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SYNONYMES À RADICAUX DIVERS.

Nettoyer, rendre net, c'est, non pas faire qu'une chose ne renferme rien qui lui nuise, qui la rende mauvaise, mais faire qu'elle ne soit couverte d'aucune matière qui la salisse, d'aucune ordure, c'est la rendre propre. « Un paysan, qui se sentait mordu de vermine, nettoya une et deux fois sa chemise, mais à la troisième il la jeta au feu.» ROLL. « Vous avez nettoyé votre langue de cette rouille barbare et de cette crasse bour

accessoires. D'abord il marque pour l'ordinaire une action complète en un seul coup. Ainsi on nettoie la tranchée ou on la balaye, c'est-à-dire que, comme d'un seul coup de balai, on y fait place nette en expulsant les assiégeants. « Charles XII et les siens poursuivent les Turcs de chambre en chambre, tuent ou blessent ceux qui ne fuient point, et en un quart d'heure net

mesure que le globe s'attiédissait, le chaos se débrouillait, l'atmosphère s'épurait. » BUFF.-Au moral, les nuances sont les mêmes. « Après que la patience des saints aura été épurée jusqu'au degré que Dieu veut, il mettra fin au temps des épreuves. Boss. « L'exercice de l'amour épure aimer de plus en le cœur en lui apprenant plus. ID. « Nous avançons dans la possession de la verité à mesure que l'amour de la vérité s'épure en nous. » ID. « Dans les temps du chris-geoise.» VOLT. Nettoyer se distingue par deux tianisme, les lois civiles se sont de plus en plus épurées. ID. C'est là cette parfaite purification, par laquelle l'amour s'épure peu à peu. » ID. A force de vouloir épurer la religion, les sectes protestantes ont fini par n'en avoir plus. » MASS. Il faut beaucoup d'années pour épurer la langue et le goût. » VOLT. « Cela fait voir combien il a fallu de temps pour épurer la langue. ID. On épure ses goûts, sa raison, son es-toient la maison d'ennemis. » VOLT. Ensuite, les prit, son jugement, ses idées, ses vues, ses pensées, ses affections, ses sentiments, ses intentions, ses mœurs, son style, le langage, en les rectifiant, en les perfectionnant de plus en plus. Purger la langue, c'est en retrancher les ex-Christ nettoya le temple de voleurs, comme il les pressions barbares, triviales ou incorrectes. La appelle. » Boss. Nettoyer la province des jépurifier, c'est, par une action intime exercée sur suites qui s'y trouvent. » S. S. son génie même, faire qu'elle se développe d'une façon plus régulière et prenne de meilleurs tours de phrases. L'épurer, c'est la purger et la purifier avec soin, de plus en plus, jusqu'à la rendre élégante, polie et délicate.

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personnes ou les choses dont on nettoie une place sont considérées avec mépris comme une écume ou une crasse qu'on enlève. On nettoie la mer de corsaires, les chemins de voleurs. « Jésus

Et toi, Neptune, et toi, si jadis mon courage
D'infames assassins nettoya ton rivage,
Souviens-toi que, pour prix de mes efforts heureux,
Tu promis d'exaucer le premier de mes vœux.
(Thésée dans Phèdre). Rac.

QUALITÉ, TALENT. On entend par qualités ou par talents d'une personne quelle elle est (qualis), ce qu'elle est, ce qui la distingue.

Mais la qualité est quelque chose de passif, une manière d'être; et le talent, quelque chose d'actif, une aptitude, une vocation. Avec telles qualités on a tel caractère et par suite telles mœurs, on est bon ou mauvais, parfait ou imparfait; et avec tels talents on est propre à telles fonctions, à faire telles ou telles choses, on est plus ou moins habile. On se fait aimer ou haïr par ses qualités; on se fait rechercher par ses talents. On dit les qualités d'un honnête homme, d'une femme, d'un mari; et les talents d'un' négociateur, d'un courtisan, d'un artiste. La qualité rend tel ou tel, le talent fait réussir. « Les séminaires sont des maisons où on dresse de jeunes clercs, dont on démêle les bonnes et les mauvaises qualités, les unes pour les faire croitre, et les autres pour les retrancher et les corriger; et dont on étudie le naturel, le génie, les forces, les talents, afin de les appliquer chacun à ce qui leur convient. » BOURD. « M. de La Chaussée fut connu et estimé de bonne heure de La Motte, qui, entre autres qualités estimables, avait celle d'encourager et de faire valoir les talents naissants. » D'AL. « Le chien a par excellence toutes les qualités intérieures qui peuvent lui attirer les regards de l'homme. Un

