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pressé pour engager dans une affaire des person- | 2o PORT, PRESTANCE, REPRÉSENTATION, MAINnes qui ne l'affectionnant pas n'osent pourtant TIEN, CONTENANCE. Manière d'être extérieure refuser d'y entrer. » LABR. d'une personne.

AINSI QUE, DE MÊME QUE, COMME. Termes de comparaison.

Mais les quatre premiers mots, air, mine, physionomie et visage, forment une classe à part, parce qu'ils se rapportent à la face particulièrement, et même deux d'entre eux à la face seule. Tous les autres, port, prestance, représentation, maintien et contenance, doivent être d'abord séparés des premiers, et mis ensemble, parce qu'ils regardent l'habitude entière du corps 1.

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Ainsi que et de même que sont bien distincts l'un de l'autre. Ainsi que se rapporte à la réalité ou à l'événement; de même que, au mode. Faire une chose ainsi qu'un autre, c'est la faire aussi; la faire de même qu'un autre, c'est la faire de la même manière. Lors de la conquête de l'Amérique, les habitants du pays se battirent ainsi que, 1o Air, mine, — physionomie, visage. mais non pas de même que les Espagnols. Un Air et mine ne se disent pas aussi exclusivebeau paysage nous charme ainsi qu'une musiquement de la face seule : l'air guerrier et la mine délicieuse, mais non pas de même qu'une musique guerrière s'étendent à toute la personne. Rollin délicieuse. Les abeilles construisent aujourd'hui dit de Socrate : « Tout l'air de sa personne, qui des cellules ainsi qu'autrefois, et elles construi- n'avait rien que de très-commun et de très-pausent aujourd'hui leurs cellules de même qu'au-vre, répondait parfaitement à l'air de son vitrefois. sage.» Ensuite air et mine marquent plutôt un état apparent : avoir l'air ou la mine d'être ou de faire quelque chose, c'est paraître ou sembler l'être ou le faire. Au contraire, physionomie et visage indiquent un état ou une qualité qui ne laisse aucun doute. Rhadamante dit à Caton arrivant aux enfers: « Tu as la physionomie assez mauvaise, un visage dur et rébarbatif. Tu as l'air d'un vilain rousseau; du moins, je crois que tu l'as été pendant ta jeunesse.» FÉN. Dans Crispin rival de son maître, de Lesage, Oronte est affirmatif quand il dit à Labranche: «Viens çà; je te trouve une physionomie d'honnête homme.» Mais il doute et il interroge, lorsqu'il ajoute: « Ecoute: ton maître a la mine d'un vert galant. » Un homme qui a l'air ou la mine triste paraît triste; une physionomie ou un visage triste annonce plutôt une tristesse ou une inclination à la tristesse sérieuse, véritable, certaine. On a moins de confiance dans celui qui fait bonne mine que dans celui qui fait bon visage; on est moins assuré de sa bienveillance. Air, mine.

De son côté, comme est d'abord l'expression générale et s'emploie continuellement sans qu'on ait égard aux deux points de vue qui séparent ainsi que d'avec de même que faire une chose comme un autre; les Indiens se battirent comme les Espagnols; un beau paysage nous charme comme une musique délicieuse. Mais indépendamment de cette aptitude à remplacer les deux autres mots, comme a aussi une application spéciale qui lui assigne un domaine propre. Il est seul de mise quand il s'agit d'une comparaison entre qualités ou sous le rapport des qualités: c'est pourquoi on dit hardi comme un lion, effronté comme un page, blanc comme neige, doux comme miel, et non pas hardi ainsi que, ni de même qu'un lion, etc. « Le bois du cerf est, comme le bois des forêts, grand, tendre et assez léger dans les pays humides et fertiles.» BUFF. En d'autres termes, ainsi que marque une comparaison entre choses qui arrivent ou se font, sans rapport à la manière : « Ainsi que le gouvernement influe sur le caractère des peuples, le caractère des peuples influe sur celui des langues.» COND. De même que sert à comparer des faits ou des actions qui ont lieu de même, qu'on considère quant à leur manière ou à leur façon: « De même qu'une vapeur pestilente se coule au milieu des airs, et imperceptible à nos sens, insinue son venin dans nos cœurs; ainsi l'esprit malin, par une subtile et insensible contagion, corrompt la pureté de nos âmes. » Boss. - Comme annonce une comparaison qui tombe sur la qualité d'une chose ou d'une personne : Comme on voit un torrent... :

