Le chêne un jour dit au roseau: Vous avez bien sujet d'accuser la nature; Un roitelet pour vous est un pesant fardeau ; Le moindre vent qui d'aventure
Fait rider la face de l'eau
Vous oblige à baisser la tête;
Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d'arrêter les rayons du soleil, Brave l'effort de la tempête.
Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr. Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n'auriez pas tant à souffrir; Je vous défendrois de l'orage: Mais vous naissez le plus souvent
Sur les humides bords des royaumes du vent. La nature envers vous me semble bien injuste. Votre compassion, lui répondit l'arbuste, Part d'un bon naturel : mais quittez ce souci;
Les vents me sont moins qu'à vous redoutables: Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables
Résisté sans courber le dos :
Mais attendons la fin. Comme il disoit ces mots,
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le nord eût portés jusque-là dans ses flancs. L'arbre tient bon; le roseau plie. Le vent redouble ses efforts,
Et fait si bien, qu'il déracine
Celui de qui la tête au ciel étoit voisine,
Et dont les pieds touchoient à l'empire des morts.
GRECS. Es.-Cor., 143, 180, 536; Babr. ex Suid., t. I Babr. Nevel., II.
LATINS. Av., 16, 19; Rom., 80; Dial. Creat., 1, 35; J. Gristch., Serm. 2, §1; Abst., 53; Faern., 89; P. Caud., 148; Freitag., 16; Als., 144; Virg., Géorg., l. 2, v. 290, 291; Énéid., 1. 4, v. 442, 443.
Quantùm vertice ad auras
Ethereas, tantùm radice in Tartara tendit.
FRANÇAIS. Renart le contrefait (Manuscr. de la Bibl. du Roi, no 7630, 4, fol. 28, et Manuscr. de la Bibl. du Roi, Lancelot, 6985, 3, fol. 5; Ysop.-Av., 9, 11; Jul. Mach.-A., 15; Guill. Tard., 8; Guill. Haud., 8, 180, 193, 318; G. Corr., 81; Bens., 65; Le Nobl., 93. ITALIENS. Capaccio, 65; Ces. Pav., 49; Verdizz., 26. ESPAGNOLS. Ysopo, 80; Ysopo-Av., 15.
ALLEMANDS. Minn.-Zing., 83, 86; H. Steinh., 80; H. Steinh.-Av., 15. HOLLANDAIS. Esopus, 80; Esopus- Av., 15.
Le joing marin mieux se tint Quant le grant flos de Saine vint * Qui le grant pont qui fu de pierre Rompit, qui fu fait a esquerre: Oncques le joing n'en fut méu,
Le joing marin bien si maintint Pour ce que humilité tint, Dont il advint en iceulx termes, Que sur la riviere fu fermes Enrachinés et bien tenans.
Un grant chesnes tres bien venans, De rachines enrachinés,
De grans branches environnés, Le vent sans chier et sans sejour Hurta au chesne nuit et jour, Et souvent grans coups endurer: Ad ce ne porroit fer durer. Le vent hurta, l'arbre se tint. Le vent de toutes pars lui vint, Et mout se print a debouter: Le chesne ne le vault doubter: Le vent tant bouta, tant hurta Que le chesne a terre jeta.
Tout enmy la riviere aval, Le chesne s'en va contreval. 6
Tout ainsi comme il s'en alloit Et l'eaue aval le menoit, Dessus le joing marin monta, Et le joing tantost s'abaissa Et se voult en l'eaue bouter; Le chesne oultre laissa passer,
Que nulle riens il ne lui greve : Quant fut oultre, si se relieve Et fut aussi droit que devant : Riens n'y parut ne tant ne quant. Quant le chesne l'a advisé, Un petit s'est là arresté,
Dist: Joing marin, je te demand Comment t'es-tu cy tenu tant? J'estoie si grans, si fournis, D'amis, de rachines garnis, Que trente cars ne me portassent, 7 Ne mes rachines ne menacent, Et tout quanques avoie acquis, Dont cuidoie bien etre sis,
Mes rachines estoient en terre Grandes, comme on pooit querre, Ne ne prisoie, par convent,
Gellée, ne pluie, ne vent; Mais or m'a ce vent cy batu Que tout envers m'a abatu.
Tu, qui ungs homs aroit au doy, Tu t'es cy trestout tenu coy.
Tres chetif de noyent venus Comment t'es tu cy maintenus, Que le vent ne t'a fait voler Plus loings qu'on ne porroit aller?
Plusieurs grans fors a abattu Et tu t'es contre lui tenu.
Il y a bien cause pourquoy Difference a de toy à moy : Tu t'es sentu roides et fors:
T'as volu monstrer tes effors Contre fort et fort voulsis estre; Si t'en convient perdre ton estre: Car contre fort tu ne povoies Tenir, et tenir t'y vouloies: Si com les Flaments firent tuit En l'an mil trois cens et vingt huit, Rebellion en eulx se mist, Et assemblée d'eulx se fist; Dirent qu'au roy n'obeiroient, Ne a seigneur ne le tenroient : Ne nulle riens ne le prisons, Et haut et cler nous le disons: A lui n'acoutons un fuisel, 9 Sur nous venist Philipe le Bel, Qui devant nous grant piece sist Et maint grant domage nous fist, A Mons en Puele et a Cassel: ot de mors maint monsel.
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