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Pensée. La pensée est un acte. Dans tout acte il y a un moteur et une chose mue. Le moteur de la pensée est l'activité sensible et intelligente. La chose mue ne peut être que ce qui a été classé déjà dans le cerveau à l'état de notions; mais la notion n'étant pas, par nature, une chose qui se prête au mouvement, chaque notion a été associée à un signelangage qui est essentiellement constitué par un mouvement. C'est à la faveur du signe-langage que l'activité intelligente met en mouvement les notions; c'est par lui qu'elle accomplit les actes que nous désignons sous le nom de pensée. La pensée est la notion qui représente un certain mode d'activité, et ce mode d'activité consiste à réveiller, au moyen des signes du langage, reproduits subjectivement, une série de notions déjà classées, pour les comparer soit entre elles, soit à des perceptions actuelles. Le résultat de ce travail est une révision utile du classement général de nos connaissances ou l'acquisition d'une notion nouvelle. Voy. p. 431.

Perception. Percevoir n'est autre chose que sentir, et sentir est un phénomène vital élémentaire qui se développe dans les couches optiques sous l'influence de l'action des nerfs sensitifs, affectés eux-mêmes par une cause impressionnante. La perception est donc un phénomène vital élémentaire, rendu possible par l'union du principe de vie avec les cellules des couches optiques. L'animal et l'homme perçoivent. Sur ce point, pas de différence entre les deux.

La vie organique et la vie fonctionnelle fournissent la cause immédiate de toutes nos perceptions. La première donne naissance à

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toutes les impressions de besoin; la seconde est l'occasion de toutes les perceptions de plaisir et de douleur. Cette dernière fournit, en outre, la cause immédiate des perceptions sensorielles et d'une classe de perceptions très-importantes dont on n'avait pas parlé jusqu'ici, et que nous avons désignées sous le nom de perceptions qui résultent de l'activité posée du cerveau et des organes du mouvement. Ce n'est qu'en connaissant bien ces dernières perceptions qu'on peut bien comprendre ce que c'est qu'une idée et apprécier judicieusement le mécanisme de la pensée.

com

Nous avons évité de prononcer le mot sensation, parce que ce mot a reçu des acceptions si diverses qu'il nous a paru plus nuisible qu'utile. Le mot perception nous a paru beaucoup plus convenable, car il est à l'abri, jusqu'à présent, de toute fausse interprétation. Voy. p. 29.

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qui anime la matière du corps vi- | partenir en fait à aucune d'elles.

vant.

Il y a un principe de vie pour les animaux et un principe de vie pour l'homme. Cette vérité est une des plus scientifiques et des plus formelles. A quoi distingue-t-on une force? à ses effets. Eh bien, les effets du principe de vie de l'homme sont tout à fait distincts des effets du principe de vie de l'animal; donc les principes sont differents.

Jusqu'ici ces effets n'avaient pas été suffisamment distingués; mais nous avons accompli cette tâche de façon que désormais la confusion ne soit plus possible. Du côté de l'animal, la notion sensible et les mouvements instinctifs; du côté de l'homme, la notion intelligente et les mouvements intelligents tels sont les caractères distinctifs de deux principes de vie. Voy. p. 15 et aussi p. 139.

La

Raison, raisonnement. raison n'est autre chose que le principe intelligent lui-même, considéré au point de vue spécial d'une de ses aptitudes: lui seul sent le raisonnable, c'est-à-dire le juste rapport qui existe entre les choses. La raison est donc une notion qui représente une des aptitudes du principe de vie. Mais, pour être réellement, cette aptitude doit se manifester par un acte. Cet acte est celui de la pensée. Penser avec raison, c'est raisonner; c'est établir, à la faveur des signes du langage, le juste rapport qui existe entre les choses. Voy. page 446.

Rapport. Le rapport est un certain mode d'activité de l'âme qui consiste à comparer deux perceptions dans le but d'établir un caractère distinctif, non sensible,

Voy. p. 152.

Sensibilité. Il n'y a pas en psychologie d'expression qui ait reçu des acceptions aussi diverses et, disons-le, aussi erronées. Confondue par les uns avec le principe de vie lui-même, et se manifestant par conséquent sur tous les points de l'organisme, elle a été séparée de l'intelligence par les autres, et reléguée dans un petit coin de l'activité psychique. De là une grande confusion dans l'explication des problèmes psychologiques.

Aux premiers nous répondons que la sensibilité ne se développe que dans un point du cerveau, dans les couches optiques. Aux seconds nous disons que l'intelligence ne s'aurait s'empêcher d'être sensible, que l'intelligence n'est qu'un mode de percevoir, et que par conséquent on ne doit pas séparer, dans l'homme, la sensibilité de l'intelligence. La sensibilité et l'intelligence réunies représentent un même pouvoir fondamental de l'âme se montrant, selon le cas, avec le caractère sensible ou le caractère intelligent.