-

Mine, en allemand miene, est plus familier et se prend plus volontiers en mauvaise part: avoir une mine patibulaire, la mine d'un malfaiteur, une mine à faire peur, une laide mine, une drôle de mine. On ne dit guère une mine noble. « Dans l'état de nature, l'homme aurait aussi une mine bien étrange. » BUFF. Lafontaine dit de Louis XI, tel qu'il est représenté en marbre sur son tombeau à Cléry:

Je lui trouvai la mine d'un matois.

4. Toutefois comme l'air et la mine ne se bornent Tel Bourbon descendait à pas précipités.... VOLT. pas essentiellement à la face seule, et qu'ils comC'est la distinction de Girard, qui l'exprime prennent quelquefois le corps et ses situations, et que, d'autre part, maintien et contenance ne se disent de la façon suivante. « Ainsi que marque parti-pas seulement des attitudes du corps, mais aussi des culièrement une comparaison qui tombe sur la traits de la face, il faut distinguer air et mine de réalité de la chose; ce qu'on peut nommer com- maintien et de contenance. Outre que l'air et la mine paraison de faits ou d'actions. De même que mar- ont toujours plus de rapport à la face, et le maintien que proprement une comparaison qui tombe sur et la contenance au corps, air et mine désignent l'exla manière dont est la chose; ce qu'on peut nom-térieur qu'on a, au lieu que maintien et contenance mer comparaison de modifications. Comme mar-expriment l'extérieur qu'on se donne en se compoque mieux une comparaison sur la qualité de la chose; ce qu'on peut nommer comparaison de qualifications. >>

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sant, lequel montre qu'on ne se laisse point aller,

qu'on sait se maîtriser, ne point être embarrassé. L'air et la mine indiquent la manière dont on est; le maintien et la contenance la manière dont on se tient, l'attitude qu'on prend avec empire sur soi-même.

Comme le voilà fait (le joueur)! Débraillé, mal peigné, l'œil hagard! A sa mine, On croirait qu'il viendrait, dans la forêt voisine, De faire un mauvais coup.

REGN.

<< Cet oiseau (un calao) se haussait, se grandissait, et semblait prendre quelque air de fierté; cependant sa mine en général est basse et stupide.» BUFF. Les tamatias (autre sorte d'oiseaux) ont une mine triste et sombre; on dirait qu'ils affectent de se donner un air grave, en retirant leur grosse tête entre leurs épaules. » ID. - Secondement, on considère la mine relativement à la conformation, à la santé, à la taille; et l'air relativement aux actions et aux manières. Avoir bonne mine, ou même simplement de la mine (MOL.) c'est être bien de sa personne, ou paraitre avoir de la santé. Avoir bon air, c'est avoir bonne façon. Une femme a une jolie mine, et un air aisé, gracieux, affable, obligeant, toutes qualités qui se manifestent en partie par des actions, des empressements, par la manière dont on se présente ou dont on parle. On dit aussi, air provincial, bourgeois, écolier, parce qu'il s'agit d'exprimer un manque d'usage, de manières ou de formes. « C'était un homme fort grand; il avait le visage long, avec un nez de perroquet, et quoiqu'il n'eût pas mauvaise mine, il ne laissait pas d'avoir l'air d'un fripon.» LES. On a plutôt la mine, et on prend l'air: Ulysse avait la mine d'un héros (LAF.), et ses compagnons ayant avalé le breuvage de Circe,

