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AMPHITRYON,

COMÉDIE EN TROIS ACTES.

1668.

PERSONNAGES DU PROLOGUE.

MERCURE.

LA NUIT.

PERSONNAGES DE LA COMÉDIE.

JUPITER, sous la forme d'Amphitryon'.
MERCURE, sous la forme de Sosie'.
AMPHITRYON, général des Thébains3.

ALCMÈNE, femme d'Amphitryon‘.

CLÉANTHIS, suivante d'Alcmène et femme de Sosie'.

ARGATIPHONTIDAS®,

NAUCRATÈS,

capitaines thébains.

POLIDAS,

PAUSICLÈS,

SOSIE, valet d'Amphitryon'..

LA THORIllière. 2 DU CROISY.- LA GRANGE. 4 Mademoiselle MOLIÈRE. - Magdeleine BÉJART.

CHATEAUNEUF. — MOLIÈRE.

La scène est à Thèbes', devant la maison d'Amphitryon.

Ville de Béotie bâtie par Cadmus. Amphitryon, chassé d'Argos par son oncle Sthénélus, s'étoit réfugié à Thèbes. (L. B.)

A SON ALTESSE SÉRÉNISSIME

MONSEIGNEUR

LE PRINCE.

MONSEIGNEUR,

N'en déplaise à nos beaux esprits, je ne vois rien de plus ennuyeux que les épitres dédicatoires; et VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME trouvera bon, s'il lui plait, que je ne suive point ici le style de ces messieurs-là, et refuse de me servir de deux ou trois misérables pensées qui ont été tournées et retournées tant de fois, qu'elles sont usées de tous les côtés. Le nom du GRAND CONDÉ est un nom trop glorieux pour le traiter comme on fait tous les autres noms. Il ne faut l'appliquer, ce nom illustre, qu'à des emplois qui soient dignes de lui; et, pour dire de belles choses, je voudrois parler de le mettre à la tête d'une armée plutôt qu'à la tête d'un livre; et je conçois bien mieux ce qu'il est capable de faire en l'opposant aux forces des ennemis de cet état, qu'en l'opposant à la critique des ennemis d'une comédie.

Ce n'est pas, MONSEIGNEUR, que la glorieuse approbation de VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME ne fut une puissante protection pour toutes ces sortes d'ouvrages, et qu'on ne soit persuadé des lumières de votre esprit autant que de l'intrépidité de votre cœur et de la grandeur de votre ame. On sait, par toute la terre, que l'éclat de votre mérite n'est point renfermé dans les bornes de cette valeur indomptable qui se fait des adorateurs chez ceux même qu'elle surmonte; qu'il s'étend, ce mérite, jusques aux connoissances les plus fines et les plus relevécs, et que les décisions de votre jugement sur tous les ouvrages d'esprit ne manquent point d'être suivies par le sentiment des plus délicats.

Mais on sait aussi, MONSEIGNEUR, que toutes ces glorieuses approbations dont nous nous vantons au public ne nous coûtent rien à faire imprimer; et que ce sont des choses dont nous disposons comme nous voulons. On sait, dis-je, qu'une épître dédicatoire dit tout ce qu'il lui plait, et qu'un auteur est en pouvoir d'aller saisir les personnes les plus augustes, et de parer de leurs grands noms les premiers feuillets de son livre; qu'il a la liberté de s'y donner, autant qu'il veut, l'honneur de leur estime, et se faire des protecteurs qui n'ont jamais songé à l'être.

Je n'abuserai, MONSEIGNEUR, ni de votre nom, ni de vos bontés, pour combattre les censeurs de l'Amphitryon, et m`attribuer une gloire que je n'ai pas peut-être méritée : et je ne prends la liberté de vous offrir ma comédie que pour avoir lieu de vous dire que je regarde incessamment, avec une profonde vénération, les grandes qualités que vous joignez au sang auguste dont vous tenez le jour, et que je suis, MONSEIGNEUR, tout le respect possible, et tout le zèle imaginable,

avec

DE VOTRE ALTESSE SÉRÉNISSIME

Le très humble, très obéissant,

et très obligé serviteur,

J.-B. P. MOLIÈRE.

AU ROI,

SUR

LA CONQUÊTE DE LA FRANCHE-COMTÉ '.

Ce sont faits inouis, GRAND ROI, que tes victoires!
L'avenir aura peine à les bien concevoir;

Et de nos vieux héros les pompeuses histoires
Ne nous ont point chanté ce que tu nous fais voir.

Quoi! presque au même instant qu'on te l'a vu résoudre,
Voir toute une province unie à tes états!

Les rapides torrents, et les vents, et la foudre,
Vont-ils, dans leurs effets, plus vite que ton bras?

N'attends pas, au retour d'un si fameux ouvrage,

Des soins de notre muse un éclatant hommage.

Cet exploit en demande, il le faut avouer.

Mais nos chansons, GRAND ROI, ne sont pas si tôt prêtes ;
Et tu mets moins de temps à faire tes conquêtes

Qu'il n'en faut pour les bien louer.

On sait que Molière eut plusieurs fois l'honneur de complimenter le roi sur ses conquêtes : mais aucun de ses compliments n'avoit encore été recueilli. Celui-ci fut sans doute prononcé sur le théâtre; il est resté inconnu à tous les édi eurs de Molière, et ne se trouve que dans l'édition d'Amphitryon publiée en 1670 chez Jean Ribou.

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