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clairement que l'une et l'autre de ces suppositions était également impossible.

Enfin il n'oublia rien de tout ce qui pouvait servir à la vérité de l'histoire évangélique, faisant de très-belles remarques sur l'Évangile même, sur le style des évangélistes et sur leurs personnes; sur les apôtres en particulier et sur leurs écrits; sur le nombre prodigieux de miracles; sur les martyrs; sur les saints; en un mot sur toutes les voies par lesquelles la religion chrétienne s'est entièrement établie. Et quoiqu'il n'eût pas le loisir dans un simple discours de traiter au long une si vaste matière, comme il avait dessein de faire dans son ouvrage, il en dit néanmoins assez pour convaincre que tout cela ne pouvait être l'ouvrage des hommes, et qu'il n'y avait que Dieu seul qui eût pu conduire l'événement de tant d'effets différents qui concourent tous également à prouver d'une manière invincible la religion qu'il est venu lui-même établir parmi les hommes.

Voilà en substance les principales choses dont il entreprit de parler dans tout ce discours, qu'il ne proposa à ceux qui l'entendirent que comme l'abrégé du grand ouvrage qu'il méditait : et c'est par le moyen d'un de ceux qui y furent présents qu'on a su depuis le peu que je viens d'en rapporter.

ADDITION

AU III DISCOURS SUR LA CONDITION DES GRANDS '.

* Dieu

A créé tout pour soi;

A donné puissance de peine et de bien pour soi. - Vous pouvez l'appliquer à Dieu ou à vous. Si à Dieu, l'Évangile est la règle.

Si à vous, vous tiendrez la place de Dieu.

- Comine Dieu est environné de gens pleins de charité, qui lui demandent les biens de la charité qui sont en sa puissance, ainsi...

- Connaissez-vous donc et sachez que vous n'êtes qu'un roi de concupiscence, et prenez les voies de la concupiscence.

Nous croyons devoir placer ici, et sous ce titre, un fragment qui se trouve isolé et sans aucune espèce d'indication dans le MS., mais qui évidemment se rattache au IIIe discours sur la condition des grands, et particulièrement au paragraphe qui commence ainsi : Dieu est environné de gens pleins de charité, etc., pag 347.

Ainsi ce fragment était une note que Pascal avait jetée sur le papier afin de mieux fixer dans sa mémoire une des considérations qu'il se proposait de développer dans sa conversation avec son jeune ami le duc de Roannez. Cette circonstance intéressante atteste le soin et la gravité que Pascal apportait, jusque dans de simples conversations, en tout ce qui tenait aux règles de la morale.

16i

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APPENDICE.

Extrait de la notice de Marguerite Perier sur
Monsieur et Mademoiselle de Rouannez '.

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M. de Rouannez était fils de M. le marquis de Boisy. Madame sa mère était fille de M. Hennequin, président du parlement, et il était petit-fils de M. le duc de Rouannez; madame sa grand'mère était sœur de M. le comte d'Harcourt. Il perdit M. son père à l'âge de huit ou neuf ans, et fut mis entre les mains de M. son grand-père, qui ne connaissait guère la religion et qui était un homme très-emporté et peu capable de donner une éducation chrétienne à un enfant. Il lui donna un gouverneur qui n'en était pas plus capable que lui; il alla même jusque-là que d'ordonner à son gouverneur de lui donner l'air de cour, et de lui apprendre à jurer, croyant qu'il fallait qu'un jeune seigneur prît ces manières-là. Il perdit M. son grand-père à treize ans, et alors il fut son maître. Madame sa mère, qui était une bonne femme toute simple, ne pouvait, ne savait pas même en prendre soin. Cependant il ne laissa pas de commencer assez jeune à avoir des sentiments de religion. Il avait un très-bon esprit, mais point d'étude. Il fit connaissance (je ne sais pas bien à quel âge) avec M. Pascal, qui était son voisin, il goûta fort son esprit et le mena même une ou deux fois en Poitou avec

lui, ne pouvant se passer de le voir. Lorsque M. de Rouannez eut environ vingt-deux ou vingt-trois ans, M. Pascal s'étant

III Recuei! MS. du P. Guerrier, pag. 336.

e

ADDITION

AU III DISCOURS SUR LA CONDITION DES GRANDS '.

• Dieu

A créé tout pour soi;

A donné puissance de peine et de bien pour soi.

*Vous pouvez l'appliquer à Dieu ou à vous.

Si à Dieu, l'Évangile est la règle.

Si à vous, vous tiendrez la place de Dieu.

- Comine Dieu est environné de gens pleins de charité, qui lui demandent les biens de la charité qui sont en sa puissance, ainsi...

- Connaissez-vous donc et sachez que vous n'êtes qu'un roi de concupiscence, et prenez les voies de la concupiscence.

'Nous croyons devoir placer ici, et sous ce titre, un fragment qui se trouve isolé et sans aucune espèce d'indication dans le MS., mais qui évidemment se rattache au IIIe discours sur la condition des grands, et particulièrement au paragraphe qui commence ainsi : Dieu est environné de gens pleins de charité, etc., pag 347.

Ainsi ce fragment était une note que Pascal avait jetée sur le papier afin de mieux fixer dans sa mémoire une des considérations qu'il se proposait de développer dans sa conversation avec son jeune ami le duc de Roannez. Cette circonstance intéressante atteste le soin et la gravité que Pascal apportait, jusque dans de simples conversations, en tout ce qui tenait aux règles de la morale.

16i

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APPENDICE.

Extrait de la notice de Marguerite Perier sur Monsieur et Mademoiselle de Rouannez '.

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M. de Rouannez était fils de M. le marquis de Boisy. Madame sa mère était fille de M. Hennequin, président du parlement, et il était petit-fils de M. le duc de Rouannez; madame sa grand'mère était sœur de M. le comte d'Harcourt. Il perdit M. son père à l'âge de huit ou neuf ans, et fut mis entre les mains de M. son grand-père, qui ne connaissait guère la religion et qui était un homme très-emporté et peu capable de donner une éducation chrétienne à un enfant. Il lui donna un gouverneur qui n'en était pas plus capable que lui; il alla même jusque-là que d'ordonner à son gouverneur de lui donner l'air de cour, et de lui apprendre à jurer, croyant qu'il fallait qu'un jeune seigneur prît ces manières-là. Il perdit M. son grand-père à treize ans, et alors il fut son maître. Madame sa mère, qui était une bonne femme toute simple, ne pouvait, ne savait pas même en prendre soin. Cependant il ne laissa pas de commencer assez jeune à avoir des sentiments de religion. Il avait un très-bon esprit, mais point d'étude. Il fit connaissance (je ne sais pas bien à quel âge) avec M. Pascal, qui était son voisin, il goûta fort son esprit et le mena même une ou deux fois en Poitou avec lui, ne pouvant se passer de le voir. Lorsque M. de Rouannez eut environ vingt-deux ou vingt-trois ans, M. Pascal s'étant

' III Recuei! MS. du P. Guerrier, pag. 336.

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