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Ils se disent seulement de la face physionomie ouverte, visage ouvert, physionomie ou visage rude ou comique. La physionomie et le visage sont le miroir de l'âme; ils donnent sur ses différents états des indications, et non pas seulement des apparences. Mais d'abord on interprète la physionomie, on l'observe trait par trait, on l'examine, on l'analyse, et il y a des personnes qui se connaissent mieux que d'autres en physionomie; le visage et ce qu'il révèle se voit au premier coup d'œil. « Cela est propre à désespérer les traducteurs de Cicéron qui voudront faire passer dans notre langue, non pas seulement les traits grossiers de son visage, mais le caractère intéressant de sa physionomie. » D'AL.Ensuite, la physionomie dépeint les qualités constantes de l'esprit ou du caractère, et le visage les états passagers de l'âme : on a la physionomie spirituelle, et le visage content; on change de visage, et non de physionomie, à chaque émotion un peu violente. « Son esprit est comme sa physionomie, fort doux et fort aimable.» VOLT. « Hazael, en me regardant avec un visage doux et humain, me tendit la main. » FÉN. Un homme

a naturellement une bonne physionomie; et, dans une occasion, il fait bon visage à quelqu'un.Enfin, on tire de la physionomie, mais non pas du visage, des pronostics sur ce qu'on sera ou sur ce qu'on fera: physionomie heureuse, malheureuse ou sinistre. « Je n'aperçus rien dans sa physionomie et dans ses propos qui me fit mal augurer de lui. » J. J. Une bohémienne, diseuse de bonne aventure, dit à Sgnanarelle dans le Mariage forcé: « Tu as une bonne physionomie; physionomie d'un homme qui sera un jour quelque chose.» MOL.

Air gai ou doux, mine gaie ou douce, font concevoir une gaieté ou une douceur apparente, de la réalité de laquelle on n'est pas bien sûr, et qui se manifeste par les gestes et les manières aussi bien que par les traits de la face; avec cette différence, que l'expression, air gai ou doux, est moins familière que l'autre, et représente une gaieté et une douceur moins concrètes en quelque sorte, moins attachées au matériel de la personne, et consistant plus dans ses manières. - Avoir une physionomie gaie ou douce, un vi sage gai ou doux, c'est présenter sur la face seulement des signes de gaieté ou de douceur certains, ou au moins dont on ne doute pas. Mais ensuite, la gaieté ou la douceur marquée sur la physionomie est une qualité permanente, qui ne se découvre pas toujours du premier coup; celle que montre le visage est un état passager dont les marques se voient et se comprennent d'abord.

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2° Port, prestance, représentation, · tien, contenance. Le port, la prestance et la représentation sont entièrement physiques, et indiquent la manière dont nous sommes, dont nous apparaissons quant au corps; le maintien et la contenance sont le résultat des efforts de l'esprit qui se domine, et impose une tenue au corps, ce sont des attitudes déterminées par des dispositions de l'âme. D'ailleurs le maintien et la contenance ont cela de particulier qu'ils se rapportent aux traits de la face en même temps qu'au reste du corps.

Port, prestance, représentation.

Le port est la manière dont on se porte, l'ensemble du corps en mouvement, la proportion des membres, la tournure, et la taille d'une personne qui marche. Dorante, dans les Fâcheux de Molière, parle d'un cheval court-jointé,

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Et qui fait dans son port voir sa vivacité.

Que demande un port gracieux? un maintien droit sans affectation, une attitude aisée, une contenance gaie et modeste, une démarche ferme sans pesanteur et légère sans précipitation. » P. A. ― La prestance (præ stare, se tenir debout devant) se dit de l'extérieur d'une personne en repos: c'est une sorte de maintien imposant qui dépend tout du corps. De plus, ce mot est assez rarement pris en bonne part, soit qu'il suppose une grande corpulence, ou qu'il marque de l'affectation, un effort pour se donner de la gravité ou pour paraître supérieur aux autres. « Le vulgaire appelle majesté une certaine prestance et une pompe extérieure qui l'éblouit. » Boss.

