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moral. << Il ne faut pas beaucoup de probité pour qu'un gouvernement monarchique ou un gouvernement despotique se maintiennent ou se soutiennent. La force des lois dans l'un, le bras du prince toujours levé dans l'autre, règlent ou contiennent tout. >> MONTESQ.

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sons (VOLT.); c'est le seul mot qui convienne en ce cas, parce qu'il n'y est nullement question de la grandeur ou de la petitesse de la chose, « On voit encore aujourd'hui les vestiges de la maison de campagne d'Adrien, qui ne passe pas la grandeur de nos maisons ordinaires. » ROLL. Les hommes de la classe moyenne, ceux qui ne sont ni grands ni petits, ni riches ni pauvres, les bourgeois, en un mot, occupent des maisons.

1o Château, hôtel, palais.

Le château, l'hôtel et le palais sont de grandes maisons. Mais ce qui d'abord sépare nettement le château de l'hôtel et du palais, c'est que le château est une maison de campagne et non une

Le respect des lois sert à maintenir l'ordre; quand une atteinte grave est portée à l'ordre, c'est au pouvoir à le soutenir. On maintient une personne en place en veillant sans cesse à ce qu'elle ne soit point déplacée; on la soutient contre des ennemis en repoussant leurs attaques. On maintient la paix; on soutient des guerres Voulez-vous maintenir votre santé, consultez l'hygiène; s'agit-il de la soutenir dans le besoin, ayez recours à la médecine. La tradition main-maison de ville. « Il suffit de n'être point né dans tient la foi (PASC.); les confesseurs de la foi l'ont soutenue avec courage, malgré les menaces et les plus violentes persécutions (BOURD.). Un ami vous maintient dans tel état, et vous soutient dans vos entreprises.

La chose qu'on maintient on la conserve, on la fait durer ou continuer à être; la chose qu'on soutient on la défend, on la fait triompher de tous les assauts. Maintenons les coutumes qui sont bonnes, ne nous lassons pas de les suivre; soutenons-les, combattons les novateurs insensés qui s'efforcent de les détruire. Une femme se maintient qui reste toujours fraîche et belle; elle se soutient quand elle résiste aux ravages du temps, aux attaques et aux accidents de toutes sortes. L'âme du sage se maintient, demeure égale à elle-même, dans toutes les circonstances de la vie; elle se soutient, elle surmonte toutes les causes d'accablement dans les revers.

une ville, mais sous une ruine qui trempe dans un marécage, et qu'on appelle château, pour être cru noble sur sa parole. » LABR. « L'épouse d'Auguste II, roi de Pologne, se retira dans un château, à la campagne, dès qu'elle sut sa conversion. » S. S. « Regarde, auprès de ce hameau de neuf à dix feux, cette maison qui a quatre petits pavillons; c'est mon château. » LES. « Cet orgueilleux gentilhomme de campagne habitait une maison qu'il appelait son château, et qui n'était qu'une masure. » ID.

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De leur côté, l'hôtel et le palais diffèrent en ce que le palais renchérit sur l'hôtel : l'hôtel est grand et beau, le palais très-grand et très-beau. Etant à Mexico, j'aperçus une grande maison: C'est le palais du vice-roi, me dit mon hôte. Est-il possible, m'écriai-je ? Il y a des hôtels aussi beaux dans toutes les grandes villes d'Espagne. Je m'étais attendu à un bâtiment plus superbe. » LES. On dit l'hôtel d'un seigneur (VOLT., LES.), d'un duc (VOLT.), d'un ambassadeur (VOLT., LES.), d'un grand quelconque, d'un ministre; et le palais d'un roi (LES.), d'un souverain, d'un prince ou d'un haut dignitaire de l'Eglise. « L'ambassadeur d'Autriche, à Paris, devait vivre avec plus de luxe et de splendeur;

