Page images
PDF
EPUB

Mr. le No

ble.

Déclarations & fes Ordonnances pour y voir avec autant d'admi-
ration que d'étonnement, que leur juftice, leur moderation, leur
douceur, foûtenuës du bras du Tres-haut, entre les mains de qui
font les cœurs des Peuples & des Rois, ont
ont fuffi pour abbatre ces
Temples prophanes où régnoient le menfonge & l'efprit d'aveu-
glement; Pour diffiper ces faux Pafteurs qui nourriffoient du pain
de l'erreur, des brebis égarées forties de leur veritable troupeau;
Pour aneantir ces cultes monftrueux, felon lefquels les malheu-
reux Chrétiens fans Chef profeffoient une Religion fans facri-
fice; Pour révoquer à jamais ces déplorables Edits, qui étoient
l'ouvrage d'un Peuple aveuglé, & dont la force & la neceffité
des tems avoient contraint le Parlement de charger ses Registres:
Enfin pour fapper jufques aux fondemens une Herefie que l'ef-
prit d'indépendance avoit fait naître, que la rebellion avoit éta-
blie au milieu du carnage & des horreurs de la guerre, que le
libertinage avoit confervée jufques à ce tems, & qui fubfifteroit
encore parmi nous, fans le zele infatigable de nôtre invincible
Monarque.

HARANGUE POUR L'ENREGISTREMENT D'UN
Edit, qui en révoque un autre le 22. d Octobre
de l'année 168§.

LA

CHAMBRE DES VACATIONS du Parlement de Rouen s'étant assemblée extraordinairement par ordre du Roi pour la vérification de l'Edit, qui évoque celui de Nantes, le Subftitut du Procureur General en demanda l'enregistrement en ces termes.

MESSIEURS,

L'Edit de Nantes avoit été extorqué les armes à la main par les prétendus Réformez il y a prés d'un fiecle. C'étoit le fruit de leur rebellion ; & pour ne pas réveiller la memoire de tout ce qui s'étoit paffé durant les troubles, nos Rois avoient bien voulu differer la deftruction de cet ouvrage, qui a été fi long-temps le monument odieux des guerres civiles que ceux de la Religion

dire

La

Prétenduë réformée avoient excitées dans le Royaume. Mais quoique la force & la violence euffent donné l'être à cet Edit, le Roi, dont la bonté eft égale pour tous fes Sujets, ne tient pas, pour les faire rentrer dans le fein de l'Eglife, les mêmes voyes qu'ils avoient prifes pour s'en écarter. On peut que ce Monarque, dans tout ce qu'il fait, eft comme les grands Åeuves dont les eaux coulent inceffamment pour l'utilité publique, & qu'il reffemble à ces Aftres du premier ordre, qui ne quittent jamais la route que la main de Dieu leur a marquée. A prés la lecture qui vient d'être faite de l'Edit portant révocation de celui de Nantes, ouvrage digne de la puiffance, de la clemence & de la pieté du Roi, nous ne pouvons pas douter qu'il n'ait reçû avec profufion cet or divin, dont parle Platon, que le Soleil ne forme pas dans la terre, mais que le Ciel produit dans les grandes ames. Ceux de la Religion Prétenduë réformée doivent, à la vûë d'un fi faint Edit, reconnoître l'erreur où leur aveuglement volontaire les a retenus jufqu'à prefent, aprés que leur naiflance & leur éducation les y avoient malheureusement engagez. Religion Catholique, Apoftolique & Romaine eft la créance de nos Rois, la Religion de l'Etat & la foi de nos Peres. Au contraire la Religion Prétenduë réformée étoit une nouveauté introduite par la corruption des mœurs & de l'efprit, qui n'avoit été tolerée que pour le bien de la paix, & à laquelle on pouvoit justement appliquer les paroles de Tertullien, quand il dit, que ce qui n'étoit que permis & fouffert n'étoit pas bon. Par le Droit Romain les enfans ne devoient point reconnoître d'autre Religion, avoir d'autre Culte, ni admettre d'autres Sacrifices que ceux de leurs Peres. Minutius Felix, l'un des plus celebres Avocats de cette République, difoit à la gloire de Dieu, qu'il falloit diftinguer les Rois, les Peuples, & les Nations, mais qu'il n'y avoit qu'un Dieu pour tout l'Univers dont il étoit le Createur. Gentes Nationefque diftinguimus, Deo una domus eft mundus fic totus. Si dans le Paganisme qui étoit un tems de tenebres & d'obscuritez, il étoit permis de le faire toute forte de Dieux & de cultes; doit-il être permis à des Chrétiens qui n'ont qu'un même Dieu, qu'un même Baptême, qu'une même Foi, & qu'un même Roi, de fe former differentes opinions qui les féparent de l'uni té de l'Eglife, bors de laquelle il n'y a point de falut ? C'est ce fujet que faint Auguftin déplorant ces divifions s'écrioit avec douleur, quand il voyoit les Eglifes des Catholiques ufurpées par les Donatiftes. O domus mifera! Chrifti titulos habes, noli effe

