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FABLE II.-(84.)

Le Pot de terre et le Pot de fer.

Le pot de fer proposa

Au pot de terre un voyage.
Celui-ci s'en excusa,
Disant qu'il feroit que sage
De garder le coin du feu ;
Car il lui falloit si peu,

Si peu, que

la moindre chose

De son débris seroit cause:
Il n'en reviendroit morceau.
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le pot de fer;
Si quelque matière dure
Vous menace, d'aventure,
Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.

Mes gens s'en vont à trois pieds
Clopin clopant comme ils peuvent,
L'un contre l'autre jetés

Au moindre hoquet qu'ils treuvent.

Le pot de terre en souffre: il n'eut pas fait cent pas,
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu'il eût lieu de se plaindre.

Ne nous associons qu'avecque nos égaux;
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d'un de ces pots.

GRECS. Æs.-Nev., 295.

LATINS. AV., 11; Faern., 72; Alciat., embl. 165.

FRANÇAIS. Jul. Mach.-Av., 9; Guill. Haud., 189; Eutrap., c. 2;

Bruscamb., p. 140; Bens., 102; Le Noble, 39.

ITALIENS. Ces. Pav., 4; Verdizz., 15.

ESPAGNOLS. Ysopo-Av., 9.

ALLEMANDS. Minn.-Zing, 77; H. Steinh.-Av., 9.
HOLLANDAIS. Esopus-Av., 9.

FABLE III.-(85.)

Le petit Poisson et le Pécheur.

Petit poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui prête vie.
Mais le lâcher en attendant,

Je tiens, pour moi, que c'est folie :
Car de le rattraper il n'est pas trop certain.

Un carpeau, qui n'étoit encore que fretin,
Fut pris par un pêcheur au bord d'une rivière.
Tout fait nombre, dit l'homme en voyant son butin;
Voilà commencement de chère et de festin:

Mettons-le en notre gibecière.

Le pauvre carpillon lui dit en sa manière :
Que ferez-vous de moi? je ne saurois fournir
Au plus qu'une demi-bouchée.
Laissez-moi carpe devenir :

Je serai par vous repêchée,

Quelque gros partisan m'achetera bien cher.
Au lieu qu'il vous en faut chercher

Peut-être encor cent de ma taille

Pour faire un plat: quel plat! croyez-moi, rien qui vaille.
Rien qui vaille! eh bien! soit; repartit le pêcheur :
Poisson, mon bel ami, qui faites le prêcheur,
Vous irez dans la poêle; et, vous avez beau dire,
Dès ce soir on vous fera frire.

Un Tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux Tu l'auras. L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.

GRECS. ES.-Cor., 124; II 124.

LATINS. Av., 20; Nic. Perg., 46; J. Posth., 107; P. Cand., 37. FRANÇAIS. YSOP.-Av., 12; Jul. Mach.-Av., 16; Guill. Tard., 20; Guill. Haud., 20; G. Corr., 70; Bens., 111; Le Noble, 68.

ITALIENS. Guicc., p. 73.

ESPAGNOLS. Ysopo-Av., 16.

ALLEMANDS. H. Steinh.-Av., 16.

HOLLANDAIS. Esopus-Av., 16.

YSOPET-AVIONNET.

FAB. XII.

Du Pechieur poisson prenant.

Ci dit le compte que un vilain

Qui bien savoit pechier a l'ain, '
Avoit un petit poisson pris

Qui n'estoit mie de grant pris.

Li poissons, pour Dieu, li prie

Que celle fois ne le tue mie;

Car s'il le tue ou l'occit,

Il y aura pou de pourfit;

Mais, pour Dieu, le laist encor vivre

Par tel convient, s'il est delivre,

I croitra et amendera,

Et puis que amendé sera,

A sa lingue arrier retournra,
Si que reprendre alors pourra;
Et jà n'i faudra vraiement :
Si en aura trop plus d'argent

2

Grave par

YS OPET AVIONNET. PABLE XII.

Paul Legrand

Du Pechieur Poisson prenant.

Pl. 34.

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