A l'égard des opinions ou dans le sens d'affirmer, même différence. On maintient longtemps, toujours, partout, constamment. « J'ai fait voir combien vous aviez imputé d'hérésies l'une après l'autre à vos adversaires, manque d'en trouver une que vous ayez pu longtemps maintenir. » PASC. Je maintiendrai toujours, avec tous les gens de bon goût, que.... » VOLT. « Je le main-car il avait la première ambassade de l'Europe: tiendrai partout. » ACAD. Mais on soutient avec chaleur, vivement, dans le feu d'une dispute. « Il s'échauffe ensuite dans la conversation, déclame contre le temps présent, et soutient que....» LABR. « Oui, je te soutiendrai par vives raisons, je te montrerai par Aristote, que tu es un ignorant. » Le docteur Pancrace irrité. MOL. « Le prêtre avec lequel je disputais rejetait toutes mes citations, soutenant qu'elles étaient fausses. >> J. J.

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MAISON; 1o CHÂTEAU, HÔTEL, PALAIS; 2o MAISONNETTE, CHAUMIÈRE, CABANE, HUTTE, CAHUTE, BARAQUE, BICOQUE. Bâtiments plus ou moins considérables, qui servent au logement des hommes.

Maison est le terme commun, celui qui désigne l'objet indépendamment de son importance, ou en lui attribuant une importance ordinaire. • Quitter le monde pour Dieu, c'est s'enfuir d'une maison qui tombe en ruine. » Boss. « A ce mot de maison répond l'idée d'un lieu où nous nous renfermons contre les incommodités du dehors. » ID. On dira qu'une ville renferme tant de mai

une grande fortune et un palais pour hôtel. » MARM. « Je ne démentis point dans l'hôtel de Son Excellence (l'ambassadeur) la réputation que je m'étais acquise dans le palais du cardinal par mes espiégleries. » LES. En fait de maisons, palais exprime donc ce qu'il y a de plus relevé et de plus magnifique. « Pendant que notre corps est détruit, maison de terre et de boue, Jésus-Christ nous offre son palais. Boss. « Les Juifs donnaient à leur Messie de belles et triomphantes armées, de grands et de superbes palais, une cour plus leste et plus polie, une maison plus riche et mieux ordonnée que celle de leur Salomon, et enfin tout ce pompeux appareil dont la majesté royale est environnée. » ID. « A Florence, les maisons des particuliers, qui pourraient passer pour autant de palais, sont ornées d'une infinité de beaux ouvrages d'architecture. C'est avec raison qu'on appelle Florence la huitièrne merveille du monde. » ID. « Je m'étais figuré Paris une ville aussi belle que grande, où l'on ne voyait que de superbes rues, des palais de marbre et d'or. » J. J.

·2o Maisonnette, chaumière, cabane, hutte, cahute, baraque, bicoque.

La maisonnette, la chaumière, la cabane, la hutte, la cahute, la baraque et la bicoque sont de petites maisons.

Maisonnette est le diminutif de maison. Mais il n'entre rien de mauvais dans l'idée de ce mot: la maisonnette est de petite dimension, mais non pas chétive et désagréable. C'est quelquefois un mot du style familier ou un terme de modes

tie.

Elle logeait, comme j'ai déjà dit,

Tout près des champs, dans une maisonnette
Dont la cloison,

« Par l'effet de l'enfantement de Marie, les palais et les trônes sont à bas, les cabanes sont relevées. » Boss. «< Après avoir vu Jésus couché dans une crèche, jamais nous ne nous plaindrons de notre misère nous préférerons nos cabanes aux palais des rois. » ID. « La vieille reine métamorphosée en jeune paysanne, charma toute l'assemblée; mais il fallut qu'elle se retirât dans un village et sous une cabane, étant couverte de haillons. Corysante, la jeune paysanne, au contraire, devint hideuse, et elle demeura dans ce superbe palais, où elle commanda en reine. » FÉN. « Oserait-on comparer les palais magnifiques de ces grands seigneurs avec la cabane de Curius? >> ROLL.

