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aur herbes ; c'est le principal dans la soupe d'herbe. | maître (de musique), parce qu'il n'y en avait que C'est ainsi que le sucre n'est qu'un assaisonnement de mauvais. Je ne manquais pas, au reste, d'un dans le gâteau au sucre, au lieu que le riz, dans certain goût de chant.» J. J. Il n'est pas moins le gâteau de riz, est ce qui le compose. Dans la facile de trouver des phrases dans lesquelles du soupe aur herbes il y a de l'herbe; ôtez-en l'herbe, reste présente le caractère qui lui vient d'être le mets subsistera, la soupe d'herbe est toute faite assigné. Dans le Lutrin, Evrard opine qu'il vaut d'herbe; ôtez-en l'herbe il ne restera rien, rien mieux aller renverser cette machine odieuse que du moins qui ressemble à un mets. C'est-à-dire d'en chercher la condamnation dans les livres, toujours que le rapport marqué par à entre le su- et il ajoute : jet et ce qui sert à le qualifier, est vague, éloigné, lâche, et que, au contraire, ce même rapport, étant exprimé par de, devient précis et rigoureux. Quelquefois à et de rappellent plus fidèlement leur sens originel. C'est ce qui arrive dans les expressions synonymiques acheter et emprunter une chose à une personne, ou d'une personne. A, ad, vers. désigne vers qui l'on est allé, à qui l'on s'est adresse pour avoir cette chose. De marque de qui« Il est certain que vos vers ne sont pas bons. on la tient; différence réelle, quoique peu im- Du reste, quand on ne croit pas faire de bons portante, ce semble. A qui avez-vous acheté cet vers, il est toujours permis d'en faire, pourvu objet? se dira quand on voudra aller trouver le qu'on ne les montre qu'à ses amis. » J. J. a Mon marchand pour lui acheter un objet semblable. De enfant, soyez sage, et cherchez à plaire ici à tout qui avez-vous acheté cet objet? la qualité n'en est le monde; voilà quant à présent votre unique empas supérieure; il ne sort pas d'une bonne fabri-ploi; du reste, ayez bon courage on veut prenque. Vous commandez à un domestique de repor-dre soin de vous. » ID.

Du reste, déjeunons, messieurs, et buvons frais. Aman se plaint qu'Assuérus lui ait imposé la honte de mener Mardochée en triomphe. Zarès lui représente que le roi a cru récompenser une bonne action, qu'il y a même lieu de s'étonner qu'il ne l'ait pas fait plus tôt. Il ajoute : Du reste, il n'a rien fait que par votre conseil. Rac. (Esther).

ter une chose empruntée; mais n'en connaissant AU MOINS, DU MOINS. Locutions conjonctives, pas le maître, il demandera: A qui a-t-elle été qui servent à revenir à une assertion, afin de la empruntée? Il ne faudrait pas emprunter de tout modifier ou de la corriger. le monde, et, par exemple, de personnes atteintes de certaines maladies, des instruments à boire et à manger, des verres, des cuillers, ou bien des vêtements.. Les écrivains pauvres de pensées en empruntent à tout le monde, et surtout aux auteurs les plus inconnus; dans un sujet noble et grave, il ne fau: pas emprunter ses comparaisons d'un ordre de choses bas et trivial.

Au moins ne fait que la restreindre, la réduire à de certaines limites, il produit une modification vague, peu marquée, peu saillante; du moins, distinctif, séparatif, de sa nature, change cette même assertion et lui en substitue une autre plus ou moins approchante.

Pascal a très-bien observé cette différence. D'une part, il dit : « Il faut tout d'un coup voir la chose Enfin, à et de font la seule différence de cer- d'un seul regard, au moins jusqu'à un certain detaines locutions adverbiales ou conjonctives ré-gré.» « Les anciennes lois de l'Eglise excluaient putees synonymes, telles que au reste et du reste, au moins et du moins. Et là encore ces particules conservent la même valeur relative.

pour jamais du sacrifice, ou au moins pour un long temps, les prêtres qui.... » « Ils ont raison d'improuver ce sentiment, au moins pour tout ce qui

AU RESTE, DU RESTE. Manières de parler usi-touche la conscience. » D'un autre côté, on tées dans le discours pour passer à un autre trait, à une autre raison.