C'est pour éviter la confusion qui résulte des diverses manières de voir au sujet de la sensibilité que nous avons été conduit à désigner cette dernière, chez l'homme, sous le nom d'activité sensible et intelligente. Voyez page 122.

Sentiment de l'activité cérébrale. Le cerveau est le seul organe de la vie qui ait le sentiment de sa propre activité. Cependant le cerveau ne se sent pas directement. Ce sentiment ne se développe qu'à la faveur d'un mé

qui convienne à chacune sans ap-canisme physiologique qu'il serait

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Sentiment de l'individualité. · L'individu, l'être humain sont représentés sans doute dans la psychologie; mais on n'avait jamais défini l'individualité d'après ses caractères propres. Nous avons voulu combler cette lacune en dégageant par l'analyse le sentiment de l'individualité.

Après un certain temps d'expérience acquise au contact des sources impressionnantes, l'être vivant ne tarde pas à sentir son unité organique, son unité fonctionnelle et partant son unité physiologique.

Désormais l'être se sent à l'état d'individu sollicité par des besoins, et agissant dans le but de les satisfaire. Nous donnons à ce

sentiment le nom de sentiment de l'individualité. Ainsi compris, le sentiment de l'individualité résume l'ensemble des besoins de l'organisme et l'ensemble des fonctions destinées à satisfaire les besoins. A ce sentiment, représentant l'unité physiologique, correspondent des besoins et des passions, des plaisirs et des douleurs, des vices et des vertus, dont il était difficile jusqu'à présent de déterminer la nature.

Le sentiment de l'individualité est commun à tous les êtres vivants; mais nous avons dù distinguer l'individualité sensible de l'individualité intelligente. Voy. page 450 et suivantes.

Vertu. La vertu est essentiellement caractérisée par le sacrifice du plaisir fonctionnel à soi-même, à Dieu ou à ses semblables. Voy. page 71 et page 468.

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Pourquoi, demandera-t-on peut-être, un physiologiste s'occupe-t-il de psychologie? Est-ce bien son affaire? La physiologie n'est-elle pas en entier une science d'expérimentation?

C'est en répondant à ces questions que nous montrerons dans toute son évidence le but utile que nous nous sommes proposé d'atteindre.

Nous faisons de la psychologie pour deux motifs :

1° Parce que la physiologie du cerveau ne sera réellement faite, même au point de vue de l'expérimentation pure, que le jour où la psychologie aura déterminé les éléments psychiques qui doivent servir de flambeau et de guide aux physiologistes;

2o Parce que, au dire même des psychologues sincères, la psychologie, livrée pour le moment aux vents capricieux des systèmes, ne se constituera sérieusement que le jour où elle pourra prendre pied dans les faits positifs de la vie cérébrale.

Si nous pensions qu'un homme autorisé pût contre

dire la justesse de ces motifs, nous n'hésiterions pas à garder le silence; mais telle n'est point notre conviction.

Nous pouvons d'ailleurs appuyer cette manière de voir, en esquissant rapidement l'état actuel de la physiologie cérébrale et de la psychologie.

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Dès les premières années de ce siècle, la physiologie du système nerveux réalisait un progrès immense par découverte que fit Charles Bell, physiologiste anglais, de deux ordres de nerfs : les uns chargés de provoquer les mouvements, les autres destinés à recueillir les impressions sensitives. Utilisant le procédé de Charles Bell, les expérimentateurs de tous les pays n'ont eu qu'à retirer de cette idée féconde toutes les conséquences qu'elle renfermait, et aujourd'hui l'on peut dire que la physiologie des nerfs et de la moelle est à peu près faite.

On ne peut pas en dire autant de la physiologie du cerveau, et la cause en est palpable. Tant qu'on s'était borné à faire de la physiologie des nerfs et de la moelle, le procédé de Charles Bell était parfait; il suffisait, sur un animal vivant, de pincer, près de la moelle dénudée, une racine sensitive, et la contraction musculaire qui succédait à ce pincement indiquait visiblement le rôle fonctionnel de cette portion de l'axe médullaire.

Appliqué au cerveau, ce procédé ne pouvait être d'aucune utilité. Et d'abord, tandis que dans la moelle le mouvement excitateur ne détermine qu'une transformation simple de mouvement, sans autre phénomène appréciable, dans le cerveau le mouvement excitateur est transformé en chose sentie, en perception, et le mouvement réactionnel qui succède à l'impression n'est plus subordonné à une excitation simple, mais à cette perception.

En second lieu, tandis que, dans la moelle, le mouvement réactionnel succède fatalement à l'excitation de la racine sensitive, dans le cerveau l'excitation peut ne pas être suivie du même résultat.

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