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che tandis que les seconds ne comptent que samedi; cela vient de ce que les Portugais établis à Macao y sont allés par le cap de Bonne-Espérance, et les Espagnols en avançant toujours du côté de l'occident, c'est-à-dire en partant de l'Amérique et traversant la mer du Sud.

Les longitudes, en différents pays de la terre, se trouvent par le moyen des éclipses: je suppose qu'une éclipse ait été observée à Paris à minuit, et aux Indes à six heures du matin, on est sûr que la différence entre ces deux méridiens est de six heures, ou d'un quart de jour, ce qui fait un quart de cercle entier que le soleil parcourt en vingt-quatre heures: c'est-à-dire 90 degrés de longitude par rapport

à Paris.

Mais comme les éclipses sont trop rares et que les navigateurs ont besoin de connoître continuellement la longitude du lieu où ils sont, ils n'attendent pas des éclipses; ils examinent la situation de la lune par rapport aux étoiles dans le moment où la lune est, par exemple, à 40 degrés d'une étoile lorsqu'il est six heures du matin dans le lieu où ils sont; ils

consultent l'almanach calculé d'avance à Londres ou à Paris; s'ils voient que cette même distance doit avoir lieu à minuit exactement, il s'ensuit tout de même que la longitude est de 90 degrés. La position de la lune apprend qu'il est minuit à Paris; on voit d'ailleurs qu'il est six heures sur le vaisseau; et cette différence de six heures indique la longitude; ce qu'on appeloit le secret des longitudes n'est plus un secret depuis que l'on sait calculer et observer le point où la lune se trouve. On peut même se passer de la lune si on a une bonne montre marine qui ne change pas de deux minutes en deux mois de navigation, et qui fasse voir toujours sur le vaisseau l'heure qu'il est à Paris.

Le mouvement diurne se partage en vingtquatre heures; il est bien facile de se faire pour cela un cadran en plaçant un cercle divisé en vingt-quatre parties égales, incliné du côté du midi comme l'équateur céleste: le style qui sera placé au centre marquera les vingtquatre heures sur la circonférence.

Pour orienter ce cadran, il suffit de faire en sorte que l'ombre du style soit de la même

longueur le matin, le soir, et à midi; ce qui peut se faire par un léger tâtonnement. Alors le soleil étant toute la journée élevé de la même quantité sur le plan du cadran, l'on est sûr que ce plan est l'équateur.

CHAPITRE II.

De la grandeur de la terre.

Les degrés de latitude observés, comme nous l'avons dit, ont servi à reconnoître que la terre a neuf mille lieues de tour. On croiroit d'abord que la chose la plus difficile de l'astronomie est de trouver ainsi la grandeur de la terre sans en faire le tour; mais il suffit d'en mesurer vingt-cinq lieues pour être sûr des neuf mille; pourvu qu'on soit assuré que ces vingt-cinq soient exactement un degré, ou la trois cent soixantième partie du total; car trois cent soixante fois vingt-cinq font en effet neuf mille.

Il n'est pas difficile de savoir, par exemple, qu'il y a vingt-cinq lieues de Paris à Amiens: on mesura autrefois cette distance en comptant les tours de roues d'une voiture; on auroit pu le faire avec une chaîne d'arpenteur; on l'a fait de nos jours plus exactement par des opérations de géométrie, dans lesquelles on ne

sauroit se tromper de trois ou quatre toises. Toutes les fois que nous allons à Fontainebleau, nous voyons sur notre gauche, en approchant de Villejuif, et ensuite de Juvizy, deux obélisques en pierre près du chemin, dont la distance, mesurée rigoureusement et plusieurs fois avec des toises bien égales, s'est trouvée de cinq mille sept cent seize toises; cette distance a servi à trouver, par le moyen des triangles faits sur cette base, qu'il y en avoit cinquante-sept mille de Paris à Amiens, ou plus exactement cinquante - sept mille cinquante jusqu'à l'endroit où se terminoit le degré; il a fallu pour cet effet convenir d'une toise dont l'original ou le modèle fût constant, et dont toutes les copies fussent parfaitement égales: mais en s'y prenant bien, on peut s'assurer au moins d'un vingtième de ligne dans cette comparaison, et cette petite erreur ne seroit que de trois toises de différence sur un degré.

Pour savoir s'il y a un degré juste entre Paris et Amiens, il suffit d'observer une étoile qui passe au zénith de Paris, et l'on peut s'en assurer par le d'une lunette qui porte un fil à plomb, auquel elle est bien parallèle, et par lequel on est assuré que la lunette est

moyen

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