JUPITER Point mettre l'épée à la main; L'un de nous est Amphitryon; Et tous deux à vos yeux nous le pouvons paroitre. C'est à moi de finir cette consusion; Et je prétends me faire à tous si bien connoitre, Qu'aux pressantes clartés de ce que je puis être Lui-même soit d'accord du sang qui m'a fait naitre, Et n'ait plus de rien dire aucune occasion. C'est aux yeux des Thébains que je veux avec vous De la vérité pure ouvrir la connoissance; Et la chose sans doute est assez d'importance Pour affecter la circonstance De l'éclaircir aux yeux de tous. Ayez, je vous prie, agréable SOSIE. Je ne me trompois pas, messieurs; ce mot termine Toute l'irrésolution ; AMPHITRYON. NAUCRATès, à Amphitryon. L'éclaircissement qui doit rendre AMPHITRYON. JUPITER. AMPHITRYON. * On prétend que Boileau n'étoit point content de ces deux vers , qui ont passé en proverbe , malgré leur irrégularité. Au lieu d'où , il faudroit chez qui. On pardonne cette faute en faveur du tour et de la plaisanterie. Molière ne doit pas cette idée à Plaute, il la doit à Rotron, qui a eu la maladresse de la mettre dans la bouche d'un capitaine : « Point, point d'Ampbitryon où l'on ne dine point. Où n'est pas ici une faute; le sens est différent : où l'on ne dine pas , il n'y a point d'Amphitryon. Mais si le vers de Rotrou est correct, les deux vers de Molière sont beaucoup plus piquants , et bien mieux placés dans la bouche de Sosie. (L. B.) OEuvres de Bolleau, édition de Saint-Mare, lome , p. 24. Mais rien ne te sauroit sauver de ma vengeance. JUPITER AMPHITRYON. JUPITER. AMPATRYON, à part. Allons, courons , avant que d'avec eux il sorte, Assembler des amis qui suivent mon courroux; Et chez moi venons à main forte • Cette scène répond à la quatrième scene du quatrième acte de Plaute. Molière a mieux ménagé les convenances que son modèle. Amphitryon ne dit point ici à Jupiter qu'il en a menti, mentiris, et celui-ci pour se venger ne prend point Amphitryon à la gorge afin de l'étrangler. Plaute, dans l'interrogatoire qu'il fait subir aux deux Amphitryons , revient avec assez peu d'art à la plaisanterie de la scène seconde du premier acle sur la bouteille : ..... Nisi latult intus in illa bírnea. Plaisanterie que Plaute répète en ces termes : lotus in crumena clausum alterum esse oporluit. D'après ces observations, il est aisé de voir que si Molière n'eût été qu'un simple imitateur, il eût fait une comédie pen convenable pour des François. C'est pourtant sur la différence heureuse de cette scène de Molière , avec celle de Plaute, que madame Dacier s'écrie douloureusement que notre auteur a négligé le plus bel incident. (B.) SCÈNE VI. JUPITER, NAUCRATÈS, POLIDAS, SOSIE. JUPITER NAUCRATÈS. SOSIE. (seul.) De raconter nos vaillantises ! SCÈNE VII. MERCURE, SOSIE. MERCURE. Arrête. Quoi! tu viens ici mettre ton nez, Impudent fleureur de cuisine ! SOSIE. Ah ! de grace, tout doux ! MERCURE. Ah! vous y retournez! SOSIE. Et ne te plais point tant à frapper dessus toi.. MERCURE. A pu te donner la licence ? SOSIE. Posséder sous un même maitre. Je souffre bien que tu le sois, Et, parmi leurs contentions, MERCURE. SOSIE. MERCURE. Non! un frère incommode, et n'est pas de mon goût , Et je veux être fils unique. SOSIE. O cour barbare et tyrannique! Souffre qu'au moins je sois ton ombre. MERCURE. Point du tout. Je suis mort, au secours ! Épargne-moi, de grace ! MERCERE. (Rot Ror.) |