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veut; manége moins odieux que risible et dont se Massacre, action de tuer en masse, donne à enservent assez souvent les valets de comédie. « Où tendre qu'on n'épargne personne, qu'on immole est Merlin (un valet)? je le trouve admirable pour tout le monde pêle-mêle, indistinctement, et à ce faire une ressource, pour écarter les créanciers, mot s'attache l'idée d'un grand nombre, d'un amadouer des usuriers, persuader des mar-amas, d'une multitude de gens. « Fatale journée chands.» REGN. « Ces vieilles filles sont diantrement dégourdies: il n'y a pas moyen de les amadouer, et je vois que j'aurai bien de la peine à gagner celle-ci. » DEST. « Le peuple d'Athènes va en foule au théâtre d'Aristophane s'entendre dire qu'il aime à être flatté, caressé par ses orateurs, et que celui qui sait le mieux l'amadouer est son maître. » MARM.

Celui qui cajole est doucereux et séduisant; celui qui flagorne n'a rien que de bas et de grossier; celui qui amadoue est subtil et industrieux.

CARNAGE, BOUCHERIE, MASSACRE, TUERIE. Meurtre ou mise à mort d'un certain nombre d'hommes à la fois.

dans laquelle les soldats romains, étant entrés de force dans la ville de Jérusalem, sans faire aucune distinction de sexe ni d'âge, les enveloppèrent tous dans un massacre commun. » Boss. « Les Irlandais complotèrent d'assassiner tous les protestants de leur île, et en effet ils en égorgèrent plus de quarante mille. Ce massacre.... » VOLT. « Ce fut à Santon que se donna la plus sanglante bataille qui ait dépeuplé l'Angleterre. Il y périt plus de trente-six mille hommes.... On combattait alors de près, et l'acharnement produisait ces grands massacres dont il y a peu d'exemples depuis que des troupes réglées combattent pour de l'argent. >> ID. «< L'erreur d'un roi qui se flatte sur ses prétentions cause souvent des ravages, des famines, des massacres, des pestes. » FÉN. « On n'osait d'abord proposer au roi (Charles IX) un si grand carnage, et on ne lui parlait que des principaux; mais il répondit en jurant que, puisqu'il fallait tuer, il ne voulait pas qu'il restât un seul huguenot pour lui reprocher le meurtre des autres. Ainsi, on conclut un massacre universel. » Boss.Il se peut que le massacre ait lieu, comme la boucherie, à l'égard de gens désarmės, qui ne se défendent point; mais cela n'est pas aussi essentiel au massacre qu'à la boucherie, et d'ailleurs dans le massacre les gens ne sont pas comme dans la boucherie rassemblés en un même lieu, en une enceinte, et, par conséquent, en nombre assez limité. Lorsque l'empereur Théodose fit égorger par ses soldats les habitants de Thessalonique, dans le cirque où ils avaient été invités à venir assister à des jeux, ce fut une boucherie (VOLT.); s'il est vrai qu'une légion, toute composée de chrétiens et appelée Thébéenne, ait été massacrée par Maximilien Hercule dans une gorge étroite du Valais, ce fait mérite encore proprement le nom de boucherie (VOLT.). Mais le massacre de la Saint-Barthélemy, le massacre des Innocents, celui des Vêpres siciliennes, celui des Romains répandus dans les Etats de Mithridate, ont eu un champ plus vaste et ont fait périr de plus nombreuses victimes.

