Page images
PDF
EPUB

CRITIQUE ET MILITAIRE

DES

GUERRES DE LA RÉVOLUTION.

LIVRE VI.

CAMPAGNE DE 1794.

PREMIÈRE PÉRIODE.

-

[ocr errors]

Situation de l'Europe. Procès des sociétés révolutionnaires à Londres; suspension de l'habeas corpus.-Kocziusko insurge la Pologne. Discussion avec le Danemark et la Suède, sur les droits des neutres. - Croisière dans la Baltique. La terreur continue à désoler la France. Danton est condamné à mort. · Préparatifs des puissances belligérantes. Plan de campagne de Mack. Traité de La Haye, entre les Prussiens et les Anglais. L'Empereur se rend en Belgique, pour donner plus d'unité aux opérations. -Les alliés investissent Landrecies.Efforts inutiles des Français pour sauver cette place. Combats sanglants de Priche, de Fay et de Troisville. La droite de l'armée du Nord se réunit avec celle des Ardennes à Beaumont. Combats de Bossut et Walcourt. La gauche débouche de Lille sur la Lys. Moreau investit les Hanovriens à Menin, et Souham s'empare de Courtray. Clairfayt est battu isolément à Moucron et Mont-Castrel. - Landrecies capitule. Combats réitérés à Binch, Merbes et Rouvroy. Obstination de Saint-Just à faire réussir le passage de la Sambre.-Le prince de Kaunitz force trois fois le général Desjardins à repasser cette rivière. Le comité de salut public ordonne à Jourdan de marcher avec 40,000 hommes de la Moselle sur Charleroy. Le duc d'York vole au secours de Clairfayt, qui est encore battu à Courtray avant son arrivée. Le prince de Cobourg se dirige de Landrecies sur Tournay, pour accabler la gauche des Français, et détache le prince d'Orange sur la Sambre, pour renforcer KauLe généralissime des alliés est prévenu et battu à Turcoing. Inutile et sanglante bataille de PontaL'Empereur retourne à Vienne.

nitz. chin.

[ocr errors]

-

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]
[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Pichegru prend Ypres. Combats de Rousselaër et de Hooglede.- Jourdan passe la Sambre, et investit Charleroy. Le prince d'Orange lui en fait lever le siége. Le général français effectue un cinquième passage, et prend cette place. - Cobourg, informé des efforts dirigés sur la Sambre, se décide à y marcher avec le gros de son armée. Bataille de Fleurus. - Faux mouvement prescrit par le comité sur Ostende. Retraite des alliés sur Bruxelles. - Combats de Mons, Waterloo et Louvain. -- Jourdan prend position derrière la Meuse; et Pichegru, au delà d'Anvers Scherer forme le siége des forteresses rendues aux Autrichiens dans la campagne précédente. État des affaires sur le Rhin. Mollendorf profite du départ de l'armée de la Moselle, pour reprendre Kaiserslautern : il ne marche point sur la Meuse ou la Sambre, comme le plan de campagne le portait. Les Français, renforcés par 10,000 hommes des Alpes, prennent l'offensive à leur tour. L'armée des Alpes s'empare du mont Cenis et du petit Saint-Bernard : celle d'Italie, déjà dirigée par Bonaparte, général d'artillerie, enlève la position formidable de Saorgio et du Col-de-Tende. — L'ennemi est rejeté dans la plaine du Piémont,

Dugommier, après la reddition de Toulon, marche aux Pyrénées orientales: il chasse les Espagnols de leur célèbre camp du Boulou ; prend 150 pièces de canon; rejete l'ennemi jusque sous Figuères; puis investit Bellegarde et prend Collioure avec 7,000 prisonniers. — Aux Pyrénées occidentales, Muller profite de l'hiver pour former ses nouvelles levées : il s'empare des débouchés de la vallée de Bastan, et attend un renfort de la Vendée, avant de tenter une invasion sérieuse. Le général Caro, malgré son infériorité, veut attaquer le camp de Croix-des-Bouquets et calvaire d'Urrugne ; il est repoussé. Événements dans la Vendée, depuis le mois de novembre.

