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la vue. Au moyen de ces taches, on a reconnu que le soleil tourne sur son axe en vingt-cinq jours et demi.

On a vu sur le soleil des taches qui ont subsisté plusieurs mois en continuant de tourner avec lui; mais pour l'ordinaire elles changent de figure et disparoissent totalement avant que le soleil ait fait un tour entier sur lui-même. Le mouvement de rotation du soleil suppose nécessairement un mouvement de translation et un déplacement du soleil accompagné de toutes les planètes qui tournent autour de lui.

On voit sur la surface de Jupiter plusieurs bandes claires qui sont sujettes à augmenter ou à diminuer, et que l'on regarde comme des mers étendues tout autour de son globe et dans la direction de son mouvement de rotation; on y distingue aussi de petits points; ils ont fait apercevoir le mouvement de rotation que Jupiter a sur son axe, et qui est beaucoup plus rapide que celui de la terre, puisqu'il s'achève en moins de dix heures. Cela produit dans cette planète une force centrifuge beaucoup plus grande que celle de la terre; aussi Jupiter est-il beaucoup plus aplati.

On distingue également des taches sur le

disque de Mars; elles sont beaucoup moins apparentes, mais elles ont suffi pour s'assurer qu'il tourne aussi sur son axe dans l'espace de vingt-quatre heures trente-neuf minutes. Saturne tourne en dix heures un quart.

On ne sait pas s'il y a une rotation pareille dans Mercure et Vénus, parceque l'on n'y distingue point de taches par lesquelles on puisse s'en assurer. Cependant Cassini a cru que celle de Vénus est de vingt-quatre heures.

L'anneau de Saturne est la chose la plus singulière que la découverte des lunettes nous ait fait apercevoir; c'est une couronne large et mince qui environne Saturne sans le toucher; elle est ronde, mais nous paroît sous une forme ovale, à cause de l'obliquité, c'est-à-dire parceque nous la voyons toujours de côté, et jamais en face. Aussi la compare-t-on à un chapeau de cardinal, ou à un bassin à barbe, dans le milieu duquel seroit une très grosse savonnette. Comme cet anneau est très mince, nous ne le distinguons point lorsqu'il nous présente son tranchant ou son épaisseur, et Saturne nous paroît rond, ce qui arrive tous les quinze ans, quand Saturne se trouve dans les deux parties de son orbite où l'anneau s'étend

directement vers nous: cela est arrivé en 1789. Cet anneau a soixante-sept mille lieues de diamétre; il y a neuf mille cinq cents lieues d'intervalle entre lui et Saturne, et autant pour la largeur de l'anneau tout autour. On a de la peine à se figurer ce vaste pont qui se soutient sans piliers; mais comme toutes ses parties tendent à-la-fois par leur pesanteur vers Saturne, elles s'arc - boutent mutuellement; en sorte qu'aucune ne peut descendre, étant serrée par celles qui l'avoisinent; d'ailleurs il tourne aussi sur son axe, et cela suffit pour le soutenir en l'air.

Un télescope de trente-deux pouces, qui coûte environ dix louis, ou une lunette simple de dix-huit pieds, qui n'en coûte pas quatre, suffisent pour voir ce qu'il y a de plus singulier dans le ciel : les montagnes de la lune, les satellites de Jupiter et ses bandes, les phases de Vénus, les taches du soleil, l'anneau de Saturne, la nébuleuse d'Orion, les noyaux des. cométes. C'est là ce que l'on fait voir aux dames lorsqu'elles vont dans un observatoire. Quant aux étoiles, il est inutile d'y employer de bonnes lunettes; elles ne paroissent que comme de très petits points, même avec les lunettes

ou avec les télescopes qui grossissent deux cents fois, parcequ'elles sont si éloignées et paroissent si petites, que, malgré l'amplification de la lunette, on ne peut y remarquer autre chose qu'un petit point lumineux. Mais l'avantage des lunettes à cet égard consiste à nous faire voir des milliers d'étoiles dont on ne se douteroit pas à la vue à la vue simple. J'en ai déja cinquante mille de déterminées sur l'horizon de Paris, et il y en a bien le double que l'on peut voir avec une lunette de sept à huit pieds.

CHAPITRE XV.

De la pluralité des mondes.

La ressemblance que l'on a vue, dans les articles précédents, entre les planètes et la terre, est ce qui a fait admettre la pluralité des mondes. C'est une idée séduisante, que Fontenelle mit fort à la mode de son temps, mais qui est très ancienne. Les pythagoriciens et les épicuriens soutenoient autrefois que les astres étoient autant de mondes comme le nôtre, c'est-à-dire habités comme la terre, et qu'il y en avoit même une infinité d'autres hors de la portée de notre vue. Aujourd'hui nous devons distinguer les étoiles des planètes; nous ne pouvons comparer qu'avec le soleil toutes les étoiles qui ont évidemment une lumière propre, et nous ne saurions supposer qu'il y ait des êtres organisés dans des feux qui doivent détruire toute organisation. Mais ces soleils ont des planètes comme celles de notre système, et ces planétes peuvent être habitées.

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