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liberté posés dans le protestantisme. Tandis que la théologie catholique s'enferme de plus en plus dans une rigidité dogmatique semblable à la mort, la théologie protestante doit sans cesse renouveler sa vie par les recherches historiques, en particulier la critique biblique et l'étude des origines du christianisme.

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Cet Index, qu'on attendait depuis longtemps, achève l'édition des œuvres d'Aristote, préparée par l'académie de Berlin et publiée par Bekker. Il est le fruit d'un travail incessant de vingt-cinq années. On y trouve l'énumération et la classification faites avec soin de tous les sujets auxquels s'est appliquée l'investigation infatigable et universelle d'Aristote, des idées émises par lui et constituant un organisme d'une solidité et d'un enchaînement admirables, et enfin des formes terminologiques que le penseur de Stagire a données à la langue grecque et dont le plus grand nombre sont restées dans le vocabulaire philosophique de tous les peuples civilisés.

Il importe de remarquer que la partie des œuvres d'Aristote, relative aux sciences de la nature, est encore obscure sur beaucoup de points. En général l'histoire de la science de la nature, pour laquelle les écrits de notre philosophe sont sans contredit la source la plus abondante, a été, de tous les domaines de l'antiquité, le moins exploré jusqu'ici. Aussi l'explication des termes zoologiques et botaniques, chez Aristote, exige-t-elle une étude spéciale d'une difficulté considérable. L'éditeur de l'Index a eu soin de s'assurer, pour les articles zoologiques, de la collaboration de M. Jurgens Bona Meyer dont on connaît les travaux méritoires sur l'Histoire des animaux d'Aristote. Malheureusement ce savant n'a pu achever que les articles de la lettre A. L'enseignement dont il s'est trouvé chargé, à la suite de son appel à l'université de Bonn, ne lui a pas laissé le loisir nécessaire pour continuer son œuvre. Quoiqu'il ait encore fourni quelques matériaux pour les lettres suivantes, les articles zoologiques de la lettre B ont été élaborés par M. Bernhard Langhavel, qui se trouvait fort bien

'Index Aristotelicus, ed. Hermannus Bonitz. 1870. 1 vol. in-4 de 878 pag.

préparé à cette tâche par des études approfondies sur l'Histoire des animaux et qui possédait même un ensemble de matériaux propres à être utilisés immédiatement. M. Langhavel a en outre accompagné les termes botaniques d'Aristote des noms modernes. Quant à tout le reste, l'Index est dû aux soins de M. H. Bonitz.

Quant à la langue d'Aristote, notre ouvrage ne s'en occupe que dans la mesure où elle appartient en propre au philosophe; il laisse de côté tout ce qui rentre dans la prose générale de l'Attique. Pour opérer un triage de cette nature, il ne fallait rien moins que la connaissance approfondie et précise de la langue grecque que possède M. Bonitz. Il aurait été assurément plus facile de recueillir et de citer toutes les expressions dont s'est servi Aristote et tous les passages qui les renferment. Quoique cette œuvre soit admirablement réussie, on ne doit pas s'étonner, vu les difficultés, que l'appréciation personnelle de l'auteur et d'autres causes accidentelles y aient laissé quelques défauts. Hâtons-nous d'ajouter qu'ils sont heureusement compensés par la facilité plus grande avec laquelle la méthode suivie permet au lecteur de se servir de l'ouvrage entier. Un Index absolument complet aurait fait perdre à la vue de l'ensemble ce qu'il aurait gagné en étendue matérielle.

Un triage du même genre a été appliqué aux articles mêmes que l'intérêt du fond qu'ils présentent a fait admettre dans l'Index. On a mis un grand soin à rassembler, dans leurs variétés les plus délicates, toutes les significations attribuées par Aristote aux termes philosophiques qu'il emploie. Mais on s'est borné à citer un nombre limité de passages pour indiquer à l'égard des mots qui reviennent souvent dans ses écrits leur sens constant ou ordinaire. M. Bonitz ne s'est efforcé de faire des citations complètes que pour ce qui concerne les noms propres et les termes zoologiques. Enfin il indique la source et nomme les auteurs des citations anonymes fréquentes dans les écrits d'Aristote.

