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garde. On l'empoigne et on le mène au constable; il déblatère en chemin, et finit, au milieu de ses hoquets et de ses rabâchages d'ivrogne, par proposer au constable d'aller pêcher quelque part ensemble une bouteille et une fille. Il rentre enfin « couvert de sang et de boue, » grondant comme un dogue, les yeux gonflés, rouge, appelant sa nièce salope et sa femme menteuse. Il va à elle, l'embrasse de force, et comme elle se détourne: « Ah! ah! je vois que cela vous fait mal au cœur. Eh bien ! justement à cause de cela, embrassez-moi encore une fois. » Là-dessus il la chiffonne et la bouscule : « Bon; maintenant que vous voilà aussi sale et aussi torchonnée que moi, les deux cochons font la paire'. » Il veut prendre la théière dans une armoire, enfonce la porte d'un coup de pied, et découvre le galant de sa femme avec celui de sa nièce. Il tempête, vocifère de sa langue pâteuse un radotage d'imbécile, puis tout d'un coup tombe endormi. Son valet arrive et charge sur son dos cette carcasse inerte. C'est le portrait du pur animal, et je trouve qu'il n'est pas beau.

petticoat, except four generous whores, with Betty Sands at the head of them, who are drunk with my Lord Rake and I ten times in a fortnight.

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LADY BRUTE (kissing him).

There; now go. (Aside.) He stinks like poison.

SIR JOHN.

I see it goes damnably against your stomach, and therefore kiss me again. (Kisses and tumbles her.)

So now, you being as dirty and as nasty as myself, we may go pig together.

2. Come to your kennel, you cuckoldy drunken sot you.

Voilà le mari, voyons le père, sir Tunbelly, un gentilhomme campagnard, élégant s'il en fut. Tom Fashion frappe à la porte du château, qui a l'air d'un poulailler, et où on le reçoit comme dans une ville de guerre. Un domestique paraît à la fenêtre, l'arquebuse à la main; à grand'peine, à la fin, il se laisse persuader qu'il doit avertir son maître : «< Vas-y, <«< Ralph, mais écoute; appelle la nourrice pour «< qu'elle enferme miss Hoyden avant que la porte << soit ouverte1; » vous remarquez que dans cette maison on prend des précautions à l'endroit des filles. Sir Tunbelly arrive avec ses gens munis de fourches, de faux et de gourdins, d'un air peu aimable, et veut savoir le nom du visiteur : « car tant que je ne saurai pas votre nom, je ne vous deman << derai pas d'entrer chez moi, et quand je saurai « votre nom, il y a six à parier contre quatre que

je ne vous le demanderai pas non plus 2. » Il a l'air d'un chien de garde qui gronde et regarde les mollets d'un intrus. Mais bientôt il apprend que cet intrus est son futur gendre: il s'exclame, il s'excuse, il crie à ses domestiques d'aller mettre en place les chaises de tapisserie, de tirer de l'armoire les grands chandeliers de cuivre, de « lâcher » miss

1. Ralph, go thy weas, and ask Sir Tunbelly, if he pleases to be waited upon. And dost hear? Call to nurse that she may lock up Miss Hoyden before the gate's open.

2. Till I know your name, I shall not ask you to come into my house; and when I know your name, 'tis six to four I don't ask you neither.

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Hoyden, de lui faire passer une gorgerette propre, <«< si ce n'a pas été aujourd'hui le jour du change<«< ment de linge'. » Le faux gendre veut épouser Hoyden tout de suite: « Oh! non, sa robe de noces « n'est pas encore arrivée. Si, tout de suite, sans «< cérémonie, cela épargnera de l'argent. De l'ar« gent, épargner de l'argent, quand c'est la noce d'Hoyden! Vertudieu! je donnerai à ma donzelle << un dîner de noces, quand je devrais aller brou«ter l'herbe à cause de cela comme le roi d'Assy

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rie, et un fameux dîner, qu'on ne pourra pas «< cuire dans le temps de pocher un œuf. Ah! pau« vre fille, comme elle sera effarouchée la nuit des <«< noces! car, révérence parler, elle ne reconnaî« trait pas un homme d'une femme, sauf par la « barbe et les culottes. » Il se frotte les mains, fait l'égrillard. Plus tard il se grise, il embrasse les dames, il chante, il essaye de danser. « Voilà ma fille; prenez, tâtez, je la garantis, elle pondra

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1. Cod's my life! I ask your Lordship's pardon ten thousand times. (To a servant.) Here, run in a-doors quickly. Get a Scotch-coal fire in the great parlour; set all the Turkey-work chairs in their places; get the great brass candlesticks out, and be sure stick the sockets full of laurel. Run! And do you hear, run away to nurse; bid her let Miss Hoyden loose again, and, if it is not shifting day, let her put on a clean tucker, quick!

