Page images
PDF
EPUB

en fut très-fâché, il alla en faire ses plaintes à Mm. Perier. Mr Pascal était mort il y avait 15 ou 16 mois. Mme Perier vit Mlle de Rouannez qui lui dit que Mr son frère s'alarmait mal à propos, qu'elle n'avait nul dessein de se marier, que même elle ne le pouvait pas, et elle lui montra ses vœux et la pria de lui procurer chez elle une entrevue avec Mr Singlin qui avait été son directeur et qui alors était caché. Elle le vit donc, et suivant ses avis elle ne voulut plus voir cet homme qui la visitait auparavant, et rentra dans son ancienne ferveur. Mr Singlin mourut au mois d'avril 1664. Elle en fut très-affligée. Cependant elle continuait dans sa ferveur et voyait souvent Mme Perier. Mais Mme Perier fut obligée de quitter Paris au mois de décembre 1664. Mr de Rouannez en fut fort affligé et lui dit qu'il craignait beaucoup que cela ne fit encore changer Mile sa sœur. En effet, cela ne manqua pas, n'ayant plus de soutien, ayant perdu Mr Pascal, Mr Singlin et Mme Perier, elle recommença, en 1665, de voir le monde.

N° II.

Lettre de Menjot à Mme de Sablé '.

M. Vallant me fit voir cette lettre de M. Pascal, laquelle est la plus. obligeante du monde. Mais, madame, je ne sais que penser d'un témoignage si avantageux; car si je considère d'une part la sincérité et le savoir sublime de ce grand homme, de l'autre aussi je sais que la charité est la première des vertus chrétiennes; de sorte que j'ai de la peine à distinguer entre la justice et la grâce, principalement en une personne qui sans doute la met en pratique avec autant de chaleur qu'il la soutient. Quoi qu'il en soit, je lui suis extrêmement obligé d'avoir daigné jeter les yeux sur un ouvrage si peu considérable, et je vous rends trèshumbles grâces, madame, de m'avoir procuré cet honneur.

Portefeuilles du médecin Vallant.

No III. Extrait des Additions au nécrologe de Port-Royal, par Marguerite Perier'.

Il arriva quelques années après que Mme Perier, sœur de M. Pascal, se trouva chez Mme la marquise de Sablé, laquelle avait un médecin nommé M. Menjot qui était huguenot, homme très-habile et très-estimé à Charenton, qui s'y trouva aussi. Mme de Sablé, qui était pleine de piété, entra en matière avec lui sur la religion; il soutenait trèsfort son opinion sur la présence réelle. Mme de Sablé et Mme Perier le combattaient. M. Menjot enfin leur dit : Si on me fait voir que c'est la foi des quatre premiers siècles, je me rendrai. Mme Perier qui avait connaissance de l'écrit de M. Arnauld, lui dit qu'elle croyait qu'elle pouvait lui faire voir un écrit qui prouvait cette vérité, et étant sortie elle alla trouver M. Arnauld et lui raconta cela. M. Arnauld crut qu'il devait porter cet écrit pour gagner cet homme-là ; mais comme il n'avait pas dessem de s'engager à une controverse, il exigea de Mme Perier de ne le porter à M. Menjot qu'à condition qu'il n'en prendrait point de copie et qu'il le rendrait dans tel temps.

Mme Perier lui donna cet écrit chez Mme Sablé, à ces conditions qu'il accepta. Le temps passé et au jour marqué, il revint et rapporta l'écrit; mais il ne tint pas sa parole, car il dit qu'il est vrai que cet écrit pouvait dire que c'était la créance des quatre premiers siècles; tandis qu'il fallait prouver que c'était la créance des apôtres. Mme Perier lui dit qu'on ne pouvait pas mieux faire voir la créance des apôtres que par celle de leurs disciples; mais il ne se rendit pas. Il assura qu'il n'avait point pris de copie de l'écrit. Mme Perier le rendit à M. Arnauld.

Six mois après, il parut un gros in-8 de M. Claude, qui était la réponse à cet écrit dont M. Menjot n'avait pas pris de copie en entier, mais seulement des principaux articles.

III Recueil MS. du P. Guerrier, pag. 244.

Le livre de M Claude était fort bien écrit et fort séduisant. M. Arnauld, le voyant, fut surpris et jugea que M. Menjot l'avait trompé. Cependant il dit que puisque Dieu par cette occasion l'engageait à travailler, il fallait obéir et que cet écrit avait besoin de réponse. Alors il fit imprimer le petit écrit entier, sous le titre de la Perpétuité de la Foi, en un petit in-12, avec la réfutation de l'écrit de M. Claude. M. Claude ensuite et les autres hérétiques l'ayant attaqué, il entreprit avec M. Nicole les grands ouvrages qu'on a vus sur cette matière. Il fit venir les certificats des évêques grecs par plusieurs personnes; et M. de Ponponne, en lui envoyant de Suède quelques-uns de ces certificats, lui mandait qu'il n'avait point vu en France de meilleurs catholiques que ces évêques grecs, excepté un certain filioque qu'ils oubliaient toujours dans leur Credo, et que lorsqu'il leur avait dit la raison pour laquelle il leur demandait ces certificats et quelle était la créance des huguenots sur la présence réelle, ils s'étaient emportés avec des gesticulations extraordinaires, montrant par là l'horreur qu'ils en avaient.