α

Quelqu'un des courtisans lui dit qu'à la potence

Il voulait l'aller voir, et que, pour un pendu,
Il aurait bonne grâce et beaucoup de prestance.
LAF.

pide. Le maintien fait qu'on impose, et la contenance montre qu'on ne s'en laisse pas imposer. Avec du maintien on garde une attitude digne, « Le page fit semblant d'admirer ce Narcisse, et on est bien; avec de la contenance on n'est pas lui dit avec un feint transport: En vérité, sei- intimidé, on est ferme. Tel a le maintien d'un gneur don Côme, vous avez la mine d'un prince. homme d'honneur; tel autre, la contenance d'un Je vois tous les jours des grands superbement héros. Le maintien suppose de l'éducation, de vêtus; cependant, malgré leurs riches habits, l'honnêteté dans l'âme et dans les manières, de ils n'ont pas votre prestance.» LES.-La représen- la gravité: la contenance suppose du caractère, tation est l'extérieur ou la figure d'une personne de la résolution. C'est plutôt à la société et au qui représente bien ou est propre à bien repré-commerce du monde que le maintien se rapporte; senter dans une haute place, dans un rang élevé. c'est dans un danger quelconque ou devant un « Le duc de La Force avait une grande poli- ennemi qu'on a telle ou telle contenance. tesse.... Cependant il savait souvent employer bien à propos cette représentation extérieure qui fait les grands. » MONTESQ. « Ce duc d'Arcos était un homme d'une belle et noble représentation, sa femme aussi, très-riche et très-magnifique. S. S. Maisons, président à mortier, était un grand homme, de fort belle représentation. » ID. Une personne marche devant vous, vous la reconnaissez à son port. Vous attribuez de la prestance à un homme qui a de l'embonpoint, et qui est posé ou campé devant vous avec aplomb. Un magistrat ou un grand a une belle représentation.

D

« Soyez simple dans votre habillement et dans tout votre maintien. » Boss. « Cet écrivain a fait consister la décence dans un maintien tranquille et composé. » MARM. « Ozmin surtout s'attirait les regards de l'assemblée par la grâce et la noblesse de son maintien. » LES. « Qu'Angélique cache de malice sous un maintien si doux! » ID. «En voyant le sénat, Cinéas avait cru voir une assemblée de rois, tant il paraissait de dignité, de grandeur et de majesté dans leur maintien.» ROLL.

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Hé! la bonne effrontée! à voir ce fier maintien,
Ne la croirait-on pas une femme de bien? MOL.

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Je voyais, à sa contenance, que je lui faisais peur.» LES. « Jean Lapin dit d'un ton moqueur à ce lièvre fanfaron: Mon ami, je te voudrais voir avec cette belle fierté au milieu d'une meute de chiens courants; Hercule fuirait bien vite, et serait une laide contenance. » FÉN. « Epaminondas présenta de front au péril sans changer de contenance. » ROLL. AISÉ, FACILE. Qu'on n'a pas de peine à faire. Aisé est un adjectif pur. Quelle qu'en soit l'étymologie, et quoiqu'il se termine comme un participe passé, il n'a rapport à aucun verbe. Facile, de facere faire, est un adjectif verbal.

