Additus Bibliotece stud: Acad: Laud
Bibliotecans Le Gras, Anno 1763

LIVRE I V.

DE NOS DEVOIRS ENVERS LES
AUTRES HOMMES.

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CHAPITRE I

De la fociabilité, des moyens d'inspirer à l'homme les vertus fociables, & quel eft à cet égard l'efficace de la vraye Religion.

D.

UTRE ce que nous de-
vons à DIEU pour l'ho-
norer comme nôtre Créa-
teur, & ce que nous nous

devons à nous - mêmes

pour bien règler nôtre vie; n'y a-t-il point d'autres devoirs à remplir?

R. Nôtre condition étant de vivre en focieté

avec d'autres hommes, il eft néceffaire de

rendre

rendre cette focieté fûre & tranquille, en gardant quelque ordre, & en obfervant quelques règles les uns envers les autres. Car que feroit-ce fi chacun faifoit tout ce qui lui plait, fans fe mettre en peine des interêts d'autrui? Perfonne alors ne feroit en fûreté ni pour fa vie ni pour fes biens; & ceux-même qui opprimeroient aujourd'hui les autres feroient en danger d'être opprimés à leur tour. Les homes fe déchireroient come des bêtes féroces: Ce ne feroit plus un état de focieté; ce feroit un état de guerre, de trahifon & de brigandage. D. Ne peut-on pas diftinguer plufieurs fortes de focietez pour lesquelles l'homme eft né, & dont il doit procurer le bien ? R. Ouï, il y a 1o. la focieté naturelle & gé

nérale de tous les hommes, qui bien que dispersez en mille lieux & inconnus les uns aux autres, ne laiffent par d'être joints par la conformité de nature, & par cette fraternité univerfelle qu'établit la Religion.

2o. Il y a des focietez nationales ou civiles, de ceux qui vivent dans un même païs,

païs, & fous le même Gouvernement; ce qui établit entr'eux la rélation de compatriotes.

3o. Il y a une focieté religieufe entre ceux qui profeffent une méme Religion & qui font membres d'une même Eglife.

4o. Il y a des rélations d'amitié, d'eftime & d'interêt entre gens qui travaillent enfemble, ou qui fe voyent fréquemment.

Enfin il y a une focieté plus étroite qui eft comme la racine de toutes les autres; je veux dire la focieté domeftique. D. Ces différentes focietez peuvent-elles fe maintenir par les mêmes moyens, & exigent-elles les mêmes devoirs? R. Toute focieté demande de l'ordre & de l'union. Ainfi tout ce qui va à procurer l'ordre & l'union eft un devoir effentiel & d'un ufage général. Ces différentes focietez ne font point oppofées entr'elles mais feulement fubordonnées & comprifes l'une dans l'autre. Ainfi elles fubfiftent par les mêmes principes, dont on ne fera que diverfifier l'application felon les ré-.. lations différentes.