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TERMINAISON ON.

Lien, liaison.

accidentel et moins passager que la liaison. « On nomme hardiment amour un caprice de quelques jours, une liaison sans attachement. » VOLT. « Cela forma dès le premier jour, entre lui et moi, une espèce de liaison. » LES.

Il semblerait au premier coup d'oeil que cette terminaison fût latine et que tous les noms qui Vous ne direz pas la liaison, mais seulement la possèdent vinssent directement du latin, le lien du mariage, parce que le mariage est un comme sermon de sermo, onis. Ce serait cepen- état absolu qui ne comporte pas de degrés, comme dant une erreur de le penser. Parmi les sub- la parenté, l'amitié, etc. On dit les liens, et non stantifs latins en o, onis, il en est fort peu qui la liaison du sang et de la nature, l'union dont soient passés dans notre langue avec le même ra- | il s'agit ici, étant, et ne se faisant pas. Le lien est dical et aient pris la désinence on; bien moins un objet qui se qualifie en soi; la liaison est un encore parmi les substantifs en on pourrait-on en fait qui se qualifie par rapport à l'événement: des citer qui fussent, comme sermon, des traduc- liens étroits le sont par nature, tels sont ceux qui tions des noms latins en o, onis. En français, la unissent un fils à son père; une liaison étroite desinence on se trouve presque toujours ajoutée est telle effectivement. par le fait. Le lien se conà des radicaux, ou francisés, comme dans soup-sidère avant qu'on ait lié: il sert ou il est propre con, ou totalement étrangers à la langue latine; à lier; la liaison se considère après que l'action et les noms qu'elle sert à former appartiennent de lier a été faite : elle lie. très-souvent au langage commun ou même fami- Aussi Condillac a remarqué avec beaucoup de lier et populaire, comme jargon, bouchon, brim-justesse qu'au propre le lien est tout différent des borion, torchon, trognon, cochon, salisson, polisson, capon, coion.

choses liées et empêche seulement qu'elles ne se séparent, tandis que la liaison fait partie des choses liées et forme avec elles un seul corps, un seul tout. « En maçonnerie, dit-il, la liaison se fait par la manière de poser les pierres les unes sur les autres et par l'emploi du plâtre ou du mortier; ainsi elle fait partie du mur. Mais le

Les substantifs ainsi terminés peuvent se diviser en trois espèces. Les uns sont des substantifs abstraits feminins ayant pour base un significatif verbal, comme oraison, déclinaison, floraison, démangeaison, leçon; leur sens approche de celui des substantifs en ion dont ils sont quelque-lien, avec lequel on assemble les parties d'une fois synonymes. D'autres sont masculins, à base généralement nominale, et ont pour caractère essentiel d'ètre diminutifs': Exemples, cordon, poêlon, raton, carafon, peloton, sablon, oison, aiglon, chaudron. — Les derniers, masculins, à base tantôt verbale et tantôt nominale, rentrent dans la classe des qualificatifs : tels sont brouillon, bousson, fripon, fanfaron, mignon, grognon.

LIEN, LIAISON. Ce qui tient plusieurs choses ou plusieurs personnes ensemble.

Liaison, substantif féminin abstrait, à base verbale, joue à l'égard de lien un rôle analogue à celui que jouent, à l'égard de leurs synonymes sans terminaison significative, les substantifs en ion. Au lieu que lien est objectif et absolu, liaison se prend relativement, et rappelle comme ayant eu lieu l'action du verbe qui lui correspond. Le lien est; la liaison est devenue, a été faite. On forme une liaison, une liaison s'établit. Il y a lien de parenté entre personnes qui sont parentes, et liaison de parenté entre personnes qu'une alliance a rendues parentes. On dit le lien de l'amitié, et une liaison d'amitié ; l'un est absolu, l'autre relative, et, en général, le lien est moins

4. On dérive si peu du latin o, onis, que cette dernière désinence termine beaucoup de mots latins qui sont augmentatifs et marquent grosseur, excès. Exemples: bibo, grand buveur; comedo ou edo, grand mangeur; capito, qui a une grosse tête; naso, qui a un gros nez, etc. Notre langue possède bien aussi des noms augmentatifs en on; mais ils sont très-rares et viennent de substantifs italiens dans lesquels la terminaison one exprime augmentation, grandeur. Salon vient de sallone, grande salle; canon de canone, grande canne, grand tube; ballon de ballone, grande balle, grand globe.