Q

naturel ardent, colère, même féroce et sangui-
naire, rend le chien sauvage redoutable à tous
les animaux, et cède dans le chien domestique
aux sentiments les plus doux : il vient en ram-
pant mettre aux pieds de son maître son courage,
sa force, ses talents; il attend ses ordres pour
en faire usage. » BUFF. On a une qualité, on
exerce un talent. « Il ne sera pas dit qu'on
triomphe de mon adresse; ma qualité de fourbe
s'indigne de tous ces obstacles, et je prétends
faire éclater les talents que j'ai reçus du ciel. >>
(Hali, valet dans le Sicilien). MOL. « Sans avoir
brillé par des talents supérieurs, une conduite
uniforme, des vues toujours pures et toujours
dirigées vers le bien public, un attachement
constant aux maximes aristocratiques, en un
mot toutes les qualités d'un excellent citoyen et
d'un sage sénateur avaient acquis à Catulus une
grande autorité. » ROLL. On a le talent et non la
qualité de faire une chose. « Vous êtes d'une
certaine qualité, et vous ne vous sentez point
d'autre talent que celui de faire de froids dis-
cours. » Labr.

Les qualités peuvent se rapporter au cœur ou à l'âme; les talents se rapportent toujours à l'esprit. De là pour les unes et pour les autres deux différentes sortes d'estime. « Quelles sont donc les qualités du cœur et les talents de l'esprit dont la nature a doué l'homme à l'exclusion de la

femme?» MARM. « Dans le plaidoyer de Cicéron pour Muréna les qualités du cœur se font admirer encore plus que les talents de l'esprit. » ROLL.M. le Prince avait hérité des grandeurs, des lumières du prince de Condé, des rares talents de son esprit, et de ses qualités héroïques. » BOURD.

Les qualités peuvent avoir été apportées en naissant ou contractées par l'habitude; les talents sont plutôt des dons de la nature. « Que la nature nous ait doués des plus belles qualités, ces qualités naturelles sont des talents, mais il les faut cultiver. » BOURD. « Dans le chien, les talents naturels se réunissent aux qualités acquises.» BUFF. « Le chien de berger est de tous les chiens celui qui a le moins de qualités acquises et le plus de talents naturels. » ID.

QUAND, LORSQUE, COMME. Adverbes de temps.

Entre quand et lorsque la différence est bien simple et bien évidente. Quand est général, vague, hypothétique, relatif à un fait possible ou idéal. En effet il s'emploie seul toutes les fois qu'il y a doute: Quand viendrez-vous? A quand la partie? Je ne sais quand je pourrai sortir; j'irai vous trouver, mais je ne puis dire quand; quand on découvrirait votre demarche, on ne pourrait la blâmer. « C'est presque toujours la faute de celui qui aime, de ne pas connaître quand on cesse de l'aimer. » LAROCH. « On ne peut rien apprendre qui nous instruise quand, comment, de quelle manière, et pourquoi les anges ont été créés. » VOLT. Au contraire, lorsque est précis, positif, historique, relatif à un fait réel lorsque Alexandre pénétra dans l'Inde (ACAD.); lorsque le siége de l'empire fut établi en Orient (MONTESQ.); lorsque Auguste eut conquis l'Egypte (ID.); lorsque je fus un instant votre voisin (J.J.); lorsque Saül fut déclaré roi (VOLT.). - Quand, quando, annonce un temps ou un fait en question, quelconque, indéterminé, incertain; et lorsque, alors que, à l'heure que, un temps ou un fait particulier, fixe, positif, assuré. Si vous venez, apportez-moi telle chose quand vous viendrez; puisque vous devez venir, apportez-moi telle chose lorsque vous viendrez.

