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Voyez si de mon sort vous pouvez être en doute.

(Psyché est enlevée en l'air par deux Zéphyrs.)

AGÉNOR.

Nous la perdons de vue. Allons tous deux chercher
Sur le faîte de ce rocher,

Prince, les moyens de la suivre.
CLEOMÈNE.

Allons-y chercher ceux de ne lui point survivre.

SCÈNE V.

L'AMOUR, en l'air.'

Allez mourir, rivaux d'un dieu jaloux,
Dont vous méritez le courroux,

Pour avoir eu le cœur sensible aux mêmes charmes.
Et toi, forge, Vulcain, mille brillants attraits
Pour orner un palais

Où l'Amour de Psyché veut essuyer les larmes,
Et lui rendre les armes.

1. Ces vers étoient probablement récités par le même jeune acteur qui avoit rempli le rôle de l'Amour dans le prologue, c'est-à-dire, suivant l'indication du livre du Ballet, par La Thorillière le fils. Baron ne prenoit sans doute ce personnage qu'au commencement de l'acte suivant, où l'Amour se transfigure pour tromper les yeux de Psyché. (Voyez ci-après page 330 et le livre du Ballet.)

Ces acteurs qui se succèdent dans le même personnage font songer aux mystères dramatiques du moyen âge où un rôle, retraçant parfois une vie entière, se divisoit, selon les périodes, entre plusieurs acteurs; et dans lesquels on trouve, par exemple, cet avertissement: «Ci commence la grand Nostre-Dame, » pour indiquer l'endroit où une grande personne remplaçoit l'enfant qui avoit joué jusque-là.

DEUXIÈME INTERMÈDE.

La scène se change en une cour magnifique, ornée de colonnes de lapis, enrichies de figures d'or, qui forment un palais pompeux et brillant que l'Amour destine pour Psyché. Six cyclopes, avec quatre Fées, y font une entrée de ballet, où ils achèvent en cadence quatre gros vases d'argent que les Fées leur ont apportés. Cette entrée est entrecoupée par ce récit de Vulcain, qu'il fait à deux reprises :

PREMIER COUPLET.

Dépêchez, préparez ces lieux
Pour le plus aimable des dieux :
Que chacun pour lui s'intéresse ;
N'oubliez rien des soins qu'il faut.
Quand l'Amour presse,

On n'a jamais fait assez tôt.

L'Amour ne veut point qu'on diffère;

Travaillez, hâtez-vous,

Frappez, redoublez vos coups;

Que l'ardeur de lui plaire
Fasse vos soins les plus doux.

SECOND COUPLET.

Servez bien un dieu si charmant:

Il se plaît dans l'empressement:

Que chacun pour lui s'intéresse ;
N'oubliez rien de ce qu'il faut.
Quand l'Amour presse,

On n'a jamais fait assez tôt.

L'Amour ne veut point qu'on diffère;
Travaillez, hâtez-vous,

Frappez, redoublez vos coups;
Que l'ardeur de lui plaire
Fasse vos soins les plus doux.1

1. Voici comment Robinet décrit cet intermède :

Une autre (entrée), de Cyclopes, suit;

Mais nullement à petit bruit,

Car, n'étant pas des gens d'extases,

Ils achèvent de pompeux vases
Pour un beau palais dont l'Amour
Consacre à Psyché le séjour,
L'aimant, et trahissant sa mère
Comme un faux et malin compère.

Et des Fées aux forgerons,
Faisant des pas légers et prompts,
Apportent ces vases superbes,

Dignes des beaux vers des Malherbes.

ACTE TROISIÈME.

SCÈNE PREMIÈRE.

L'AMOUR, ZEPHYRE.

ZÉPHYRE.

Oui, je me suis galamment acquitté
De la commission que vous m'avez donnée;
Et, du haut du rocher, je l'ai, cette beauté,
Par le milieu des airs doucement amenée

Dans ce beau palais enchanté,

Où vous pouvez en liberté

Disposer de sa destinée.

Mais vous me surprenez par ce grand changement
Qu'en votre personne vous faites;

Cette taille, ces traits, et cet ajustement,

Cachent tout à fait qui vous êtes;

Et je donne aux plus fins à pouvoir, en ce jour,
Vous reconnoître pour l'Amour.

L'AMOUR.1

Aussi ne veux-je pas qu'on puisse me connoître;
Je ne veux à Psyché découvrir que mon cœur,
Rien que les beaux transports de cette vive ardeur

1. C'est ici, selon toute apparence, que Baron prenoit le rôle. Les observations de Zéphyre ne s'expliqueroient guère, si l'Amour avoit paru précédemment sous les mêmes traits.

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