L'Index n'a pas la prétention d'être un lexique de la philosophie et des œuvres d'Aristote, car il se contente, dans chaque article, d'indiquer par des chiffres les passages qui établissent le sens des expressions dont il s'agit. Toutefois l'ordre dans lequel ces passages sont signalés, et qui permet de suivre le développement des significations diverses appliquées par Aristote au même terme dans ses nombreux écrits, peut servir de modèle au lexique que l'on serait tenté de composer. En fait, plusieurs articles mettent sous les yeux du lecteur l'histoire entière du mot dont ils s'occupent. Relativement

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aux idées importantes ou difficiles, on trouve cités des commentaires et des écrits spéciaux sur Aristote. Dans les articles zoologiques, les interprétations diverses sont mentionnées partout où le sens est douteux. Enfin il a été tenu compte autant que possible de toutes les corrections du texte proposées depuis le moment où a été publiée l'édition de Bekker.

En résumé, l'ouvrage que nous annonçons est le fruit d'une connaissance très étendue, non-seulement des écrits mêmes d'Aristote, mais encore de la littérature philologique et philosophique qui s'y rapporte. Il contribuera sans aucun doute à rendre plus facile en même temps que plus approfondie l'étude d'Aristote.

LOUIS FERRI.

ESSAI SUR L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE EN
ITALIE AU XIX® SIÈCLE1

L'ouvrage que nous annonçons, quoiqu'il ait été écrit par un Italien, s'adresse à l'étranger plus encore qu'à l'Italie. Inspiré par un patriotisme légitime, l'auteur s'est proposé de montrer à l'Allemagne, à la France et à l'Angleterre, que la philosophie a pris en Italie un essor considérable en même temps que l'esprit de la liberté et de l'indépendance s'y est réveillé, bien plus que ce furent les penseurs de la nation qui ont contribué, pour la plus grande part, à raviver cet esprit dans son sein, dirigé ses efforts, coopéré à la réalisation de ses aspirations. Un fait pareil suffirait déjà à leur donner un droit incontestable à la sympathie et à l'intérêt du philosophe et de l'historien aussi bien que de tous les esprits cultivés de notre époque.

L'Essai de M. Ferri est divisé en cinq livres. Le premier forme une espèce d'introduction: l'auteur y indique à grands traits les influences et les causes qui lui paraissent de nature à expliquer la transition du XVIIIe siècle à ce développement de la philosophie italienne qui s'est accompli dans le cours du XIX. Nous y voyons, entre autres, le sensualisme français introduit en Italie par Condillac lui même et ses disciples, Melchior Gioia et Giov. Dom. Romagnosi, puis le sensualisme exclusif remplacé par une philosophie de l'expérience (dans l'esprit de Kant) grâce à Galuppi, dont la théorie de la connaissance et l'éthique se rapprochent de celles du philosophe de Koenigsberg, et ouvrent ainsi la voie dans la direction de l'idéalisme.

Essai sur l'histoire de la philosophie en Italie au XIXe siècle, par Louis Ferri, 1869.

Le second livre est consacré au penseur que M. Ferri considère comme l'esprit le plus distingué et le propre fondateur de la tendance qui a prévalu, de la nouvelle philosophie italienne, Antonio Rosmini Serbati.

Dans le troisième livre, l'auteur nous fait d'abord un tableau détaillé de la vie si remplie et du caractère de Vincenzio Gioberti, dont on ne connaît guère à l'étranger que les travaux politiques et scientifiques. A cette biographie succède une exposition qui nous permet de suivre les phases successives du développement et de la marche des idées et des aspirations de l'illustre penseur.

Le quatrième livre contient une analyse de la vie et du caractère du comte Terenzio Mamiani et une reproduction des principales idées developpées dans ses nombreux écrits.