Au reste annonce quelque chose qui fait suite à ce qui précède, qui est du même genre, et par conséquent il marque une transition douce, ordinaire, peu remarquable. Du reste annonce quelque chose qui tranche avec ce qui précède, qui est d'un autre genre, une raison spéciale, particulière. nouvelle; il exprime une addition par opposition. Au reste est bien employé avec son sens propre dans les exemples suivants. Lafontaine vient de dépeindre une agate, sa grandeur, sa forme, ses couleurs, ses veines, et il ajoute pour terminer : « Au reste, vraie agate d'Orient, laquelle a toutes les qualités qu'on peut souhaiter aux pierres de cette espèce, et pour dire en un mot, la reine des agates.» « Il a fallu ramasser tout ce qu'il y a de lumineux dans la nature pour representer l'éclat de Marie : l'Ecriture a mis la lune à ses pieds, les étoiles autour de sa tête; au reste, le soleil la pénètre toute et l'environne de ses rayons. » Boss. « C'est là ce qu'il y a de plus sage; au reste, c'est aussi ce qu'il y a de plus juste. » MARM. « Je passai pour un bon

« Les

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trouve du même auteur les phrases suivantes.
« Qu'ils lisent cet ouvrage peut-être y rencon-
treront-ils quelque chose, ou du moins, ils n'y
perdront pas beaucoup. » « Vous les obligerez à
conclure ou que la religion est fausse, ou du
moins que vous en êtes mal instruits. »
justes ont toujours ce qui est nécessaire pour ob-
server les commandements, ou du moins pour le
demander à Dieu.-J. J. Rousseau parle avec la
même justesse. 1° « J'étais, sinon tout à fait
inepte, au moins un garçon de peu d'esprit.
« Je voudrais être à portée de contenter, au
moins de temps à autre, le besoin que mon cœur
a de vous. »« Apprenez par où vous devez cher-
cher, sinon le bonheur, au moins la paix.
2o « Ne pouvez-vous sans fausseté lui faire le sa-
crifice de quelques opinions inutiles; ou du moins
les dissimuler?» « Je pourrai aller au Beiz répa-
rer mes fautes, ou du moins en implorer le par-
don.»- De même Montesquieu. 1° « Dans l'Europe,
la nature humaine souffrirait, au moins pour un
temps, les insultes qu'on lui fait dans les trois
autres parties du monde. » 2° « La liberté poli-
tique consiste dans la sûreté, ou du moins dans

D

l'opinion que l'on a de sa sûreté. » — - L'Académie | seul tour recommandé par l'Académie jusqu'au dit Ils le regardaient, sinon comme leur milieu du XVIIIe siècle; puis, tout à la fois, il a maître, au moins comme leur chef. » On s'en tient, sinon à la lettre, du moins à l'esprit.

failli à et il a failli de (Acad. 1762). Enfin on dit également aujourd'hui, toujours suivant l'AcaCes locutions ne sont pas seulement synony- démie, il a failli à et de tomber ou mourir, et. mes, quand on les considère dans le discours sans préposition, il a failli tomber ou mourir. comme modificatives d'une assertion antérieure, Nous croyons qu'il a failli à est tout à fait vieux mais encore quand on les emploie pour expri- et ne se trouve plus que dans les livres écrits mer dans la réalité une restriction, une réserve, avant le XIXe siècle, dans ceux de Voltaire et de à la suite d'une concession, d'une renonciation, J. J. Rousseau, par exemple; qu'il a failli de se d'une perte. Alors elles diffèrent à peu près de dit bien rarement et a déjà passé, et que l'usage même. Au moins a quelque chose de plus doux: veut présentement qu'on supprime, non pas souil convient au langage d'un homme résigné, qui vent, comme dit l'Académie (1835), mais toupasse condamnation sur ce qu'il accorde de lui-jours la préposition à et la préposition de devant même, moyennant une compensation qu'il de-l'infinitif qui suit le verbe faillir. C'est, au reste. mande ou accepte. « Vous voudriez entrer en une manière d'abréger déjà observée au XVIIIe siècomposition et faire subsister le principe, au cle. « Je gagnai une fluxion de poitrine dont je moins pour les justes. » PASC. « Quand nous ne faillis mourir. » J. J. « Il vit des mœurs noupouvons pas empêcher l'action, nous purifions velles, et faillit en être la victime. » ID. au moins l'intention. » ID.