2. Ah! poor girl, she will be scared out of her wits on her wedding night.

Udswoon, I'll give my wench a wedding-dinner, though I go to grass with the King of Assyria for it.

Not so soon. That is shocking my girl, before you bid her stand. Besides, my wench's wedding-gown is not come home yet.

<«< comme une lapine apprivoisée 1. » Arrive Foppington, le vrai gendre. Sir Tunbelly, le prenant pour un imposteur, l'appelle chien; Hoyden propose qu'on le traîne dans l'abreuvoir; on lui lie les pieds et les mains, et on le fourre dans le chenil; sir Tunbelly lui met le poing sous le nez, voudrait lui enfoncer les dents jusque dans le gosier. Plus tard, ayant reconnu l'imposteur: « Mylord, dit-il du pre<«<mier coup, lui couperai-je la gorge, ou sera-ce <«< vous ? » Il se démène, il veut tomber dessus à grands coups de poing. Tel est le gentilhomme de campagne, seigneur et fermier, boxeur et buveur, braillard et bête. Il sort de toutes ces scènes un fumet de mangeaille, un bruit de boùsculades, une odeur de fumier.

Tel père, telle fille. Quelle ingénue que miss Hoyden! Elle gronde toute seule « d'être enfermée «< comme la bière dans le cellier. Heureusement

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qu'il me vient un mari, ou, par ma foi! j'épouse<< rais le boulanger, oui, je l'épouserais3! » Quand

1. Ha! there is my wench, I' faith. Touch and take, I'll warrant her; she'll breed like a tame rabbit.

2. My lord, will you cut his throat, or shall I?

Here, give my dog-whip.

Here, here, here, let me beat out his brains, and that will decide it.

Ha! they bill like turtles. Udsookers, they set my old blood a-fire. I shall cuckold somebody before morning.

3. It's well I have a husband a-coming, or, ecod, I'd marry the baker; I would so. Nobody can knock at the gate; but presently I must be locked up; and here's the young grey-hound bitch can run loose about the house all the day long, she can. 'Tis very well.

la nourrice annonce l'arrivée du futur, elle saute de joie, elle embrasse la vieille : « O bon Dieu!

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je vais mettre une chemise à dentelles quand je

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<< devrais pour cela être fouettée jusqu'au sang'. Tom vient lui-même et lui demande si elle veut être sa femme. « Monsieur, je ne désobéis jamais à mon « père excepté pour manger des groseilles vertes'. Mais votre père veut attendre une semaine? -<< Oh! une semaine! je serai une vieille femme après tant de temps que cela3! Je ne puis pas traduire toutes ses réponses. Il y a un tempérament de chèvre sous ses phrases de servante. Elle épouse Tom en secret, à l'instant, et le chapelain leur souhaite beaucoup d'enfants'.« Par ma foi ! dit«elle, de tout mon cœur! plus il y en aura, plus << nous serons gais, je vous le promets, hé! nour<< rice. » Mais le vrai futur se présente, et Tom se

1. O Lord, I'll go put on my laced smock, though I'm whipped till the blood run down my heels for it.

2. Sir, I never disobey my father in anything but eating of green gooseberries....

3. A week! Why, I shall be an old woman by that time! 4. Ecod, with all my heart! The more the merrier, I say; ha! nurse!

5. Le caractère de la nourrice est excellent. Fashion la remercie de l'éducation qu'elle a donnée à Hoyden:

Alas, all I can boast of is, I gave her pure good milk, and so your honour would have said, an you had seen how the poor thing sucked it! Eh! God's blessing on the sweet face on it How it used to hang at this poor teat, and suck and squeeze, and kick, and sprawl it would, till the belly on't was so full, it would drop off like a leech!»>

Cela est vrai, même après la nourrice de Juliette dans Shakspeare.

LITT. ANGL.

II

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