Maintien, contenance. Saint Louis rassure les siens ébranlés par a Tenue, manière dont se tient volontairement | grandeur du péril, glace les ennemis par la fierté un homme qui se possède et est maître de lui- de sa contenance. » MASS. Une contenance paisimême. Ils different de deux manières principales.ble au milieu de la certitude de la mort. » DELAF. D'abord le maintien, proprement la tenue des mains, est une manière de se tenir habituelle; chaque état a le sien: il y a un maintien soldatesque (J. J.), un maintien sacerdotal (MASS.), le maintien cafard ou effronté des moines (J. J.); on reconnaît un poëte à sa mine discrète et à son maintien jaloux (BOIL.). — Contenance, pou-se voir ou action de se contenir, de ne pas se laisser troubler, embarrasser, intimider, de garder son sang-froid, désigne la manière accidentelle dont une personne se tient. — N'avoir pas de maintien est une expression générale qui s'étend à tous les cas; on perd contenance dans l'occasion. L'un a rapport à l'état, et l'autre à la situation. On dit un homme à maintien débonnaire (REGN.), par exemple, et on rapporte, dans une circonstance particulière, que « on s'est placé aux fenêtres pour observer les traits et la contenance d'un homme condamné à mort. » LABR. On prend ou on perd un maintien peu à peu, à la longue : « L'air du monde prend insensiblement la place du maintien sacerdotal. » MASS. On se fait une contenance dans un moment: « M. de Marsillac arriva avant-hier (pour voir son père qui était très-malade); il fut longtemps à se faire une contenance et un visage; il entre enfin et trouve M. de Larochefoucauld dans cette chaise, etc., » SEV.. - « Le valet de chambre me fit de ces ecclésiastiques des portraits qui ne s'accordaient guère avec leur maintien.... Je ne fus plus embarrassé de ma contenance avec ces messieurs: dès le soir même, en soupant, je me parai comme eux d'un dehors sage. » LES.

Ce qui est aisé l'est par sa nature, par sa constitution ou par son état; ce qui est facile l'est de fait ou effectivement. Une chose aisée n'a pas en soi de difficultés; une chose est facile, lorsqu'il arrive de la faire sans trouver d'obstacles ou d'opposition. « L'entrée d'un port est aisée, lorsqu'elle est large et commode à passer (c'est une qualité); elle est facile, lorsque personne n'arrête au passage (c'est un fait). » GIR.

Aisé se dit des choses ou des actions absolument et en soi. «< Il est aisé de découvrir les faussetės dans les questions de fait. » PASC. Facile se dit relativement, dans un cas particulier, et par rapport à telle personne. « C'est là une question de fait qu'il sera bien facile de décider. » ID. Quand vous dites cela, vous devriez empêcher que je ne le visse, puisqu'il m'est si facile d'y répondre. ID.

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Aise a plutôt rapport à l'idée et à la théorie; et facile au fait et à la pratique; différence netteré-ment marquée dans le passage suivant où Voltaire répond aux détracteurs de Louis XIV: «Il est très-aisé de gouverner un royaume de son cabi

Ensuite, on a un maintien noble, décent, servé, modeste, et on fait bonne contenance, ou on a une contenance fière, assurée, ferme, intré

net, avec une brochure; mais quand il faut résis-tageuse. Commodum, d'où vient commodité, siter à la moitié de l'Europe après cinq grandes gnifie utilité, avantage, bien. batailles perdues et l'affreux hiver de 1709, cela n'est pas si facile. »

On prend ses aises dans un lieu qui offre toute sorte de commodités. On jouit plutôt des aises, et on recherche les commodités. « Etre adonné à ses aises, et soigneux de se procurer les commodités de la vie. » BOURD.