Grand Dieu !.... Je t'offre tout mon sang, défends au moins ma gloire.

VOLT.

Vous pourrez rejeter ma prière, Mais je demande au moins que, pour grâce dernière, Jusqu'à la fin, Seigneur, vous m'entendiez parler. RAC. J. J. Rousseau, après avoir dit qu'il se condamne à un silence éternel sur ses malheurs, ajoute « Je compte trop sur la Providence pour ne pas espérer au moins le bonheur d'être justifié après ma mort. » Du moins est plus rude et plus brusque; il marque qu'on cède à la nécessité, et c'est une expression ordinairement propre à la vengeance ou à la colère, qui, contrainte de renoncer à un certain avantage, prend d'ellemême tel dédommagement, faute de mieux.

Dans son perfide sang Mazaël est plongé,

Et du moins à demi mon bras vous a vengé.VOLT.
Et périssez du moins en roi, s'il faut périr. Rac.
<< Votre parti est, puisqu'il faut porter des fers,
d'aller porter du moins ceux de quelque grand
prince. » J. J.

Si son cœur m'est volé par ce blondin funeste,
J'empêcherai du moins qu'on s'empare du reste.

MOL., École des femmes. Arnolphe '.

Il faut convenir qu'on peut dans certains cas fort rares, il est vrai, employer l'une ou l'autre préposition indifféremment, et même supprimer l'une et l'autre, tant leurs nuances distinctives sont alors délicates et peu importantes pour la pratique. En voici un exemple. Il a failli tomber ou mourir; il a failli à tomber ou à mourir; il a failli de tomber ou de mourir. C'est-à-dire il a été sur le point de tomber ou de mourir; peu s'en est fallu qu'il ne tombât ou qu'il ne mourût. D'abord on a dit seulement il a failli à, c'est le 4. Pour le moins et tout au moins ont aussi chacun sa nuance propre. Pour le moins paraît mieux convenir quand il s'agit de quantité. « Il me faut pour le moins neuf jours de bonne santé pour me faire partir joyeusement. » SEV. « Les triumvirs n'eurent-ils pas pour le moins autant de puissance que les décemvirs? » Boss. « Cela se monte bien tous les ans à trois mille franes pour le moins. » MOL. « J'ai pour le moins autant de colère que vous. » ID. « Le scandale fut tout aussi grand pour le moins. » J. J. « Cette femme a pour le moins soixante ans, a pour le moins vingtcinq ans plus que moi. » MONTESQ. Mais tout au

Il en est de même de survivre quelqu'un, qui n'a jamais été fort employé, et de survivre à quelqu'un. Survivre quelqu'un ne se dit plus: c'est qu'apparemment il exprimait tout à fait la même chose que survivre à quelqu'un. Roubaud a donc eu tort de chercher à les distinguer. SYNONYMIE DES VERBES PASSIFS DONT LE RÉGIME EST PRÉCÉDÉ, D'UN CÔTÉ, DE LA PRÉPOSITION de, DE L'AUTRE, DE LA PRÉPOSITION par. Etre suivi, accompagné, précédé, vu, aimé, haï, honoré, craint, saisi, frappé, etc., de et par quelqu'un, de et par quelque chose. De et par crainte, de et par dépit; de et par force: d'avance et par avance; de préférence et par préférence.