N° IV. Extrait d'un écrit intitulé: Relation de l'état présent du jansénisme en la ville de Clermont, en 1661 1.

Le jansénisme n'a pas plutôt paru en France qu'il a eu des sectateurs dans Clermont, et si l'Auvergne a fomenté cette secte dans sa naissance, ayant été le lieu d'origine de Mrs. Arnauld, Bourzez, Brousse, Rebours, Laporte, Mauguin et Pascal, la ville de Clermont contribue beaucoup à son progrès et à sa conservation.

Car comme les esprits de cette province pour l'ordinaire s'attachent avec obstination aux sentiments dont ils sont une fois prévenus, les décisions de l'Eglise et les ordonnances du

- Note du P. Guer

• IIIe recueil MS. du P. Guerrier, pag 198. rier: « On trouve une partie des calomnies que cet écrit contient dans l'ordonnance de M. Louis Destaing, évêque de Clermont, publié en son synode, le 9e jour de juin 1661. »

roi n'ont pas tellement étouffé les semences de cette erreur qu'il ne reste encore quelques personnes qui non-seulement en conservent les impressions secrètes, mais qui même en font une profession publique. La secte est composée de plusieurs laïques des deux sexes : les plus considérables sont le sieur Montorcier, président en la cour des aides; le sieur Perier, conseiller en la dite cour, et la demoiselle Pascal sa femme, le sieur Guerrier, avocat, et la nommée Baudoin, sagefemme'; mais le plus signalé est le sieur Domat, avocat du roi au présidial du dit Clermont, lequel, ayant quelque vivacité d'esprit et s'étant employé uniquement à l'étude de ces matières, passe pour le plus habile, fait leçons à ses confédérés et corrompt une partie de la jeunesse qui fréquente le palais. Il ne paraît pas que les ecclésiastiques soient engagés dans ce parti, à la réserve du sieur Courtin, doyen de l'église collégiale de St-Amable à Riom, lequel est un fameux janséniste, et qui vient souvent à Clermont pour rendre ses assistances à la cabale. Il faut faire quelques communautés ecclésiastiques dont plusieurs particuliers donnent sujet d'un juste soupçon... etc...

Note du P. Guerrier. « J'ai trouvé cette pièce parmi les papiers que Mile Perier a donnés à la bibliothèque des PP. de l'Oratoire de Clermont. Je ne sais qui en est l'auteur; mais je conjecture qu'elle peut bien être l'ouvrage de quelque jésuite du collège de Montferrand. »

No V.Lettre du R. P. dom Antoine-Augustin Touttée, religieux bénédictin, à M. l'abbé Perier 2.

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous renvoyer les trois écrits que vous avez bien voulu me communiquer. Au bas des deux petits

■ Note du P. Guerrier : « J'ai vu plusieurs lettres de M. Arnauld à M. Perier, où ce docteur la salue. » — Le docteur Vallant faisait beaucoup de cas de Made Baudoin; et l'on trouve dans ses portefeuilles un traité composé par elle sur l'art des accouchements.

2 1er Recueil MS. du P. Guerrier, pag. DCCCLXXIV.

écrits j'ai mis le titre qu'on pouvait à peu près leur donner; j'ai mis aussi à la marge du grand quelques observations. Il y en a une générale à faire, qui est que cet écrit, promettant de parler de la méthode des géomètres, en parle à la vérité au commencement, et n'en dit à mon avis rien de particulier ; mais il s'engage ensuite dans une grande disgression sur les deux infinités de grandeur et de petitesse que l'on remarque dans les trois ou quatre choses qui composent toute la nature, et l'on ne comprend pas assez la liaison qu'elle a avec ce qui fait le sujet de l'écrit. C'est pourquoi je ne sais point s'il ne serait point à propos de couper l'écrit en deux et de faire deux morceaux séparés car il ne me semble pas bien qu'ils soient faits l'un pour l'autre. Au reste cette seconde partie m'a paru contenir beaucoup de belles choses, parmi quelques-unes qui sont assez communes. Je voudrais communiquer cet écrit à M. Varignon pour en dire son sentiment.

Je travaille à rédiger en ordre les pensées contenues dans les trois cahiers que vous m'avez laissés. Je crois qu'il ne faudra comprendre dans ce recueil que les pensées qui ont quelque chose de nouveau, et qui sont assez parfaites pour faire concevoir au lecteur du moins une partie de ce qu'elles renferment. C'est pourquoi je laisserai celles qui n'ont rien de nouveau soit pour le sujet, soit dans le tour et dans la manière, et celles qui sont trop informes, en sorte qu'elles ne peuvent présenter assez parfaitement leur sens. Je me recommande à vos saints sacrifices et à votre souvenir. Je suis avec estime et avec respect.

Saint-Denis, ce 12 juin 1711.

[ocr errors]

No VI. Lettre de M. l'Evêque de Comminges à M. Etienne Perier, sur les Pensées de Pascal.

De Paris, ce 21 janvier 1670.

Monsieur, un voyage que j'ai fait m'a empêché de faire réponse plus tôt à la lettre que vous m'avez si obligeamment

« PreviousContinue »