Page images
PDF
EPUB

J'ai de mon père encor changé les volontés,

Et l'ai fait consentir à mes félicités.

ACANTHE, à Tyrène.

Ah! que cette aventure est un charmant miracle,
Et qu'à notre poursuite elle ôte un grand obstacle!
TYRÈNE, à Acanthe.

Elle peut renvoyer ces nymphes à nos vœux,
Et nous donner moyen d'être contents tous deux.

SCÈNE VII.

NICANDRE, MYRTIL, ACANTHE, TYRÈNE.

NICANDRE.

Savez-vous en quel lieu Mélicerte est cachée?

[blocks in formation]

Nous allons perdre cette beauté.

C'est pour elle qu'ici le roi s'est transporté;
Avec un grand seigneur on dit qu'il la marie.

MYRTIL.

O ciel! Expliquez-moi ce discours, je vous prie.

NICANDRE.

Ce sont des incidents grands et mystérieux.
Oui, le roi vient chercher Mélicerte en ces lieux;
Et l'on dit qu'autrefois feu Bélise sa mère,
Dont tout Tempé croyoit que Mopse étoit le frère...
Mais je me suis chargé de la chercher partout:
Vous saurez tout cela tantôt, de bout en bout.

MYRTIL.

Ah! dieux! quelle rigueur! Hé! Nicandre, Nicandre!

ACANTHE.

Suivons aussi ses pas, afin de tout apprendre'.

Le passage suivant de l'épisode de Timarète et Sésostris, dans le roman de Cyrus, renferme tout le sujet des deux actes de Mélicerte: « La condition de leurs pères leur sembloit égale, leur âge étoit proportionné : il n'y avoit pas « une bergère, en toute l'île, à qui Sésostris pût parler un quart d'heure; il n'y ⚫ avoit pas non plus un berger que Timarète pût souffrir qu'il la regardât : ainsi, ⚫ leur raison leur disant à tous deux qu'Aménophis et Thraséas voudroient bien qu'ils s'épousassent, ils abandonnèrent leur cœur sans résistance à l'amour que « leur mérite y faisoit naître. * » Il est probable que Molière auroit continué l'imitation, et que la naissance de Myrtil n'auroit pas été moins illustre que celle de Mélicerte. De toutes parts, dans ce charmant badinage, la vérité se montre sous le voile léger de la fiction; et c'est faute d'avoir pénétré dans la pensée de Molière que les commentateurs ont exercé la critique la plus sévère sur cet agréable ouvrage. Je regrette donc, malgré le sentiment de Voltaire, que Molière n'ait pas terminé Mélicerte. J'aurois aimé à saisir, dans les actes suivants, de nouvelles allusions aux amours de Louis XIV enfant avec la nièce de Mazarin, amours si bien décrits dans les Mémoires de madame de Motteville. J'aurois aimé surtout à chercher des preuves de la sollicitude paternelle de Molière pour le jeune Baron, dans le soin qu'il prenoit de donner à ce charmant enfaut un rôle où le roi luimême se trouvoit intéressé. C'est ainsi que les ouvrages de Molière doivent être éclairés. Lorsqu'on étudie avec soin l'histoire du grand siècle, tout s'explique, tout s'anime d'un nouvel intérêt, et l'on n'accuse plus le génie d'obscurité ni de foiblesse.

• Artamene, ou le Grand Cyrus, tome VI, liv. II, p. 664.

FIN DE MÉLICERTE.

PASTORALE

COMIQUE.

1666.

PERSONNAGES DE LA PASTORALE.

IRIS, jeune bergère'.

LYCAS, riche pasteur, amant d'Iris'.

PHILÈNE, riche pasteur, amant d'Iris '.

CORYDON, jeune berger, confident de Lycas, amant d'Iris ‘.
UN PATRE, ami de Philène.

[blocks in formation]

La scène est en Thessalie, dans un hameau de la vallée de Tempé.

COMIQUE.

SCÈNE I'.

LYCAS, CORYDON.

SCÈNE II.

LYCAS, MAGICIENS chantants et dansants, DEMONS.

PREMIÈRE ENTRÉE DE BALLET.

(Deux magiciens commencent, en dansant, un enchantement pour embellir Lycas; ils frappent la terre avec leurs baguettes, et en font sortir six démons, qui se joignent à eux. Trois magiciens sortent aussi de dessous terre.)

TROIS MAGICIENS CHANTANTS.

Déesse des appas,

Ne nous refuse pas

La grace qu'implorent nos bouches,

Nous t'en prions par tes rubans,
Par tes boucles de diamants,

Ton rouge, ta poudre, tes mouches,
Ton masque, ta coiffe, et tes gants.
UN MAGICIEN, seul.

O toi qui peux rendre agréables

Cette pièce trouva aussi sa place dans le Ballet des Muses, et fit partie de la fête donnée à Saint-Germain-en-Laye. Elle n'est susceptible d'aucune observation. Molière, avant de mourir, l'avoit brûlée : on n'en a conservé que les paroles chantées, qui ont été recueillies dans la partition de Lulli, auteur de la musique. Ces morceaux n'ont point de liaison, et ne peuvent indiquer ce qu'étoit cette pièce quand le dialogue existoit. (P.)

« PreviousContinue »