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duction de la variole? Sinon, quelle est celle qui a le funeste privilége de lui donner naissance?

En admettant cette hypothèse, qui me parait assez vraisemblable, c'est là précisément ce qu'il importe de rechercher, à moins que l'on ne préfère attribuer cette génération, soit aux organites de M. Chauveau, soit aux microzymas (ferments organiques) du professeur Béchamp, soit à quelques-uns de ces êtres microscopiques (bacté ries), ou à quelques-uns de ces êtres visibles à l'œil nu que l'on voit naître ou revivre, dans ces conditions, au sein même de ces substances en décomposition, ce qui serait également admissible.

« Le microzyma, dit M. Béchamp, est organisé, vivant, capable de se multiplier.

» Pendant l'état de santé, les microzymas agissent harmoniquement, et notre vie est, dans toute l'acception du mot, une fermentation régulière. Dans l'état de maladie, les microzymas agissent inharmoniquement la fermentation est régulièrement troublée; les microzymas, ou bien ont changé de fonction, ou bien sont placés dans une situation anormale par une modification quelconque du milieu.

>> Enfin, le microzyma peut devenir malade et communiquer sa maladie, ainsi qu'on l'observe dans la maladie des vers à soie.

» D'après le Professeur de Montpellier, il n'est pas douteux que le virus de la variole et celui de la syphilis contiennent des microzymas spécifiques, c'est-à-dire important la maladie de l'individu dont ils proviennent'. »

↑ Séance de l'Académie du 3 mai 1870.

C'est donc par la recherche du principe spécifique, organique ou fermentatif, végétal ou animal, vivant ou putréfié, miasmatique ou virulent, déposé sur le trayon des vaches, engendrant le cowpox et par lui la vaccine, que l'on arrivera à la connaissance complète et parfaite de la nature et de la valeur intrinsèque et véritable de cet agent.

En définitive et au fond, d'après les principes ci-dessus posés comme bases d'appréciation, c'est là le seul problème que l'on ait à résoudre aujourd'hui, dans cette question d'origine de la vaccine.

En attendant qu'il soit complètement résolu, voici tout ce que nous apprend l'histoire de la vaccination à ce sujet, qui intéresse au plus haut point l'espèce humaine.

Je l'aborde sans plus d'hésitation et avec l'espoir d'éclaircir bien des doutes, de projeter la lumière sur beaucoup de points encore obscurs, de mettre enfin sur la voie de la vérité, difficile à découvrir au milieu des discussions soulevées par cette question.

N'ayant plus de programme à suivre, je n'ai plus à craindre le reproche de m'en être écarté, de ne pas y avoir complètement répondu, ou d'avoir traité l'histoire de la vaccination par trop exclusivement au point de vue historique, en me fiant outre mesure aux épreuves expérimentales des auteurs qui s'en sont occupés avant moi, et sans l'appuyer d'expérimentations récentes et personnelles.

Je me sens aujourd'hui beaucoup plus libre; j'en suis heureux, et j'en profite pour agiter la question à ma manière. Celle-ci a très-bien pu ne pas être du goût des

médecins russes: nos faits et gestes, nos idées et nos langages sont tellement différents, qu'il n'y a rien d'étonnant à cela; j'ai de sérieuses raisons pour le penser et pour le dire. Mais je me passerai parfaitement de leur approbation, pourvu qu'elle plaise au public médical de mon pays, chez lequel je trouverai plus de sympathie, je n'en doute pas, et auquel je tiens à en appeler en dernier ressort.

DE

LA VACCINATION

Marche Marche! Marche!.....

E. SUE, Juif errant.

C'est la loi du progrès en toutes choses.
C'est la loi de la civilisation.

C'est la loi de l'humanité.

CHAPITRE PREMIER

La variole considérée au point de vue de l'hygiène publique, au point de vue de son extensibilité et de sa propagation épidémique. Excursion dans le domaine de la pathologie générale : infection et contagion. Classification des maladies d'après leur extensibilité. Généralités sur la variole. Nature de cette maladie. doit occuper dans les cadres nosographiques.

· Place qu'elle

Faire l'histoire de la vaccination, c'est faire de l'histoire contemporaine, puisque la découverte de ce moyen de prophylaxie thérapeutique n'a pas encore un siècle de date certaine et positive.

Mais, avant de l'entreprendre, il convient de jeter un coup d'œil rétrospectif sur un point précis et restreint de l'histoire médicale antérieure : il est nécessaire d'esquisser

rapidement les faits historiques relatifs à la maladie contre laquelle le virus vaccin a été dirigé; il est utile de faire connaître les circonstances qui ont précédé, préparé et amené cette découverte.

Qu'on ne s'attende pas

néanmoins à trouver dans ce travail une description de la variole telle qu'on peut la lire dans tous les Traités de pathologie classique élémen taire.

Elle serait ici hors de propos.

Je dois la supposer présente à la mémoire de mes lecteurs.

Je me contenterai d'examiner cette maladie à un point de vue plus général, au point de vue de l'hygiène pu blique, et par conséquent au point de vue de son extensibilité et de sa propagation épidémique.

Ceci m'oblige à une digression nécessaire, à une excursion rapide dans le domaine de la pathologie générale. Je seus le besoin d'expliquer ma pensée sur les deux grands principes de propagation des maladies, savoir: l'infection et la contagion, et de fournir une classification des maladies au point de vue de leur extensibilité, afin de bien déterminer la nature de celle qui m'occupe actuellement, et de lui assigner dans cette classification la place qui lui revient.

1° Infection et Contagion. -Je l'ait dit quelque part; il m'est donc bien permis de le redire ici:

Inscrire ces deux mots en regard et en opposition l'un à l'autre, c'est accepter la chance de relever un brandon de discorde; c'est courir le risque de raviver la trop lon

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