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mina dans les écoles jusqu'au dernier siècle; la plupart des astronomes regardant jusqu'alors les comètes comme des amas de vapeurs, ne daignoient pas les observer.

Cependant Tycho-Brahé, ayant suivi longtemps et avec soin la cométe de 1577, composa un ouvrage considérable à cette occasion. Il trouva qu'on pouvoit assez bien représenter ses apparences, en supposant qu'elle avoit décrit autour du soleil une portion de cercle. Faisant voir dans cet ouvrage que les comètes étoient des corps fort élevés au-dessus de la moyenne région, il renversoit le système ancien des cieux solides.

Dominique Cassini faisoit tourner les cométes autour de la terre; Fontenelle en faisoit des planètes d'un tourbillon voisin; Hévélius soupçonna qu'elles décrivoient des paraboles autour du soleil ; mais Newton, ayant reconnu que toutes les planètes tournoient autour du soleil, en vertu d'une attraction très puissante et qui s'étendoit fort loin, jugea qu'il en devoit être de même des cométes, et en ayant fait l'essai sur celle de 1681, dont le mouvement avoit paru très irrégulier, il vit que cela s'accordoit très bien avec une courbe ovale, de

même espèce que celle des planètes, et parcourue avec les mêmes lois.

Les circonstances les plus irrégulières qu'on avoit observées dans son mouvement, et qui avoient faire croire à quelques astronomes que c'étoient deux comètes différentes, devenoient alors une suite réelle de la situation de la terre par rapport à la comète, et de l'accélération de mouvement qu'une planète doit avoir nécessairement en approchant du soleil.

Halley, partant de cette théorie, calcula toutes les cométes qui avoient été observées jusqu'alors avec assez d'exactitude et de détail pour qu'on pût en déterminer l'orbite; il trouva que celles de 1531, de 1607, et de 1682, se ressembloient assez pour qu'on pût soupçonner que c'étoit une seule et même comėte, et qu'elle pourroit reparoître en 1758 ou 1759. Cette conjecture heureuse, publiée en 1705, s'est vérifiée par le retour de la même cométe dans la même orbite, et nous l'avons tous observée; en sorte qu'il est hors de doute que les cométes sont véritablement des planétes qui tournent comme les autres autour du soleil. On la suivit depuis le 25 décembre 1758 jusqu'au 3 de juin 1759.

Cette cométe est la seule dont le retour soit certain; il pourroit se faire que les autres ne revinssent jamais.

CHAPITRE XIV.

De la figure des planètes.

Quand on regarde la lune avec un télescope, on y aperçoit distinctement des montagnes; car on y voit des points lumineux qui débordent la partie éclairée, qui par conséquent reçoivent la lumière du soleil par-dessus le reste, ce qui indique qu'ils sont plus élevés. On juge même de leur élévation par la quantité dont ils sont séparés du reste de la lumière; on en a mesuré d'une lieue; c'est bien plus à proportion que sur la terre, puisque celle-ci, quatre fois plus large que la lune, n'a cependant pas de montagnes plus élevées que trois mille deux cent dix-sept toises; ce n'est pas une lieue et demie en hauteur perpendiculaire.

Ces différentes montagnes de la lune, semées irrégulièrement sur sa surface, lui donnent une figure que l'on prendroit à la vue

simple pour une espèce de visage, mais qui n'y ressemble en aucune façon, quand on la regarde mieux ou qu'on la voit dans une lu

nette.

On représente aussi le soleil comme ayant une espèce de figure humaine; mais c'est sans aucun fondement. D'autres figures le représentent comme parsemé de volcans ou de bouillons écumeux; mais dans la réalité nous n'y voyons qu'une surface jaune et unie, sur laquelle paroissent seulement de temps en temps plusieurs points noirs qu'on appelle les taches du soleil; ce sont peut-être les écumes ou les scories de cet immense fourneau, ou bien le noyau solide et massif du soleil, recouvert par une couche de fluide qui a peu de profondeur, et laisse paroître de temps en temps ses éminences et ses montagnes sous la forme de ces points noirs.

Ces taches du soleil furent découvertes en 1611, aussitôt qu'on eut trouvé les lunettes d'approche; il y en a quelquefois qui sont assez grandes pour être distinguées sans lunettes. Mais pour regarder le soleil, il faut toujours un verre noirci sur la fumée d'une chandelle; c'est une précaution essentielle

pour

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