Carnage, du latin caro, carnis, chair, exprime proprement l'action de faire chair, de tailler en pièces, en morceaux, de répandre le sang. C'est un terme énergique qui montre à l'œuvre, qui peint la destruction de la vie, furieuse, acharnée. « Pourvu qu'il s'affermisse la couronne sur la tête, Hérode ne compte pour rien de remplir de sang et de carnage tout un pays.» BOURD. « Des hommes de guerre, gens de carnage et de sang. » Boss. « Voilà, ce me semble, assez de carnage, assez de sang répandu, assez de chairs dévorées, assez de feux allumés. » ID. « Mars, qui favorisait le cruel et intrépide Adraste, voulait, par lui, prolonger les horreurs de la guerre et multiplier les carnages.» FEN.« Philoctète répandait autour de lui le carnage et l'horreur pour repousser les efforts d'Adraste. » ID. « La rage succéda à la patience (chez les protestants); ils imitèrent les cruautés de leurs ennemis; neuf guerres civiles remplirent la France de carnage. » VOLT. « Les Sarrasins, voyant le carnage que Rodomont faisait des chrétiens, secondèrent ce furieux. » LES. Une lionne vient, monstre imprimant la crainte ; D'un carnage récent sa gueule est toute teinte. LAF. Boucherie, action de tuer comme un boucher ou comme dans une boucherie, suppose des hommes sans défense réunis en un même lieu, espèce de troupeau qui est sous la main et qu'on n'a qu'à égorger. « Ces malheureux ne pouvaient se défendre, on en fit une horrible boucherie. » ACAD. « Les Suisses avaient fait une horrible bou-sulte: encourager au carnage, échapper au carcherie des lansquenets, quoiqu'ils eussent mis les armes bas. Boss. « Jérusalem ayant été prise par les croisés, quelques chrétiens conduisirent les vainqueurs dans les caves les plus reculées, où les mères se cachaient avec leurs enfants, et rien ne fut épargné. Après cette boucherie.... » VOLT. « Camille sortit d'Ardée pendant une nuit ob-jours ouverte; dans la Saint-Barthélemy toutes scure, et surprit les Gaulois ensevelis dans le vin. Il en fit une horrible boucherie. » VERT. « Camille d'abord fait jeter de grands cris à tous ses soldats, et commande aux trompettes de sonner pour effrayer les barbares qui, à ce grand bruit, reviennent à peine de leur sommeil et de leur ivresse. Ce ne fut point un combat, mais une boucherie. ROLL. D

Accessoirement on peut encore remarquer ceci. Carnage fait penser à l'action et à ce qui en ré

nage, le carnage dura jusqu'à la nuit; être altéré de carnage, remplir tout un pays de sang et de carnage, certains animaux vivent de carnage. Boucherie se rappporte au lieu conduire des soldats à la boucherie; sous la Terreur, on a vu traîner les citoyens à une boucherie tou

les rues de Paris n'étaient plus que boucheries (Boss.). Massacre emporte une idée de confusion, de mélange, de désordre on appelle massacre un ouvrier qui bousille, qui gâte la matière, faute de savoir lui donner une forme convenable. « Ce n'était plus, dans cet amas confus d'hommes acharnés les uns sur les autres, que massacre, vengeance, désespoir et fureur brutale. » FÉN.

Tuerie est un mot à part : il ne se dit que dans | « L'unau et l'aï ont les intestins très-petits et le style familier et à cause de sa terminaison qui est familière et parce qu'il a été formé de tuer, le plus commun des verbes, qui, dans notre langue, signifient donner la mort. Dans une épître familière à M. de Turenne, qui venait de battre, à Sintzeim, le prince Charles, duc de Lorraine, et le comte de Caprara, général de l'empereur, Lafontaine dit :

Vous avez fait, seigneur, un opéra. Quoi! le vieux duc, suivi de Caprara : Quoi! la bravoure et la matoiserie? Grande est la gloire, ainsi que la tuerie. Mme de Sévigné se sert aussi volontiers de ce terme peu usité : « Vous avez jugé très-juste et très-bien de Bajazet.... Le dénoûment n'est point bien préparé, on n'entre point dans les raisons de cette grande tuerie. » « On perce M. de Longueville de cinq ou six coups. M. le duc le suit, M. le prince suit son fils, et tous les autres suivent M. le prince (à une attaque): voilà où se fit la tuerie qu'on aurait très-bien évitée, si....». C'est parce que tuerie n'est pas noble, qu'il se dit des meurtres qui arrivent ou peuvent arriver dans une grande foule, dans une grande bagarre. CARNIVORE, CARNASSIER. Ces deux mots se disent des animaux qui se nourrissent de chair.