Les prépositions sont destinées à marquer les rapports des choses, et non les choses ellesmêmes, leurs qualités ou leurs actions. Si le même rapport se trouve exprimé par deux prépositions, il y a entre elles synonymie. Mais cette synonymie n'étant que partielle, puisque les deux prépositions sont alors également usitées, quelle différence peut encore faire distinguer l'une de l'autre et décider laquelle il convient de préférer dans tel ou tel cas? Elles ne sauraient guère différer encore, si ce n'est par la manière plus ou moins générale, vague, étendue, ou particulière. expresse, étroite, dont l'une et l'autre signifient le rapport commun. Le même rapport qui a coutume de lier deux ou plusieurs choses se trouve quelquefois avoir lieu entre objets qui ne le comportent pas d'ordinaire, ou bien qui d'ordinaire ne le comportent pas au même degré. Ce sont là deux vues de l'esprit qui déterminent presque toujours à prendre de deux prépositions, équivalenmoins est préférable par rapport à l'état ou à la qualité. « Si les pensées ne sont pas ici tout à fait noires, elles y sont tout au moins gris-brun. » Sév. « Qui lui a dit que ce n'est pas là une installation d'un roi déjà établi, ou tout au moins déjà désigné de Dieu avec un droit certain à la succession? » Boss.

Et toutes les hauteurs de sa folle fierté Sont dignes tout au moins de ma sincérité. MOL. « Je le tiens tout au moins pour suspect. » J. J. « Si cela était vrai, je serais un extravagant, tout au moins.» ID. « Si sa fortune était petite, elle était sûre tout au moins. » LAF.

Le soleil est vu de tout le monde; il est vu par les Américains, quand il ne l'est plus par les Européens; il y a des corps célestes qui n'ont été vus que par quelques astronomes. Une personne est vue de tous ceux qu'elle rencontre; le juge d'instruction, voulant constater qu'elle était en tel endroit à telle heure, recherche par qui elle a été vue.

tes en apparence, l'une de préférence à l'autre. I de ce tour dans des occasions particulières, où Or. il est de fait que les prépositions les plus il est besoin de marquer intention, acte spécial usuelles, comme à et de, employées dans des de volonté. locutions qui ne diffèrent d'autres locutions qu'en ce que celles-ci contiennent d'autres prépositions, comme par, pour, avec, sont celles qui exprimeat le rapport de la manière la plus générale, la plus indéterminée, la moins spéciale, la moins remarquable. Pour nous en tenir à de et par qui, placés après les verbes passifs, servent à marquer le rapport d'un agent qui modifie et d'une chose qui est modifiée, nous dirons que de désigne cette modification comme elle se fait à l'ordinaire, ou ce rapport entre choses entre lesquelles il existe d'ordinaire, ou ce rapport sans rien de particulier qui le spécialise, ni de précis qui le détermine.

Même, à en juger extérieurement à l'aide de l'oreille seule, il y a dans l'emploi de par quelque chose de rude, d'inaccoutumé, de moins coulant, de moins facile à prononcer, qui arrête et témoigne qu'on a eu dessein d'exprimer plus fortement, plus spécialement le rapport, et de le faire remarquer davantage. De nous est si familier qu'il passe inaperçu. Il était suivi de son domestique signifie un rapport tout simple, un fait qui ne donne pas à réfléchir, qui n'offre rien de particulier à l'esprit, qui ne sort pas de l'ordre commun. Il était suivi par son domestique signifie le même rapport, mais en annonçant qu'il n'a pas lieu comme à l'ordinaire, soit que le maître se soit fait suivre par son domestique de peur de quelque danger, soit que le domestique ait suivi son maître pour l'observer, pour épier ses démarches.

Un homme, une femme sont aimés de tout le monde. Un homme est aimé de tous les partis; par ses collègues, par ses adversaires mêmes. Cette femme est aimée de tous ceux qui la connaissent; dans sa jeunesse, elle a été aimée par son cousin.