Yyyy iij

pour

M. le Préfident de Becdeliévre.

Donati poffeffio. Graces à Dieu & au Roi, nous n'avons plus befoin de faire de femblables plaintes, l'Edit qui révoque celui de Nantes va être fuivi fans doute d'une réunion generale de tous nos freres fi ardemment defirée de tous les gens de bien. Jacob se glorifioit autrefois d'avoir été fi fidele à garder le troupeau de Laban, qu'on ne pouvoit lui reprocher qu'aucun mal Y fût arrivé par la faute, s'étant fouvent privé du fommeil pour le veiller durant la nuit, & ne s'étant point donné de repos pour le conduire pendant le jour. Nous voyons aujourd'hui que le Roi faifant les fonctions de Pasteur, & d'Evêque feculier de fon Royaume par le foin continuel qu'il prend d'en extirper l'Herefie, n'a pas moins de zele & d'activité pour fanctifier tous fes Sujets, & les instruire des veritez orthodoxes, que Jacob en avoit pour la confervation du troupeau de Laban, qui avoit été confié à fa conduite. La gloire des Rois ne confifte pas à être élevez sur le Trône; mais à meriter par des actions heroïques le Sceptre qu'ils portent. Quoique nôtre invincible Monarque, depuis fon avenement à la Couronne, lui ait donné beaucoup plus d'éclat qu'il n'en a reçû, la revocation de l'Edit de Nantes qui détruit. un Schifme qui avoit fait une fi grande playe à l'Eglife & à l'Etat, fera un Eloge immortel qui rendra fa memoire plus précieufe à la Pofterité, que le fouvenir de tous les Peuples qu'il a vaincus, & de toutes les Victoires qu'il a remportées. Nous ne pouvons mieux en cette occafion feconder les intentions de Sa Majefté, que de requerir inceffamment l'enregistrement, la publication & l'execution de cet Edit.

HARANGUE QUI SERT DE SUITE à la précedente.

Out le monde fçait que l'Edit de Nantes qui fut publié en

Tfaveur de la Religion Prétendue reformeq, ne fut donné

pendant les troubles que pour appaiser les Guerres Civiles. Ceux de cette Religion qui avoient les armes à la main, forcerent en quelque façon Henry le Grand de leur accorder des Priviléges dont ils étoient indignes. Il y avoit lieu d'efperer qu'ils profiteroient des graces qui leur avoient été faites, & qu'ils rentreroient dans leur devoir; mais regardant cet Edit comme une fauve-garde, fous laquelle ils vivoient en repos, ils fe font vainement perfuadez que l'on ne pouvoit plus les détruire, Cet ouvrage impor

tant étoit refervé à la piété de nôtre Auguste Monarque. Il n'y avoit que lui qui fût capable d'entreprendre une fi grande affaire, & de renverfer ce Monftre de l'Héréfie qui a defolé fi long-tems le Roïaume. Après avoir vaincu ses Ennemis, domté les Barbares, & donné la Paix à l'Europe, il a tourné tous fes foins à la converfion de ceux de la Religion Prétenduë reformée. Il a essayé jufqu'à prefent de les gagner par la douceur. Les Declarations qu'il a envoyées depuis quelque tems n'ont point eû d'autre but. Des Villes, & même des Provinces entieres en ont profité, mais plufieurs de cette Religion s'étant rendus plus opiniâtres, & s'aigriffant de jour en jour, au lieu de fuivre les avis qu'on leur a donnez, il a été enfin neceffaire de révoquer cet Edit par la Déclaration dont on vient de faire la lecture. Les voici réduits dans une heureuse neceffité de rentrer dans le fein de l'Eglife, & d'abandonner leus erreurs. Nous efperons qu'ils feconderont les bonnes intentions de Sa Majefté, & qu'ils voudront bien écouter les Instructions que l'on fe prépare à leur donner.

