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Rhetor. P. 555.

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dit M. Gibert, quatre espèces de Пуа » métaphores la première emprunte le nom » du genre pour le doner à l'espèce, come » quand on dit, l'orateur pour Cicéron, ou » le philosophe pour Aristote ». Ce sont-là cependant les exemples ordinaires que les rhéteurs donent de l'antonomase: mais, après tout, le nom ne fait rien à la chose; le principal est de remarquer que l'expression est figurée, et en quoi elle est figurée.

non nullus tamen usus est: nam ut Tydíden et Peliden non díxerint, ità dixérunt eversórem Carthaginis et Numántiæ pro Scipióne; et románæ eloquéntiæ príncipem pro Ciceróne posuísse non dúbitant.

QUINT. Inst. Orat. 1. viii, c. 6.

(

X XIII.

Que l'usage et l'abus des tropes sont de tous les tems et de toutes les langues.

UNE même cause dans les mêmes circonstances produit des éfets semblables. Dans tous les tems et dans tous les lieux où il Ꭹ a eu des homes, il y a eu de l'imagination, des passions des idées accessoires, et par conséquent des tropes.

Il y a eu des tropes dans la langue des Chaldéens, dans celle des Egyptiens, dans celle des Grecs et dans celle des Latins: on en fait usage aujourd'hui parmi les peuples même les plus barbares, parce qu'en un mot ces peuples sont des homes, ils ont de l'imagination et des idées accessoires.

Il est vrai que telle expression figurée en particulier n'a pas été en usage par-tout; mais par-tout il y a eu des expressions figurées. Quoique la nature soit uniforme dans le fonds des choses, il y a une variété infinie dans l'exécution, dans l'aplication, dans les circonstances, dans les manières.

Ainsi nous nous servons de tropes, non parce que les anciens s'en sont servis, mais parce que nous somes homes come eux.

Il est dificile, en parlant et en écrivant d'aporter toujours l'atention et le discernement nécessaires pour rejeter les idées accessoires qui ne conviènent point au sujet, aux circonstances et aux idées principales que l'on met en œuvre de là il est arrivé dans tous les tems,

que les écrivains se sont quelquefois servis d'ex pressions figurées qui ne doivent pas être prises pour modèles.

Les règles ne doivent point être faites sur l'ouvrage d'aucun particulier; elles doivent être puisées dans le bons sens et dans la nature; et alors quiconque s'en éloigne ne doit point être imité en ce point. Si l'on veut former le goût des jeunes gens, on doit leur faire remarquer les défauts, aussi bien que les beautés des auteurs qu'on leur fait lire. Il est plus facile d'admirer, j'en conviens; mais une critique sage, éclairée, exemte de passion et de fanatisme, est bien plus utile.

Ainsi l'on peut dire que chaque siècle a pu avoir ses critiques et son dictionaire néologique. Si quelques persones disent aujourd'hui avec Diction. raison ou sans fondement, qu'il règne dans néologique. le langage une afectation puérile; que le style frivole et recherché passe jusqu'aux tribunaux les plus graves; Cicéron a fait la même plainte Orat. n. de son tems: Est enim quoddam étiam insigne 96, áliter. et florens oratiónis, pictum, et expolitum genus, in quo omnes verbórum, omnes sententiárum illigántur lepores. Hoc totum è sophistárum fontibus defluxit in forum, etc. «Au plus beau siècle de Rome, c'est-à-dire, » au siècle de Jules César et d'Auguste, un Le P. Sana- » auteur a dit infantes státuas, pour dire des d'Hor. t. II,» statues nouvèlement faites un autre, que Jupiter crachoit la nège sur les Alpes ».

XXVII.

don, poës.

p. 254.

L. 2, Sat. 5, Júpiter hibernas canâ nive cónspuit Alpes.

v. 40.

Horace se moque de l'un et de l'autre de ces auteurs ; mais il n'a pas été exemt lui-même

des

don,

Pref.

pag. XIX.

des fautes qu'il a reprochées à ses contemporains. Il ne reste à la plupart des comentateurs Le P. Sanad'autre liberté que pour louer, pour admirer, pour adorer; mais ceux qui font usage de leurs lumières, et qui ne se conduisent point par une id. pag. xx. prévention aveugle, désaprouvent certains vers lyriques dont la cadence n'est point assez châtiée. Ce sont les termes du P. Sanadon: J'ai relevé en plusieurs endroits, poursuit-il, Ibid. des pensées, des sentimens, des tours et des expressions qui m'ont paru répréhensibles. Quintilien, après avoir repris dans les anciens Inst. Or. 1. quelques métaphores défectueuses dit ceux qui sont instruits du bon et du mauvais usage des figures, ne trouveront que trop d'exemples à reprendre : Quorum exémpla nimiùm frequénter reprehendet, qui sciverit hæc

vitia esse.

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que

Au reste, les fautes qui regardent les mots ne sont pas celles que l'on doit remarquer avec le plus de soin : il est bien plus utile d'observer celles qui pèchent contre la conduite, contre la justesse du raisonement, contre la probité, la droiture et les bones mœurs. Il seroit à souhaiter que les exemples de ces dernières sortes de fautes fussent moins rares, ou plutôt qu'ils fussent inconus.

VIII, c. 6.
Compará

tio.

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DES

TROPE S.

TROISIÈME PARTIE.

Des autres sens dans lesquels un même mot peut être employé dans le discours.

OUTRE

UTRE les tropes dont nous venons de parler, et dont les grammairiens et les rhéteurs traitent ordinairement, il y a encore d'autres sens dans lesquels les mots peuvent être employés, et ces sens sont la plupart autant d'autres diférentes sortes de tropes: il me paroît qu'il est trèsutile de les conoître pour mettre de l'ordre dans les pensées, pour rendre raison du discours, et pour bien entendre les auteurs. C'est ce va faire la matière de cette troisième partie.

qui

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