dexme Cet hymen m'est fatal, je le crains, et souhaite : Madame, après cela je n'ai rien à vous dire, L'INFANTE. Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir. LE PAGE. Par vos commandements Chimène vous vient voir. Allez l'entretenir en cette galerie. LÉONOR. Voulez-vous demeurer dedans la rêverie with L'INFANTE. Non, je veux seulement, malgré mon déplaisir, 125 130 wishment 135 Juste ciel, d'où j'attends mon remède, Mets enfin quelque borne au mal qui me possède : Assure mon repos, assure mon honneur. Dans le bonheur d'autrui je cherche mon bonheur : 145 Rends son effet plus prompt, ou mon âme plus forte. D'un lien conjugal joindre ces deux amants, C'est briser tous mes fers, et finir mes tourments. 150 1. Var. Je ne m'en promets rien qu'une joie imparfaite. Ma gloire et mon amour ont tous deux tant d'appas, Que je meurs s'il s'achève et ne s'achève pas. (1637-56). 2. Var. Pour souffrir la vertu si longtemps au supplice. (1637-56) SCÈNE III1 LE COMTE, DON DIÈGUE LE COMTE. Enfin vous l'emportez, et la faveur du Roi Cette marque d'honneur qu'il met dans ma famille LE COMTE. 155 Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes : DON DIÈGUE. Ne parlons plus d'un choix dont votre esprit s'irrite 160 A l'honneur qu'il m'a fait ajoutez-en un autre3; 165 Joignons d'un sacré nœud ma maison à la vôtre : 1. « Aujourd'hui, dit Voltaire, dans son Commentaire sur Corneille, publié en 1764, quand les comédiens représentent cette pièce, ils commencent par cette scène. Il parait qu'ils ont trèsgrand tort; car peut-on s'intéresser à la querelle du Comte et de don Diègue, si on n'est pas instruit des amours de leurs enfants? L'affront que Gormas fait à don Diegue est un coup de théâtre, quand on espère qu'ils vont conclure le mariage de Chimène avec Rodrigue. Ce n'est point jouer le Cid, c'est insulter son que de le tronquer ainsi. On ne devrait pas permettre aux comédiens d'altérer ainsi les ouvrages qu'ils représentent. >> Sur les mutilations et les changements qu'on s'est permis dans le texte et dans la représentation du Cid, voyez ci-dessus, p. 12, note 2; et au tome I du Corneille de M. Marty-Laveaux, p. 49-52, la fin de la Notice sur le Cid. auteur, 2. Var. Vous choisissant peut-être on eût pu mieux choisir; Mais le Roi m'a trouvé plus propre à son desir. (1657-56) 3. Var. A l'honneur qu'on m'a fait ajoutez-en un autre. (1660 et 63/ Vous n'avez qu'une fille, et moi je n'ai qu'un fils1; Leur hymen nous peut rendre à jamais plus qu'amis: Qw Faites-nous cette grace, et l'acceptez pour gendre. LE COMTE. A des partis plus hauts ce beau fils doit prétendre; Lui doit enfler le cœur d'une autre vanité. de Pour s'instruire d'exemple, en dépit de l'envie, 170 175 180 185 Là, dans un long tissu de belles actions, Il verra comme il faut dompter des nations, Ste 190 LE COMTE. Les exemples vivants sont d'un autre pouvoir 6; Et ce bras du Royaume est le plus ferme appui. Spot 195 1. Var. Rodrigue aime Chimène, et ce digne sujet (1657-56) 56) 2. Var. Lui doit bien mettre au cœur une autre vanité. (1657 3. Var. Instruisez-le d'exemple, et vous ressouvenez Qu'il faut faire à ses yeux ce que vous enseignez. (1637-56) 4. Var. Là, dans un long tissu des belles actions. (1659 et 44 in-4°) 5. Var. Attaquer une place et ranger une armée. (1660-64) 6. Var. Les exemples vivants ont bien plus de pouvoir. (1637-56 Sans moi, vous passeriez bientôt sous d'autres lois, DON DIÈGUE. Je le sais, vous servez bien le Roi : Un monarque entre nous met quelque différence 2. LE COMTE. Ce que je méritois, vous l'avez emporté. Car DON DIÈGUE. Qui l'a gagné sur vous l'avoit mieux mérité LE COMTE. Qui peut mieux l'exercer en est bien le plus digne. DON DIÈGUE. En être refusé n'en est pas un bon signe. LE COMTE. Vous l'avez eu par brigue, étant vieux courtisan. L'éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan. LE COMTE. Parlons-en mieux, le Roi fait honneur à votre âge3. 1. Var. Et si vous ne m'aviez, vous n'auriez plus de rois. Chaque jour, chaque instant entasse pour ma gloire Laurier dessus laurier, victoire sur victoire. Le Prince, pour essai de générosité, Gagneroit des combats marchant à mon côté; Loin des froides leçons qu'à mon bras on préfère, [I apprendroit à vaincre en me regardant faire.] DON DIEG. Vous me parlez en vain de ce que je connoi: [Je vous ai vu combattre et commander sous moi.] (1637-56) Lauriers dessus lauriers, au pluriel. 2. Var. Un monar que entre nous met de la différence. (1637-56) 3. Var. Parlons-en mieux, le Roi fait l'honneur à votre age. (1644 in-4) DON DIEGUE. Le Roi, quand il en fait, le mesure au courage1. LE COMTE. Et par là cet honneur n'étoit dû qu'à mon bras, Ton impudence, Téméraire vieillard, aura sa récompense. (Il lui donne un soufflet*.) DON DIÈGUE, mettant l'épée à la main. Achève, et prends ma vie après un tel affront, LE COMTE. Et que penses-tu faire avec tant de foiblessc? DON DIÈGUE. O Dieu! ma force usée en ce besoin me laisse 3! Ton épée est à moi; mais tu serois trop vain, 225 230 1. Var. Le Roi quand il en fait, les mesure au courage. (1648-56) 2. On ne donnerait pas aujourd'hui un soufflet sur la joue d'un héros, dit Voltaire. Les acteurs mêmes sont très-embarrassés à donner ce soufflet, ils font le semblant. Cela n'est plus même souffert dans la comédie, et c'est le seul exemple qu'on en ait sur le théâtre tragique. Il est à croire que c'est une des raisons qui firent intituler le Cid tragi-comédie. Presque toutes les pièces de Scudéry et de Boisrobert avaient été des tragi-comédies. On avait cru longtemps en France qu'on ne pouvait supporter le tragique continu sans mélange d'aucune familiarité. Le mot de tragicomédie est très-ancien Plaute l'emploie pour désigner son Amphitryon, parce que si l'aventure de Sosie est comique, Amphitryon est très-sérieusement affligé. »- On a fait remarquer avec raison que, dans le prologue d'Amphitryon (vers 59 et 63), Plaute désigne la pièce par le nom de tragicocomœdia, non pour la raison que doune icì Voltaire, mais parce qu'on voit figurer ensemble dans ce drame, d'une part, des dieux et des rois, personnages de la tragédie, et de l'autre des esclaves, personnages de la comédie. 3. Var. O Dieul ma force usée à ce besoin me laisse. (1637-56) |