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Κοινότης

múnitas,

participatio

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V I.

LA COMUNICATION DANS LES PAROles.

LES rhéteurs parlent d'une figure apelée λίγο com- simplement comunication; c'est lorsque l'orateur s'adressant à ceux à qui il parle, paroît se Sermónis. comuniquer, s'ouvrir à eux, les prendre euxmêmes pour juges; par exemple en quoi vous ai-je doné lieu de vous plaindre? Répondez-moi, que pouvois-je faire de plus? Qu'auriez-vous fait en ma place? etc. En ce sens la comunication est une figure de pensée, et par conséquent elle n'est pas de mon sujet. La figure dont je veux parler est un trope, par lequel on fait tomber sur soi-même ou sur les autres, une partie de ce qu'on dit par exemple, un maître dit quelquefois à ses disciples, nous perdons tout notre tems, au lieu de dire, vous ne faites que vous amuser. Qu'avons-nous fait ? veut dire en ces ocasions, qu'avez-vous fait? Ainsi nous dans ces exemples n'est pas le sens propre, il ne renferme point celui qui parle. On ménage par ces expressions l'amour propre de ceux à qui on adresse la parole , en paroissant partager avec eux le blâme de ce qu'on leur reproche; la remontrance étant moins personèle, et paroissant comprendre celui qui l'a fait, en est moins aigre, et devient souvent plus utile.

Les louanges qu'on se done blessent toujours l'amour propre de ceux à qui l'on parle. Il y a

plus de modestie à s'énoncer d'une manière qui fasse retomber sur d'autres une partie du bien qu'on veut dire de soi : ainsi un capitaine dit quelquefois que sa compagnie a fait telle ou telle action, plutôt que d'en faire retomber la gloire sur sa seule persone.

On peut regarder cette figure come une espèce particulière de synecdoque, puisqu'on dit le plus pour tourner l'atention au moins.

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LA litote ou diminution, est un trope par lequel on se sert de mots, qui, à la lettre, paroissent afoiblir une pensée dont on sait bien que les idées accessoires feront sentir toute la force on dit le moins par modestie ou par égard; mais on sait bien que ce moins réveillera du plus.

Quand Chimène dit à Rodrigue, va, je ne te hais point, elle lui fait entendre bien plus que ces mots-là ne signifient dans leur sens l'idée propre.

Il en est de même de ces façons de parler, je ne puis vous louer, c'est-à-dire, je blâme votre conduite: je ne méprise pas vos présens, signifie que j'en fais beaucoup de cas il n'ast pas sot, veut dire, qu'il a plus d'esprit que, vous ne croyez : il n'est pas poltron, fait entendre qu'il a du courage: Pythagore n'est pas un auteur méprisable (1), c'est-à-dire, que Pythagore est un auteur qui mérite d'être estimé. Je ne suis pas diforme (2), veut dire modestement qu'on est bien fait, ou du moins qu'on le croit ainsi.

On apèle aussi cette figure exténuation : elle est oposée à l'hyperbole.

(1) Non sórdidus autor natúræ veríque.

HOR. 1. 1, ode 28.

(2) Nec sum ádeò informis.

VIRG. Ecl. 2, v. 25.

VIII.

VIII.

L'HY PER BOLE.

excès.

OR SQUE nous somes vivement frapés de rrepkorú. quelque idée que nous voulons représenter, et hyperbole, que les termes ordinaires nous paroissent trop foibles pour exprimer ce que nous voulons dire, nous nous servons de mots, qui, à les prendre à la lettre, vont au-delà de la vérité, et représentent le plus ou le moins pour faire entendre quelque excès en grand ou en petit. Ceux qui nous entendent rabatent de notre expression ce qu'il en faut rabatre, et il se forme dans leur esprit une idée plus conforme à celle que nous voulons y exciter, que si nous nous étions servis de mots propres : par exemple, si nous voulons faire comprendre la légèreté d'un che val qui court extrêmement vite, nous disons qu'il va plus vite que le vent. Cette figure s'apèle hyperbole, mot grec qui signifie excès. Julius Solinus dit qu'un certain Lada étoit d'une si grande légèreté, qu'il ne laissoit sur le sable aucun vestige de ses pieds (1).

Virgile dit de la princesse Camille, qu'elle surpassoit les vents à la course, et qu'elle eût couru sur des épis de blé sans les faire plier,

(1) Primam palmam velocitátis, Ladas quidam adép tus est, qui ita supra cavum púlverem cursitávit, ut arénis pendéntibus nulla indícia relínqueret vesti giórum. JUL. SOLIN. c. 6. H

Tome III.

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Educam

vos ad ter

ou sur les flots de la mer sans y enfoncer, et même sans se mouiller la plante des pieds (1).

Au contraire, si l'on veut faire entendre qu'une persone marche avec une extrême lenteur, on dit qu'elle marche plus lentement qu'une tortue.

Il y a plusieurs hyperboles dans l'écriture ram fluén- sainte; par exemple, je vous donerai une tem lacte et terre où coulent des ruisseaux de lait et de melle. Exod. miel, c'est-à-dire, une terre fertile : et dans c. 3, v. 17. la Genèse il est dit: Je multiplierai tes enfans tuum en aussi grand nombre, que les grains de sicut púlve-poussière de la terre. S. Jean, à la fin de son Genes. c. 13, évangile (2), dit que si l'on racontoit en détail

Fáciam se

men

rem terræ.

V. 16.

Caract. des

Ouvrages de l'esprit.

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les actions et les miracles de Jésus-Christ, il ne croit pas que le monde entier pût contenir les livres qu'on en pouroit faire.

L'hyperbole est ordinaire aux Orientaux. Les jeunes gens en font plus souvent usage que les persones avancées en âge. On doit en user sobrement et avec quelque corectif; par exemple, en ajoutant, pour ainsi dire; si l'on peut parler ainsi.

«Les esprits vifs, pleins de feu, et qu'une » vaste imagination emporte hors des règles et

(1) Illa vel intáctæ ségetis per summa voláret
Grámina, nec téperas cursu læsisset aristas
Vel mare per médium fluctu suspensa tuménti
Ferret iter, céleres nec tíngeret æquore plantas.
AEn. 1. vII, V. 808.

(2) Sunt autem et ália multa quæ fecit Jesus, quæ si scribántur per síngula, nec ipsum árbitror mundum capere posse eos, qui scribendi sunt libros.

JOAN. XXI, V. 25.

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