HARANGUE PRONONCEE A L'OUVERTURE d'un Préfidial.

I

General de

Poitiers.

L n'est necessaire d'avoir recours à l'Antiquité pour or M. de Razes pas ner nôtre entrée dans le Palais, ni de chercher dans les Siécles Lieutenant paffez de l'autorité pour imprimer le refpect qui eft dû à la Juftice, la foumiffion & l'obeïffance que nous devons à ses Loix. Nous n'avons qu'à voir les Ordonnances de nôtre auguste Monarque, & à confiderer que la Justice eft le fondement de toutes fes grandes & furprenantes Actions, pour en faire connoître le merite, par un bonheur auffi ordinaire à cet Etat, qu'il étoit autrefois rare & admiré du tems de ces anciens Tyrans. Le Prince, & fes Sujets, ne plaident que dans le même Tribunal ; & le Roi eft fi moderé dans l'ufage de fa Puiffance, qu'il met fon Sceptre entre les mains des Loix vivantes, & defcend de fon Trône y faire monter la Juftice. Il confie le foin particulier des intérêts de fa Couronne à ceux qu'il honore du titre de ses Avocats & de fes Procureurs, qu'il n'oblige de parler que lors que la raifon le defire, & à ne pas rendre fa Puiffance victorieufe, mais à attendre la décision des Officiers qu'il a établis. Il conferve les mêmes sentimens dans le Triomphe éclatant de fes Armes. Sa Juf

pour

tice avoit commencé la guerre, fa Valeur l'a faite, fa Clémence l'a finie. Il pouvoit augmenter fes Victoires; mais en leur donnant lui-même des bornes, il s'est contenté de châtier ses Ennemis fans les détruire, & a fait reffentir l'effet de fa Justice à fes Alliez auffi puiffamment par la force de fes Armes, qu'à fes Sujets par la lageffe de fes Loix, en remettant le Roi de Suéde en poffeffion des Places dont il avoit été dépouillé. Lorfque pour entretenir une Paix profonde il veut regler l'étenduë de l'Alface, il reconnoît pour Juges ceux qu'il avoit donnez aux Habitans de cette grande Province; & s'il paroît des Troupes auprès de Strafbourg, ce n'eft que pour faire obferver leurs Arrêts qui font fi équitables, que cette grande Ville fameufe tant par la force & la richelle de fes Habitans, que par la plus puiffante Artillerie de l'Europe, pour foûtenir des Loix qu'elle s'étoit prescrites, vient fe foumettre à celles de nôtre incomparable Monarque, qui rétablit l'Evêque dans fes droits, fon Eglise dans la pratique de fes anciennes & faintes Ceremonies, & commence à y détruire l'herefie de Luther comme il fait celle de Calvin au milieu de fon Royaume. N'est-ce pas ce que nous voyons tous les jours par les foins de nôtre illuftre Prélat, également pieux & fçavant, qui dans fes Miffions fait des Converfions miraculeufes, & qui par fes vifites continuelles rend des fervices confiderables à l'Eglife & au Roi? Ce grand Prince ne voulant rien épargner pour retirer les Sujets de l'erreur, verse ses charitez fi abondamment, qu'il épuife le fond le plus affeuré de fes Finances, par le miniftere d'un des plus éclairez Intendans de fon Royaume, qui donne autant de marques de pieté envers Dieu, & d'attachement pour le fervice du Roi, que ceux de fon nom en ont autrefois donné dans les premieres Charges qu'ils ont fi dignement exercées, & dans les hauts Emplois que leur valeur leur a procurez. Ce digne Heritier de tant de vertus a fi puiffamment agi, que nous ne comptons plus les Convertis, parce que le nombre en eft infini. Les rudes accés d'une fiévre aiguë n'ont pû diminuer fon ardeur, & il l'a pouffée fi loin, que nous efperons de voir bientôt ce grand Ou vrage accompli, & nôtre Province délivrée de l'héréfie que Cal vin y avoit fi fortement établie par les premieres femences de fa mauvaise Doctrine. Il n'y a rien de fi convenable aux deffeins de nôtre grand Roi, qui comme Fils aîné de l'Eglife, s'employe continuellement pour l'accroiffement de fon Empire, & lui don ne de nouvelles marques de la gloire qu'il trouve à la proteger, en prenant possession, en vertu des legitimes Traitez qu'il a faits, des

principales

« PreviousContinue »