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Avant même que Rome eût gravé douze tables, Métius et Tarquin n'étaient point moins coup

ables.

Je veux perdre un rival.

bras?

Qui me retient le

Je le veux ; je le puis ; et je n'achève pas. Je crains plus de mon cœur le sanglant témoignage,

Que la sévérité de tout l'Aréopage.

Adorable Vertu ! que tes divins attraits
Dans un cœur qui te perd laissent de longs re-
grets.

De celui qui te hait, ta vue est le supplice.
Parais; que le méchant te regarde et frémisse.
La richesse, il est vrai, la fortune te fuit;

Mais la paix t'accompagne, et la gloire te suit; Et perdant tout pour toi, l'heureux mortel qui t'aime,

Sans bien, sans dignités, se suffit à lui-même. Mais lorsque nous voulons sans toi nous contenter,

Importune vertu, pourquoi nous tourmenter? Pourquoi par des remords nous rendre misérables?

Qui t'a donné ce droit de punir les coupables? Laisse-nous en repos, cesse de nous charmer; Et qu'il nous soit permis de ne te point aimer. Non, tu seras, toujours par ta seule présence, Ou notre désespoir, ou notre récompense.

qui précéde, antecedent to; gravé, engraved; retient, restrains; je le puis, I have the power; attraits, attributes; ta vue, the sight of thee; que, let; te fuit, shun thee; seras toujours, will ever be; ou, either; ou, or; n'espérons plus, let

LA MORT REND TOUS LES HOMMES ÉGAUX.

N'espérons plus, mon âme, aux promesses du

monde ;

Sa lumière est un verre; et sa faveur une onde,
Que toujours quelque vent empêche de calmer.
Quittons ces vanités ; lassons-nous de les suivre.
C'est Dieu qui nous fait vivre.
C'est Dieu qu'il faut aimer.

En vain pour satisfaire à nos lâches envies,
Nous passons près des rois, tout le temps de nos
vies;

A souffrir des mépris, à ployer les genoux ;
Ce qu'ils peuvent, n'est rien: ils sont comme

nous sommes,

Véritablement hommes,

Et meurent comme nous.

Ont-ils rendu l'esprit? Ce n'est plus que poussière.

Que cette majesté si pompeuse, et si fière,
Dont l'éclat orgueilleux étonnait l'univers,
Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes
hautaines,

Font encore les vaines;

Ils sont mangés des vers.

Là se perdent les noms de maîtres de la terre: D'arbitres de la paix; de foudre de la guerre :

us no longer trust; lassons-nous, be weary; suivre, pursuing; qui nous fait vivre, who gives us life; qu'il faut, that we ought; laches envies, base desires; à souffrir, enduring; à ployer, bending; ce qu'ils peuvent, their power; rendu l'esprit, expired; font encore les vaines, still display pride;

Comme ils n'ont plus de sceptre, ils n'ont plus de flatteurs,

Et tombe avec eux d'une chute commune ;
Tous ceux que leur fortune,
Faisait leurs serviteurs.

CANTIQUE TIRÉ D'ISAIE. CHAP. IX.

Comment est disparu ce maître impitoyable ?
Et comment du tribut dont nous fûmes chargés
Sommes-nous soulagés ?

Le Seigneur a brisé le sceptre redoubtable
Dont le poids accablait les humains languissans,
Ce sceptre qui frappait d'une plaie incurable,
Les peuples gémissans.

Nos cris sont appaisés; la terre est en silence,
L'Eternel a dompté ta barbare insolence,
O fier et vigoureux tyran!

Les cédres mêmes du Liban
Se réjouissent de ta perte:

Il est mort, disent-ils, et l'on ne verra plus.
La montagne couverte

Des restes de nos troncs par le fer abattus.
Roi cruel! ton aspect fit trembler les lieux som-
bres :

Tout l'enfer se troubla; les plus superbes ombres

no longer have; cantique, sacred ode; tiré, taken from; impitoyable, merciless; soulagé, relieved; brisé, broken; poids, weight; accablait, oppressed; languissans, fainting; plaie, wound; gémissans, sorrowing; domté, subdued; vigoureux, mighty; Liban, Lebanon; perte, ruin; plus, again; abattus, cut down; sombre, dark; se troubla, was disturbed; superbes, haughty; ombres, shades; rece

Courùrent

pour te voir;

Les rois des nations descendant de leurs trônes

T'allèrent recevoir;

"Toi-même, dirent-ils, ror de Babylone, "Toi-même, comme nous te voilà donc percé! "Sur la poussière renversé

"Des vers tu deviens la pâture, "Et ton lit est la fange impure. "Comment es-tu tombé des cieux, "Astre brillant, fils de l'aurore? "Puissant roi, prince audacieux, "La terre aujourd'hui te dévore. "Dans ton cœur tu disais: A Dieu même, pareil, "J'établirai mon trône au-dessus du soleil, "Et près de l'aquilon, sur la montagne sainte, "J'irai m'asseoir sans crainte ;

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"A mes pieds tomberont les mortels éperdus :' "Tu le disais, et tu n'es plus !

"Les passans qui verront ton cadavre paraître "Diront en se baissant pour te mieux reconnaître; "Est-ce là ce mortel qui troubla l'univers, "Par qui tant de captifs soupiraient dans les fers; "Ce mortel dont le bras détruisait tant de villes, "Sous qui les champs les plus fertiles "Devenaient d'arides déserts ?

"Tous les rois de la terre ont de la sepulture "Obtenu le dernier honneur ;

"Toi seul, privé de ce bonheur

"En tous lieux rejetté, l'horreur de la nature,

voir, to meet; renversé, overthrown; pâture, food; fange,. mire; tombé, fallen; dévore, consumes; pareil, equal; aquilon, north; près, near; sainte, holy; éperdus, frightened; tu le disais, you said this; passans, passengers; cadavre, corpse; se baissant, stooping; soupiraient, sighed; dans les fers, in captivity; arides, dry; sepulture, a tomb; homi

"Homicide d'un peuple à tes soins confié, "De ce peuple aujourd'hui tu te vois oublié. "Qu'on prépare à la mort, ses enfans misérables; "La race des méchans ne subsistera pas; "Courez tous à ses fils, annoncez le trépas; "Qu'ils périssent. L'auteur de leurs jours déplorables

"Les a rempli de ses iniquités ;

"Frappez; faites sortir de leurs veines coupables; "Tout le malheureux sang dont ils ont hérité." Racine le fils.

cide, murderer; courez, hasten; trépas, death; qu'ils, let them.

CHAP. IX.

ODE, TIRÉE DU PSAUME XLVIII.

QU'AUX accens de ma voix, la terre se réveille ;
Rois, soyez attentifs; peuples, ouvrez l'oreille,
Que l'univers se taise et m'écoute parler.
Mes chants vont seconder les accords de ma lyre.
L'Esprit Saint me pénètre; il m'échauffe et
m'inspire

Les grandes vérités que je vais révéler.

L'homme en sa propre force a mis sa confiance;
Ivre de ses grandeurs et de son opulence,
L'éclat de sa fortune enfle sa vanité.

Mais, ô moment terrible, ô jour épouvantable,
Ou la mort saisira ce fortuné coupable,
Tout chargé des liens de son iniquité.

Reveille, awaken; enfle, increases; épouvantable, dreadful; fortuné coupable, prosperous sinner; chargé, laden;

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