La France, tourmentée par une famine cruelle, fait des achats de grains dans le Levant et aux Etats-Unis. La flotte de Brest sort pour protéger l'arrivage de 200 voiles: elle est battue par lord Howe à l'Ouessant. avec perte de sept vaisseaux pris et d'un grand nombre coulés ou endommagés. Affaires de Saint-Domingue. - Prise de la Martinique. État de l'intérieur, depuis la mort de Danton. Journée du et autres chefs de la Montagne.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

où les cabinets cherchaient vainement à distinguer | hommes. Lord Moira, destiné comme on sait à leurs alliés de leurs ennemis.

débarquer 10,000 auxiliaires en Vendée, attendait à Jersey et Guernesey que l'occasion manquée par la résistance de Granville, se représentât. L'élite des émigrés formait le gros de sa troupe; 4,000 Hessois devaient la renforcer avec quelques batail

Toute balance maritime était de même rompue; car bien qu'il n'eût pas été tiré un seul coup de canon sur les mers depuis le commencement des hostilités, le pavillon britannique dominait orgueilleusement dans tous les parages des deux hémi-lons nationaux. Nous verrons plus tard ce corps sphères.

Les causes de cette étonnante et subite révolution n'auront point échappé à nos lecteurs. D'abord, l'anarchie qui désolait la France avait aussi exercé ses ravages sur la marine. Les déclamations frénétiques de ces gens de loi que la tourmente révolutionnaire avait jetés du barreau à la tribune, et qui par cela même se croyaient capables de régir l'État, aliénèrent toutes les puissances qui avaient les mêmes intérêts qu'elle; ensuite l'ineptie du duc d'Alcudia, qui s'allia à l'Angleterre, à l'instant où il aurait fallu renouveler la triple alliance de 1779 pour sauver la marine européenne; enfin l'intérêt évident et momentané de Catherine, qui la porta à sacrifier toute autre considération à la réussite de ses projets sur la Pologne : telles furent les causes primitives de la grandeur anglaise. Quelque disposé que l'on soit d'ailleurs à rendre justice au mérite de la marine britannique, et à reconnaître la valeur et le génie des Blacke, des Anson, des Rodney et des Nelson, on conviendra que ses succès n'auraient point obtenu les résultats qui font aujourd'hui le désespoir des peuples du continent, si tant d'incidents étrangers et d'al- | liances monstrueuses ne les eussent préparés. En effet, les Anglais étaient déjà maîtres des mers en 1788, avant que leurs escadres eussent cu l'occasion de faire preuve de supériorité sur celles des Français.

descendre à Ostende, pour réparer les pertes essuyées par le duc d'York en Flandre. Les forces qui venaient de détruire et d'évacuer Toulon, alors disponibles, cinglèrent vers la Corse afin d'aider Paoli à en chasser les républicains. Un armement formidable venait de mettre à la voile pour les Antilles, où le général Grey était chargé de venger l'échec essuyé à la Martinique, et d'assurer la prise de possesion des autres colonies.

Moins jaloux cependant de la possession de quelques îles que du monopole du monde et de l'empire absolu sur les mers, le ministère anglais jugea que la destruction du système de neutralité lui garantirait seule ces résultats, en même temps qu'elle tarirait dans ses sources le commerce des autres puissances. Renversant donc par ses déclarations du 8 juin 1793 les principes du droit des neutres consacrés en 1780, il ordonna à ses vaisseaux d'enlever tous les bâtiments destinés pour la France, et les autorisa même à presser sur les navires américains les matelots nécessaires pour compléter leurs équipages. Mesure remarquable qui signala l'origine d'un droit public nouveau, et d'une guerre à outrance.

Tant de prospérités n'étaient cependant que le prélude de celles promises au cabinet britannique par la tournure générale des affaires. Toutefois cette situation brillante n'était point exemple d'orages. Dans un pays opulent, où la fortune mobiliaire et les capitaux sont hors de proportion avec les biens fonciers, il est impossible que les riches plébćiens ne soient pas jaloux des fonction

[ocr errors]

Lors même que le cabinet de Londres n'aurait pas provoqué, par d'habiles menées, un état de choses si favorable à ses intérêts, on pense bien qu'il devait se hâter de le mettre à profit Il aug-naires publics et des grands propriétaires; aussi, menta ses forces de terre et de mer par toutes sortes de moyens. L'armée régulière fut portée à 60,000 hommes; Pitt obtint de plus le doublement des milices et l'autorisation de soudoyer 40 mille émigrés ou étrangers (1). La marine fut portée à 85,000

les maximes républicaines y avaient-elles de nombreux partisans; et si la masse de la nation, animée du plus sincère patriotisme, restait attachée à ses institutions malgré leurs défectuosités, quelques esprits ardents criaient à la réforme. En Écosse

les subsidiaires; tels que les Prussiens, les Piémon

(1) Ces 40,000 hommes étaient des troupes à la solde et au service des Anglais. On ne comprend pas tais, etc.