De même, on est haï de tout le monde; on est haï par ses proches, car c'est ici une haine remarquable, peu ordinaire, à laquelle on ne s'attendrait pas. Je suis hai d'un homme qui fut toujours mon ennemi, et haï par un homme qui a été mon ami. La haine, qu'exprime haï par, peut aussi se faire remarquer en raison de sa force; de atténue l'idée ou l'affaiblit en l'étendant, en la généralisant. Tarquin était haï de tous les Romains, et spécialement par ceux que sa tyrannie avait particulièrement blessés, comme Brutus,

Honoré de indique un honneur rendu habituellement un père est honoré de ses enfants: honoré par un honneur particulier, rendu dans une certaine occasion: il fut honoré par le roi qui daigna l'aller voir chez lui.

Vous direz d'une manière générale : Il n'y a pas à balancer pour un roi entre être aimé et être Ainsi, telle est la différence qui existe entre les craint de ses sujets; et d'une manière particudeux prépositions de et par, alors qu'elles pa-lière, dans un cas unique Ce roi fut aimé, en raissent pouvoir être indifféremment employées même temps que craint par ses sujets. et se suppléer l'une l'autre. De est plus général, moins caractérisant pour la circonstance; il marque souvent une modification produite sans action précise, sans volonté spéciale, sans intention expresse d'agir: c'est la différence du général au particulier, de l'indéterminé au déterminé, de l'habituel à l'extraordinaire, de ce qui arrive comme de coutume, sans rien de plus, à ce qui arrive dans des circonstances et d'une manière spéciale en vertu d'une intention bien marquée. Des exemples sont nécessaires pour dissiper ce que cette dictinction peut avoir d'obscur ou de douteux.

Un général est suivi de son armée, et suivi de près par les troupes ennemies. Un homme est suivi de son chien ou d'une personne, qui marche derrière lui sans aucune intention; on est suivi par des voleurs, par un agent de police.

Une seconde différence, dérivée de la première et plus apparente, consiste en ce que par et de s'emploient plus volontiers, l'un au propre, et l'autre au figuré. Cela doit être. De ces deux prépositions laquelle, si ce n'est de, c'est-à-dire celle qui entraîne pour accessoires la généralité et l'indétermination, exprimera un rapport vague, idéalisé, transporté du physique au moral? Toutefois, cette différence n'est pas décisive; il y a, comme on a pu le voir par les exemples précédents, des cas où l'on se sert des deux prépositions au physique, et d'autres où on s'en sert également au moral. Alors, pour se guider dans le choix de l'une ou de l'autre, il faut recourir à la première distinction.

On est saisi par des voleurs; on est saisi de crainte, de douleur. On est frappé par un maître; Accompagné de énonce simplement un fait, on est frappé de terreur, d'épouvante. « Quand celui d'une personne, qui, en compagnie d'une on exerce les sens extérieurs, on se sent actuelou de plusieurs autres, parcourt tel ou tel che-lement frappé par l'objet corporel qui est au min; accompagné par réveille naturellement dans l'esprit une idée de surveillance ou de respect. « Télémaque était accompagné par Minerve. » FÉN. Un prince marche précédé de ses gardes. On ne doit se hasarder dans certaines contrées que précélé par un guide.

On se fait suivre, accompagner ou précéder par et non de quelqu'un, au moins la plupart du temps; c'est que la plupart du temps on se sert

dehors et présent; au lieu que l'imagination est affectée de l'objet, soit qu'il soit présent ou qu'il ne le soit pas. » Boss. Un édifice est consumé par le feu; un homme est consumé d'amour ou de regrets. Un voleur a été vu par quelques personnes; on est bien ou mal vu de quelqu'un. J'ai été blessé par vous; et j'ai été blessé de vos propos. Une action, chose abstraite, métaphysique, est suivie d'une autre, et non par une autre; la mort de

vants : « Jésus-Christ annonce par avance toutes ces choses à ses disciples, afin qu'ils n'en soient pas surpris lorsqu'elles arriveront. » BOURD. « Le secret de trouver la mort douce et consolante, c'est de se détacher par avance de tout ce qu'elle

