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volume. La figure du Satan, chap. I-II; comparaison entre certains propos de Job et les déclarations analogues qui se rencontrent dans les littératures classiques, orientales et modernes, chap. III, XII-XIV; le mélange de vérité et d'erreur que renferme la thèse soutenue par Eliphas, chap. IV, XXII; le développement qui s'opère, dans le cours de la discussion, dans les conceptions religieuses et morales de Job, chap. IX-X, XVI-XVII, etc.; l'idée de la sagesse, chap. XXVIII; l'idéal de l'homme juste qui ressort du témoignage que Job se rend dans son monologue, chap. XXIX-XXXI; la solution d'Elihou: l'affliction considérée comme un châtiment purificateur, chap. XXXII-III. XXXVI-VII; la preuve physico-théologique des chap. XXXVIII et suiv.; conception symbolique ou allégorique du monde des animaux dans l'Ancien Testament, à propos de chap. XL, 6-XLII, 6.

Il y aurait enfin bien des choses à relever dans les « indications homilétiques, » par exemple sur la manière de traiter même des sujets tels que les imprécations de Job, chap. III; sur la convenance qu'il peut y avoir à prendre pour textes des passages tirés des discours de Job et de ses trois amis, où la vérité est présentée sous un faux jour, d'une manière exclusive; sur la nécessité de tenir compte de la marche progressive des révélations de Dieu et de respecter le sens historique des textes, etc. Mais c'est là un domaine qui ne rentre pas dans le cadre de cette Revue.

H. V.

W. VOLCK.

LA BÉNÉDICTION DE MOïSE. DEUT. XXXIII'.

L'auteur de cette monographie, actuellement professeur de langues sémitiques à la faculté de théologie de Dorpat, s'est déjà fait connaître, il y a douze ans, par un travail analogue sur Mosis canticum cygneum, Deut. XXXII. L'ouvrage que nous annonçons aujourd'hui a pour objet le chap. XXXIII du même livre, un des plus difficiles, peut-être le plus difficile de tout le Pentateuque. Dans l'avant-propos (pag. 1-8) l'auteur jette un coup d'œil sur l'histoire de la critique à laquelle la Bénédiction de Moïse » a été soumise depuis Eichhorn. Il n'a pas de peine à montrer combien il règne d'incertitude sur les questions relatives à l'authenticité, à l'intégrité, à l'âge, etc., de ce morceau, et combien une nouvelle étude exégétique et critique se justifie aux yeux de quiconque en connaît les difficultés.

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'Der Segen Mose's untersucht und ausgelegt von Wilh. Volck, Dr der Theol. und Phil., etc. Erlangen, 1873, 194 pag. gr. in-8.

L'explication proprement dite, extrêmement détaillée et déno. tant une grande érudition philologique, remplit à elle seule les pages 9 à 153. A propos de chaque verset, presque de chaque mot, 'auteur passe en revue et pèse avec un soin minutieux toutes les

eprétations anciennes et modernes qui en ont été données. Nous avons remarqué plusieurs explications nouvelles, çà et là aussi des explications anciennes présentées sous un nouveau jour et plus soigneusement motivées qu'elles ne l'avaient été par les devanciers. Ainsi dans le prologue, v. 2, le fameux mot composé ésch-dáth, à la discussion duquel l'auteur ne consacre pas moins de neuf pages. Contrairement à la presque unanimité des interprètes modernes, M. Volk maintient la leçon masorétique et revendique pour dáth le sens de loi. Ce serait un mot aryen d'origine, usité dans l'ancien hébraïsme, puis tombé en désuétude pour ne reparaître que dans les derniers monuments de la littérature hébraïque, Daniel, Esdras et Esther. Dâth serait génitif appositionnel, en sorte que ésch-dâth, proprement un feu de loi, signifierait « un feu consistant en une loi, » et non « une loi de feu, comme traduisent ou expliquent la plupart des anciens. La loi serait appelée poétiquement un feu, soit à cause de la force qui lui est inhérente (cp. Jér. XXIII, 29: Ma parole n'est-elle pas comme un feu, et comme un marteau qui brise le roc? »), soit parce qu'elle est une révélation du Dieu saint dont il est dit qu'il est un feu dévorant. Le commencement de la bénédiction à l'adresse de Lévi, v. 8, est expliqué comme suit: Tes thoummim et tes ourim, à toi Lévi, sont pour celui d'entre les tiens qui mérite la qualification d'homme pieux, ou aimant Dieu, et non pour le premier lévite venu, puisque (asher) tu l'as tenté, lui Jehovah, à Massa et que tu as contesté avec lui à Mé-Meriba. Au v. 25, dans la bénédiction concernant Asher, les hapax legomena: minhul et dobè sont longuement discutés. Traduction: Que ton verrou, « le verrou qui ferme et protége ton territoire, soit tout entier de fer et d'airain, et qu'autant que tes jours dure ta quiétude. »