« Permettez-moi de vous parler de la réflexion que vous faites sur les chaumières des laboureurs, sur ces cabanes, sur ces asiles du pauvre; vous condamnez ces expressions dans le poëme des Saisons. Vous dites qu'une cabane ne peut pas être le logement d'un agriculteur considérable. Mais comparez les hôtels des fermiers généraux avec les logements de nos fermiers de campagne, et vous verrez que les termes de chaumière, de cabane ne sont que trop convèna

LAF. « Allez, mademoiselle, la maisonnette d'un garde-chasse, bon vivant, vaut mille fois mieux que le plus beau couvent du monde. » MARM. Mon père avait réalisé mon songe. Le moulin, la vigne, le petit verger, bordé de haies et peuplé de troupeaux, s'offrirent à mes yeux tels que je les avais rêvés. Le plus intéressant manquait encore à mes désirs, lorsque je vis sortir de la nouvelle maisonnette le meunier, la meunière, avec leurs deux enfants: imaginera qui pourra l'ivresse de ma joie en ce moment. » ID. Voltaire écrit au président Hénault : « Honorez-moi de vos remar-bles. » VOLT. ques sur ce second volume (du Siècle de Hutte et cahute (voy. Ire partie, p. 163) signiLouis XIV). Vous qui avez bâti un si beau pa- fient des cabanes informes, faites sans aucune inlais, mettez quelques pierres à ma maison-dustrie avec de la terre et du bois ou de la paille. nette. D

Mais les huttes sont plutôt des cabanes de sau

La chaumière et la cabane sont des maisons de vages ou de soldats grossiers, qui ignorent l'art village, de méchantes maisons.

Mais la cabane est encore pire que la chaumière. Dans les chaumières on trouve sans doute des hommes peu fortunés, qui mènent une vie laborieuse; dans les cabanes on ne trouve qu'indigence c'est proprement la maison du pauvre. La chaumière, sans être ni élégamment bâtie, ni précisément gracieuse, comme la maisonnette, n'exclut pourtant pas l'idée d'une certaine aisance. Gil Blas, après avoir fait figure à la cour, et essuyé une disgrâce, « achète du peu de bien qui lui reste une chaumière pour y aller mener une vie retirée. LES. « La vieille reine pleurait tous les jours et disait : Hélas? si j'étais Péronnelle, à l'heure que je parle, je serais logée dans une chaumière, et je vivrais de châtaignes; mais je danserais sous l'orme avec les bergers au son de la flûte. » FÉN. Je ne suis plus qu'un vieux soldat, retiré dans sa chaumière. » VOLT. « Que je voudrais avoir l'honneur de vous donner à dîner dans ma chaumière, avec des philosophes tolérants qui daignent y venir quelquefois! » ID.

La cabane, au contraire, se conçoit nécessairement comme misérable. « La fertile contrée d'Arpine, disait-on à Télémaque, doit vous faire oublier la pauvre Ithaque avec ses cabanes. » FÉN.

Tout est pour eux bon gite et bon logis, Sans regarder si c'est Louvre ou cabane. LaF. Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre. MALH. Lorsqu'on veut peindre les deux extrêmes de l'opulence et de la pauvreté, on oppose le palais habité par l'une à la cabane occupée par l'autre.

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de bâtir; et les cahutes, des cabanes de pauvres paysans ou de pauvres bergers, répandues dans la campagne ou dans les bois. La rudesse du mot hulte annonce celle du constructeur et de l'habitant de la hutte; la misère marquée par cahute est telle que ce mot, à la différence de cabane, par exemple, ne saurait être admis dans le style un peu soutenu. Lafontaine le met dans la bouche d'un paysan qui parle patois.

A cahute, dans le langage familier, on donne pour synonymes baraque et bicoque, qui, comme cahute, se disent en raillant et par mépris d'une mauvaise petite maison.

