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l'emploi de semblables ornements: aussi est-ce sous un tout autre point de vue que l'on doit considérer les figures qui la décorent.

J'ai seulement indiqué les fables imprimées dont les sujets se rapprochent plus ou moins de celles de La Fontaine; mais j'ai voulu donner entièrement celles qui étoient inédites; j'ai même pensé que ce seroit la partie la plus intéressante des recherches que je publie. J'ai conservé avec une exactitude scrupuleuse le texte des manuscrits, quoiqu'il fût aisé de voir qu'un grand nombre de fautes venoient de l'impéritie des copistes j'entrerai plus tard dans de plus longs détails sur l'importance de cette publication, qui fera connoître un peu mieux le mérite de notre ancienne littérature, que l'on néglige trop injustement. Parmi ces manuscrits, celui qui renferme les fables d'YSOPET I et d'YSOPET-AVIONNET, mérite une attention particulière, parce qu'il est le seul complet, et que c'est celui-là même qui fut présenté à la reine de France, Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe de Valois. L'état de dépérissement dans lequel il est déjà depuis près de deux siècles demandoit qu'il fût arraché à une entière destruction dont le temps le menace chaque jour; nous avons donc cru rendre un véritable service en reproduisant, avec toute l'exactitude possible, les quatre-vingt-cinq miniatures qu'il renferme. On pourroit presque dire que ces gravures sont autant de fac simile; mais le mérite même de ces dessins, au moment où ils furent faits, étoit une nouvelle recommandation que nous n'avons pas cru devoir négliger. Ce ne sera pas, nous l'espérons, une chose inutile à l'histoire des beaux-arts; elle pourra nous mettre en garde contre la prévention qui nous fait quelquefois assigner une date à ces esquisses, d'après l'impression que leur aspect produit sur nous. Ces figures cependant, si on les juge seules, paroîtront au-dessous de l'éloge que nous en faisons et n'intéresseront que par le ridicule de l'exécution; mais si on les compare aux miniatures des manuscrits du même temps, on ne pourra se refuser à reconnoître leur supériorité; et c'est pour que l'on puisse faire facilement cette comparaison, que

nous avons ajouté quelques gravures, en petit nombre, dont les sujets ont été fournis par des livres exécutés à la même époque.

Mon intention, je le répéterai encore, en me livrant aux recherches que je publie à présent, n'a jamais été d'indiquer les sources où notre immortel fabuliste a puisé; je suis bien persuadé que la plupart d'entre elles lui ont été totalement inconnues. J'ai seulement voulu mettre le lecteur à même de juger des diverses manières dont, avant lui, les mêmes sujets avoient été traités par les différents auteurs qui les employèrent: j'ai cependant annoncé plus haut que j'exposerois mes conjectures sur les fables qui me paroissent avoir servi de modèles aux siennes. Le faire à présent me sembleroit difficile et peu convenable. Je me propose, en parlant de chacun des auteurs que j'ai cités, de faire voir le degré de probabilité que peuvent avoir mes opinions à cet égard, et ce n'est qu'à la suite de ces notices particulières que je les présenterai réunies.

Je devrois commencer par La Fontaine cette autre partie de mes prolégomènes; mais que pourrois-je en dire? Sa vie a été publiée par plusieurs auteurs : les nombreux éloges que l'on a faits de lui peuvent être regardés comme autant de dissertations sur ses OEuvres : enfin, l'Essai sur sa vie et ses ouvrages, par M. le baron Walknaer, me semble avoir épuisé tous les moyens de satisfaire encore la curiosité des lecteurs, qu'excite toujours l'intérêt que l'on prend à tout ce qui concerne le Bon Homme. On cherchera donc dans les divers écrits dont je viens de parler ce que j'omets ici à dessein. Je n'entrerai dans aucun détail relativement à sa vie, dont je me bornerai à présenter quelques dates qui nous serviront à faire connoître, d'une manière certaine, les auteurs que l'on doit regarder comme ses prédécesseurs : car plusieurs d'entre eux ont été ses contemporains. On verra même figurer parmi ceux auxquels il emprunta des sujets de fables, un jeune prince né seulement lorsqu'il étoit déjà sexagénaire.

JEAN DE LA FONTAINE

FILS de Jean de La Fontaine, maître des eaux et forêts, et de Françoise Pidoux, son épouse, il naquit à ChâteauThierry le 8 juillet 1621. On croit qu'il fit ses premières études à Reims : on sait qu'elles furent loin d'être brillantes: à dix-neuf ans, il entra à l'Oratoire, en sortit peu après, et arriva à sa vingt-deuxième année, sans que rien fît pressentir ses glorieuses destinées. Ce fut à cet âge, et par conséquent en 1643, qu'une ode de Malherbe déclamée devant lui, éveilla son génie. Il fit des vers, et de mauvais vers : un parent, M. Pintrel, lui conseilla de se procurer avant tout une instruction solide, par la lecture souvent renouvelée des classiques grecs et latins. Un ami, M. de Maucroix, appuya les conseils du parent, et La Fontaine s'empressa de remplir les lacunes de sa première éducation par de nouvelles études et par des lectures répétées d'Horace, de Virgile, de Térence et de Quintilien. Il passa ensuite aux auteurs français, et fit ses délices de Rabelais, de Marot et de d'Urfé. Bocace et l'Arioste ne lui furent pas moins familiers; mais ce qui contrariera un peu les idées reçues, je ne sais pourquoi, assez généralement aujourd'hui, Platon et Plutarque ne formoient pas le moindre ornement de sa bibliothèque on reconnoît presqu'à chaque instant dans ses ouvrages les beaux préceptes qu'il puisoit dans ces sources fécondes.

de

Ce fut à trente-trois ans seulement, c'est-à-dire vers 1654, qu'il publia son premier ouvrage : cette traduction, ou plutôt cette imitation en vers de l'Eunuque de Térence, eut peu succès. Cependant cette espèce d'échec ne le découragea pas. La duchesse de Bouillon, exilée à Château-Thierry, voulut le connoître, et elle l'engagea à composer des pièces dans le genre qui la flattoit le plus : on prétend que telle fut l'origine des Contes. Rappelée à Paris, elle y conduisit La Fontaine : un parent de sa femme, nommé Jannart, substitut et favori de M. Foucquet, le présenta au surintendant, qui lui fit une pension, et, à chaque quartier, le poëte donnoit pour reçu

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me.

Epigramm

A Monseignew be her intendant qui ne l'estoit pal contententé de trois madrigan & la derniere 1' Jean

cur ce n'est pas vostre conte,

Trois madrigaus

Et c'est le mien, que sort de vous flater.
Din foit le jour au Parnash is monter,
Let n'en Scaurrit plus de trois mapiulter?
Bien vous diray qu'au nombre Parreter
N'eft pul lemieux, Seigneur, et voicy comme:
quand ils Sout bont, en ce cas tout preudhomme
Kep grond au poids au lieu de les conter,

Pont ils meschaul tant moindre en eft la somme,
Ettant plustost on Pén doit contenter.

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