Affiftés du Cheval, ainsi que du Chameau. Nous nous rencontrons tout à point, Mais bien qu'il foit léger, tout fardeau m'embarraffe. Faisant chere & vivant fur la bourse publique. Tout bordé de ruiffeaux, de fleurs tout diapré (1), Des Zéphirs. Le Lion n'y fut pas, qu'à ces gens Pour vous, D'un ton qui témoignoit fa joie : (1) Diapré: varié de plufieurs couleurs. N'eft plus en usage que dans le Blafon. Le croît (2) m'en appartient. Il prit tout là-deffus, Sans ofer répliquer, en chemin fe remirent. Qu'eût- il fait ? c'eût été Lion contre Lion: leurs affaires. FABL E X III. Le Cheval s'étant voulu venger du Cerf. De tout temps les chevaux ne font nés pour les hommes. Lorfque le genre humain de gland fe contentoit, Ane, cheval & mule aux forêts habitoit : Et l'on ne voyoit point, comme au fiecle où nous fommes, Tant de felles & tant de bâts, Tant de harnois pour les combats,' Que le Cerf ne fût pris, & n'y laiffat la vie. L'homme fon bienfaiteur, difant: Je fuis à vous: Demeurez donc, vous ferez bien traité, (1) Croit: augmentation. On ne fe fert ordinairement de ce mot, qu'en parlant du bétail, Et jufqu'au ventre en la litiere. Le Cheval s'apperçut qu'il avoit fait folie: Il y mourut en traînant fon lien, Quel que foit le plaifir que caufe la vengeance, ES FA BLE X I V. Le Renard & le Bufte. Les Grands, pour la plupart, font mafques de théâtre; L'âne n'en fait juger que par ce qu'il en voit, Il leur applique un mot qu'un Buste de héros C'étoit un Bufte creux & plus grand que nature. Combien de grands Seigneurs font beftes en ce point. FABLE X V. Le Loup, la Chevre & le Chevreau. LA Bique (1) allant remplir fa traînante mamelle, Et paître l'herbe nouvelle, Ferma fa porte au loquet, Non fans dire à fon Biquet, (2): Gardez-vous, fur votre vie, (1) Bique, (2) Biquet: chevre, chevreau. Seulement ufités dans quelques provinces. D'ouvrir que l'on ne vous die La Bique, comme on peut croire, Dès qu'il la voit partir, il contrefait son ton; Il demande qu'on ouvre, en difant; foin du Loup, Le Biquet foupçonneux, par la fente regarde. Deux fûretés valent mieux qu'une ;. FABLE ' X V I. Le Loup la Mere & l'Enfant, Un de fes compagnons qui fut encore mieux pris, Un villageois avoit à l'écart fon logis: Il avoit vu fortir gibier de toute forte, (1) De fortune: par hafaid. porte. (2) Papelard: eft pris ici adjectivement; ce qui n'eft guere d'ufage. (3) Chape-chute: aventure quelconque. Veaux de lait, agneaux & brebis, Régimens de dindons, enfin bonne provende (1). Il entend un enfant crier. La mere auffi-tôt le gourmande, Le menace, s'il ne fe tait, De le donner au Loup. L'animal fe tient prêt, Quand la mere appaifant fa chere géniture (2), : Dire d'un, puis d'un autre ? eft-ce ainfi que l'on traite Les gens faits comme moi? me prend-on pour un fot? Que quelque jour ce beau marmot Vienne au bois cueillir la noisette. Comme il difoit ces mots, on fort de la maison : Que veniez-vous chercher en ce lieu, lui dit-on ? Merci de moi, lui dit la mere, Tu mangeras mon fils? l'ai-je fait à deffein Un manant lui coupa le pied droit & la tête : Biaux chires Leups n'écoutez mie FABLE SOCRAT X VI I. Parole de Socrate. OCRATE un jour faifant bâtir, Chacun cenfuroit fon ouvrage. 7 (1) Provende provifion de vivres. (2) Géniture: enfant. Ce terme eft vieux, & n'est plus employé que dans le ftyle burlefque. E |