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Au point de vue historique et critique, l'auteur s'applique à montrer, à propos de chacune de ces bénédictions, qu'elle ne renferme rien qui contredise le témoignage du rédacteur, v. 1, lequel attribue le tout à Moïse, l'homme de Dieu. » Ceci nous amène à parler de la dernière partie du livre (pag. 154 et suiv.) où, tirant les conclusions qui résultent de son exégèse, l'auteur traite successivement de l'authenticité et de l'intégrité de Deut. XXXIII, de ses rapports avec la bénédiction de Jacob (Gen. XLIX), de la langue et de la forme poé

tique de notre morceau, de son insertion dans le cadre historique du Deuteronome, des échos de cette bénédiction dans la littérature postérieure (Jug. V, Hab. III, Ps. XVIII et LXVIII.)

M. Volck estime que non-seulement les différentes bénédictions, v. 6-25, mais le prologue, v. 2-5, et l'épilogue, v. 26-29, sont de Moïse. Il pense que les allusions à des faits et à des circonstances post-mosaïques qu'on a trouvées dans plus d'un passage ne s'y trou vent pas en réalité; que ce monument ne peut s'expliquer ni par l'époque de Josias (Ewald), ni par celle de Jéroboam II (Bleek et Graf), ni par celle de Jéroboam I (Schrader), ni par celle de Saül (Knobel), ni par celle des Juges (Kleinert), mais que le contenu est ce qu'il pouvait et ce qu'il devait être au moment où le grand législateur allait quitter ce monde. La prière, par exemple, en faveur de Juda, v, 7, reviendrait à dire : « Ecoute, ô Jehovah, la voix de Juda; et ramène le victorieux chez lui, auprès de son peuple, afin que, après avoir achevé la conquête de Canaan comme tribu investie de l'hégémonie, il puisse jouir en paix, au milieu de son peuple, du fruit de ses combats et de ses victoires. » La bénédiction concernant Benjamin, v. 12, aurait un sens tout à fait général: « Le bien-aimé de Jehovah reposera en assurance sur Lui (Jehovah sera pour ainsi dire le fondement de sa demeure); Il (Jeh.) le protége sans cesse, et il (Benjamin) repose entre Ses épaules.» (Jehovah le portera. Cp. Ex. XIX, 4; Deut. I, 31.) Quant à l'omission de Siméon qui, dans les listes généalogiques, vient habituellement après Ruben, M. Volck croit pouvoir l'expliquer comme suit: à Ruben, dépouillé de la primauté qui lui revenait en vertu de la primogéniture (y. 6; cp. Gen. XLIX, 3. 4), Moïse voulait opposer de suite la tribu qui avait pris sa place à la tête de la nation; c'est pourquoi il a laissé Siméon de côté pour passer immédiatement à Juda. Puis, une fois Siméon omis, Moïse avait d'autant moins de motifs pour y revenir après coup, que cette tribu était de toutes la moins importante.

Le texte de la Berakah nous est parvenu dans son intégrité, sauf une erreur de vocalisation (v. 16 où, au lieu de thabothah, il faut lire the boathah, féminin double avec paragoge volontative: « qu'elle vienne ») et une interpolation. M. Volck considère comme telle le v. 4: Moïse nous a prescrit une loi, [pour être] une propriété héréditaire de la communauté de Jacob. Ces mots interrompent le nexe entre les versets 3 et 5. C'est une glose, provenant peut-être du deutéronomiste (pag. 175) et servant à expliquer les derniers mots du v. 3: « Ils, — les Israélites, se sont prosternés à tes pieds pour recevoir tes paroles. >

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Si ce verset est inauthentique, on ne peut pas l'invoquer comme une preuve de la non-mosaïcité de la Berakah ou du moins du prologue.

Deut. XXXIII est dans un rapport de dépendance incontestable vis-à-vis de Gen. XLIX. Toutefois ce n'est ni une simple paraphrase, ni une simple imitation. Moïse tantôt confirme les bénédictions du patriarche, tantôt les précise, tantôt les modifie conformément à la différence des temps et des circonstances (par exemple en ce qui concerne la tribu de Lévi, devenue tribu sacerdotale). Là, c'est le père qui parle à un peuple naissant; ici, le législateur qui voit les tribus prêtes à franchir le seuil de la terre promise.

