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si vastes et si éloignées d'elles. Son Canada touche aux États-Unis, les Florides viennent de leur échoir; par elles, ils dominent dans le golfe du Mexique et sur la route qui conduit de l'Amérique du nord à celle du sud et aux Antilles... Comme l'Angleterre est l'état le plus colonial et le plus commercial, c'est elle qui est la plus compromise dans les effets de ce grand développement du nouveau monde, c'est sur elle qu'il pesera le plus. Les autres n'ont qu'à y gagner, elle au contraire beaucoup à perdre.

Par le concours de circonstances bien extraordinaires, l'Angleterre se trouve placée au centre d'une double opposition dans l'ancien monde et dans le nouveau ; il lui faut à-la-fois un levier immense et un trésor inépuisable; son rôle est à-la- fois plein de gloire et de dangers, le plus élevé en politique, et le plus ruineux en fi

nance.....

Le couronnement du roi et les autres affaires purement de cour ne sont plus que des événemens de gazettes...

Le voyage du roi dans ses domaines d'Irlande, restés inconnus à ses pères, est un acte de civilisation bien approprié aux intérêts des deux pays ce rapprochement ne pouvait être que mutuellement favorable pour le prince et

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loyauté, ont dû renouveler dans son cœur le regret de n'avoir pu les faire jouir du bienfait qu'il leur avait destiné; il a dû sentir toute l'étendue de la faute que l'aristocratie anglaise venait de commettre, en lui refusant le plaisir de jouir du fruit de la noble pensée qu'il avait conçue ; et quand le clergé catholique et les quakers, partant des deux pôles opposés de la religion, s'approchant de lui, sont venus, chacun à leur manière, lui montrer des cœurs affectionnés et soumis, ce prince a dû croire que la tolérance en personne apparaissait devant lui, et lui présentait à-la-fois une requête pour faire mettre un terme à l'intolérance qui désole les lieux qui les réunissait, avec le modèle d'une égale facilité à bien servir les rois par ceux qui diffèrent entre eux sur la manière de servir le roi des rois.....

Le roi a visité son royaume d'Hanovre, dans lequel se complaisaient ses aïeux, et que, seul de sa famille, son père n'avait pas visité.

Ce voyage a dù présenter à ce prince deux sujets de réflexion et de comparaison. A Calais, il se trouvait dans la cité dont Édouard III voulait immoler les habitans au ressentiment des

fatigues d'un long siége, tels étaient les mœurs du temps; dans le nôtre, il eût honoré leur valeur et leur constance: trois cents ans de guerre de son pays avec la France; les Édouard, les Henri V, venant revendiquer ou occuper le trône de France, ont dû se représenter à son esprit; la moitié de l'histoire de l'Angleterre a dû revivre dans sa mémoire. Il touchait le sol français, ce n'était plus pour y porter la dévastation comme ses ancètres, mais pour y recevoir les honneurs dus à son rang et à une illustre amitié; il a pu se convaincre qu'il n'était pas nécessaire de porter le titre de roi de France pour qu'un roi d'Angleterre fût traité en roi sur le sol de la France.

En voyageant en Allemagne, le roi d'Angleterre a pu apprécier la différence de la civilisation des deux contrées. Que petit a dû paraître Hanovre au souverain de Londres! Dans quels lieux a-t-il pu se croire transporté, lui qui, accoutumé à voler sur ces routes qu'une main savante a tracées dans toute l'étendue et dans toutes les directions de la Grande-Bretagne, et

les soins les mieux calculés entretiennent, que se sentait rouler péniblement dans les fossés fangeux qui forment les chemins au-delà du Rhin; lui qui, habitué à l'élégance et à la

propreté des habitations anglaises, n'avait à rencontrer que des chaumières enfumées, et des villes tortueuses et perdues dans la boue? Dans ce moment, le roi d'Angleterre devait se trouver au-dessus du roi d'Hanovre, autant par la civilisation que par la puissance, et la comparaison devait le porter à faire jouir ses sujets arriérés des mobiles qui lui en ont donné d'autres plus avancés qu'eux dans la carrière de la civilisation, soit politique, soit purement humaine.

En 1821, l'Angleterre a fait dans son armée permanente une réduction de treize mille hommes. L'étendue de ses colonies l'oblige à tenir sur pied une armée plus nombreuse que ne le comporte l'esprit de son gouvernement. On a annoncé un plan de réduction plus étendu, el qui remettrait sa défense intérieure aux seuls moyens des troupes ou gardes nationales. Puisse l'Angleterre donner cet exemple d'un retour bien entendu à la véritable civilisation, qui ne peut pas s'accommoder d'un état de guerre continuel! Puisse-t-il être promptement et généralement imité, et le monde débarrassé de ce fardeau de soldats qui le ruinent, et qui trop souvent ont servi à l'opprimer !

CHAPITRE XIX.

Royaume des Pays-Bas.

CET état se consolide, ses frontières s'arment son intérieur est organisé, calme; des tracasseries religieuses ont pris fin; l'autorité s'est fait respecter d'un clergé difficile, là il est dans les temples, et non dans les cours et dans la poli+ tique. Le bon sens du prince a tout mis à sa place... Dans ce pays, le clergé a perdu encore plus qu'il ne l'a fait en France; dans ce pays, il y a eu des émigrés et des biens vendus, et ces émigrés n'avaient pas été chercher l'étranger et soulever l'Europe contre leur patrie...; cependant on n'entend parler dans le royaume des PaysBas, ni du clergé, ni des émigrés. Dans ce pays, ils ne sont pas, comme en France, un levain qui toujours fermente, agite et aigrit l'état... Le sort des uns et des autres a été fixé une fois, et l'on n'en entend plus parler; on ne voit pas revenir sans cesse à de nouvelles demandes pour l'un et pour les autres. Le bon esprit du gouvernement a coupé.court à tout cela : ce qui est fait reste fait le clergé ne se tient pas pour dégra

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