AMPHITRYON. O ciel! chaque instant, chaque pas Ajoute quelque chose à mon cruel martyre; Et, dans ce fatal embarras, Je ne sais plus que croire ni que dire. NAUCRATES. Tout ce que de chez vous il vient de nous conter Qu'avant que de rien faire et de vous emporter, AMPHITRYON. Allons; vous y pourrez seconder mon effort; Hélas! je brûle de l'apprendre, Et je le crains plus que la mort. AMPHITRYON, à part. Mon ame demeure transie! Hélas! je n'en puis plus, l'aventure est à bout; SOSIE, tombant à genoux. Je suis mort. NAUCRATES, à Amphitryon. Calmez cette colère. SOSIE Messieurs! POLIDAS, à Sosie. Qu'est-ce? SOSIE. M'a-t-il frappé '? AMPHITRYON. Non, il faut qu'il ait le salaire Des mots où tout-à-l'heure il s'est émancipé. SOSIE. Comment cela se peut-il faire, Si j'étois par votre ordre autre part occupé? Il est vrai qu'il nous vient de faire ce message, Après votre paix faite, Au milieu des transports d'une ame satisfaite D'avoir d'Alcmène apaisé le courroux. (Sosie se relève.) ⚫ Ce trait plaisant peint à merveille le trouble violent dans lequel la colère imprévue d'Amphitryon a jeté Sosie. Il ne pouvoit venir à Plaute, qui fait battre Sosie par Amphitryon pendant la moitié de la scène. (L. B.) AMPHITRYON. O ciel! chaque instant, chaque pas Ajoute quelque chose à mon cruel martyre; Je ne sais plus que croire ni que dire. NAUCRATES. Tout ce que de chez vous il vient de nous conter Qu'avant que de rien faire et de vous emporter, AMPHITRYON. Allons; vous y pourrez seconder mon effort; Hélas! je brûle de l'apprendre, Et je le crains plus que la mort. Mon ame demeure transie! Hélas! je n'en puis plus, l'aventure est à bout; Ma destinée est éclaircie, Et ce que je vois me dit tout. NAUCRATES. Plus mes regards sur eux s'attachent fortement, Plus je trouve qu'en tout l'un à l'autre est semblable. Messieurs, voici le véritable; L'autre est un imposteur digne de châtiment.. POLIDAS. Certes, ce rapport admirable Suspend ici mon jugement. AMPHITRYON. C'est trop être éludés par un fourbe exécrable'; NAUCRATÈS, à Amphitryon qui a mis l'épée à la main. Tout beau! l'emportement est fort peu nécessaire; Et lorsque de la sorte on se met en colère, On fait croire qu'on a de mauvaises raisons. SOSIE. Oui, c'est un enchanteur qui porte un caractère Pour ressembler aux maitres des maisons. AMPHITRYON, à Sosie. Je te ferai, pour ton partage, Sentir par mille coups ces propos outrageants. 'Ce mot est pris ici dans le sens du verbe latin eludere, qui veut dire duper, fourber; mais il n'a jamais signifié en françois qu'éviter avec adresse. SOSIE. Mon maître est homme de courage, Et ne souffrira point que l'on batte ses gens. AMPHITRYON. Laissez-moi m'assouvir dans mon courroux extrême, Et laver mon affront au sang d'un scélérat. NAUCRATÈS, arrétant Amphitryon. Nous ne souffrirons point cet étrange combat AMPHITRYON. Quoi! mon honneur de vous reçoit ce traitement ! Et mes amis d'un fourbe embrassent la défense! Loin d'être les premiers à prendre ma vengeance, Eux-mêmes font obstacle à mon ressentiment! NAUCRATES. Que voulez-vous qu'à cette vue Lorsque par deux Amphitryons Toute notre chaleur demeure suspendue? Et l'imposteur par nous doit mordre la poussière; |