Page images
PDF
EPUB

rale, comme sauve-garde de la société.

Des faits particuliers, qu'il est inutile de rappeler, ont fait ressortir cette ligne de démarcation; ils ont dû apprendre aux imprudens que leur manière de voir pouvoit bien n'être pas partagée par tout le monde.

Nous bornerons là ce rapprochement, qu'il seroit facile de pousser plus loin. Le but sera rempli, si l'on a fait sentir combien il faut de discernement et de prudence pour empêcher que tant d'élémens de division ne deviennent des principes de discorde et ne rallument de grands incendies.

CHAPITRE XXVII.

Oublis du Congrès.

Religion,

Colonies, Commerce.

L'ORDRE politique de l'Europe n'a pas été seul ébranlé dans le cours de la révolution; ce ne sont pas seulement les territoires et les gouvernemens qui ont été atteints par les subversions auxquelles le Congrès se proposoit de remédier l'ensemble de l'ordre social a de même été affecté par des bouleversemens semblables à ceux que l'ordre politique a éprouvés; le monde moral a été troublé comme le monde politique.

Cette observation s'applique prin

[ocr errors]

cipalement à trois articles: l'état du ́culte catholique, les colonies, eț le commerce. De grands malheurs ont au moins eu l'effet de ramener les hommes qui sont restés si fort divisés sur d'autres points, à s'entendre sur celui-ci c'est que la religion est la base des sociétés. Le principe est reconnu, il ne peut plus y avoir d'opposans à cet égard. La conséquence de ce principe est que l'état civil du culte ne peut rester incertain et précaire. La religion catholique est celle de la plus grande partie des habitans de l'Europe. Cette contrée compte à peu près cent millions d'hommes attachés à ce culte. Son état civil a été entièrement changé par la révolution.

Le clergé catholique étoit élevé dans toute l'Europe à un haut degré d'honneurs et de fortune. Un grand nombre de ses membres, ainsi que plusieurs

corps ecclésiastiques, prenoient place parmi les souverains. Dans tous les corps politiques les premiers rangs étoient assignés au clergé : c'étoit la loi générale de l'Europe; c'est encore celle de l'Angleterre à l'égard de ses pairs. Mais presque partout le clergé a perdu son rang et sa fortune : en France, en Allemagne, en Pologne, il est effacé du corps politique, et borné aux seules fonctions de son ministère. On vient de voir cette exclusion l'atteindre dans un pays qui s'est toujours montré très-attaché à la religion catholique et à ses ministres : la loi fondamentale des Pays-Bas, qui accorde des distinctions à la noblesse, n'assigne aucun rang au clergé dans la nouvelle organisation politique de l'état (1). Le

(1) En France, on a été encore plus loin; car les deux dernières tenues des colléges

[blocks in formation]

clergé se trouve ainsi bien loin des temps où les Suger, les d'Amboise, les Wolsey, les Grandvelle, les Richelieu, les Mazarin, les Fleury, présidoient avec tant d'éclat, de force ou de sagesse aux destinées des plus grands états de l'Europe.

Le clergé, devant servir de guide aux peuples, doit être très-éclairé : il faut que ceux qui ont à instruire les autres en sachent plus qu'eux; il faut aussi que ceux qui ont à régler, à corriger les autres, ne dépendent pas d'eux autrement le ministère est lié ou moins considéré. Ainsi les lumières et l'indépendance sont les attributs distinctifs et essentiels de l'existence

électoraux n'ont pas présenté la nomination d'un seul membre du clergé. C'est vraisemblablement un exemple unique dans l'histoire des peuples modernes qui vivent sous la religion chrétienne.

« PreviousContinue »