Dans les propositions générales où il est question, non de ce qui est arrivé, mais de ce qui peut avoir lieu ou de ce qui a lieu parfois, où on parle d'une manière absolue, indépendamment des cas ou des événemeuts particuliers, quand est le seul mot qui convienne. « La première chose qui s'offre à l'homme quand il se regarde, c'est son corps. » PASC. « Quand on se porte bien, on ne comprend pas comment on pourrait faire si on était malade. » ID. « Quand nous voulons voir, il faut ouvrir les yeux. » Boss. « Quand

étaient renfermés dans la sphère du ciel et de la lune, lorsque, durant le cours de tant de siècles, ils n'avaient point encore remarqué de corruptions ni de générations hors de cet espace? Mais ne devons-nous pas assurer le contraire, lorsque toute la terre a vu sensiblement des comètes s'enflammer, et disparaître bien loin au delà de cette sphère?» PASC. «Ezéchias ne se rendit pas moins célèbre lorsqu'il assembla les lévites pour les obliger à purifier le temple. » Bosa. « Il paraît certain que lorsque Arbace révolta les Medes contre Sardanapal, il ne fit que les affranchir. » ID. « Tous ces contes furent écrits dans des galetas, et entièrement ignorés de l'empire romain. Lorsque ensuite les moines furent établis, ils augmentèrent prodigieusement le nombre de ces rêveries.» VOLT. « Les Romains reçurent dans leur ville les dieux des autres pays; mais lorsque les étrangers vinrent eux-mêmes les rétablir, on les réprima d'abord. » MONTESQ.

Comme est très-propre à éclaircir et à confirmer au besoin la distinction ci-dessus établie; car; sans être synonyme de quand, il l'est de lorsque, dont il possède à un degré supérieur le caractère distinctif, étant encore plus précis ou plus déterminé que lui. Vous direz en général : quand on entre, c'est-à-dire, si on entre, toutes les fois qu'on entre, à l'église, on doit être respectueux; ou, en parlant de l'habitude, de la conduite ordinaire d'une personne quand elle entre à l'église, elle est respectueuse. Mais dans une occasion particulière on dira: lorsque cette personne entra dans l'église, elle témoigna beaucoup de respect. Que si on veut marquer plus rigoureusement encore qu'au moment même de l'entrée d'une personne dans l'église, tel événement eut lieu, on se servira de comme : comme elle entrait dans l'église, je l'abordai, le pied lui glissa, ou autre chose semblable. Pompadour fut arrêté à huit heures, comme il se levait. » S. S. Alcée, qui était auprès de Pisistrate, le soutint comme il allait tomber. » FÉN. « Comme je fermais la lettre que je vous ai écrite, je fus visité par M. N. » PASC. « Comme on le menait au supplice,... » Boss. « Comme nous partions pour nous en retourner,... » J. J.

QUERELLER, GRONDER, TANCER. Maltraiter de paroles.

GOURMANDER,

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De ces maris fàcheux,

On querelle en public, ouvertement : « Cleeon veut se prévaloir de la décision d'un législa-bule disait qu'un homme ne devait jamais caresteur, il faut que cette décision soit précise et ser sa femme ni la quereller devant les étranclaire.» VOLT. « Quand nous sommes las d'ai-gers. » FÉN. Mais on gronde dans l'intimitė: mer, nous sommes bien aises qu'on nous devienne infidèle. LAROCH. Mais dans les propositions particulières, où il s'agit de ce qui s'est effectivement passé, où l'on raconte, c'est lorsque qui doit être préféré. « Les anciens n'avaient-ils pas sujet de dire que tous les corps corruptibles

Qui jamais sans gronder ne reviennent chez eux.

MOL..

Tant que le jour est long, il gronde entre ses dents. REGA.

Vous êtes avec moi toujours prête à gronder.

Je parais toute sotte alors qu'on me querelle.

REGN.

à la vigne (vendanger).... Madame d'Orhe se charge de faire avertir et tancer les paresseux..>

— Lé querelleur est un emporté; le grondeur, un | J. J. grognon.

Voir un prince emporté....

Qui, dans les soins jaloux où son âme se noie, Querelle également mon chagrin et ma joie. MOL. Dans le Distrait de Regnard, Mme Grognac gronde sans cesse sa fille et ses valets. En un sens, quereller enchérit sur gronder, puisqu'on querelle à voix haute, vivement, en faisant des plaintes, en poussant des cris, et qu'on gronde à demi-voix, entre ses dents : « Tiens, ma Julie, gronde-moi, querelle-moi, bats-moi ; je souffrirai tout, mais je n'en continuerai pas moins à te dire ce que je pense. » J. J.