César fut suivie de grands prodiges. On est admiré | avoir répondu d'avance, sans s'en douter, à toutes par tout le monde, quand on reçoit de tout le les objections qu'on devait lui faire (J. J.); les remonde des témoignages extérieurs d'admiration; mords font participer d'avance les méchants à la et admiré de tout le monde, quand on inspire à réprobation du démon (MASS.). Mais par avance tout le monde le sentiment intime de l'admira-est de rigueur dans des exemples tels que les suition. On dit saigner du nez, au figuré, pour signifier, manquer de courage dans l'occasion; on ne pourrait pas donner ce sens éloigné à saigner par le nez, il représente trop précisément le fait physique. C'est toujours à ce caractère essentiel de géné-nous enlèvera. » MASS. « Voler par avance était ralité et d'indétermination, d'une part, de parti- trop de prévoyance pour moi. » J. J. cularité et de précision, de l'autre, qu'il en faut Pareillement, on emploie de préférence quand revenir. Si sa réalité avait encore besoin de preu- on est presque indifférent, et par préférence quand ves, il serait facile d'en trouver. Ainsi la préposi-il s'agit d'une préférence expresse. Aussi de préfétion de est si bien indéterminée, au moins comparativement à par, qu'elle exige la suppression de l'article là où la préposition par exige qu'il demeure: il était suivi de soldats, par les ou par des soldats. On prend une ville d'assaut, c'est la manière ordinaire; on la prend par surprise, c'est une manière rare et remarquable par cela même. Pareillement, on voit de ses yeux, on touche de ses mains, on entend de ses oreilles; mais un aveugle voit par les yeux de son guide.

rence est bien plus rarement employé que par préférence, le mot préférence indiquant déjà par lui-même un choix, c'est-à-dire une action réfléchie et volontaire. « On n'écoute que ce qu'on veut entendre par préférence. » COND. « Vous donnez votre attention, lorsque vous vous oceupez par préférence d'une idée qui s'offre à votre esprit. » ID.

Il y a entre le français et le latin une grande analogie, quant à la manière dont ces deux langues se comportent à l'égard du complément des verbes passifs. Nous suppléons aux cas des déclinaisons latines par les deux prépositions à, qui répond au datif, et de, qui répond au génitif et à l'ablatif. Le complément du verbe passif se mettait à l'ablatif en latin; aussi le faisons-nous précéder en français de notre préposition de, représentative de l'ablatif. Mais quand les Latins voulaient exprimer une modification plus spėciale, plus remarquable, ils avaient recours à une préposition, ab; de même nous, en pareille circonstance, nous ne nous contentons pas de notre de, si usuel, si fréquent, et signe d'un cas,

Une autre preuve résulte du sens évidemment attaché à chacune de ces deux prépositions dans certaines locutions synonymiques, dont elles font toute la différence. Ainsi de et par servent quelquefois à exprimer le motif qui fait agir: de crainte, par crainte; de dépit, par dépit. En pareil cas, de ne convient que dans les phrases absolues, et par dans les propositions où l'on ajoute au mot qui le suit quelque déterminatif : on recule de crainte, on recule par crainte du poignard, de la mort, de la justice; on quitte de dépit une réunion où l'on se trouve, on la quitte par dépit de s'y entendre railler. De crainte et de dépit sont de véritables adverbes, qui ne deman-nous nous aidons d'une préposition spéciale, par. dent et ne souffrent rien après eux.

De et par ont encore entre eux le même rapport dans les locutions adverbiales, de force et par force, d'avance et par avance.

De force implique une force générale, vague, sans précision, sans rien qui la signale: de gré ou de force, c'est-à-dire, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas; j'y vais, mais j'y vais de force, c'est-à-dire, contre mon gré.

Tu te fais obéir ou de force ou de gré. LAF. Par force annonce une force éminente, remarquable, une insigne violence; aussi l'Académie lui donne-t-elle pour équivalent, à force ouverte, de vive force. « Labérius fut humilié de son métier, quoiqu'il le fit par force. » J. J.

