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rivey ou de La Rivey, de Troyes, avoit déjà traduit les livres de Firuenzola, qui ne sont eux-mêmes que des traductions de l'ouvrage de Bidpaï. Le sujet de la fable que nous avons prise pour exemple se retrouve parmi les contes de Verboquet le généreux, recueil généralement oublié aujourd'hui.

Les fables de Bidpaï, et principalement la partie de ce recueil que l'on appelle Calila et Dimna, ont été traduites dans toutes les langues de l'Europe, et les traducteurs ont fait au texte de nombreux changements, qui consistent en beaucoup d'omissions et en très-peu d'additions. Aux deux Renards de l'ouvrage original ils ont substitué, l'un deux Béliers, l'autre un Ane et un Mulet, etc. J'ai cru devoir m'abstenir de citer toutes ces versions, que je vais indiquer ici par les noms des auteurs et le titre des ouvrages.

JEAN DE CAPOUE.

Ce juif converti a mis en latin la version hébraïque du rabbin Joel. Il écrivoit vers 1262: nous avons vu que Pierre Alphonse, autre juif converti, avoit traduit en latin, plus d'un siècle auparavant, quelques contes de Bidpaï. C'est la version latine de Jean de Capoue qui a servi aux auteurs espagnols et italiens pour celles qu'ils ont donné dans leurs langues.

J'ai cru devoir ne citer de l'ouvrage de Jean de Capoue que les fables qu'il a ajoutées à celles de Bidpaï, et c'est la même raison qui m'a déterminé à citer quelquefois l'une des versions latines faites, non pas d'après le Directorium humanæ vitæ, mais sur la traduction que les Espagnols en avoient déjà et que je n'ai pu me procurer. La dernière des dix fables de Walchius est presque, comme je l'ai dit, un abrégé du livre de Calila et Dimna, et les changements considérables qu'il a faits aux fables de Bidpaï auroient pu m'engager à les citer, si en même temps ils ne les éloignoient pas de celles de La Fontaine.

FIRENZUOLA (AGNOLO), Fiorentino.

Discorsi degli Animali, etc. Brescia, 1602, in-12.
Consigli degli Animali, etc. Venitiis, 1604, in-12.

Ces deux parties d'une version italienne de Bidpaï furent

traduites bientôt par P. de L'Arrivey, né à Troyes, d'une famille originaire de Florence.

DONI (ANT. FRANC.).

La Filosofia morale del Doni, etc. Venetiis, 1606, in-4°. Cette autre version italienne présente de grands changements dans le cadre de Bidpaï. La scène se passe en Italie, et l'auteur a eu grand soin d'effacer toute la couleur orientale.

VERBOQUET LE GÉNÉREUX.

Traduction d'un recueil de contes espagnols, dans lesquels on en retrouve six de Bidpaï, entre autres celui d'Asfendiar, dont La Fontaine s'est servi pour sa fable 204, le Marchand, le Gentilhomme, le Pâtre et le Fils de Roi.

GAULMIN (GILBERT).

Il a traduit la plus grande partie des fables de Bidpaï sous ce titre : le Livre des lumieres, ou la Conduite des rois, composé par le sage Pilpay, Indien; traduit en français par David Sahid d'Ispahan, etc. Paris, 1644, in-12. C'est cette même partie qui fut traduite ensuite par André du Ryer, puis par Galand; mais ces dernières traductions ne furent imprimées qu'après la mort de notre fabuliste, qui cependant a traité plusieurs sujets que l'on ne trouve que dans l'édition de Cardone, en 1778. Il faut donc qu'il en ait dû la connoissance, soit à des versions en langues étrangères, ou à des communications amicales: et cette dernière opinion me paroît la plus vraisemblable; car d'Herbelot, qui dans le temps donna un nouvel élan à l'étude des langues orientales, fut, comme La Fontaine, l'ami et le pensionnaire du surintendant Fouquet. Ils eurent donc de fréquentes occasions de se voir, et l'amour du Bon-Homme pour les contes dut lui inspirer beaucoup de goût pour les conversations de d'Herbelot. C'est encore à de semblables communications qu'il a dû le sujet de sa fable 208, le Songe d'un habitant du Mogol; car ce n'est que dans les maximes et paroles remarquables des Orientaux qu'on le trouve, en ces termes :

Un devot vit en songe un roi dans le paradis, et un derviche en enfer.

Cela l'etonna, et il s'informa d'où venoit que l'un et l'autre étoient chacun dans un lieu opposé a celui dans lequel on s'imagine ordinairement qu'ils doivent être après leur mort. On lui répondit : « Le roi est - en paradis à cause de l'amour qu'il a eu pour les derviches, et le derviche est en enfer à cause de l'attache qu'il a eue auprès des rois.

