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DE LA

LITTÉRATURE.

Par M. l'Abbé BATTEUX, Pro-
feffeur Royal, de l'Académie
Françoife &de celle des Infcrip-
tions & Belles-Lettres.

NOUVELLE ÉDITION.
TOME SECOND.

A PARIS,

Chez DESAINT & SAILLANT, rue
S. Jean de Beauvais.

M. DCC. LXXV.

Avec Approbation, & Privilege du Roi.

2860

AVERTISSEMENT.

LORSQUE j'eus donné les Beaux Arts réduits en un même Principe, quelques perfonnes, à l'autorité defquelles je crus devoir déférer, prétendirent que l'application sommaire qui avoit été faite du principe de l'imitation à la Poéfie en général & à fes especes, n'étoit point fuffifante pour les Jeunes Gens, & qu'il falloit développer ce même principe par des applications plus détaillées. Ce fut ce qui produifit le Cours de Belles Lettres diftribué par exercices. Le but de ce fecond Ouvrage étoit donc de mettre à la portée des Jeunes Gens les principes de l'Art Poëtique, de leur en faire fentir l'importance, & de leur en montrer les effets dans les différens genres.

On le retrouvera tout entier dans les fept petits Traités qui fuivent, & qui contiennent toute la Poëtique. C'est tou jours le même objet & le même plan. On y tâche par-tout de définir avec foin; & aux définitions on joint les exemples.. On fait que les exemples, fur-tout en fait de goût, font plus inftructifs que

les préceptes, & que ceux-ci ne font jamais mieux fentis ni compris que quand ils font les résultats des détails. Nous travaillons pour les Jeunes Gens. J'oferai dire cependant que les perfonnes plus avancées pourront y rencontrer des notions qui les mettront dans le cas de réfléchir.

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L'étude des Lettres eft plus profonde & plus philofophique qu'on ne le croit communément. La raifon donnée de ce qui plaît ou qui déplaît dans un Ouvrage de goût embraffe toute la métaphyfique de l'efprit & du cœur humain. Beaucoup de Lecteurs ne s'en doutent point. La maniere aifée avec laquelle fe préfentent les Ouvrages de Littérature eft fi féduifante, qu'on croit qu'il fuffit de fe laiffer aller à l'impreffion agréable qu'on éprouve en lifant de beaux vers, ou quelque morceau de profe bien écrit. Mais autre chose est de fentir les beautés, autre chofe d'en connoître la fource & le principe; l'un eft ce qu'on appelle jouir, l'autre eft ce que l'on nomme favoir.

Qu'importe, dira-t-on, que je connoiffe les refforts qui produifent en moi un fentiment agréable, pourvu que j'en éprouve l'impreffion? L'effentiel

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