Mais ce qui frappe surtout dans la cahute, c'est le peu de prix de la matière. Ce qu'on considère dans la baraque, c'est qu'elle a été bâclée, faite à la hâte, sans proportion, sans ordre. En effet, baraque, au propre, sert à exprimer, comme hutte, les petites maisons improvisées par les soldats en campagne; avec cette difference que la baraque est en planches, au lieu d'être en terre, comme la hutte, et que baraque s'applique aux soldats d'à présent, et non pas, comme hutte, à des soldats barbares ou à des sauvages.

Quant à la bicoque (place de guerre de peu d'importance et de peu de défense), elle est, ce semble, bâtie sur une hauteur ou bien hors d'état de résister beaucoup ou longtemps à l'action du vent et de la pluie.

1° MAISON, LOGIS, HABITATION; 2o DEMEURE, DOMICILE, RÉSIDENCE, SÉJOUR. Ces mots indiquent le lieu ou ont rapport au lieu dans lequel on se tient d'ordinaire. La première condition pour trouver une personne, c'est de

connaître sa maison, son logis, son habitation, sa demeure, son domicile, sa résidence ou son séjour.

Maison, logis et habitation expriment quelque chose de concret. « Mon logement est tombé par terre; j'ai une autre maison dans le ciel, qui n'est pas bâtie de main d'hommes.» Boss. Demeure, domicile, résidence et séjour désignent quelque chose d'abstrait. Changer sa maison, son logis ou son habitation, c'est modifier, réparer ou augmenter le local qu'on occupe; changer sa demeure, son domicile, sa résidence, son séjour, c'est aller ailleurs. Comme, en tel pays, les maisons, les logis ou les habitations se vendent ou se louent à vil prix, vous y choisissez votre demeure, votre domicile, votre résidence ou votre séjour. Un homme a sa demeure, son domicile, fait sa résidence, son séjour dans une maison, un logis ou une habitation. «Dans ces maisons éparses et champêtres je plaçais en idée notre commune demeure. » J. J. « Je passais dans une grande rue devant une maison qui me parut devoir être la demeure de quelque homme opulent. » LES.

J'ai peur, si le logis du roi fait ma demeure,
De m'y trouver trop bien dès le premier quart
d'heure.

MOL.

« La cigogne blanche choisit nos habitations pour domicile; elle s'établit sur les tours, sur les cheminées et les combles. » BUFF..

1° Maison, logis, habitation.

Maison désigne le bâtiment : la maison est grande ou petite (c'est un palais ou une cabane), vieille ou neuve, faite de pierres ou de briques, couverte de tuiles ou de chaume, etc.

que tu te trompes. LES. De plus, une habitation peut très-bien n'être pas une construction élevée par des hommes sur le sol. « Les abeilles se font des habitations commodes: on les détruit, elles les rebâtissent. » VOLT. « Fouler aux pieds une habitation de fourmis. » ID. «< Sans la philosophie nous ne serions guère au-dessus des animaux qui se creusent des habitations, qui en élèvent, qui s'y préparent leur nourriture. » ID. Les marmottes travaillent en commun à leur habitation (BUFF.). Chaque couple d'oiseaux travaille à l'envi à l'habitation commune (ID.).

2o Demeure, domicile, — résidence, séjour. Demeure et domicile sont absolus, ils marquent quelque chose de constant; résidence et séjour sont relatifs, ils signifient quelque chose d'accidentel et de passager. Qu'un oiseau ait tel lieu pour demeure ou pour domicile, cela suppose qu'il n'en sort point; mais on dit bien qu'il a tel lieu pour résidence principale (BUFF.) ou pour séjour principal. Après une résidence ou un séjour de quelques années sur cette terre, notre âme, si nous avons bien vécu, retourne au ciel, où elle doit avoir sa demeure ou son domicile. Après beaucoup de voyages, Pythagore revint dans sa patrie, où il ne fit pas un long séjour. Il passa en Italie et fixa sa demeure à Crotone (ROLL.). Outre cela, demeure, ainsi que domicile, annonce quelque chose d'étroit et de précis; résidence, ainsi que séjour, au contraire, quelque chose d'étendu, de vague. Vous donnez votre adresse en faisant connaître votre demeure ou votre domicile, c'est-à-dire exactement votre rue, votre numéro; en faisant connaître votre résidence ou votre séjour, vous apprenez seulement la ville ou le pays où vous restez. Enfin demeure et domicile sont objectifs, résidence et séjour, subjectifs. On a sa demeure ou son domicile; on fait sa résidence ou son séjour. «La synagogue devait avoir sa demeure, et faire son séjour sur la terre. » Boss.