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Cependant l'opuscule qui nous présente ce trait est de Galand, qui ne l'a publié qu'en 1693.

SAADI.

Le Guhlistan ou l'empire des Roses, de ce célèbre poëte persan, a été traduit par André du Ryer et imprimé en 1704.

Il ne m'a fourni que peu de citations : c'est dans la Chrestomathie arabe de M. de Sacy que j'ai trouvé les Amours de la Rose et du Rossignol, dont l'élégante traduction est due à M.de Chezy.

MOLA DSCHAMI.

On trouve dans l'Anthologia persica plusieurs fables de cet auteur persan, né vers 1414: son recueil porte le titre de Beharistan, ou la Saison du printemps.

MIKITAR KOSCH.

Les nombreuses fables de cet auteur arménien ont été imprimées à Venise, à la fin du siècle dernier. Elles n'ont pas été traduites dans les langues européennes : j'ai cité la 7o.

VARTAN.

Ce docteur arménien mourut en 1271. J'avois cité une de ses fables, d'après la version du docteur Belleau; MM. de SaintMartin et Zohrab viennent d'en traduire un certain nombre. Leur travail n'est pas encore publié; mais M. de Saint-Martin a eu l'extrême bonté de me communiquer les épreuves de la traduction, dont la préface fera connoître tout ce que l'on peut savoir sur ce fabuliste '. Grâce à M. de Saint-Martin, je puis

:

1 Le manuscrit de la Bibliothèque du roi, no 135, contient 168 fables ou historiettes les traducteurs n'en publient que 45 : ce sont celles qui leur ont paru les mieux faites et les moins indignes de la réputation de l'auteur.

indiquer celles de ces fables dont les sujets se retrouvent dans

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6. La Génisse, la Chèvre et la Brebis, en société

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En terminant ici ces notices que j'aurois rendues plus nombreuses et plus longues, si je n'avois pas craint d'ajouter à la fatigue que leur lecture a peut-être causée, je regretterois de n'avoir pu faire à celle qui regarde Galfred une légère addition que me fournit le manuscrit no 8023 de la Bibliothèque du Roi, que je n'avois pas encore consulté. Les fables de cet auteur y sont contenues avec un commentaire et une préface. Je me bornerai à citer quelques mots de celle-ci :

Primò sic dico quòd causa efficiens fuit magister Garritus, qui composuit istum librum, et non Ysopus, ut dicunt quidam; sed quare Ysopus erat honeste vite, ideo istum librum sub nomine ejusdem intitulatum, quare vir erat autetiquus et sciens. Alii dicunt quod Ysopus fecit istum librum qui cognomine vocabatur Garritus, ut priùs, etc.

Ut juvet et prosit, etc., per istum versum incipit librum Ysopus sta

mine tectus.....

Quid titulus? Incipit Ysopus magistri Garritus, vel aliter, Ysopus Garriti stamine lectus.

SUR LES SOURCES

OU LA FONTaine a puisé les sujets de SES FABLES.

LES hommes éclairés qui commencèrent les recherches dont je présente aujourd'hui le résultat s'étoient proposé de mettre les lecteurs à même de comparer les différentes manières dont on avoit traité l'apologue, suivant la diversité des temps, des lieux et des personnes; mais ils avoient bien senti que cette tâche seroit impossible à remplir, si l'on ne se prescrivoit de certaines bornes, et c'étoit pour se restreindre à des limites convenables qu'ils avoient choisi comme terme de comparaison les fables de La Fontaine, dont le nombre est assez considérable pour laisser aux divers rapprochements toute la latitude nécessaire. Leur perfection leur donne, en outre, le double avantage de fournir au lecteur une mesure certaine pour l'estimation du mérite des autres, et d'offrir en même temps à son esprit un véritable délassement dans ce genre d'études.

J'ai, par mes travaux, considérablement ajouté à ce qu'avoient produit les premières recherches; le but de ceux qui les avoient entreprises a été constamment le mien; mais, en comparant tant d'apologues à ceux de notre fabuliste, il m'a été impossible de n'être pas frappé de plusieurs ressemblances entre les idées, les tournures et les expressions, qui m'ont fait penser que La Fontaine s'étoit adressé parfois à tel de ses prédécesseurs plutôt qu'à tel ou tel autre. Ces remarques se sont multipliées de jour en jour; j'en ai fait l'objet d'un travail particulier, et je me hasarde à publier ici d'une manière très-abrégée, et comme accessoire, la réunion de ces conjectures. Ce ne sont que des probabilités, et je ne les présente

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