On querelle tout le monde, tout le monde pouvant être l'objet de notre humeur et de notre dépit « L'abbé d'Andigné nous conta tout ce que je viens d'écrire; ce ne fut pas sans le que reller avec dépit, d'avoir rûlé de si précieux mémoires.» S. S. On ne gronde que les personnes contre lesquelles on ne crie pas fort, les amis, les parents, et, ce qui fait qu'on les gronde, c'est l'intérêt qu'on leur porte plutôt que l'envie de disputer, de décharger sa bile: « Quand nos amis nous manquent, il faut les gronder. » J. J.

On querelle qui peut se défendre, répondre, entrer en querelle ou en discussion, soit par son rang, soit parce qu'on ne lui impute que des torts imaginaires ou très-faibles. C'est ainsi que, ne sachant plus à qui s'en prendre d'une chose, on querelle le sort (MOL.); c'est ainsi qu'on querelle les malheureux pour se dispenser de les plaindre (VAUV.). Au contraire, on a toujours droit de gronder, soit parce qu'on a l'autorité, la supériorité, soit parce qu'on se fonde sur des griefs incontestables ou de conséquence. Un mari, un père, grondent à l'occasion de fautes commises, dont ils espèrent prévenir le retour. Quelquefois on querelle comme on chicane, pour rien; on ne gronde guère sans un sujet, si mince qu'il soit, sans raison' au moins appa

rente.

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En chaire on ose bien tancer de petites faiblesses et des fragilités communes; mais les passions désastreuses, les fléaux politiques, qui ose les attaquer? » MARM.

J'ai voulu prendre un peu de liberté.

Ciel! comme elle a tance ma hardiesse! VOLT. QUITTER, ABANDONNER, RENONCER. Ne pas tenir davantage à une chose, cesser de la garder, de s'en occuper ou de la demander. « On n'était reçu dans l'Eglise qu'après avoir renoncé au monde. Entre ces deux partis on quittait celui-ci pour entrer dans celui-là on abandonnait les maximes de l'un pour suivre celles de l'autre. » PASC. « Les thérapeutes abandonnent leurs biens à leurs parents ou à leurs amis; ils quittent leurs pères, leurs mères...; ils renoncent, en un mot, à tous les attachements terrestres. » COND.

Quitter et abandonner se distinguent nettement de renoncer. Ils peuvent exprimer une action involontaire, et se rapporter à une position mauvaise aussi bien qu'à quelque chose d'avantageux. Quitter et abandonner une position, une étude, un dessein, un ouvrage, marquent le simple fait de ne plus s'y adonner, et les choses ainsi quittées ou abandonnées peuvent être déplaisantes ou nuisibles. Au contraire, on renonce toujours volontairement, expressément, avec quelque peine, à quelque chose qui est cher ou qui doit l'être. Ce n'est plus seulement une séparation, c'est un sacrifice. On renonce à regret, en se faisant une sorte de violence, mais résolûment, à une profession, à une étude, à un dessein, à un ouvrage qu'on aimait, ou bien qui rendait ou promettait beaucoup. On renonce au plaisir, à Gourmander, c'est quereller ou gronder avec des attachements, à des espérances. « Il n'est dureté et impérieusement, comme on fait à l'é- pas si facile qu'on pense de renoncer à la vertu : gard d'un cheval qu'on mène rudement après elle tourmente longtemps ceux qui l'abandonl'avoir gourmé ou à l'aide de la gourmette. Onnent. » J. J. « Les jeunes Athéniens quittaient gourmande, non pas seulement comme on que-père et mère, et renonçaient à toutes leurs parties relle, d'une manière vive et emportée, mais en de plaisir pour s'attacher à Socrate et pour l'enmaître, sans ménagement, d'une manière despotique, inflexible, impitoyable. C'est ainsi que Lucien et Boileau ont gourmandé les vices (FEN., BOIL). Gourmandez-vous vous-même sans pitié sur la vie molle, oisive et amusée. » FÉN. « C'est ainsi que Montaigne gourmande si fortement et si cruellement la raison dénuée de la foi, que.... » PASC.« Alceste ne peut supporter les vices des hommes et les gourmande avec une aigreur intraitable. 'LAH. « Il est fort impérieux, il veut gourmander tout le monde. >> ACAD.