Seulement les Latins ne trouvaient la modification remarquable, digne d'être rendue d'une façon précise et particulière, que quand elle était produite par un être animé. La règle est différemment appliquée, mais la même au fond. SYNONYMIE DE LA PRÉPOSITION à AVEC LES PRÉPOSITIONS Sur, par, avec, pour, etc.

A cheval, sur un cheval; etc.-Juger à et par (juger sur); au moyen, par le moyen; tomber, jeter à terre; tomber, jeter par terre.- Pêcher à la ligne et avec une ligne; se battre à l'épée et avec une épée; avoir affaire à et avec quelqu'un; rapport à et avec; comparer à, comparer avec; etc. Bois à et pour brûler; table à et pour jouer; attention, fermeté, attachement, etc., à et pour; propre, bon, utile, etc., à et pour; etc. Etc.

D'avance ne contient que l'idée d'anticipation; par avance y joint celle d'empressement, d'intention spéciale, de prévoyance et de précaution. Un débiteur, qui paye d'avance, paye avant le temps, et voilà tout; celui qui paye par avance a un motif Lorsque deux expressions synonymes diffèrent particulier, il craint peut-être qu'à l'échéance, seulement par des prépositions qui en font partie, il ne se trouve avoir dépensé l'argent qu'il pos-celles-ci désignent un rapport commun, puisque sède aujourd'hui. Dans cette phrase, faire des dettes c'est se priver d'avance de l'argent qu'on recevra, par avance serait tout à fait déplacé. Une prévention ou un préjugé est une opinion prise d'avance (S. S.); un habile écrivain se trouve

les deux expressions sont synonymes; mais elles le désignent, chacune à sa manière, puisque les deux expressions sont usitées. Or, quant à la manière dont elles désignent un même rapport, deur prépositions ne peuvent différer, sinon en ce que

l'une le représente avec plus de rigueur et de | lorsque l'action de veiller a pour objet une perprécision que l'autre, et comme plus étroit. Ce sonne. Quand il exprime comme veiller à une vifait. deja avancé et établi précédemment, va re-gilance relative aux choses. il la représente comme cevoir ici un nouveau degré d'évidence.

Parmi les prépositions françaises, il en est deur, à et de, que l'usage a dépouillées presque totalement de leur valeur originelle, pour leur faire signifier les rapports les plus généraux, les plus abstraits, les plus vagues, notamment ceux que les Latins et les Grecs rendaient par les cas de leurs déclinaisons, le datif et le génitif. Cette absence d'originalité leur donne une sorte d'aptitude universelle à marquer les rapports des choses, rapports indiqués, d'un autre côté, par des prépositions speciales. De là une foule de synonymes, pour la distinction desquels une seule chose est d'ordinaire à observer, c'est qu'à et de, quand ils expriment le même rapport que les autres prépositions. le font d'une manière moins spéciale, moins rigoureuse, moins remarquable, ou montrent ce rapport comme ordinaire ou habituel. C'est ainsi, et ainsi seulement, que de se distingue de par après les verbes passifs. A plus forte raison est-ce ainsi qu'à doit differer des prépositions sur, par, avec, pour, etc., quand il lui arrive d'en être synonyme, puisqu'il y a dans à encore plus de vague, d'indétermination et de généralité que dans de. Tout ce qui suit vient à l'appui de cette conclusion et la met hors de doute.

1o A, SUR.

plus spéciale et plus attentive. Dans cette phrase de J. J. Rousseau : « Vous m'offrez quelqu'un de votre choix pour veiller à mes effets, » à la place de veiller à, veiller sur marquerait plus de soin, une vigilance qui tiendrait de plus près son objet. On veille à la santé et à l'éducation de ses enfants (MARM.); on veille sur leur pudeur (MONTESQ.). - Veiller sur se rapproche sous ce rapport de veiller pour; il s'en éloigne cependant en ce qu'il signifie une vigilance d'en haut, d'autorité, une sorte d'inspection ou de protection, au lieu que veiller pour signifie une vigilance de prévoyance, ou plutôt de pourvoyance, qui entoure, qui écarte les dangers, en faveur et à la place de celui pour qui on veille. « Les deux yeux sont égaux, placés vers le milieu et aux deux côtés de la tête, afin qu'ils puissent veiller commodément pour la sûreté de toutes les parties du corps. » FEN.