Demeure, domicile.

Le logis est la maison considérée par rapport à la manière dont on s'y trouve un bon logis. Aussi appelle-t-on de ce nom les hôtelleries, les maisons où on est plus ou moins bien traité pour Son argent. Mais ce qui distingue principalement logis, c'est qu'il est vieux. « Ce fut Anne, duc de Montmorency, qui entra un beau jour à cheval dans la cour du logis du roi, et y monta ensuite.» S. S. Etant vieux, il n'est plus resté usitė Demeure, dérivé du latin demorari, s'arrêter, que dans un petit nombre de locutions du lan- est le mot ordinaire. Domicile, pure reproducgage familier: garder le logis (ACAD.); de retour tion du latin domicilium, qui a le même sens, est au logis (J. J.); nous reprenions le chemin du une expression noble. « Le ciel comme le plus logis (ID.); le maître du logis (MOL., SEV.). « Un noble et le principal domicile demeura à Jupiter, infâme eunuque avait fait écrire sur la porte de et le reste échut à ses frères et à sa sœur.» Boss. sa maison : Qu'il n'entre rien de mauvais par « Pour que le maître fasse chez vous la pâque, il cette porte. Diogène dit: Et le maître du logis, faut que votre cœur, qui est comme le domicile par où entrera-t-il ?» FÉN. Quelquefois même logis et le sanctuaire qu'il a choisi, soit pur. » BOURD. est un terme de mépris. Dans sa dixième satire, « Marseille était dans les Gaules comme le domiBoileau dépeint, sortant de leur logis, le lieute-cile des muses et le centre de la politesse. » ROLL. nant criminel Tardieu et sa femme, ces modèles Vous direz, au contraire, dans le langage comde la sordide avarice. « Cette grâce fut procurée mun, que Dieu promit à Abraham une terre pour à des gens dont le logis était le lieu des assem- servir de demeure fixe à sa postérité (Boss.), blées des cabales du parlement et des ennemis qu'un maître doit à ses domestiques l'aliment et de la régence. >> S. S. la demeure (BOURD.), etc. « Voici la chimère, qui habite tantôt l'hôpital et tantôt les petites maisons, comme des demeures qui lui sont également propres. » MONTESQ. Par la même raison, domicile se dit plutôt en termes de jurisprudence et a rapport à la société civile et au gouverne ment. « Des seigneurs voulaient ravir à leurs sujets le premier droit qu'ont les hommes de choisir leur domicile; ils craignaient qu'on ne les quit

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Habitation diffère considérablement de maison, et par conséquent de logis. D'abord l'habitation comprend et le bâtiment où on est à l'abri des intempéries, et ses dépendances. « Ils entourent leurs habitations de palissades. » ACAD. « Je ne sais quelle idée tu as de notre habitation; mais si tu t'imagines que c'est une maison magnifique, une terre de grand seigneur, je t'avertis

tât pour aller dans les villes libres. VOLT.
« Violation du domicile, » ACAD.
Résidence, séjour.

de sa majesté dans la simplicité et la frugalité de ces pasteurs illustres, et si la dignité de l'épiscopat fut jamais regardée avec plus de vé

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sainteté, l'humilité et la pauvreté évangélique. MASS. « Dans nos temples la duchesse d'Orléans venait soutenir par la majesté de sa présence la dignité de notre ministère. » ID. « Quand vous paraissez dans les palais où le souverain se trouve, vous marquez par la dignité et la dé