Aise exprime une disposition passive. Un habit est aisé, ou propre à être mis; une personne ou une condition est aisée à vivre; la mort n'est pas aisée à supporter (PASC.); on est aisé à persuader Les aises de la vie sont les plaisirs, les dou(MASS.), à ébranler (ID.), etc. Facile indique, au ceurs, les jouissances, les amusements, toutes contraire, une disposition active: « Un cœur choses sans lesquelles la vie serait insipide ou facile à s'attendrir.» MASS. Le cœur, l'humeur, sans charmes. Aimer ses aises et son repos (ROLL., le caractère sont faciles, c'est-à-dire qu'ils incli- MARM.). « Le chat est joli, léger, adroit, propre nent à des actes d'indulgence et de bonté. Une et voluptueux; il aime ses aises, il cherche les chose est aisée à croire, c'est-à-dire à être crue, meubles les plus mollets pour s'y reposer et s'éune personne est facile à croire, c'est-à-dire cré- | battre. » BUFF. « Si vous aviez tous vos contentedule: « Vous auriez pu n'être pas si facile à ments et vos aises dans l'état où vous êtes, je croire que je croyais si facilement aux trahisons.» craindrais fort pour vous.» Boss. « Perdez le J. J. « La charité n'est pas défiante, mais facile à goût de vos aises, de vos plaisirs, d'une vie croire.» BOURD. S'agit-il d'une chose à obtenir, inutile et paresseuse. » MASS. « Parmi toutes les d'un don, il est aisé; s'agit-il d'une chose à faire, aises et toutes les douceurs du monde. » BOURD. d'une pratique, elle est facile. Aisé s'emploiera «Je puis me passer des aises et des récréations donc de préférence en parlant de ce qui se trouve du monde. » ID. Philippe, déjà vieux, raffine sans peine : une subsistance (J. J.), une ressource sur la propreté et sur la mollesse, il passe aux (BOURD.) aisée; « Si on demande pourquoi...; la petites délicatesses; il s'est prescrit de petites raison est bien aisée. » VOLT. Mais facile convient | règles qui tendent toutes aux aises de sa permieux pour qualifier une opération quelconque, sonne. » LABR. un travail, une exécution, en un mot tout ce qui se fait sans peine discernement (PASC.), moyen (PASC., MASS.) facile; vertu d'une pratique facile (VOLT.); opération, méthode facile (ACAD.). Si une raison est aisée, un raisonnement ou une démonstration est facile. — Rien n'est plus aisé que d'être dans une grande charge et dans de grands biens selon le monde; rien n'est plus facile que de passer la vie religieuse selon Dieu (PASc.). Enfin, aisé est objectif et facile subjectif. Ce qui est aisé n'a pas en soi de difficultés; nous ne trouvons pas de difficultés à ce qui est facile. Un | chemin est aisé, lorsqu'il est propre à être parcouru sans peine; c'est sa qualité : il est facile, lorsque nous savons le trouver sans peine; c'est notre talent. Nous sommes dans l'impossibilité de faire ce qui n'est point du tout aisé, et dans l'impuissance de faire ce qui n'est point du tout facile. On fait aisément une chose qui ne présente pas d'elle-même de difficultés.

On soupçonne aisément, à sa triste figure.... REGN. a Telle conséquence se tire aisément de ces principes.» PASC. On fait une chose facilement, c'està-dire sans efforts, sans beaucoup de travail, quand on a de l'aptitude ou des dispositious à la faire. «Mme la Dauphine ne fait rien et ne dit rien qu'on ne voie qu'elle a beaucoup d'esprit. Elle a les yeux vifs et pénétrants; elle entend et comprend facilement toutes choses. >> SÉv.

AISES, COMMODITÉS. Ces mots donnent l'idée de certaines choses propres à ôter toute gêne, à produire le bien-être, à rendre heureux. Les aises de la vie, les commodités de la vie; aimer, avoir ou chercher ses aises, ses commodités.

Les aises rendent aise, content, joyeux: ce mot est subjectif, il se rapporte à l'état de celui qui éprouve des aises, et il le représente comme agréable. Commodités est objectif et plus relatif à l'utile qu'à l'agréable. Il désigne les objets mêmes qui nous mettent dans une position avan