surtout, où l'industrie manufacturière s'était déloppée d'une manière extraordinaire, plusieurs sociétés aspiraient à une répartition moins inégale du pouvoir et des charges de l'État. Bientôt Thomas Muir et Palmer furent accusés d'avoir voulu établir une convention à l'instar de celle de France. Le ministère, instruit de ces complots, et trop bien établi pour les craindre, fit condamner les coupables à la déportation. Mais tel était l'éloignement général de la nation pour la révolte, que cet acte de sévérité suffit pour empêcher toute récidive.

lieu des séances de la convention, entretenant la haine que les meneurs de la nation castillane vouaient à la France, ils mirent en jeu tous les ressorts usés de leur monarchie pour en activer les préparatifs. Le clergé, la noblesse, aussi aveugles que le ministère, n'apercevaient point encore qu'il leur en coûterait peut-être l'Amérique, pour mépriser la maxime que le cabinet de Londres ne perd jamais de vue.

Le Portugal n'avait point changé d'attitude, et attendait les ordres des deux grandes puissances qui l'influençaient.

Les puissances d'Italie tremblaient devant les escadres de Hood et de Langara.

Au surplus, cette tentative mal concertée, tourna au profit du gouvernement. Le 12 mai, un message du roi informa les chambres des machi- Le roi de Naples, non content de mettre ses nations imputées aux sociétés des amis de la ré- vaisseaux à la disposition des alliés, donna l'orforme, et des mesures ordonnées pour la vérifica- dre à un corps de 18,000 hommes de se tenir tion de leurs papiers. Pitt, saisissant l'à-propos, prêt pour une expédition lointaine. On disait pudemanda la suspension de l'habeas corpus, qui bliquement qu'après avoir débarqué à Livourne, lui fut accordée, et les signataires de quelques dé-il irait se joindre à l'armée autrichienne de Lomlibérations furent traduits au banc du roi. L'ac-bardie. Des conspirations réelles ou factices, ajournèrent indéfiniment son départ, et le contingent napolitain qui se trouvait à Toulon fut même rappelé dans le royaume.

cusation de haute trahison était formelle; les pièces produites à l'appui paraissaient ne laisser aucun doute; Thomas Hardy fut néanmoins déclaré non coupable (1). Horne Tooke compromit le ministère lui-même, et subjugua l'esprit de ses juges par sa fermeté et son aplomb. Les autres accusés furent mis hors de cour, et le public demeura convaincu que cette affaire n'était qu'un coup d'État. En effet, à dater de cette époque, le ministre resta investi de la puissance qu'il ambitionnait. Les uns ont vu dans cette procédure la preuve de l'indépendance et de la justice des tribunaux anglais; les autres ont témoigné leur étonnement de ce qu'une accusation de haute trahison, prouvée par des pièces signées des accusés, restât impunie, et ils concurent des soupçons de connivence entre le ministère et les tribunaux, et peut-être avec les prévenus eux-mêmes.

Bien que le gouvernement espagnol fût plus obéré qu'à l'ouverture de la campagne précédente, les succès de Ricardos en Roussillon le décidèrent à continuer la guerre ; et les farces sacriléges, qui venaient tout récemment de souiller le

(1) Entre autres délits, on lui reprochait son adresse à la convention nationale, lue à la séance du 17 novem

Le duc de Toscane, cédant aux menaces du chargé d'affaires anglais et aux croisières plus redoutables de l'amiral Hood, avait notifié au résident français de quitter ses États; mais il résista avec fermeté aux obsessions du ministre de Sardaigne, qui réclamait un contingent de 2,000 hommes pour les armées combinées.

Gènes dévorait des affronts que sa faiblesse ne lui permettait point de venger. Le sénat auquel il ne restait que la voie des protestations, répondit du moins avec dignité aux menaces de Drake, et témoigna son indignation au sujet de l'enlèvement de la frégate française la Modeste.