Carnivore est un terme savant, traduit du latin carnivorus, qui mange de la chair, et adopté au XVIIIe siècle par les naturalistes, pour distinguer les classes d'animaux par leur nourriture. Carnassier marque par så terminaison le métier, l'occupation exclusive, l'habitude constante et le goût particulier. L'animal carnivore mange de la chair, mais il n'en fait pas métier, pour ainsi dire, comme l'animal carnassier. Celui-ci ne vit que de chair; celui-là peut aussi manger des productions de la terre. L'homme, le chien et le chat sont des animaux carnivores; le tigre, le lion, le loup sont des animaux carnassiers. La chair est une nourriture de carnivore, et la nourriture propre du carnassier.

Toutefois, cette différence n'est pas toujours observée dans le langage commun, même dans celui de l'histoire naturelle. Ainsi, on appelle assez souvent carnassiers des animaux qui ne sont rigoureusement que carnivores, l'homme, par exemple. Mais il existe, entre les deux mots, une autre différence à laquelle on se conforme plus généralement.

Devant la terminaison ier, carnassier, écrit aussi carnacier, contient la syllabe ass ou ac, latin ax, laquelle exprime la ténacité, la rapacité, l'acharnement. En conséquence, carnivore, terme scientifique, désigne; carnassier qualifie. Un animal est ou n'est pas carnivore, il ne l'est pas plus ou moins. L'animal carnassier l'est plus ou moins. << Et moi, dit l'ours, je suis fort, courageux, carnassier, tout autant que le lion. » FÉN. « Ces corbeaux ne sont pas aussi carnassiers qu'on le croit communément. » BUFF.

Carnivore indique à quel genre appartient un animal, et ce mot ne s'applique pas à autre chose qu'aux animaux : on ne dit pas la dent carnivore comme on dit la dent carnassière (BUFF.) du loup, du renard, de la fouine, de la belette.

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plus courts que les animaux carnivores. » Buff. « Les vautours paraissent être conformés nonseulement pour être carnivores, mais granivores et même omnivores. » ID. « La longueur de l'intestin du corbeau est moyenne entre la longueur des intestins des véritables carnivores et celle des intestins des véritables granivores. » ID. « La nature a organisé l'homme pour être également et carnivore et frugivore. » MARM. « La conformation des dents de l'homme prouverait seule que la nature l'a destiné à être carnivore. » LAH. - Carnassier représente l'animal comme ayant le goût ou la passion de la chair, comme avide de chair, comme vorace et féroce. « Ceux de ces oiseaux (les chouettes, oiseau carnivore) qui sont les plus voraces, les plus carnassiers, mangent du poisson, des crapauds, des reptiles, lorsque la chair leur manque.» BUFF. « J'ai vu encore, en Ecosse, des restes de l'ancien fanatisme qui avait changé si longtemps les hommes en bêtes carnassières. » VOLT. « Y eut-il jamais un brigand qui respectât moins la foi publique, le sang des hommes et l'honneur des femmes, que ce Bernard Van-Galen, évêque de Munster.... Il passait du lit de ses concubines aux champs du meurtre, comme une bête en rut et carnassière.» ID. « Je vois s'allumer entre vous les feux d'une haine infernale : armés l'un contre l'autre, vous vous déchirerez comme des bêtes carnassières. » MARM.

De même, entre les hommes, qui tous sont carnivores, on appelle carnassiers ceux qui aiment particulièrement la chair, qui la recherchent avec un violent appétit et s'en nourrissent uniquement ou à peu près.

selon

CAS, CIRCONSTANCE, CONJONCTURE, OCCASION, OCCURRENCE. Tous ces substantifs, l'expression de Romani, sont phénoménaux, c'est-à-dire qu'ils servent à indiquer où, quand, dans quel état des choses, et dans quel cadre, en quelque sorte, ont lieu ou se passent, ou bien doivent avoir lieu ou se passer des phénomènes, des faits, des événements. Une chose arrive, ou on fait une action dans tel cas, dans telle circonstance, dans telle conjoncture, dans telle occasion, dans telle occurrence. Comment agiriez-vous en pareil cas, dans une pareille circonstance, dans une pareille conjoncture, dans une pareille occasion, dans une pareille occurrence?