Vous cependant ici veillez pour mon repos.

(Mithridate à Xipharès.) RAG.. C'est ainsi que s'attendrir sur quelqu'un marque un sentiment qui tombe sur une personne malheureuse; et s'attendrir pour un sentiment favorable à une personne pour laquelle on s'intéresse. 2o A, PAR.

Ces deux prépositions servent à exprimer ce à l'aide de quoi on forme une induction.

accusé qu'il est coupable..

LAF.

A et sur marquent tous deux qu'on se sert d'une A s'emploie de préférence, quand il s'agit de chose comme d'un soutien pour faire une action, tout un ensemble de signes apparents et d'une avec cette différence que à ne s'emploie que quand interprétation généralement si facile, que leur c'est une habitude générale de faire la même ac- seule inspection suffit pour en faire apercevoir le tion en prenant la même chose pour soutien. On sens; par, quand l'interprétation des signes, en va ou on vient à pied, à cheval; on transporte ce cas bien particuliers, offre des difficultés et dedes bagages à âne ou à dos d'âne; les marins mande plus de finesse, un travail plus exprès, transportent quelquefois à bras les marchandises plus spécial. On juge, ou plutôt on voit à l'air du port dans la ville. Mais on va ou on vient sur d'un homme, à sa contenance, à sa voix, à sa déun âne, ou monté sur un âne; des bateleurs mar- marche, à ses manières, qu'il est en colère; mais chent pendant plusieurs minutes sur les mains; on juge aussi qu'il est en colère par une contracdes soldats transportent sur leurs bras ceux des tion instantanée de sa physionomie, par un mot leurs qui ont été blessés; parce que les choses ici qui lui échappe en passant; un magistrat habile représentées comme soutiens pour faire les ac-sait découvrir par les réponses embarrassées d'un tions, que ces phrases expriment, n'ont point reçu de la nature ou de l'usage cette destination. Par une raison analogue, si on emploie comme soutien pour faire une certaine action une chose qui sert ordinairement de soutien, mais pour faire une autre action, sur sera le mot propre. On dira donc monter à cheval pour partir, pour s'enfuir, pour se promener; et monter sur un cheval ou sur son cheval, quand ce sera pour arriver à d'autres buts, et par exemple, pour s'élever au-dessus de la foule qui empêche de voir un spectacle. Sur est encore le seul mot à employer, quand on particularise de quelque façon la chose qui soutient. On s'avance ou on est monté sur un cheval fougueux. Un chien fait à pied le voyage que son maître fait à cheval ou en voiture; et on l'accoutume à marcher sur les pieds de derrière, etc.

A et sur sont encore synonymes à la suite du verbe reiller, dans les expressions veiller à et reiller sur; mais veiller sur implique l'idée d'une vigilance particulière, extraordinaire, et c'est pourquoi seul il se dit bien et principalement,

A l'œuvre on connait l'artisan.
Je vois à votre mine
ID.

Que vous voulez dormir.
Si l'on en peut juger à l'air de son visage,
Elle se plait ici bien mieux qu'en son village. REGN.
Reconnaissez, Abner, à ces traits éclatants,
Un Dieu tel aujourd'hui qu'il fut dans tous les temps.

RAC.

« Je ne puis reconnaître l'esprit français à tant de barbarie, ni soupçonner un honnête homme sur des imputations en l'air. » J. J. « Ne diriez-vous pas que ce magistrat juge des choses par leur nature?» PASC. « On ne juge point les hommes par leurs pensées, on les juge sur leurs actions. » J. J.. Ce dernier passage, comme le premier du même auteur, montre qu'en ce sens sur peut passer pour synonyme des deux autres prépositions à et par. Mais sur a cela de particulier qu'il ne s'emploie que quand il s'agit de signes extérieurs, superficiels, et par cela même propres à tromper, au moins le plus souvent. Juger sur les apparences, sur l'étiquette du sac.

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