qui circonscrivent l'attraction entre les corps analogues de nature, qui par là supposent que la matière n'est pas la même dans tous, et qui étendent la gravité de la terre seulement beaucoup plus loin que la lune? Comment dès lors être conduit à voir dans cette gravité un cas particulier d'une pesanteur universelle? Si, comme Delambre le dit, les vues de Képler n'ont besoin que de quelques développements et de quelques explications, ces développements et ces explications ont besoin d'une révolution complète dans les idées.

N'est-ce pas par la manière dont Descartes conçoit la matière, qu'ont été découvertes les lois géné

(1) Hist. de l'Astron. moderne, t. I, p. 391.

rales de la réfraction simple et de la réfraction double? Snellius, en tâtonnant, j'imagine, a trouvé la loi de la réfraction simple, et sans trop bien la comprendre, nec tamen, quod invenerat, satis intelligeret, dit Huyghens (1). Il est douteux qu'on fût ainsi parvenu empiriquement à la loi de la réfraction double. En vain Képler tente de démontrer celle de la réfraction simple. Il s'avise néanmoins d'employer la décomposition du mouvement; mais faute d'une explication de la lumière qui la ramène aux principes de la dynamique, cette heureuse idée ne lui réussit point. Ajoutons pour être vrai, qu'il ignorait la loi et la cherchait en même temps que la preuve. En fait d'hypothèses, car l'attraction n'en est pas une, en fait d'hypothèses, que comparer aux ondes dont Descartes est le créateur? Quelle autre a ainsi rendu raison des expériences et les a quelquefois devancées? Ne semble-t-elle pas le secret de la nature, dans les phénomènes du son, de la lumière, du calorique, peut-être de la gravitation, déjà en partie de l'électricité, du magnétisme, et être destinée à montrer la plus merveilleuse unité de moyens, au milieu de la plus merveilleuse variété d'effets?

La loi du mouvement primitif en ligne droite est si simple, se présente si naturellement, que, si

(1) Diopt., p. 2.

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