gerbe, est toute autre chose que la gerbe. Dans les bâtiments on fait quelquefois usage de liens de fer, afin de mieux assujettir les pierres. Les liens qu'on donne à un criminel, à un prisonnier, sont des chaînes dont on le lie pour l'empêcher de s'échapper. >>

TERMINAISONS ON ET MENT.

Juron, jurement.

JURON, JUREMENT. Affirmation qu'on fait d'une chose en prenant mal à propos à témoin ou Dieu ou ce qu'on regarde comme saint, comme divin.

Juron, par sa terminaison diminutive, indique un jurement contenu en peu de mots et qu'on emploie à chaque instant: Ventre-Saint-Gris! était le juron de Henri IV. « Le mot de juron, dit Girard, dont nous empruntons ici les distinctions en les expliquant, tient de l'habitude dans la facon de parler.»-Le jurement n'est pas bref et habituel comme le juron; il tire plus à conséquence et n'a lieu que lorsqu'on s'emporte, lorsqu'on veut, non pas seulement donner au discours un air assuré et prévenir la défiance, mais confirmer expressément la vérité d'un témoignage.

Ensuite, jurement, traduction du mot latin, juramentum, est plus noble, plus relevé que juron. Ce dernier, avec sa désinence toute francaise, commune et populaire, appartient au style familier. Destouches et Lafontaine l'ont mis dans la bouche de paysans grossiers parlant patois. Je n'entendons jamais ces jurons-là cheus nous. DEST.

α

Jurement n'est au-dessous d'aucun écrit ni d'aucun sujet. « S. Pierre renia son maître avec jurement.» Boss. « Que de jurements dans le jeu!» PASC. Autrefois l'irréligion, les jurements, les

blasphèmes régnaient à la cour. » BOURD. « Ami, point de jurements, dit le bénin quaker. » VOLT. TERMINAISONS ON ET ION.

Contrefaçon, contrefaction.

En s'ajoutant à un même radical verbal, ces deux terminaisons donnent naissance à des substantifs féminins abstraits dont la valeur est à peu près, mais non pas tout à fait la même. Ceux que termine ion conservent rigoureusement le mème sens que les mots latins auxquels ils correspondent, c'est-à-dire qu'ils signifient l'action de faire ce qui est marqué par le verbe radica!: ainsi exhalation marque l'action d'exhaler; et inclination, l'action d'incliner. Ceux, au contraire, qui sont terminés par on, terminaison toute française, ont éprouvé pour le sens une légère altération, comme ils en ont éprouvé une pour la forme ils signifient moins l'action même que son résultat ou son effet. Ainsi l'exhalaison est le produit de l'exhalation, et l'inclinaison est l'état d'une chose inclinée. Quoique moins grande, la différence est la même entre les deux mots suivants, que nous allons distinguer en prenant Roubaud pour guide.

:

CONTREFAÇON, CONTREFACTION. Ils désignent l'imitation d'un ouvrage, d'un livre, d'une marchandise dont la fabrication est réservée.

naisons des deux mots : celle de vallon est diminutive, tandis que celle de vallée exprime une grande compréhension. Dans le sacré callon la Fable établit la demeure des Muses; dans la vallée de Josaphat doit se faire le jugement universel.

« Une grande vallée est comme un tronc qui jette des branches par d'autres vallées, lesquelles jettent des rameaux par d'autres petits vallons. » BUFF. « Ces déblais ont formé les petites couches de terre qui recouvrent actuellement le fond et les coteaux de ces vallons. Ce même effet a eu lieu dans les grandes vallées. » ID. Le vallon est étroit (ROLL., MARM., S. S.), petit (ROLL.), agréable (FÉN.); on se promène dans un beau vallon orné de fleurs (ID.). Mais la vallée est grande (LES.), spacieuse (LAF.), profonde (FÉN., ROLL.); Voltaire parle des vallées des Alpes, et des profondes et immenses vallées qui sont sous les eaur de l'Océan.

