Pour moi, qui fais comment doivent agir les Rois, Et la Cour d'admirer. Les Courtifans ravis Que les hôtes des bois ? étoit-ce un fi grand mal ? Ne touche aux animaux pour leur fang épancher: Peut-être y tient-il lieu d'un Prince ou d'un Héros Ce qu'il fut autrefois, il pourra l'être encore. Qu'avec les animaux de forme nous changeons, Comme l'on conte en deux façons Comme de chose fingulière. Ce cas n'arrive pas quelquefois en cent ans (1) Parangon: autrefois, modele. Ce mot fignifioit auffi, patron, comparaison. Il croyoit fa fortune faite : Prend le nez du Chaffeur, hape le pauvre Sire. Monarque & Courtisans. Qui n'eût ri? quant à moi Je n'ofe l'affurer; mais je tiendrois un Roi C'est le plaifir des Dieux. Malgré fon noir fouci, Il en fit des éclats, à ce que dit l'hiftoire Quand Vulcain, clopinant, vint lui donner à boire, Car, puifqu'il s'agit de morale, Que nous eût du Chaffeur l'aventure fatale Enfeigné de nouveau ? L'on a vu de tout temps Plus de fots Fauconniers, que de Rois indulgens. FABLE X II I. Le Renard, les Mouches, & le Hérifon. Aux traces de fon fang, un vieux hôte des bois, Renard fin, fubtil & matois, Bleffé par des chaffeurs, & tombé dans la fange, Autrefois attira ce parasite aîlé Que nous avons Mouche appellé. Il accufoit les Dieux, & trouvoit fort étrange Quoi fe jetter fur moi, fur moi le plus habile Depuis quand les Renards font-ils un fi bon mers 3 Que ne vis tu fur le commun! Dans mes vers nouveau perfonnage, Je les vais de mes dards enfiler par centaines, Nous ne trouvons que trop de mangeurs ici - bas : Sur -tout au pays où nous fommes. Plus telles gens font pleins, moins ils font importuns. Tour eft myftere dans l'Amour; Ses fleches, fon carquois, fon flambeau, fon enfance. Ce n'eft pas l'ouvrage d'un jour, Que d'épuifer cette fcience. Je ne prétends donc point tout expliquer ici : (C'est un Dieu) comment, dis-je, il perdit la lumiere: La Folie & l'Amour jouoient un jour enfemble. L'autre n'eut pas la patience. Elle lui donne un coup fi furieux, Femme & mere il fuffit pour juger de fes cris: Et Jupiter, & Néméfis, Et les Juges d'enfer, enfin toute la bande. Son fils, fans un bâton, ne pouvoit faire un pas. L'intérêt du public, celui de la patric, Le réfultat enfin de la fuprême Cour A fervir de guide à l'Amour. FABLE X V. Le Corbeau, la Gazelle, la Tortue & le Rat. A MADAME DE LA SABLIERE. Je vous gardois un Temple dans mes vers: Que dans ce Temple on auroit adorée. Toute > Toute la vie, agréable matiere, Mais peu féconde en ces événemens Qui des Etats font les renversemens. Au fond du Temple eût été fon image, Avec fes traits, fon fouris, fes appas, Son art de plaire & de n'y penser pas, Ses agrémens à qui tout rend hommage. J'aurois fait voir à fes pieds des mortels, Et des héros, des demi - Dieux encore, Même des Dieux : ce que le monde adore Vient quelquefois parfumer fes autels. J'euffe en fes yeux fait briller de fon âme Tous les tréfors, quoiqu'imparfaitement: Car ce cœur vif & tendre infiniment, Pout fes amis, & non point autrement; Car cet efprit qui, né du firmament, A beauté d'homme avec grâce de femme Ne fe peut pas comme on veut exprimer. O vous Iris, qui favez tout charmer, Qui favez plaire à un degré fuprême, Vous que l'on aime à l'égal de foi-même, (Ceci foit dit fans nul foupçon d'amour, Car c'eft un mot banni de votre Cour, Laiffons le donc) agréez que ma Muse Acheve un jour cette ébauche confuse. J'en ai placé l'idée & le projet, Pour plus de grâce, au-devant d'un sujes Où l'amitié donne de telles marques, Et d'un tel prix, que leur fimple récit Peut quelque temps amufer votre efprit. Non que ceci fe paffe entre Monarques : que chez vous nous voyons eftimer N'est pas un Roi qui ne fait point aimer; C'est un mortel qui fait mettre fa vie Pour fon ami. J'en vois peu de fi bons. Quatre animaux, vivans de compagnie Vont aux humains en donner des leçons. II. Partie. Ce K |