Les commodités de la vie sont les biens, les richesses, les avantages, toutes les choses en un mot dont la recherche fait qu'on est intéressé, et non pas voluptueux, et dont le défaut rend pauvre. « Ce qui rend les hommes intéressés, c'est la dépendance et la recherche des commodités de la vie. » BOURD. « Des bergers nés dans la disette, accoutumés à vivre dans l'indigence et å manquer des commodités de la vie. » ID. « C'est Dieu qui nous envoie tout: santé, maladie, commodités, pauvreté. » ID. « Interdire à la créature l'usage des biens et des commodités de la terre.» MASS. « Participer à la malédiction des richesses sans en partager les commodités et les avantages.» ID. « Le nouveau monde prête à l'ancien beaucoup de commodités et de richesses. » FEN. «Il est plus sûr d'attaquer la religion par la faveur, par les commodités de la vie, par l'espérance de la fortune.» MONTESQ. « Nous laissons périr dans les bois des plantes qui feraient une des grandes commodités de la vie chez bien des peuples. » ID. « Il fallait faire réflexion sur la différence qui se trouverait entre eux et leurs ennemis pour les commodités et les besoins de l'armée. » ROLL. « Eumène fut chargé de préparer tous les secours et toutes les commodités nécessaires pour traverser l'Hellespont. » ID.

AJOUTER, AUGMENTER. Mettre quelque chose de plus un homme ajoute à ses connaissances (PASC.) ou à ses richesses (COND.), et il les augmente (PASC., FÉN.); une chose ajoute à notre reconnaissance (D'AL.), à notre bonheur (ID.), à notre gloire (ID.), à notre mérite (ID.), à nos alarmes (LAH.), au désordre (COND.), à la vraisemblance (LAH.), à l'illusion (MARM.), etc., et elle les augmente.

Ajouter attire l'attention sur ce qu'on met de nouveau: « L'auteur des Guèbres a beaucoup ajouté à son ouvrage, et j'ai été assez content de ce qu'il a fait de nouveau. » VOLT. Augmenter 、

au contraire, indique ce que devient ce à quoi ou avec quoi on met quelque autre chose: l'auteur de ce livre l'a beaucoup augmenté; c'est maintenant un ouvrage considérable, complet. Un avare prend de tous côtés pour ajouter sans cesse à son trésor; en augmentant sans cesse son trésor, l'avare ne songe point à laisser davantage à ses héritiers.

Ajouter ne suppose pas, et augmenter suppose, qne ce qu'on met en sus est de même nature ou de même origine que ce à quoi on le joint. Pascal a bien senti cette différence: Dieu donne, dit-il, l'instinct aux animaux et ne permet pas qu'ils y ajoutent; mais l'homme perfectible, conservant ses connaissances et celles des anciens, peut les augmenter facilement. La crainte ajoute | au danger (MARM.); un renfort survenu aux ennemis augmente le danger. L'absence ajoute aux alarmes (LAH.); une nouvelle plus mauvaise encore que les précédentes augmente les alarmes. De même, ce qui ajoute à ma peine n'a pas, comme ce qui l'augmente, quelque chose de commun avec le sujet qui m'afflige; mais c'est une circonstance qui y est plus ou moins étrangère.

Son malheur ajoutait à l'éclat de ses charmes. VOLT. La noblesse de son maintien augmentait l'éclat de ses charmes.

Sans ajustement une femme est mise avec négligence et sans goût. Sans parure, elle est simplement mise. Un prédicateur dans la chaire parlera contre l'artifice des ajustements (MASS.) et contre le luxe des parures (BOURD.). Les ajustements sont étudiés (ID.) ou immodestes (FÉN.); les parures sont grandes (MONTESQ.), pompeuses (J. J.) et vaines (FÉN.).

Pour se bien ajuster, une femme a besoin de temps, de talent et d'étude; pour se parer, il lui faut des objets de prix qui frappent par l'éclat et soient propres à relever la figure.

Enfin, l'ajustement, toutes choses égales d'ailleurs, est plus simple ou moins riche que la parure. « Elle se met avec plus de soin qu'elle ne faisait autrefois. La seule vanité qu'on lui ait jamais reprochée était de négliger son ajustement.... Aujourd'hui elle affecte une parure plus recherchée pour ne sembler plus qu'une jolie femme,»> J. J. « Je ne comprends pas comment un mari qui est trop négligé dans son ajustement peut espérer de défendre le cœur d'une jeune femme contre les entreprises de son galant, qui emploie la parure et la magnificence. »> LABR.