Le mot de résidence, par sa terminaison, ex-nération que lorsqu'elle ne brilla que par la prime quelque chose de plus long. « Parmi les étrangers qui venaient faire à Paris leur résidence ou quelque long séjour, Mme Geoffrin faisait un choix des plus instruits, des plus aimables. » MARM. « En 324, Constantin fit quelque séjour à Nicomédie, qui était en Orient la résidence ordinaire des empereurs. » COND. « Féri-cence d'un habillement grave et sérieux le resclès évita de se mêler des affaires publiques, qui pect que vous devez à la majesté de sa présence.» demandaient une résidence assidue à la ville. » ID. « Seigneur, rendez la majesté à tant de ROLL.-Résidence vient du latin residere, résider, temples profanés, le culte et la dignité à tant au lieu que séjour a été formé du français jour d'églises dépouillées. » ID. « Tigrane parut dans (passer ses jours, à part, separatim, seorsum). tout l'éclat dont il pouvait briller, pour donner Par conséquent, résidence signifie le séjour une plus grande idée de la majeste royale à l'amque doit faire et que fait dans le lieu de ses bassadeur, qui, de son côté, soutint parfaitement fonctions un certain personnage, un évêque ou la dignité d'un ambassadeur des Romains. un magistrat, par exemple. « Ravenne, rési- ROLL. « Cinéas dit qu'en voyant le sénat rodence des exarques. » Boss. Conformément à l'u- main il avait cru voir une assemblée de rois, « de tant il paraissait de dignité, de grandeur et de nion de Calmar, le souverain était obligé partager tour à tour sa résidence dans les trois majesté dans leur maintien, dans leurs discours, et dans toute leur personne.» ID. royaumes, et de consommer dans chacun le revenu de chaque couronne. » VERT. De son côté, séjour a cela de particulier qu'il est tout relatif aux sentiments qu'on éprouve dans la situation qu'il représente un séjour agréable (MOL., BUFF.), heureux (J. J.), chéri (BUFF.), délicieux (LABR.), triste (BOURD.), mélancolique (MOL.). Séjour se prend aussi dans une acception figurée et poétique, étrangère au mot résidence. « Paris est le séjour de tous les arts. » VOLT. « L'enfer est un séjour d'horreur et de désolation éternelle. » ID. « Quitter cette vie infortunée pour aller dans le séjour des délices. » MONTESQ. « Ne faisons point de notre retraite le séjour de la faim et de la pauvreté. » LES.

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MAJESTÉ, DIGNITÉ. Ces mots signifient une sorte de grandeur ou d'excellence propre à attirer ou qui attire les respects.

Mais majesté, de major, plus grand, supérieur, au-dessus des autres, ne se dit que des personnes ou des choses les plus élevées, que des classes de personnes ou de choses les plus générales, de Dieu, des rois, des princes, et de ce qui s'y rapporte; au lieu qu'on peut avoir de la dignité dans tous les rangs, dans le sacerdoce, dans la magistrature, même dans une condition privée, parce qu'il y a pour tous les états une grandeur relative, une bienséance à laquelle les actions et les choses peuvent être conformes ou contraires. Les rois portent le titre de majestés; on appelle dignités des charges considérables, des postes éminents, mais non pas suprêmes, à moins qu'on ne le dise d'une manière expresse. « L'empereur grec et son clergé, dans leur soumission réelle, gardèrent en apparence la majesté de leur empire et la dignité de leur Eglise. » VOLT. « Voilà ce qui a rendu si vénérable aux fidèles la majesté des temples, la sainteté des autels, la dignité des prêtres.» BOURD. « On voit que ces omissions de l'histoire de notre auteur affaiblissent la primauté du saint-siege, la dignité des conciles, » l'autorité des Pères, la majesté de la religion. Boss. Voyez si l'Eglise perdait quelque chose

Pour l'ordinaire et surtout dans les circonstances solennelles, un roi a de la majesté; il a de la dignité dans la vie privée. « De ce fonds de sagesse sortait la majesté répandue sur la personne de Louis XIV: la vie la plus privée ne le vit jamais un moment oublier la gravité et les bienséances de la dignité royale.... Quelle grandeur quand les ministres des rois venaient au pied de son trône! quelle précision dans ses paroles, quelle majesté dans ses réponses!» Mass.