La république de Venise persistait à garder la neutralité; son gouvernement non moins alarmé des principes proclamés tout récemment par Robespierre, que des succès des armées impériales, ne savait quel parti embrasser: une neutralité subtile, modifiée selon les circonstances, refuge ordinaire du faible comme du fourbe, lui parut

bre 1792, et qui est assez remarquable pour être rapportée. (Pièces justificatives du livre VI, no 2.)

l'unique moyen de salut. L'inquisition d'État repous- | regardassent comme le précurseur de la ruine totale du commerce de la république.

sait donc d'une main les sollicitations du ministre anglais Wolsley, qui plus rusé que Hervey et Drake se servait des termes les plus affectueux pour déterminer le sénat à éloigner le chargé d'affaires de France, tandis que de l'autre elle écartait les demandes du comité de salut public, qui aurait voulu rétablir les ambassades sur le pied où elles existaient avant la révolution. En vain les coalisés insinuèrent-ils que Descorches tramait à Constantinople pour entraîner la Turquie à la guerre par l'appât du territoire vénitien, la république persista dans son système, et rejeta même les offres de la cour de Naples pour une alliance défensive. Toute son attention paraissait absorbée vers la partie nord de ses frontières; et moins exposée que Gènes aux attaques des Anglais, elle tournait des regards d'inquiétude vers l'Autriche. A la vérité celle-ci avait assez d'occupation pour ne point s'attirer sur les bras un ennemi qui, placé sur les derrières de ses armées de Lombardie, aurait pu lui causer de grands embarras. Cependant le sénat, influencé par les déclamations du patricien Pesaro, et dans l'espoir d'imposer à tout, prit avec ostentation, le 16 avril, des mesures pour repousser les attaques dont il n'était point encore menacé. Un décret fixa les forces régulières à 40,000 hommes, et les milices à 70,000. Le manque d'argent et l'éloignement du danger firent de ce décret une véritable fanfaronnade; et l'armée disponible, ne dépassa jamais 8,000 hommes.

Le roi de Sardaigne resta ainsi seul aux prises avec la France; et nous verrons plus tard l'inutilité des efforts de l'Autriche pour lui procurer des auxiliaires.

Le second démembrement de la Pologne, consenti à la diète de Grodno, tenant les Polonais en fermentation, Kocziusko avait profité de cette disposition des esprits pour lever, le 23 mars, l'étendard de l'insurrection à Cracovie. Cet incident qui attirait toute l'attention de Catherine, formait une puissante diversion aux affaires du Midi, en contraignant la Prusse et l'Autriche, déjà ébranlées par les revers essuyés en Belgique et dans le Palatinat, à faire filer vers la Pologne une partie des troupes qu'il eût été si nécessaire de diriger sur le Rhin, pour ramener la victoire sous leurs drapeaux (1).

Le profond silence de l'Angleterre sur ce grand événement, contraste trop avec le dévouement qu'elle affecta quatre ans auparavant envers les Polonais, pour ne pas autoriser à croire qu'il fût acheté par la czarine, aux dépens de quelques concessions maritimes.

En effet, une flotte de 25 vaisseaux de lignes aux ordres des amiraux Kruse et Tschitschagoff, établit une croisière dans la Baltique, sinon pour entraîner le Danemark et la Suède dans une ligue contraire à leur politique, du moins en vue de les forcer à reconnaître le droit de visite envers tous les bâtiments destinés pour la France. L'habile impératrice, en paraissant sanctionner un moment la législation maritime de la Grande-Bretagne, aplanissait à la fois les difficultés majeures que le cabinet de Londres aurait pu mettre à l'accomplissement de ses projets, et minait sourdement les deux puissances du Nord, rivales de sa prospérité.

Cependant la prudence du duc de Sudermanie et l'habileté du ministre de Bernstorff, luttèrent avec succès contre ces efforts, auxquels d'ailleurs l'impératrice n'attachait qu'un faible prix, puisqu'ils la concernaient bien moins que ses alliés. Les notes du comte de Stackelberg à la cour de Stockholm, du 30 juillet 1793, destinées à sanc

La situation de la Hollande n'avait subi aucun changement. La retraite de Dumouriez avait fait disparaître le danger apparent qui menaçait ses frontières; mais, si les flottes hollandaises arrivaient encore librement dans ses ports et les vivifiaient par le commerce, cette prospérité passagèretionner la fameuse déclaration du ministère anglais devait être trop chèrement achetée, pour que les vrais patriotes n'en fussent point alarmés, et ne la

(1) Ayant consacré un chapitre particulier de la seconde période, pour traiter tout ce qui est relatif à ce

du 8 juin, restèrent sans effet; et Catherine entendait trop bien ses intérêts pour ne pas s'en

dernier effort de la Pologne, nous y renvoyons nos lec

teurs.

