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il faut à un roi une armée plus nombreuse, une cour plus brillante qu'à un électeur, à un électeur plus qu'à un landgrave l'émulation du luxe s'établit de même entre les rangs de la société, et bientôt peuples et sujets, tout le monde se trouve également ruiné.

Malheureusement il manquoit en Allemagne une étoffe suffisante pour donner un volume convenable à ces nouvelles royautés. Les places étoient prises le Congrès a montré l'oubli entier de ce principe, en réduisant la Saxe, déjà bien petite pour un royaume, dans un état moins grand de moitié. Il seroit impossible de dire ce que, dans cet état, signifient la Saxe et la royauté de Saxe. On ne peut se lasser de le répéter: dès qu'on veut des rois, qu'ils soient grands. Toutes ces petites souverainetés ne sont que des retraits

faits à la souveraineté générale, à la puissance générale de l'Europe: ce sont des embarras dans sa marche.

Le système de la division de l'Allemagne pouvoit être tolérable, quand elle n'avoit qu'à supporter le poids d'une seule puissance comme l'Autriche; lorsqu'elle n'étoit soutenue que par la rivale de l'Autriche : la France étoit le correctif des inconvéniens de la constitution germanique. Mais aujourd'hui qu'à l'Autriche il faut ajouter la Prusse, et surtout la Russie, comment adapter à des circonstances si nouvelles l'ancien ordre de choses? C'étoit donc du temps bien perdu dans l'ordre des intérêts de l'Europe, que celui qu'on a accordé si longuement à une foule de petites réclamations que l'établissement ou le maintien de quelques principes généraux auroient suffi pour

écarter.

Règle générale, il faut tendre à simplifier le système de l'Allemagne : le Congrès de Vienne devoit chercher à compléter l'ouvrage commencé par le traité de Lunéville.

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Nous avons dit plus haut ce qu'étoit l'Italie avant la révolution; voyons ce qu'elle est devenue par elle et par le Congrès.

L'Italie a subi un pénible rajeunissement; mais enfin elle l'a subi: mieux dirigé, il faisoit son bonheur.

La France se l'étoit appropriée en grande partie; elle s'étoit adjugé le littoral de la Méditerranée jusqu'au royaume de Naples. Cet établissement n'étoit pas bon; il ne tenoit d'aucune manière à la France; l'expérience l'a prouvé jamais la France ne s'établira

solidement en Italie; et qu'en a-t-elle

besoin?

La masse des Italiens réunis aux François étoit trop grande pour n'avoir pas toujours trop l'air d'une nation à part. Elle étoit trop voisine de ses frères d'Italie, ceux-ci trop rapprochés, trop intéressés à la réunion, pour que les différentes parties de cette famille ne tendissent pas toujours à se réunir dans un même corps d'état. Ainsi Napoléon, en fondant un royaume d'Italie à côté de cette extrémité de son long empire, n'avoit fait autre chose que de constituer un état continuel de guerre et de manoeuvres clandestines. Il étoit inévitable que l'empire françois n'absorbât l'Italie, ou que le royaume d'Italie n'absorbât cette partie détachée de l'empire.

Celte création de Napoléon éloit

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