Le mot cas, principalement usité dans les sciences et dans les disputes, se distingue nettement de tous les autres en ce qu'il se dit dans l'ordre des idées et non dans l'ordre des faits. Il convient dans les matières abstraites, dans les sujets de discussion où il s'agit, non pas de ce qui est effectivement arrivé, mais de ce qui est casuel, de ce qui pourrait ou pourra arriver. En cas de malheur; dans ce cas, il faudrait.... « Quand on raisonne, on doit tout prévoir, surtout les cas les plus naturels, conséquemment les plus possibles. » S. S. « Il attend que les hommes préfèrent à Homère les poëtes modernes ; il se met en ce cas à la tête de ces derniers. » LABR. Le cas étant quelque chose d'idéal, d'hypothétique, de purement conçu, on ne dirait point:

profitez du cas; ni, dans ce cas, il fit marcher | cés par les conjonctures et les circonstances du ses troupes; ni, je viens de trouver, pour agir, un temps, malgré leur aveuglement, les Juifs semcas favorable. Dans ces phrases et autres sembla- | blaient quelquefois (à l'égard de J. C.) sortir de bles on doit se servir des synonymes de cas, tous leurs préventions. » Boss. capables d'exprimer quelque chose d'effectif. Occasion, ob cadere, tomber devant, au devant, Ensuite, le cas a rapport à une règle : les mora- exprime une circonstance ou une conjoncture de listes, les législateurs, les médecins prescrivent la temps favorable pour entreprendre ou exécuter, conduite qu'il faut tenir dans tels ou tels cas. « Il y une opportunité qui nous tombe tout à coup, soit avait des cas particuliers où les rois déféraient au qu'elle arrive inopinément, soit qu'on l'ait attenpeuple le jugement souverain. » Boss. « On ne due ou cherchée. On saisit l'occasion ou on la doit pas employer le châtiment des verges sinon laisse échapper. L'occasion diffère donc bien de dans certains cas dont je parlerai. » ROLL. « Ti- | la circonstance et de la conjoncture. Celles-ci bère n'appliqua point cette loi aux cas pour les d'abord ne sont pas toujours favorables on se quels elle avait été faite. » MONTESQ. trouve dans de tristes, dans de cruelles, dans de pénibles circonstances ou conjonctures. Les circonstances ou les conjonctures de la vie. Dans ces phrases, occasion serait impropre. - Ensuite, même quand les circonstances et les conjonctures sont favorables, elles n'arrivent pas tout à coup et ne sont pas passagères comme l'occasion; ce n'est pas quelque chose de nouveau qui se produit subitement et va s'enfuir, mais plutôt un état fixe des choses dont on peut profiter sans empressement. « L'amour de Dieu vous élargira le cœur et vous fera décider sur-le-champ dans les occasions pressantes. » FÉN. « Il y a un temps où les filles les plus riches doivent prendre parti: elles n'en laissent guère échapper les premières occasions sans se préparer un long repentir. » LABR.

Les circonstances et les conjonctures sont des choses ou des faits accessoires par rapport à un fait qui se trouve comme placé au milieu; elles influent sur lui et peuvent contribuer plus ou moins à le produire. Elles diffèrent de deux manières.

1° Conjoncture, concursus rerum, en vertu de son initiale cum, avec, ensemble, signifie une rencontre de circonstances, une complication d'événements, d'affaires ou d'intérêts; si bien qu'on ne dirait pas un concours de conjonctures, comme on dit un concours de circonstances, ce serait un pléonasme. On se sert bien de ce mot quand des partis sont aux prises, quand une querelle ou une guerre est engagée, quand deux événements se rencontrent, comme, par exemple, la mort d'un général et la défaite de ses troupes, ou bien une victoire sur terre et une autre sur mer; on dit alors: dans cette ou dans ces conjonctures.... « Dans la chaleur des conjonctures présentes. » VOLT. Les conjonctures sont, d'ordinaire, embarrassantes et perplexes : « Il n'est ni conjoncture difficile, ni perplexité où il soit permis d'adoucir la loi de Dieu; mais les conjonctures les moins embarrassantes nous fournissent des prétextes pour la violer. » MASS.