Tancer est familier. Il ne se dit que dans la conversation, ou en plaisantant, ou en parlant de légers défauts. « On se rassemble pour aller

tendre. ROLL. « Christine, reine de Suède,
vint à Paris. On admira en elle une jeune reine,
qui à vingt-sept ans avait renoncé à la souverai-
neté dont elle était digne, pour vivre libre et
tranquille. Il est honteux aux écrivains protes-
tants d'avoir osé dire, sans la moindre preuve,
qu'elle ne quitta sa couronne que parce qu'elle
ne pouvait plus la garder. » VOLT.

Mais voyant de ses yeux tous les brillants baisser,
Au monde qui la quitte elle veut renoncer,
Et du voile pompeux d'une haute sagesse
De ses allra ts usés déguiser la faiblesse. MOL.

La différence entre quitter et abandonner consiste en ce qu'on quitte de toutes les manières, au lieu qu'on n'abandonne que par insouciance

ou par mollesse. « Il faut quitter tout ressenti-, par laisser-aller, par indifférence; on y renonce ment.... Voudrais-tu m'abandonner, Scapin, dans quand on la quitte formellement, en le déclala cruelle extrémité où se voit mon amour?»rant, et quoi qu'il en coûte ou qu'il en doive MOL. « Nous sommes assurés qu'après avoir été coûter. si favorable à ses enfants ingrats, Jésus-Christ ne nous abandonnera jamais qu'après que nous l'aurons abandonné, et que sa grâce ne nous quitte jamais la première. » Boss. « S'il y en a qui m'ont abandonné comme des ingrats et des misérables, tu m'as quitté, comme j'ai quitté moi-même, en honnête homme qui croit avoir raison. » HAM.

Je quittai mon pays, j'abandonnai mon père. RAC. On quitte une religion, quand on cesse de la professer; on l'abandonne, quand on la quitte

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RACE, SANG; FAMILLE, MAISON; GNÉE. Espèce ou classe particulière à laquelle on appartient par la naissance: race royale, sang royal, famille royale, maison royale, lignée d'un roi ou des rois.

R

Tout homme qui va vivre dans la retraite, quitte le monde. On abandonne le monde par négligence, faute de prendre intérêt à ce qui s'y passe. Il faut à une jeune fille du courage pour renoncer au monde et aller s'ensevelir dans un cloître.

Les apôtres quittèrent tout pour suivre JésusChrist. Ils abandonnèrent tout pour se consacrer entièrement au soin de propager la foi. Ils renoncèrent à tout pour le seul bien véritable, le salut, la félicité éternelle.

LI- | naturelles. Quand on est de race royale ou de sang royal, on a telles qualités ou tels instincts; quand on est de la famille ou de la maison royale, on se trouve classé par sa naissance dans telles de ces petites sociétés ou de ces sociétés élémentaires, dont se compose la grande société appelée nation. Ma race ou mon sang fait connaître ce que je suis, ce que je vaux; ma famille ou ma maison indique avec quels hommes ma naissance m'a plus étroitement lié. La valeur vient de la race, est dans le sang; on trouve dans sa famille ou dans sa maison des exemples de valeur.

Race est le terme commun et le plus général. Il se dit des animaux comme des hommes, en mal comme en bien; et même il ne suppose pas toujours aux individus, auxquels il s'applique, communauté de naissance ou d'origine : c'est en se fondant sur une ressemblance de profession, d'inclinations ou d'habitudes qu'on dit de certains hommes, race d'usuriers, race de fripons, race de pédants, race de vipères. De plus, le mot race, de radice, racine, a particulièrement rapport à la souche ou au chef: race capétienne, dérivant de Hugues Capet; race mérovingienne, descendant de Mérovée; race des Héraclides, issus d'Hercule. Enfin la race est essentiellement bonne ou mauvaise, c'est-à-dire qu'on en considère surtout les qualités naturelles, transmises par la génération.

Sang ne diffère guère de race, que parce que étant un terme figuré il s'emploie surtout dans le style noble, et, par suite, pour exprimer une race grande, distinguée, excellente. « Ménélas dit à Télémaque par tous vos discours vous faites bien sentir la noblesse du sang dont vous sortez. » FÉN.

S'il en est temps encore, épargnez votre race,
Respectez votre sang.