Ces trois biographies constituent en fait le corps de l'ouvrage. C'est à l'étude des actes et des écrits des trois hommes qui en sont les héros, que M. Ferri a consacré surtout son attention et ses soins. On le comprend sans peine, puisque la direction philosophique qu'ils ont suivie sous des formes différentes et en se plaçant à des points de vue différents et que notre auteur désigne par le terme d'idéalisme, est à ses yeux la conception philosophique qui non-seulement prévaut aujourd'hui en Italie, mais encore est la mieux appropriée au génie national de la péninsule.

Quant au livre cinquième, il forme une sorte d'épilogue. Il renferme une exposition résumée de l'hégélianisme, ou plutôt une caractéristique des adhérents que cette philosophie a recrutés en Italie, entre autres MM. Bert. Spaventa et A. Vera, puis Mme la marquise de Florenzi et MM. les professeurs de Meir, de Santis et Fiorentino.

A côté de cette tendance hégélienne, il s'en trouve une critique et sceptique, dont les représentants les plus distingués sont Giuseppe Ferrari et Ausonio Franchi, tandis que la critique, telle que M. Mazarella l'applique aux principes et aux résultats de la science, incline et conduit au mysticisme. Le positivisme de A. Comte et le matérialisme n'ont jusqu'ici gagné que des adhérents isolés et peu nombreux, Villari, Tommasi et Moleschott.

Tous ces efforts, dont le but commun est de restituer à la science l'honneur et l'action qui lui appartiennent, sont combattus par l'école théologique qui aspire à restaurer la scolastique du moyen âge, telle qu'elle est représentée par les écrits de Thomas d'Aquin, et, par conséquent, à subordonner la philosophie comme ancilla theologiæ aux décrets et aux dogmes de l'église. On comprend qu'il n'y ait que

des membres du clergé qui soient disposés à se dévouer à ce travail de Sisyphe; ce sont entre autres le P. Ventura et les rédacteurs de la Civiltà catholica, l'organe des jésuites, le P. Liberatore et le P. Taparelli d'Azeglio.

Quant au point de vue duquel notre auteur considère et présente l'histoire de la philosophie, il s'inspire également de l'esprit de la philosophie et de celui de l'histoire; il poursuit un double but. D'un côté, il s'applique à découvrir un lien logique, une conséquence intérieure dans la succession des systèmes particuliers et des diverses tendances. D'un autre côté, il s'efforce de montrer les rapports des circonstances personnelles de chaque philosophe avec la situation générale et les tendances dominantes de son époque, les conditions de la nation à laquelle il appartient, les événements politiques et sociaux contemporains, et l'influence de tous ces faits sur la genèse et le développement, sur les idées capitales de tout système considérable. La critique à laquelle M. Ferri soumet les philosophies qu'il passe en revue consiste en indications générales plutôt qu'en un examen détaillé. Car sa pensée est que les divers systèmes qui ont joué un rôle dans l'histoire se critiquent et se réfutent réciproquement et que cette critique objective est d'une valeur infiniment plus considérable que l'appréciation subjective et individuelle de chaque historien.

REVUES

ZEITSCHRIFT FUR PHILOSOPHIE UND PHILOSOPHISCHE KRITIK

Tome LXI. Première livraison. (1872.)

STEINHART. Les sources pour la vie de Platon.
W. BENDER. L'idée de la religion selon Kant.
H. ULRICI. Dynamisme et atomisme.

Bulletin. La vie de Schelling, d'après sa correspondance. IV.
(COMPTE-RENDU 1872, octobre, pag. 669.) — A la mémoire de G.-W.-
Fr. Hegel, par FR. HARMS (1871). Eléments de philosophie, par
G. HAGEMANN (2o édit.). Les adversaires de la philosophie, par

ERN. NAVILLE (1869).

Seconde livraison. (1872.)

W. BENDER. L'idée de la religion selon Kant (suite).

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