Ciel! cria-t-il encor, retranchez les années Qui me séparent de mon bien.
Hâtez mes grandes destinées : Hors de là je ne goute rien.
çà, dit le Sort, malgré ton imprudence Je ferai mieux que tu ne veux.
C'en est fait ! tu vas être heureux; Je te rends à ton ignorance.
Bon lot! bien à propos tout homme en fut pourvu,
Sans cela, notre impatience
Ferait un mal d'un bien prévu; Et le mal nous tuerait d'avance.
Certain potier blamait l'ouvrage
D'un potier son voisin, et disait que ses pots Mal tournés ne seraient achetés que des sots; Qu'il n'en était encor qu'à son apprentîssage; Les uns étaient trop grands, les autres trop petits.
Celui-ci repartit; halte-là, mon confrère; Mes pots n'ont qu'un défaut, mais qui doit vous déplaire;
de votre moule, ils ne sont pas sortis. Richer.
mon bien, my happiness; hors de là, till then; goute, enjoy; bien propos, happily; tout, every; en fut pourvu, has been provided with it; ils ne sont pas sortis, they were not cast; de, in.
De la mère la plus tendre, Je vais chanter les malheurs; Bons fils, venez sur sa cendre Répandre, avec moi, des pleurs. Vous qui toujours en alarmes, Vivez pour vos seuls enfans, Bonnes mères que vos l'armes Se mêlent à mes accens. Au royaume de Valence, Une veuve avait un fils; Amour, bonheur, espérance, Sur lui s'étaient réunies. Jeune, riche, aimable, et belle, A l'hymen se refusant; Peut-on aimer, disait-elle,
Un autre que son enfant? Un beau tournoi dans Valence, Attirait maint chevalier; L'enfant meurt d'impatience, D'y montrer son beau coursier. Sa mère y consent et pleure, Et lui dit, en l'embrassant ; Si tu ne veux que je meure, Ne sois pas trois jours absent.
A l'hymen se refusant, refusing to marry; maint, many;
L'enfant part avec sa suite; Bientôt il trouve un torrent; Son coursier l'y précipite; Les flots emportent l'enfant. Pour le ramener à terre,
Efforts et secours sont vains. Ah! trop malheureuse mère ! C'est toi surtout que je plains. Un saint pasteur va chez elle, Pour l'instruire de son sort ; A cette âme maternelle,
Il donne le coup de mort.
Elle demeure accablée,
Par l'excès de ses douleurs ; Sa vue est fixe et troublée,
Et ses yeux n'ont point de pleurs.
Sans proférer une plainte,
Renfermant tout dans son cœur,
Enfin d'une voix éteinte,
Elle dit au saint pasteur;
J'irai bientôt, je l'espère,
Près de ces funestes eaux; Vous m'y conduirez, mon père, J'y trouverai le repos. Là, que ma fortune entière
D'un pont devienne le prix ;
A l'endroit de la rivière,
Où j'ai perdu mon cher fils.
l'enfant, the boy; saint pasteur, pious clergyman; `élevé,
Et qu'au moins dans ma misère, Ce pont trop tard élevé, Préserve toute autre mère Du malheur que j'éprouvai,
Je veux qu'on porte ma bière Parmi ces tristes roseaux ; Qu'on la couvre d'une pierre Où l'on gravera ces mots; "Dans cette demeure affreuse, "De mon corps sont les débris; "Mais mon âme plus heureuse, "Mon âme est avec mon fils."
Elle dit, et tombe morte. On suivit sa volonté ; Près du torrent on la porte; Un pont s'élève à coté.
Ce pont, non loin de Valence, Se fait encor admirer,
On le traverse en silence; Et jamais sans y pleurer.
Heureux enfant ! que je t'envie, Ton innocence et ton bonheur !
Ah! garde bien toute ta vie
La paix qui régne dans ton cœur !
built; suivit sa volonté, followed her directions; garde bien,
Tu dors: mille songes volages, Amis paisibles du sommeil, Te peignent de douces images Jusqu'au moment de ton reveil. Ton œil s'ouvre : tu vois ton père Joyeux accourir à grands pas; Il t'emporte au sein de ta mère ; Tous deux te bercent dans leurs bras.
Espoir naissant de ta famille,
Tu fais son destin d'un souris ; Que sur ton front la gaîté brille, Tous les fronts sont épanouis.
Heureux enfant ! que je t'envie
Ton innocence et ton bonheur ! Ah! garde bien toute ta vie La paix qui régne dans ton cœur. Tout plait à ton âme ingénue; Sans regrets, comme sans désirs ; Chaque objet qui s'offre à ta vue T'apporte de nouveaux plaisirs. Si quelquefois ton cœur soupire, Tu n'as point de longues douleurs ; Et l'on voit ta bouche sourire
A l'instant où coulent tes pleurs.
Par le charme de la faiblesse, Tu nous attaches à ta loi; Et jusqu'à la froide vieillesse,
Tout s'attendrit autour de toi.
mayest thou preserve; songes volages, light dreams; à grands pas, with hasty steps; espoir naissant, rising hope; tu fais son destin, thou rulest its destiny; tu nous attaches, thou
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