(Phèdre à Thésée). RAC.
Il (Mardochée) descend comme moi
Du sang infortuné de notre premier roi....
Plein d'une juste horreur pour un Amalécite,
Race que notre Dieu de sa bouche a maudite,
Il n'a devant Aman pu fléchir les genoux.

(Esther). ID.

Bon chien chasse de race, se prend plutôt en mauvaise qu'en bonne part; bon sang ne peut mentir, au contraire.

La famille et la maison sont des races d'hommes qui ont même naissance ou même origine, mais qu'on n'envisage point spécialement par rapport à la source ou au fondateur. Ajoutez que la famille et la maison sont sociales, et non pas

La famille peut n'avoir ni feu ni lieu, ou bien peut-être habite-t-elle une cabane. La maison est une famille qui a pignon sur rue, un chez soi grand, considérable, c'est par conséquent une famille noble ou illustre, ou quelque chose de plus étendu que la famille. « Claudius fut la tige de la famille des Claudes, qui se distingua entre les plus illustres maisons de Rome. » ROLL. « Q. Pompéius est le premier de son nom et de sa famille qui se soit élevé aux grandes charges. La maison des Pompées, qui bientôt deviendra si puissante, n'est pas d'une plus ancienne noblesse.» ID. Chez les Romains, « le nom marque la maison dont on descend, et le surnom ce qui convient à une famille particulière ou à une branche de cette maison.... Tite Live a dit que la maison des Potitiens était divisée en douze familles. » ID. « Les prêtres étaient de la famille d'Aaron.... Les rois de Juda étaient de la maison de David. » RAC. « Dès que la Suède avait admis des distinctions de rang, de grade et d'honneur entre les familles, il devenait avantageux pour elie qu'il y eût une maison privilégiée qui portât la couronne. COND. '.- D'ailleurs, famille désigne

4. Si on en croit l'Académie, le mot de maison ne s'emploie point en parlant des grandes races de l'antiquité grecque ou latine, et on leur donne par exception le nom de familles. C'est là une assertion que rien ne justifie et qui est démentie par l'usage.

Alexandre ne croyait pas travailler pour ses capitaines, ni ruiner sa maison par ses conquêtes. > Boss. « Vespasien se moqua publiquement de ceas

les membres, le contenu; et maison, le con- piéceter, c'est rapiécer sans cesse, être toujours tenant, ce par quoi la famille paraît ou brille à mettre une multitude de petites pièces (voy. plus ou moins. Une famille est nombreuse, Ire partie, p. 287). Rapetasser est un mot plus heureuse, honnête; une maison est grande, vulgaire encore, plus trivial, qui signifie rapieancienne, souveraine, auguste. Les familles cer grossièrement des haillons, des guenilles. Sa s'épuisent, les maisons tombent. « Ne leur im- racine est, non pas, comme celle des deux preprimez-vous pas, Seigneur, ces caractères de miers verbes, pièce, pecia (mot de la basse latimalheur et de désolation qui vont tarir la source nité), mais petacia (usité autrefois dans le midi des familles, qui amènent les disgrâces écla- de la France), comme qui dirait piécasse, grosse tantes, la décadence et l'extinction entière des mauvaise pièce. Si ce qui est rapiéceté fait pitié, maisons?» MASS. La ruine d'une famille excite ce qui est rapetassé dégoûte, « Vous devez être votre compassion pour ceux qui en sont les vic-las des fatras de mon ex-jésuite; il n'y a que vos times. La ruine d'une maison vous représente la excessives bontés qui puissent combattre le déchute d'un grand édifice, ou l'extinction d'une goût que doit vous donner une œuvre tant rapegrande lumière. « La médisance flétrit des fa- tassée. » VOLT. On se rappelle ces vers de Boileau milles et humilie des maisons. » BOURD. Qu'un dépeignant la hideuse lésine de la lieutenante personnage vienne à mourir, sa famille le pleure, criminelle : sa maison est en deuil. Sous la tyrannie des Trente, « chaque maison était en deuil, chaque famille pleurait la perte de quelque parent. » ROLL. Une bonne famille se fait estimer par ses mœurs, sa politesse ou son union; une bonne maison se distingue par l'éclat du nom, des titres, des emplois ou des exploits. « M. de La moignon naquit d'une des plus nobles et des plus anciennes maisons du Nivernais, qui a soutenu dans le parlement la gloire qu'elle avait acquise dans les armées.... Mais ne louons de sa naissance que ce qu'il en loua lui-même, et disons qu'il sortait d'une famille, où l'on ne semble naître que pour exercer la justice et la charité; où la vertu se communique avec le sang, s'entretient par les bons conseils et s'excite par les grands exemples. » FLÉCH.