2o Les circonstances, circum stantia, choses qui se tiennent autour, ont avec le fait un rapport plus prochain; elles l'entourent, ou même elles en font partie, elles en sont des particularités les circonstances d'un fait; une action a été accompagnée de telles ou telles circonstances. Les conjonctures, conjuncta, choses jointes à ou avec, sont en dehors du fait, et souvent à une assez grande distance. « La conjoncture et la circonstance sont à la chose comme deux cercles concentriques à un point donné : la circonstance est le cercle renfermé dans la conjoncture. La conjoncture influe de loin sur l'événement; la circonstance touche, pour ainsi dire, à l'action. >> ROUB. Des circonstances favorables assurent le succès et en sont le commencement; des conjonctures favorables le présagent, le font présumer, le préparent de loin. Votre ennemi est attaqué par des nations voisines et déjà affaibli par des défaites; dans ces circonstances, vous lui déclarez la guerre. Votre ennemi a indisposé quelques alliés, perdu un habile capitaine; la saison est belle dans ces conjonctures, vous lui déclarez la guerre. On profite des circonstances, elles sont tout appropriées au fait; on consulte les con'onctures, il faut savoir en tirer avantage. For

D

au

L'occurrence, ob currere, courir devant, devant, diffère de la circonstance et de la conjoncture, comme l'occasion, en ce qu'elle s'offre à nous, nous échoit tout à coup, à l'improviste. « La présence d'esprit se pourrait définir une aptitude à profiter des occasions pour parler ou pour agir. C'est un avantage qui demande un esprit facile, l'usage des affaires, et, selon les différentes occurrences, divers avantages: de la mémoire et de la sagacité dans la dispute.... » VAUV. L'occurrence a même cela de plus distinctif encore qu'elle est toujours fortuite, jamais attendue, ni cherchée. Outre ce dernier trait, qui la sépare déjà de l'occasion, elle n'est pas essentiellement favorable comme celle-ci; on ne dit pas l'occurrence d'agir comme l'occasion d'agir, pas plus qu'on ne dit la circonstance ou la conjoncture d'agir; mais on dit bien une fâcheuse occurrence, et, dans toutes les occurrences de la vie. « Cependant, le feu (l'amour) s'allumait. C'était un feu caché.... Une fatale occurrence l'a fait éclater. » BOURD.

CAS (AU) QUE..., EN CAS QUE.... Supposé que. La présence de l'article dans la première locution la rend plus précise: au cas que, c'est-àdire dans le cas déterminé, examiné, prévu, où.... En cas que, c'est-à-dire si par hasard.

Au cas que se trouvera ou se mettra plutôt dans un acte, dans un code, dans tout écrit où on spécifie bien les cas et où on pèse les termes. Une quittance de Beaumarchais porte: « Et au cas que M. le comte de La Blache n'ait pas de peintre du premier mérite, il sera obligé de faire copier ce portrait par le plus habile peintre de Paris. « Les féciaux faisaient des imprécations contre euxmêmes et contre leur cité, au cas qu'il leur arri

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vât d'en imposer. » COND. « Gustave-Adolphe sti- | pour être séparées, qu'on les arrache les unes aux autres, qu'on déchire les liens qui les retiennent ensemble. On rompt un ressort, une porte, des nœuds, des liens, une branche d'arbre, une baguette et autres corps pliants.

pula qu'au cas de la mort du dernier duc, il garderait la Pomeranie en séquestre jusqu'au remboursement des frais de la guerre. » VOLT.On dit, au contraire, en cas de besoin, en cas d'accident, et rien de plus vague que ces expressions. C'est aussi le caractère d'en cas que, dont on se sert surtout dans la conversation et quand on parle avec peu de rigueur. « Le prince royal m'a envoyé le comte Bork, pour m'offrir sa maison à Londres, en cas que je voulusse y aller, comme le bruit en a couru. » VOLT. « Tout ce qu'on peut dire de ces personnes, en cas qu'on soit obligé d'en parler, c'est qu'elles ont commis telle ou telle faute.» NIC. « Marquez toutes ces fautes en votre exemplaire, afin de nous l'envoyer en cas qu'on fasse une seconde impression. » DESC.