5

consoler; puisque, tout en remplissant les obliga- | théâtre de la guerre à de nouveaux affronts, unitions de son alliance, elle avait atteint le double quement pour combler le déficit que les dissipabut qu'elle se proposait, sans faire triompher en- tions du roi avaient causé dans les coffres de l'État. tièrement la cause des Anglais, et sans en venir Mais ce qu'il y eut de plus remarquable dans ce -avec la Suède et le Danemark à des hostilités réel-traité, c'est que la Hollande consentit à payer les, qui, dans ce moment, eussent été contraires à partie de ce subside, comme si l'intégrité de son la réussite de ses entreprises. territoire n'eût pas été plus assurée en adoptant la neutralité, qu'en stipendiant une armée mercenaire dont elle ne pouvait disposer.

Les efforts de l'ambassadeur anglais Hayles, et les raisonnements captieux de ses notes, échouérent de même contre la logique victorieuse de M. de Bernstorffet les droits imprescriptibles des nations. Ces débats, monument remarquable de la politique du temps, sont d'autant plus dignes d'être connus (1) qu'ils peuvent éclairer des puissances plus à portée de faire triompher un jour les principes

du droit maritime.

Ainsi, au milieu du bouleversement général de l'Europe, la Suède et le Danemark se conduisaient avec une sagesse exemplaire; et, voulant assurer l'indépendance de leur pavillon, elles signaient, le 27 mars 1794, un traité d'alliance défensive, qui stipulait l'armement de 16 vaisseaux pour la conservation des usages consacrés par le droit des gens, et notamment par le traité de 1780; renouvelant à cette occasion la clause qui fermait la mer Baltique aux bâtiments armés des puissances qui n'y possédaient aucun port.

La Prusse, tout occupée de ses affaires de Pologne, mécontente de ce qui s'était passé en Alsace, entre Wurmser et le duc de Brunswick, et bien convaincue qu'elle combattait sur le Rhin

pour

des

Si le cabinet de Berlin suivait une politique ambiguë, ce n'est pas qu'il manquât de conseillers instruits; mais ils n'étaient point doués de cette perspicacité qui saisit l'avenir d'un coup d'œil rapide, et assigne à une puissance le rôle qu'elle doit jouer dans les grandes révolutions politiques de l'Europe. Indisposés contre les Autrichiens, craignant d'un autre côté de les abandonner au moment où les efforts surnaturels de la France semblaient compromettre l'Allemagne; combattus par la nécessité de mettre fin aux excès de la faction de Robespierre, ils se laissèrent entraîner à la continuation d'une guerre où il y avait peu d'avantages réels à recueillir. Leur embarras s'accrut encore quand la nouvelle de l'insurrection de Kocziusko en Pologne, vint mettre en doute la réussite du projet de partage. Cette circonstance, qui eût dû les décider à tourner leurs efforts de ce côté, pour y prendre une attitude respectable, ne fixa point leurs irrésolutions; et après mille fluctuations, ils crurent dignement remplir leur tâche, en laissant au maréchal Suwarow le soin de réduire

de Londres.

Le prince de Kaunitz vivait encore; mais depuis près d'un an le cabinet de Vienne était partagé entre le comte de Cobentzel qui dirigeait les affaires d'Italie, et le baron de Thugut chargé du portefeuille des relations extérieures.

intérêts étrangers, tant que les républicains ne Varsovie, et en vendant 60,000 hommes au cabinet franchiraient pas ce fleuve, menaça de retirer ses troupes de la coalition, et de ne laisser en ligne que le faible contingent dû par l'électeur de Brandebourg. La politique anglaise fut prompte à détourner ce coup: on entama d'abord des négocia tions avec la diète de Ratisbonne, pour l'engager à prendre à sa solde partie de ces guerriers qui se proclamaient ses protecteurs ; mais ces négociations traînant en longueur, on conclut à La Haye un traité de subsides qui leva tous les obstacles. Ainsi les troupes de Frédéric-Guillaume, prêtes à retourner dans leur patrie, restèrent exposées sur le

Depuis la mort de Louis XVI, et surtout après celle de Marie-Antoinette, l'Autriche n'avait plus de motif de continuer la guerre, à moins que ce ne fût pour en tirer une juste vengeance, sans égard aux torts qu'elle se faisait à elle-même par cette détermination. Que pouvait vouloir en effet le ca

(1) Voyez les ouvrages d'Arnoud, et autres publicistes. Danemark, et les réponses du ministre Bernstorff (Pièces Mémoires de l'ambassadeur anglais Hayles à la cour de | justificatives du livre VI, no 1.)

« PreviousContinue »