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COMPLÈTES

DE MOLIERE

ÉDITION VARIORUM-

précédée d'un Précis

DE L'HISTOIRE DU THEATRE EN FRANCE
DE LA BIOGRAPHIE DE MOLIÈRE I RECTIFIÉE
accompagnée des Variantes, Pièces et Fragments de pièces
retrouvés dans ces derniers temps

DE NOTICES HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES SUR CHAQUE COMÉDIE
DU RÉSUMÉ DES TRAVAUX CRITIQUES PUBLIÉS SUR MOLIÈRE

PAR VOLTAIRE, LA HARPE, CAILHAVA, AUGER, BAZIN, SAINTE-BEUVE,
SAINT-MARC GIRARDIN, GÉNIN, AIMÉ MARTIN, NISARD, TASCHEREAU, GRIMAREST, PETITOT, E. SOULIÈ
E. FOURNIER, BEFFARA, ETC., ETC.

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COMÉDIE-BALLET EN CINQ ACTES,

1664.

NOTICE.

« Cette pièce, dit Bret, fut jouée pour la première fois à Versailles le 8 mai 1664. Elle fit partie des fêtes que Louis XIV donna à la reine sa mère, à Marie-Thérèse son épouse, sous le titre des Plaisirs de l'Ile enchantée'. Ces fêtes célèbres, où l'on a cru voir aussi un hommage secret à mademoiselle de la Val lière, offrirent, pendant sept jours, tout ce que la magnificence et le bon goût du prince, le génie et les talents de tous ceux qui le servoient, pouvoient enfanter de plus merveilleux et de plus varié. L'Italien Vigarani, un des plus ingénieux décorateurs et des plus surprenants machinistes qu'on ait vus; le célèbre Lulli, qui annonça dans cette fête les charmes de sa mélodie; le président de Périgny, chargé des vers consacrés aux éloges des reines; Benserade, si connu par son double talent de ljer la louange du personnage dramatique avec celle de facteu Molière enfin, qui fit les honneurs de la seconde journée par la Princesse d'Elide, et coux de la sixième par les trois premiers actes du Tartufe: tout cela rendit cette fete des plus étonnantes que l'Europe ait jamais vues. Presse par le temps, Molière emprunta la fable de la Princess d'aide Agostino Mareto, auteur espagnol très-estimé; et éd.fúi une galanterie fine de la part de Molière, de présenter à deux reines, Espagnoles de naissance, l'imitation d'un des meilleurs ouvrages du théâtre de leur nation. La pièce de Moreto est intitulée El desdén con el desdén, dédain pour dédain. »

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La plupart des commentateurs, enthousiastes à l'excès, ont dit que Molière était, dans sa copie, bien supérieur à Moreto.

'Le récit de ces fêtes, rédigé par ordre de Louis XIV, a été reproduit dans quelques éditions de Moliere. Quant à nous, nous l'avons écarté comme un bagage inutile, nous réservant seulement d'en donner ce qui se rattache directement à Molière.

M. Viardot émet, non sans cause, un avis tout opposé. Voltaire se montre également sévère. Suivant lui, le genre sérieux et galant n'était point dans le génie de Molière; car, dit-il, « cette espèce de poëme n'ayant ni le plaisant de la comédie, ni les grandes passions de la tragédie, tombe naturellement dans l'insipidité. La Princesse d'Élide réussit beaucoup dans une cour qui ne respiroit que la joie, et qui, au milieu de tant de plaisirs, ne pouvoit critiquer avec sévérité un ouvrage fait à la hâte pour embellir la fête... Mais rarement les ouvrages faits pour des fêtes réussissent-ils au théâtre de Paris. Ceux à qui la fête est donnée sont toujours indulgents; mais le public est toujours sévère.» L'extrême précipitation avec laquelle la pièce fut composée peut du reste servir d'excuse à l'auteur. Ce fut plutôt un canevas qu'une véritable œuvre dramatique, et ce qui le prouve, c'est que l'auteur ne put écrire en vers que le premier acte et la première scène du second.

La Princesse d'Élide n'ajouta rien à la gloire de Molière; mais s'il fallait s'en rapporter à la plupart des commentateurs, elle doit faire date dans sa vie, car elle fut pour sa femme l'occasion des premiers désordres, et l'on sait quelle influence exercèrent sur le génie du poëte les infortunes du mari. Voici ce qu'on lit à ce propos dans le travail de M. Taschereau :

<< Mademoiselle Molière', qui, jusque-là chargée seulement de rôles secondaires, n'avait pas encore trouvé l'occasion de faire éclater dans tout leur jour ses grâces attrayantes et son talent aimable, remplissait celui de la princesse. Elle obtint, par la manière dont elle s'en acquitta, les suffrages de tout ce que Versailles renfermait alors de plus brillant, et les jeunes seigeurs s'empressèrent autour d'elle. Fière de tant d'hommages, langutele ole sen laissa enivrer. Elle s'éprit du comte de Guiche, fils du duc de Grammont, l'hommele pius agréable de la cour, et rebuta perda quelque temps.le conte de Lauzun. Mais, soit froideur natutello, comme le fait entendre un historien, soit qu'il fût.ocoupé par une autre passion; le comte de Guiche ne répondit pas aux avaitges de marlenroiselle Molière. Celle-ci, fatiguée de soupirer en vain se résigne à écouter Lauzun, qui préfudait par les comédiennes pour relever bientôt aux filles des rois. Ce commerce dara.quelque temps; mais d'obligeants amis, d'autres disent un amant trompé, l'abbé de Richelieu, en instruisirent Molière. Il demanda une explication à sa femme, qui se tira de cette situation difficile avec tout le talent et tout l'art qu'elle mettait à remplir ses rôles. Elle avoua adroitement son

...

'Au dix-septième siècle, les femmes mariées, dans la bourgeoisie riche, gar daient, en prenant le nom de leur mari, le titre de mademoiselle. Mademoiselle Molière a toujours la même signification que madame Molière.

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