ALIENER, VENDRE. Transférer à quelqu'un la propriété d'un bien.

On aliène de toutes les manières; on ne vend que d'une seule, pour un certain prix. L'aliénaAjouter exprime juxtaposition seulement; en tion peut s'opérer par donation ou en détournant sorte que les choses restent distinctes; augmenter la destination des choses. « Aliéner, c'est donner désigne un achèvement, un comble, une fusion. ou vendre. » J. J. François Ier, pour se tirer des L'erreur ajoute à la vérité, mais ne l'augmente mains de Charles-Quint, aliéna la Bourgogne pas (Vauv.); des vignettes ajoutent à un livre, (VOLT.). «Les pauvres s'élèveront contre vous, mais ne l'augmentent pas. Ce qui ajoute à une pour vous demander compte de leur revenu dischose, en est un accessoire, un accompagne-sipé; vous avez aliéné le fonds sur lequel la Proment, un appendice; ce qui l'augmente, s'y incorpore, en devient partie et la rend plus grande.

AJUSTEMENT, PARURE. Ces mots donnent l'idée d'une toilette recherchée, l'idée de ce que les femmes surtout font ou se mettent pour attirer les regards et paraître avantageusement.

vidence divine leur avait assigné leur vie; ce fonds, c'était votre superflu.» Boss. Mais la vente est toujours une aliénation à prix d'argent. Par l'aliénation la chose passe à un nouveau maître; par la vente elle passe à un acheteur.

Aliéner, du latin alius, autre, exprime surtout la dépossession ou le dépouillement. On ne peut aliéner sa liberté (J. J.). Pour ôter aux jésuites tout moyen de se rétablir parmi nous, il faut aliéner leurs maisons et dénaturer leurs biens (D'AL.). «Le jubilė, dans l'ancienne loi, était une année de rémission et de grâce; les esclaves y étaient mis en liberté, et tous les propriétaires rentraient dans la possession des biens qu'ils avaient aliénés. » BOURD. Vendre, vendere, venum dare, c'est-à-dire mettre en vente ou faire trafic, se rapporte principalement au gain. « Les premiers fidèles vendaient leurs fonds, et en apportaient le prix aux pieds des apôtres. » Bourd.

Les soins de l'ajustement, les soins de la parure (MASS.). On remarque l'ajustement ou la parure d'une femme (J. J.). La propreté, la parure, les ajustements sont le partage des femmes (ROLL.). Passer son temps dans un soin frivole de ses ajustements et de ses parures (BOURD.). Faire des dépenses excessives en ajustements et en parures (ID.). Avoir une superfluité d'ajustements et de parures (ID.). Magdeleine avait été longtemps occupée du soin de se parer et de s'ajuster (ID). L'ajustement sied, la parure brille. L'ajustement consiste à bien assortir, à combiner avec justesse toutes les parties de l'habillement, à leur Aliéner ne convient guère qu'en parlant de donner un contour élégant, et qui aille parfaitement biens considérables, de biens-fonds ou immeuà la personne. La parure consiste à se mettre des bles, de ceux qui vous constituent propriétaire, choses riches et magnifiques, des diamants, des et dont vous pouvez dire que vous en avez le docolliers, des bracelets, des dentelles. « J'ai re- maine. Tout ce qui est vénal, tout ce qui s'apmarqué que les plus pompeuses parures annon-précie en argent, comme mobilier, denrées, caient le plus souvent de laides femmes. Donnez à une jeune fille, qui ait du goût, des rubans, de la gaze, de la mousseline et des fleurs; sans diamants, sans pompons, sans dentelles, elle va se faire un ajustement qui la rendra charmante. » J. J.

marchandises, travail, etc., se vend.

ALLEGIR, AMENUISER, AIGUISER. Termes communs aux arts mécaniques, et qui signifient diminuer un corps par retranchement de parties.

Allegir et amenuiser expriment une diminution.

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