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l'attraction univerfelle eft la caufe de l'électricité et du magnétisme, elle eft bien loin d'une telle abfurdité; mais elle dit attendez pour juger de la caufe du magnétisme et de l'électricité que vous ayez affez d'expériences. Il n'eft pas encore prouvé qu'il y ait une vertu magnétique. On eft fur les voies de la matière électrique; mais pour la gravitation et le cours des planètes, il eft prouvé qu'aucun fluide n'en eft la cause, et que nous devons nous en tenir à une loi particulière du Créateur : car recourir à DIEU eft d'un ignorant, quand il s'agit de calculer ce qui eft à notre portée; mais quand on touche aux premiers principes, recourir à DIEU, eft d'un sage.

terre.

L'auteur de l'Hiftoire du ciel renouvelle encore une Figure de la méprise affez confidérable, où plufieurs favans font tombés. Ils croient que Newton attribue l'élévation de l'équateur au pouvoir feul de l'attraction de la terre.

Ni Newton, ni fes fectateurs ne s'expriment ainfi. Ils avouent tous que l'élévation néceffaire de l'équateur vient et doit venir de l'effort de la force centrifuge, qui eft plus grande dans le grand cercle d'une fphère que dans les petits, et qui eft nulle au point des pôles de la sphère.

L'attraction, la gravitation, la pesanteur eft moins forte fous l'équateur, parce que cet équateur eft plus élevé; mais il n'eft pas plus élevé, parce que l'attraction y eft moins forte.

On nous demande dans un livre férieux, (*) fi ce n'eft pas l'attraction qui a mis en faillie le devant du globe de l'œil, qui a élancé au milieu du vifage de l'homme ce morceau de cartilages qu'on appelle le nez. Nous répondrons qu'une telle raillerie n'eft ni une bonne raifon, ni un bon mot;

(*) C'est à propos de l'explication de l'anneau de Saturne de M. de Maupertuis.

et quand même la raillerie ferait fine, elle ne conviendrait point dans un livre où il ne faut que chercher la vérité, et ferait très-mal appliquée à un homme comme Newton, et aux illuftres géomètres qui l'étudient. D'ailleurs nous félicitons le fage auteur du Spectacle de la nature, et de l'Hiftoire du ciel, de tomber moins qu'un autre dans le défaut de vouloir être plaifant; cette affectation trop répandue de traiter des matières férieuses d'un ftyle gai et familier rendrait, à la longue, la philofophie ridicule fans la rendre plus facile.

Qualités im- On reproche encore à Newton qu'il admet des qualités materielles. immatérielles dans la matière. Mais que ceux qui font un tel reproche, confultent leurs propres principes, ils verront que beaucoup d'attributs primordiaux de cet être fi peu connu qu'on nomme matière, font tous immatériels; c'eftà-dire, que ces attributs font des effets de la volonté libre de l'Etre fuprême : fi la matière a du mouvement, fi elle peut le communiquer, fi elle gravite, fi les aftres tournent fur eux-mêmes d'occident en orient plutôt qu'autrement, tout cela eft un don de DIEU, auffi bien que la faculté que ma volonté a reçue de remuer mon bras. Toute matière qui agit nous montre un être immatériel qui agit fur elle. Rien n'eft plus certain que ce font les vrais fentimens de Newton.

Ces réflexions que l'on donne au public ont déjà fait impreffion fur quelques efprits, et on espère qu'enfin les préjugés de quelques autres céderont à des choses fi fublimes et fi raisonnables dont l'auteur des Elémens n'a été que le faible interprète.

ESSAI

ESSAI

SUR LA NATURE DU FEU,

ET SUR SA PROPAGATION.

Ignis ubique latet, naturam amplectitur omnem,
Cuncta parit, renovat, dividit, unit, alit.

Phyfique, &c.

1 7 4 0.

R

Les hommes ont dû être long-temps fans avoir l'idée

du feu, et ils ne l'auraient jamais eue, fi des forêts embrafées par la foudre, ou l'éruption des volcans, ou le choc et le mouvement violent de quelques corps, n'euffent enfin produit pour eux, en apparence, ce nouvel être. Le foleil, tel qu'il nous luit, ne donne aux hommes que la fenfation de la lumière et de la chaleur; et fans l'invention des miroirs ardens, perfonne n'aurait pu ni dû affurer que les rayons du foleil font un feu véritable, qui divife, qui brûle, qui détruit, comme notre feu que nous allumons.

Nous ne connaiffons guère plus la nature intime du feu que les premiers hommes n'ont dû connaître fon existence.

Nous avons des expériences qui, quoique très-fines pour nous, font encore très-groffières par rapport aux premiers principes des chofes : ces expériences nous ont conduits à quelques vérités, à des vraisemblances, et fur-tout à des doutes en grand nombre; car le doute doit être fouvent en phyfique ce que la démonstration eft en géométrie, la conclufion d'un bon argument.

Voyons donc fur la nature du feu et fur fa propagation le peu que nous connaissons de certain, fans ofer donner pour vrai ce qui n'eft que douteux, ou tout au plus vraisemblable.

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