En outre, au cas, à cause de sa précision, s'emploie bien quand il est question d'événements présents ou passés. << Jansénius n'est hérétique qu'au cas qu'il soit conforme à ces erreurs condamnées. » PASC. « Je ne donnerai ici les règles que de la première méthode; et encore au cas qu'on ait accordé les principes. » ID. « Les Péruviens n'auraient pas caché à Garcilasso le secret de conserver les corps, au cas que cet art eût encore été connu au Pérou. » BUFF. Mais en cas ne convient que quand il s'agit d'événements à venir, et, par conséquent, mal déterminés. « Démocrite promit à Darius de faire revivre la reine, en cas que Darius lui pût fournir dans ses Etats trois personnes à qui il ne fût rien arrivé de désagréable. » FÉN. « Je ne sais ce que je pourrais dire ou écrire assurément du bienfait de ce prince, en cas qu'il se présentât occasion de l'en remercier.» DESC.

J'ai songé cette nuit un songe épouvantable:
En tombant, mon miroir s'est cassé sur ma table;
Mon lacet s'est rompu.
LAF.

« L'essieu de derrière rompit tout auprès de la
roue; la roue tomba, nous versâmes sans que la
glace de devant, ni celle de la portière, du côté
que la voiture versa, aient été cassées. » Dudeff.

D

De plus, l'action de casser ne se fait pas comme celle de rompre. On casse en frappant, en choquant, en heurtant ou en laissant tomber. Le pot de fer casse le pot de terre qu'il rencontre. « Cratès donna un grand coup de bâton au travers de la marmite, et la cassa en plusieurs morceaux. » FÉN. « Comme Zénon sortait de son école, il se heurta contre quelque chose et se cassa le doigt. ID. On rompt en faisant céder ou succomber sous le poids ou les efforts, en triomphant enfin de la résistance oppposée. Un fleuve rompt ses digues; en rapprochant les deux bouts d'un bâton encore vert, on finit par le rompre ; en faisant certains efforts on se rompt les reins; on est rompu de fatigue; la surcharge des fruits fait rompre les arbres. « Il a fallu que l'artère fût d'une forte structure pour empêcher que le sang ne rompît ses vaisseaux à la manière d'un vin fumeux. » Boss. — Que si on casse plutôt de petits objets, comme un vase ou des œufs, et si on rompt plutôt des objets considérables, comme un essieu, un mât, un pont, c'est que ceux-ci exigent plutôt que ceux-là l'emploi d'une force qui pousse, presse, fatigue et finit par faire plier.

Enfin, bien que certains objets ne soient bons Enfin, au cas désigne un événement plus vrai qu'autant qu'on les casse, comme les noix et les semblable ou moins hypothétique, et en cas un œufs, par exemple; cependant, en général, l'acévénement plus contingent, plus conditionnel, plus tion de casser a pour effet de rendre la chose casincertain. «<Louville se hasarda d'aller voir passée vaine, inutile ou insuffisante pour le service, ser le roi d'Espagne, et pour tenter si, en le voyant, il ne serait pas tenté de l'entendre, au cas, comme il était très-possible, qu'on lui eût caché son arrivée. S. S. « Quant à ce que vous trouvez de trop poétique pour pouvoir plaire à notre monarque, je le puis changer en cas que l'on lui présente mon ode; ce que je n'ai jamais prétendu.» LAF.

CASSER, ROMPRE ; — BRISER, FRACASSER. Mettre de force un corps solide en morceaux.