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D'autre part, majesté est un mot concret, qui exprime quelque chose d'extérieur, de l'éclat et de la pompe. « Le vulgaire appelle majesté une certaine prestance et une pompe extérieure qui l'éblouit. » Boss. « La majesté des cérémonies. » Mass. Dignité, au contraire, est un terme abstrait, qui a plutôt rapport aux qualités intérieures et essentielles. « Toute notre dignité consiste dans la pensée. » PASC. « Il y a tant de dignité et de grandeur d'âme à prendre sous sa protection ceux que tout le monde abandonne ! » MASS. La majesté de son front (ACAD.); la dignité de son caractère (ID.). «Faites, Seigneur, que la gloire et la majesté de la dignité royale éclate dans le palais aux yeux de tout le monde. » Boss. « Les saints avaient-ils de la majesté de la religion des idées moins nobles et moins sublimes que vous? Etaient-ils moins instruits de la foi et de la dignité de ses préceptes? « Minerve avait mis dans les yeux de Télémaque un feu divin, et sur son visage une majesté fière, qui promettait déjà la victoire. Il marchait; et tous les rois, oubliant leur âge et leur dignité, se sentaient entraînés par une force supérieure qui leur faisait suivre ses pas. » FÉN.

» MASS.

La dignité du style ne demande guère que de la décence et l'exclusion d'une trop grande familiarité; la majesté du style veut de plus de l'éclat. L'éloquence de la louange et du blâme ayant reparu dans la chaire, y reprit enfin la décence, la dignité, l'éclat qu'il avait eu dans la tribune, et plus de majesté encore, » MARM.

« Le vieux naturel du style de Montaigne et d'A- | I. Mal, peine, douleur, souffrance, amermyot n'était pas propre à la majesté de l'éloquence tume, tourment, affliction, désolation. L'idée et de la poésie. » ID.

I. MAL, PEINE, DOULEUR, SOUFFRANCE, AMERTUME, TOURMENT, AFFLICTION, DESOLATION. — II. TRISTESSE, MÉLANCOLIE, CHAGRIN. III. ENNUI, MALAISE, INQUIÉTUDE, DÉPLAISIR, MÉCONTENTEMENT. Tous ces mots représentent notre âme comme passive et comme pâtissant, comme étant soumise à quelque chose de fâcheux qui l'affecte désagréablement et met obstacle à son bonheur. Pour être véritablement heureux, il faudrait n'éprouver jamais ni mal ni peine, etc.

Mais d'abord et pour commencer par la fin, les cinq derniers mots, savoir, ennui, malaise, inquiétude, déplaisir et mécontentement different bien de tous les autres. Ce sont visiblement des diminutifs. Ils désignent quelque chose de vague ou de léger qui ne fait qu'effleurer l'âme, et qui est de peu de conséquence. Ils sont moins forts et moins expressifs; ils nient le bien-être plutôt qu'ils n'affirment la peine. Ils signifient l'idée commune d'une manière indirecte et marquent un vide, une absence de bien plutôt que la présence positive du mal ou d'un mal. C'est ce qui résulte même de la manière dont sont composés malaise, inquiétude, déplaisir et mécontente

ment.

