༔་ EXTRAITS DE LA THÉODICÉE ESSAIS SUR LA BONTÉ DE DIEU, LA LIBERTÉ DE L'HOMME PUBLIÉS AVEC UNE INTRODUCTION ET DES NOTES Par Paul JANET Membre de l'Institut QUATRIÈME ÉDITION PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET Cle 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79 1912 La Théodicée a été écrite par Leibniz, comme il le dit lui-même dans sa préface, pour satisfaire aux difficultés élevées par Bayle, le célèbre auteur du Dictionnaire historique et critique, qui a été au dix-septième siècle un des précurseurs du scepticisme du dix-huitième. L'ouvrage ne parut qu'en 1710, après la mort de Bayle: celui-ci ne put répliquer, comme il l'eût fait sans doute, s'il eût connu l'ouvrage de son contradicteur. Écrit ainsi, pour répondre à des objections, et réfuter certaines erreurs, l'ouvrage de Leibniz a nécessairement le caractère d'un ouvrage de controverse. Il est plus poiémi 1. Nous devons rappeler ici que nous avons publié en 1866 une édition des OEuvres philosophiques de Leibniz (2 vol. in-8), chez M. Ladrange, actuellement chez M. Germer Baillière, qui nous a autorisé à en extraire le présent ouvrage. THÉODICÉE DE LEIBNIZ α 465433 que que dogmatique. Cependant, sous une forme qui rappelle encore un peu l'argumentation scolastique, l'ouvrage contient beaucoup de doctrine, et il est aussi utile pour la connaissance du système de Leibniz que pour l'intelligence des plus profondes questions de la Théodicée. L'expression même de Théodicée, Justice de Dieu (Osós, x) créée par Leibniz, indique qu'il n'a eu pour objet qu'une partie de la science qui porte aujourd'hui tout entière le même nom. Il n'a voulu traiter que de la justice de Dieu, et de la justification de la Providence. Ce n'est que plus tard que le mot de Théodicée a été appliqué par extension à toute cette partie de la philosophie qui traite de Dieu, et que l'on appelait auparavant Théologie naturelle. Pour bien limiter et expliquer le sens du mot qu'il créait, Leibniz y a ajouté un sous-titre, qu'il faut avoir présent à l'esprit Essais sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal. Ces trois questions en effet se lient entre elles car c'est la liberté humaine qui est en partie la cause du mal, du moins du mal moral, ou du péché; et la question du mal se lie évidemment à celle de la justice ou de la bonté de Dieu. La Théodicée est précédée d'une Préface et se divise en trois parties. - La Préface expose l'obje et l'occasion du livre. La première partie contient, selon Leibniz lui-même, «< une exposition ample et distincte de la matière, » c'est-à-dire l'examen du problème en général; la seconde et la troisième, l'examen des objections de Bayle en particulier la seconde traite surtout du mal moral; la troisième du mal physique et de la liberté humaine. |