Casser et rompre se resemblent beaucoup, mais non pas au point d'équivaloir l'un à l'autre. D'abord, ils ne se disent pas des mêmes choses. On se sert de casser en parlant de celles qui sont fragiles, dont les parties sont seulement adhérentes, ou si roides et si dépourvues d'élasticité, | qu'elles se quittent ou se séparent les unes des autres plutôt que de ployer. On casse le verre, la glace, la porcelaine, la faïence, le marbre, des tuiles, des œufs, des noix, et autres choses semblables. « La plupart des os sont d'une substance sèche et dure, incapable de se courber, et qui peut être cassée plutôt que fléchie. » Boss. Mais on rompt des corps dont les parties sont liées ou enchaînées les unes aux autres et qui demandent,

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suivant le sens du mot cassus, d'où vient casser. Une bouteille cassée, un pot cassé, ne servent plus ou servent mal. Un arrêt cassé est nul; un officier cassé est sans emploi; un homme cassé, à raison de son âge, n'est plus propre à rien, pas même à accomplir les fonctions nécessaires à l'entretien de la vie. On casse des meubles, des instruments, des outils, choses susceptibles d'être mises hors de service. « Diogène cassa son écuelle comme un meuble qui lui était inutile. » FÉN. — Mais cette idée accessoire est étrangère à rompre. On rompt le pain pour le distribuer ou pour le manger; un homme rompu aux affaires n'y est pas impropre, tant s'en faut. Rompre un cheval, c'est l'assouplir. C'en est fait d'un mariage cassé; un mariage rompu signifie quelquefois un mariage en projet, qui se pourra renouer plus tard.

Briser, du grec βρίθω, βρίσω, ἔβρισα, charger, fondre sur, est, par rapport à casser comme par rapport à rompre, augmentatif ou complétif. On brise en mettant, non pas seulement en morceaux, mais en mille morceaux, en pièces, en ruines, en débris, et en agissant non pas seulement de force, mais violemment. Un vent impé

ueux brise un navire qu'il jette contre un rocher. Le Seigneur ne cessera de briser l'iniquité, de la mettre en pièces. » Boss. « Cette statue fut brisée et réduite en poudre. » ROLL. « Peut-être qu'à force de briser un corps solide et d'en détacher toutes les parties, on le fait devenir liquide.» Boss. Dans sa colère, Moïse jeta les tables de la loi et les brisa au pied de la montagne. » VOLT. Achille, pour secourir Iphigénie,

A su briser des Grecs les trop faibles barrières. Rac. Dieu fit choix de Cyrus..., Brisa les fiers remparts et les portes d'airain, Mit des superbes rois la dépouille en sa main. ID. . . Voulez-vous que d'impurs assassins Viennent briser l'autel, brûler les chérubins? ID. « J. C. ne brisera pas le roseau cassé.... faites-en autant à votre prochain infirme: prenez garde qu'en passant vous ne marchiez sur lui et n'acheviez de le rompre. » Boss. « Ce zèle amer et intraitable achève de briser un roseau déjà cassé. » MASS. Ame cassée et brisée, où l'eau de la grâce ne tient pas. » Boss. « Craignez cette justice rigoureuse, qui fulmine, qui rompt et qui brise. » ID. Vase de boue! celui qui t'a fait est en droit de te briser; et loin de te briser, le voilà qui craint d'être obligé de te rompre : il te menace par miséricorde. » FEN.

« L'honneur acquis est caution de celui qu'on doit acquérir. » LAROCH. « Je vous promets, dit Sancho, sous la caution de M. saint Antoine, d'être ici au jour marqué. » LES.

Le garant concerne plutôt le présent ou le passé il vient à l'appui d'une assertion dont il assure la vérité, d'une qualité ou d'un événement dont il assure l'existence. « Quand un auteur me rapporte un fait, je le crois dans une chose d'usage dont il a ses yeux pour témoins, et pour garant la foi publique. » Boss. « Nous n'avons pour garant de la validité de notre baptême que la seule autorité de l'Eglise. » ID. « Horace est mon garant, quand j'ose soutenir qu'Homère s'assoupit un peu quelquefois. » FÉN. « Il veut qu'on le croie sur parole et sans citer de garants. » BUFF. « C'est une triste vérité qui a pour garants tous les siècles où le luxe a régné. » COND. « Je ne descendrai pas jusqu'à des justifications: je ne veux d'autre garant de ma conduite que toimême, que notre amour, que mes larmes. >> MONTESQ.