Décrirai-je ses bas en trente endroits percés, Ses souliers grimaçants vingt fois rapetassés ? C'est aussi pour exprimer ce qu'il y a de plus misérable et de plus fastidieux que Pasquier (Lettres, vII, 12) se sert de rapelasser: « Nous seuls entre toutes les autres nations faisons profession de rapiécer, ou pour mieux dire, rapetasser notre éloquence de divers passages; rendant les morceaux comme un estomac cacochyme et mal affecté, ainsi que nous les avons pris. »

LIAI

CON

RAPPORT, ANALOGIE, CORRESPONDANCE, CONVENANCE; CONCERT, ACCORD; SON, ALLIANCE, UNION, AFFINITÉ, NEXION, CONNEXITÉ. Ces mots expriment ce que des choses sont les unes à l'égard des autres, ou un point de vue commun sous lequel elles sont ou peuvent être envisagées ensemble.

Lignée, ce qui est en ligne, ce qui forme une file, une série, a cela de particulier qu'il marque Rapport est le plus général de tous, il signifie la filiation, la descendance, les enfants. Une le plus faible rapprochement, et même il est race, une famille, une maison est ancienne; on propre à marquer le contraire du rapprochemeurt sans lignée, ou sans laisser de lignée. La ment; car on dit bien un rapport de différence, race, la famille et la maison se compose plutôt de disconvenance, d'opposition. Ce qui a rapport des ancêtres, et la lignée n'est autre chose que à une chose la concerne, y a trait, n'y est pas la postérité, mais la postérité formant une étranger, peut y être rapporté, y est relatif. chaîne, susceptible de se rompre ou de se con- Du reste, il y a des rapports de toutes sortes, tinuer. « La naissance du prince de Galles causa de causalité, de signe, de contenance, de filiade la joie en Angleterre, par la satisfaction de tion, de dépendance, de commerce, d'amitié, etc. voir continuer une lignée dont ils pussent tou-Chacun des mots suivants désigne un rapport jours menacer leurs rois. » S. S. Outre cela, la lignée, comme la branche, est presque toujours relative ou opposée à d'autres. « Dans la lignée où s'est conservée la connaissance de Dieu, on conservait aussi par écrit des mémoires des anciens temps. » Boss. « Le landgrave, content de la lignée des princes que lui avait donnés sa première femme, ne recherchait dans la seconde, que lui accordaient les réformateurs, qu'un moyen d'assouvir sa convoitise. » ID.

RAPIÉCER, RAPIÉCETER, RAPETASSER. Raccommoder un vêtement en y mettant des pièces. Rapiécer exprime cette idée simplement. Ra

qui, par une fausse généalogie, voulaient faire remonter sa maison jusqu'à Hercule. » ROLL. « Galba dit à Pison: Si je vous adoptais, il nous serait honorable, à moi d'admettre dans ma famille un descendant de Pompée et de Crassus; à vous, d'ajouter à votre noblesse celle des maisons Lutatienne et Sulpitienne. »

J. J.

SYN. FRANC.

particulier.

L'analogie est un rapport de ressemblance (voy. Analogie, ressemblance, etc., p. 339, 340). « Mais n'y a-t-il plus aucun rapport d'analogie entre la plante et l'animal? Dans la plante l'action n'est pas visible, mais est-elle moins réelle ?... Combien ne trouverais-je pas encore de caractères d'analogie et de ressemblance entre l'animal et la plante, dans les organes de la vie? MARM. « Quelques naturalistes ont été frappés de ces traits de ressemblance et de la grande analogie de nature qui se trouve entre ces oiseaux.» BUFF. Que si rapport s'emploie bien aussi dans cette acception, il indique quelque chose de plus vague ou de moins prochain:

a

Il n'y a rien dans les objets extérieurs qui ait la moindre analogie, le moindre rapport avec un sentiment, une idée, une pensée. » VOLT. De plus, le rapport se considère en soi, et l'analogie relativement à l'usage scientifique que

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