Oeuvres de Molière: Le Sicilian

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Lefèvre, 1837

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Page 385 - Ah ! c'est moi ! Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre argent ! mon pauvre argent ! mon cher ami ! on m'a privé de toi ; et. puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie : tout est fmi pour moi, et je n'ai plus que faire au monde.
Page 82 - J'ai employé pour cela deux actes entiers à préparer la venue de mon scélérat. Il ne tient pas un seul moment l'auditeur en balance ; on le connoît d'abord aux marques que je lui donne ; et d'un bout à l'autre il ne dit pas un mot, il ne fait pas une action qui ne peigne aux spectateurs le caractère d'un méchant homme, et ne fasse éclater celui du véritable homme de bien que je lui oppose.
Page 115 - Aussi ne vois-je rien qui soit plus odieux Que le dehors plâtré d'un zèle spécieux, Que ces francs charlatans, que ces dévots de place, De qui la sacrilège et trompeuse grimace Abuse impunément et se joue, à leur gré...
Page 116 - Ces gens qui, par une âme à l'intérêt soumise, Font de dévotion métier et marchandise, Et veulent acheter crédit et dignités A prix de faux clins d'yeux et d'élans affectés ; Ces gens, dis-je, qu'on voit d'une ardeur non commune.
Page 83 - Les plus beaux traits d'une sérieuse morale sont moins puissants, le plus souvent, que ceux de la satire ; et rien ne reprend mieux la plupart des hommes que la peinture de leurs défauts. C'est une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée de tout le monde. On souffre aisément des répréhensions, mais on ne souffre point la raillerie. On veut bien être méchant, mais on ne veut point être ridicule.
Page 175 - Mais on trouve avec lui des accommodements. Selon divers besoins, il est une science D'étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l'action Avec la pureté de notre intention.
Page 115 - Oui, vous êtes, sans doute, un docteur qu'on révère; Tout le savoir du monde est chez vous retiré; Vous êtes le seul sage, et le seul éclairé, Un oracle, un Caton, dans le siècle où nous sommes, Et près de vous ce sont des sots, que tous les hommes.
Page 386 - C'en est fait, je n'en puis plus; je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N'y at-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m'apprenant qui l'a pris ? Euh ? que dites-vous ? Ce n'est personne.
Page 147 - L'amour qui nous attache aux beautés éternelles N'étouffe pas en nous l'amour des temporelles : Nos sens facilement peuvent être charmés Des ouvrages parfaits que le ciel a formés. Ses attraits réfléchis brillent dans vos pareilles; Mais il étale en vous ses plus rares merveilles...
Page 176 - Enfin, votre scrupule est facile à détruire. Vous êtes assurée ici d'un plein secret, Et le mal n'est jamais que dans l'éclat qu'on fait . Le scandale du monde est ce qui fait l'offense , Et ce n'est pas pécher, que pécher en silence.

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