Et dans mes sentiments, assez bien déclarés, Vos doutes rencontraient des garants assurés. MOL. Moi, je lui couperais sur-le-champ les oreilles, S'il n'était pas garant de tout ce qu'il m'a dit. In. << Les chevaliers errants d'une certaine réputation vont de pair avec les têtes couronnées, comme on le peut lire dans les livres de chevalerie, qui sont garants de cette vérité. » LES. « Le vernis que tu vois sur ces médailles est garant de leur excellence. » ID.

Fracasser, du latin frangere,, fractum, renchérit encore sur briser; c'est mettre en mille pièces, faire voler en éclats, et des choses fragiles, c'està-dire qui peuvent être cassées, plutôt que des choses qui peuvent être rompues. On fracasse de la porcelaine; le canon brise des remparts. « Les De plus, la caution se donne aux personnes, et machines (inventées par Archimède), ramenant le les rend dignes de confiance, les accrédite : un vaisseau vers la terre, après l'avoir fait pirouet-homme, et non pas un objet, est sujet à caution. ter longtemps, le brisaient et le fracassaient contre la pointe des rochers. » ROLL. « Après la tempête, des arbres épars dans la plaine la couvraient de leurs troncs brisés et de leurs branches fracassées. » MARM.

L'intrépide Hippolyte

Voit voler en éclats tout son char fracassé. RAC. CAUTION, GARANT, RÉPONDANT. Différents noms applicables à un homme qui se fait fort ou qui s'engage pour un autre.

Caution est le latin cautio, de cautus, avisé, prudent, de cavere, prendre garde, veiller à, se précautionner, prendre des mesures contre. Garant dérive du celte ou du tudesque warrant, qui garde, défend, maintient. La caution se rapporte plutôt à l'avenir; elle vient à l'appui d'une promesse et en assure l'exécution. « Mais, seigneur astrologue, ces prospérités et cette gloire que vous dites que le ciel nous promet, qui en sera caution? MOL. « Je vous suis bien caution que le titre d'encyclopédiste ne vous fera aucun tort auprès de M. du Châtelet. » VOLT.

D

Vous deviendrez aimable, et j'en suis caution. ID. Regarder le passé comme caution de l'avenir. »> VERT. « On ne peut s'assurer de rien avec M. de Cambrai, qui fait tout imprimer hors du royaume, sans que personne puisse lui servir de caution touchant le silence qu'il offre. » Boss. «Quand saint Pierre descendrait du ciel pour m'emprunter dix pistoles, et qu'il me donnerait la Trinité pour caution, je ne les lui prêterais pas. » J. J.

α

« On s'assura de ce prince, dont le pape et le roi d'Espagne se rendirent caution. » Boss. « Celui qui était infiniment riche (J. C.) se constituait caution pour les insolvables. » ID. « J'ai plus d'une raison de compter sur son cœur, et de meilleures cautions de lui que lui-même.» J. J. Cicéron sentit à la fin quel poids c'était pour lui que de s'être rendu la caution d'Octave envers la république. » ROLL. « Je comptais bien que, pour me faire trouver des espèces, il ne se refuserait pas d'être ma caution.» LES.-Le garant se donne aux choses, et les rend sûres, solides, certaines, les fortifie, les autorise. « En se rendant garants de vos droits, les médiateurs vous ont dispensés de les défendre vous-mêmes. » J. J. « Ils alléguaient mon exposition pour garant de leur doctrine. » Boss. « On nous regarderait avec raison comme les fauteurs et les garants de ses erreurs. ID.

Elle ne fait pas voir assez son sentiment!
Quel garant est-ce encor que votre amour demande?

D

MOL.

« Je vous demande si je dois être garant d'autre chose que de ce que je cite. » PASC. « Pour rassurer les protestants, Henri IV avait donné le gouvernement du Poitou à Rosny; il ne pouvait pas trouver un meilleur garant de la bonne volonté qu'il conservait pour eux. » COND. — Vous êtes caution de votre ami, et garant de sa dette. La prudence commande de ne compter sur les inconnus que moyennant caution, et de ne fair

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