La bénédiction de Moïse présente un grand nombre de particularités linguistiques. D'un autre côté, il existe des analogies frappantes entre elle et des morceaux tels que Deut. XXXII et Ps. XC. Au point de vue poétique, elle ne le cède en rien aux plus beaux produits de la muse israélite, si ce n'est sous le rapport du parallélisme, qui est peu régulier, et de la disposition strophique, dont il n'y a pas de

trace.

Confiées d'abord à la mémoire des tribus israélites, les bénédictions de Moïse furent ensuite fixées par écrit et munies de l'introduction générale, v. 1, et des formules d'introduction spéciales à chacune d'elles (v. 7, 8, 12, 13, etc.). Dans l'ancien Pentateuque, la Berakah se trouvait placée entre Nomb. XXVII, 12-23 (ordre donné à Moïse d'aller attendre la mort sur les monts Habarim, et installation de Josué) et Deut. XXXIV, 1-9 (Moïse monte sur le Nébo pour y mourir). Dans la suite, ces morceaux Nomb. XXVII, 12-23 et Deut. XXXIII, 1XXXIV, 9 furent séparés l'un de l'autre, d'abord par l'insertion de Nomb. XXVIII-XXXVI, Deut. XXXI, 14-23 et XXXII, 1-43; puis par l'intercalation de la législation deutéronomique que le deutéronomiste fit précéder des discours Deut. I-IV. Dans cette question de la composition du Deutéronome, M. Volck partage en général les vues exposées par M. Klostermann dans les Studien und Kritiken de 1871 et 1872.

L'ouvrage se termine par un triple appendice: 1° catalogue très complet des travaux publiés sur Deut. XXXIII; 2° liste alphabétique de tous les mots et de toutes les formes qui se rencontrent dans ce chapitre; 3o liste alphabétique des mots hébreux et chaldéens, syriaques et arabes expliqués dans le commentaire.

H. V.

PHILOSOPHIE

M. PERTY.

CONSIDÉRATIONS PHILOSOPHIQUES

SUR LA NATURE'.

Telle est la traduction la plus simple du titre d'un livre publié en 1869 par M. Perty, professeur de zoologie à l'université de Berne. Dès l'introduction, l'auteur déclare qu'il n'est pas de son temps, qu'il a voulu écrire un livre sans précédent dans la littérature scientifique de notre époque; et en effet, le titre seul semblera un anachronisme à bien des lecteurs.

Nous demandons aujourd'hui de la précision, et voulons qu'un auteur montre dès les premières pages la bannière sous laquelle il se range. Or, on marche assez longtemps à tâtons à travers l'œuvre de M. Perty. Veut-il instruire des ignorants? Prétend-il au contraire inspirer aux savants des réflexions sur la science qu'ils possèdent déjà et que l'auteur doit leur supposer acquise avant de les prendre à partie? On n'en sait trop rien.

S'il a poursuivi le premier but, il a faussé la science en se contentant de nous donner un catalogue de faits, en ne nous faisant point passer par tous les degrés d'initiation sans lesquels les résultats ne sauraient être compris. On n'a pas le droit de philosopher sur la nature avant d'avoir travaillé de ce travail pénible que ne saurait en aucune façon remplacer la lecture du livre de M. Perty.

Si au contraire c'est à des savants qu'il s'adresse, à quoi bon tous ces faits, ces détails qui sont certainement connus? Cette critique fondamentale, et qui devait précéder toute analyse, sera faite dorénavant à tout livre du genre de celui de M. Perty. Notre époque est positive même dans les spéculations les plus abstraites, elle n'aime pas les considérations, et moins encore les considérations philosophiques. Est-ce un mal, est-ce un bien? Nous n'avons pas à nous occuper ici de cette question. M. Perty y a vu un mal, et son nouvel ouvrage est tout à la fois un exposé et une protestation.

L'exposé est triple: c'est un tableau de la nature, une nomenclature des opinions des différents savants et philosophes qui l'ont étudiée, et enfin un commentaire de la nature par l'auteur.

La protestation est dirigée contre les savants modernes en général.

Die Natur im Lichte philosophischer Anschauung. Dargestellt von Maximilian Perty, 1869.1 vol. in-8° de vil et 805 pages.

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