Si la poésie pastorale et la poésie légère emploient de préférence le mot vallon, ce n'est pas qu'il soit plus noble en lui-même, c'est que le vallon, comme le bosquet (petit bois), permet, par son peu d'étendue, qu'on le pare, qu'on lui donne une disposition champêtre et gracieuse.

TERMINAISON EAU.

Porc, pourceau.

Mais l'un se rapporte plus à l'ouvrage et aux qualités qu'il a reçues, l'autre à l'agent et à son Cette désinence équivaut à la désinence el, fémode d'agir. Ainsi, vous direz plutôt contrefaçon, minin elle, qui a terminé d'abord les noms aujourquand il s'agira de marquer le mérite de l'ou-d'hui terminés par eau. On a dit castel avant vrage, sa fabrication, la main-d'oeuvre; et contrefaction, quand vous voudrez parler du mérite de l'ouvrier, de sa faute, de son délit.

Le public se plaint ordinairement de la contrefaçon d'une marchandise, parce qu'il n'a égard | qu'à la malfaçon, à la mauvaise qualité de la chose. «Quelques amis zélés ont imprimé cette pièce (la Mère coupable), uniquement pour prévenir l'abus d'une contrefaçon infidèle, furtive et prise à la volée pendant les représentations. » BEAUM. Les auteurs et les libraires se plaignent plutôt de la contrefaction d'un livre, parce qu'ils regardent l'atteinte portée à leur propriété par le contrefacteur. « Par ce moyen, la contrefaction, si elle a lieu, ne nuira point au libraire d'Amsterdam. » J. J.

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de dire château; tonnel, d'où tonnelier, avant de dire tonneau; chapel, d'où chapelier, avant de dire chapeau; coutel, d'où coutelier, avant de dire couteau; moncel, d'où amonceler, avant de dire monceau; batel, d'où batelier et batelée, avant de dire bateau. « L'usage, dit Labruyère, a fait de scel sceau, de mantel manteau, de hamel hameau, de damoisel damoiseau, de jouvencel jouvenceau. » Certains mots mêmes possèdent encore les deux formes, l'ancienne en el et la moderne en eau: par exemple, castel et château, martel et marteau; et, parmi les noms propres, Marcel, Marceau; Blondel, Blondeau; Morel, Moreau. Or, el, elle, italien ello, ella, dérivent du latin ellus, ella, ellum, terminaison essentiellement diminutive: d'agnellus a été fait agnel, agneau; de scabellum, escabelle, escabeau.

D'où il suit qu'en général la désinence eau doit être diminutive; c'est ce qui, d'ailleurs, se montre avec pleine évidence dans les mots lionceau, perdreau, chevreau, vermisseau, ormeau, arbris

L'objectivité de contrefaçon va jusqu'à signifier quelquefois l'ouvrage même qui est contrefait : ce livre est une contrefaçon; et la subjectivité de contrefaction se montre avec non moins d'évidence, quand ce mot nous sert à marquer l'action d'imiter dans des vues coupables l'écriture ou la signa-seau, coteau, caveau. Mais, quoique diminutifs ture de quelqu'un.

TERMINAISONS ON ET ÉE.

vallée.

Vallon, VALLON, VALLÉE. Espace renfermé entre des montagnes.

pour la forme, beaucoup de mots en eau sont loin de l'être pour le sens. Ainsi, vaisseau, formé de vas, vascellus, ne signifie point du tout un petit vase, non plus que plumeau une petite plume, ni pruneau une petite prune; et personne ne s'avisera de considérer comme diminutifs taureau, fardeau, tombeau.