Ensuite, tristesse, mélancolie et chagrin sont à leur tour bien distincts de tous les mots qui les précèdent, mal, peine, douleur, souffrance, amertume, tourment, affliction et désolation. Ils expriment, non pas, comme ceux-ci, des coups dont l'âme est frappée, des impressions passagères reçues immédiatement des objets, mais des situations ultérieures qui se prolongent et durent, et qui se distinguent moins par la vivacité, par une sorte d'aiguillon, que par l'abattement et la langueur. « Idoménée s'apaisa. Il restait seulement en lui une douleur douce et paisible; c'était plutôt une tristesse et un sentiment tendre qu'une vive douleur. » FÉN. Les philosophes qui ont traité de la sensibilité, et notamment Bossuet et Malebranche, ont regardé la douleur et tous les phénomènes semblables, la peine, la souffrance, etc., comme l'effet immédiat produit sur l'âme par quelque chose de fâcheux, et la tristesse avec ses variétés, la mélancolie et le chagrin, comme une passion ou mieux comme un sentiment, comme une manière d'être subséquente, qui est la continuation affaiblie et durable des sensations marquées par mal, peine, et les autres mots de la même classe. D'ailleurs, mal, peine, douleur, etc., sont plus relatifs aux objets avec lesquels ils nous supposent actuellement en rapport; aussi les adjectifs qui en dérivent, mauvais, pénible, douloureux, amer, affligeant, servent-ils à qualifier ces objets. Au contraire, tristesse, mélancolie et chagrin ne regardent que l'âme, que le sujet, à distance, ou même indépendamment des impressions; témoin les adjectifs correspondants, triste, mélancolique et chagrin, qui se disent bien du caractère et des dispositions intérieures.

commune à tous ces mots est celle de la première modification produite en notre âme par la présence, par l'action vive et sensible d'objets nuisibles ou fâcheux.

Mais mal et peine ont l'un et l'autre cela de particulier, qu'ils indiquent, non pas la modification elle-même, la sensation désagréable. mais ce qui en est l'occasion ou la matière. Mal vient de malum, fléau, malheur, mauvais traitement, coup, tort, dommage; et peine, de pœna, punition, ce qu'on donne à souffrir aux coupables, comme les fers, les verges, l'exil. Montrez-moi votre mal, dit-on à quelqu'un qui souffre ou qui paraît souffrir; un homme qui est tombé s'est fait du mal ou ne s'est pas fait de mal. «Atosse, fille de Cyrus, et l'une des femmes de Darius, fut attaquée d'un cancer au sein. Tant que la douleur fut médiocre, elle la supporta avec patience, ne pouvant se résoudre, par pudeur, à découvrir son mal. » ROLL. C'est dans le même sens, qu'on dit, conter ou confier ses peines à quelqu'un, épancher ses peines dans le sein d'un ami. C'est en faisant du mal ou de la peine qu'on cause de la douleur, de la souffrance, etc. C'est en enlevant le mal ou la peine qu'on peut faire cesser complétement la douleur, la souffrance, etc. Le mal et la peine appellent des remèdes, comme les blessures et les maladies; la douleur, la souffrance, les amertumes, les tourments, l'affliction et la désolation excitent la pitié et demandent à être calmés. Dans le mal et dans la peine, on est dans une situation anormale, difficile, qui ne convient pas à notre nature; dans la douleur, dans la souffrance, etc., on est en proie au mal ou à la peine, la sensibilité est offensée.

Quant à la différence de mal et de peine, elle est évidente: elle consiste en ce que ces deux mots se disent presque uniquement, l'un par rapport au corps, et l'autre par rapport à l'esprit ou à l'âme. En latin pœna, d'où vient peine, ne signifie pas seulement punition, mais aussi peine ou souffrance intérieure, comme on le voit par pænitere, se repentir, qui a formé pœnitentia, pénitence. Du reste, chacun de ces deux mots, dans sa sphère, savoir, mal relativement au corps, et peine relativement à l'esprit, est très-général; en sorte que, lors même qu'en les prend comme signifiant les sensations désagréables, ils different toujours bien des mots suivants, qui expriment des espèces nettement caractérisées.

Douleur et souffrance sont également propres à désigner le sentiment des maux du corps ou le sentiment des peines de l'esprit.

A l'égard du corps, douleur, de dolere, éprouver du mal, être sensible à une chose, indique des maux ou le sentiment de maux aigus, poignants; et souffrance, de sufferre. supporter, endurer, marque l'effet de maux moins vifs, mais qui agissent continûment, et sans intermittence: un coup, un accès de mal de dents nous cause une grande douleur mais on vit dans la souffrance ou dans les

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