a Vallon, dit Girard, semble signifier un es- Que désigne donc la terminaison eau dans les pace plus resserré, et vallée semble en marquer mots au sens desquels elle n'imprime aucune idée un plus étendu. » C'est en effet ce qui résulte, de petitesse, de diminution? Et quelle différence non-seulement du genre, mais encore des termi-met-elle entre ces mots et leurs synonymes, qui

sont les radicaux mêmes auxquels-on a ajouté la désinence eau pour les former; par exemple, entre tombeau et tombe, troupeau et troupe? Cette question se résout par une simple observation, c'est que tous les noms en eau sont masculins, tandis que leurs radicaux, qui leur servent de synonymes, sont féminins. De là, la différence des uns aux autres. Les noms en eau sont plus particuliers, et leurs synonymes féminins plus généraux. Les premiers ne marquent relativement aux derniers qu'une espèce, mais une espèce bien déterminée, bien distinguée par une destination ou des caractères propres. Différence conforme, du reste, à la signification, primitivement diminutive, de la désinence eau. Aussi, c'est au chapitre des synonymes qui diffèrent uniquement par le genre, que se trouvent les synonymes tombe et tombeau, tonne et tonneau, troupe et troupeau, bande et bandeau, barre et barreau. - Ajoutons une remarque pour confirmer la distinction établie entre ces synonymes, en raison de ce que les uns sont féminins et les autres masculins : les premiers, étant des mots simples, designent naturellement le genre des choses; et les derniers, étant des mots composés, marquent l'espèce, la sorte, en modifiant l'idée du genre par une idée particulière. Un raisseau est un vase que distinguent sa grandeur et sa destination, un plumeau, un instrument de plumes ayant un certain usage; des pruneaux sont des prunes qui ont subi une certaine préparation et qu'on met en réserve'.

PORC, POURCEAU. Animal domestique qui a le pied fourchu, qui ne rumine pas et qu'on engraisse pour le manger.

un pourceau (SCARR.); les pourceaux paissent le gland (VOLT.); on appelle pourceau, pourceau d'Epicure, l'homme qui met tout son plaisir à manger.

Un marchand de porcs vend des cochons bons à tuer dès à présent; un marchand de pourceaux en vend qu'il faut d'abord engraisser, et qu'on ne tuera que lorsqu'ils seront devenus porcs.

TERMINAISON ET.

Lacs, lacet.

La désinence française et pour le masculin, ette pour le féminin, de etto des Italiens, est diminutive dans les deux langues. Exemples, en français: batelet, coussinet, cordonnet, châtelet, cervelet, mantelet, osselet, livret, poulet; herbette, maisonnette; et parmi les adjectifs, aigret, pauvret, propret. Les mots qu'elle termine, comme ceux qui se terminent en ot, ont un caractère particulièrement familier et gracieux. Aussi, Ronsard voulait les multiplier au delà de toute mesure. En s'ajoutant à presque tous les noms de femmes, elle forme des diminutifs appellatifs qui expriment en même temps la familiarité et la tendresse, comme Annette, Marielte, Jeannette, Juliette, venant d'Anne, Marie, Jeanne, Julie; et même Antoinette, Georgette, etc., qui ont pour primitifs des noms d'hommes, Antoine, Georges, etc.

LACS, LACET. Espèce de piége où les animaux vont s'attacher, et qui consiste en un seul lien disposé en nœud coulant (laqueus.).

Au propre, le lacet est un petit lacs. « Les laLe premier de ces deux mots n'étant point fé-cets ne sont autre chose que deux ou trois crins minin, on ne saurait faire usage de la règle précédente pour trouver leurs différences. Il nous semble qu'on peut la trouver par cette autre voie: pourceau, latin porcellus, signifie proprement petit pore, porc qui n'a pas encore pris toute sa croissance, qu'on élève, qu'on nourrit. « On a dit que le paca était semblable à un pourceau de deux mois. Buff.

Ainsi, tandis que porc désigne le cochon, lorsqu'il a acquis le développement qui le rend propre à servir de nourriture à l'homme ou même qu'il est actuellement employé à cet usage, pourceau exprime le même animal en tant et pendant qu'on l'élève, qu'on le fait paître, qu'on le mène aux champs.

On dit, gros porc; de la viande ou de la chair de porc; rôti de porc, pied de pore; porc frais, pore salé; hachis et bouillon de porc (VOLT.). Le pore, dans certains climats chauds, est une nourriture tres-dangereuse (ID.). « Il faut manger de bon gros bœuf, de bon gros porc.» MoL. On dit, d'autre part, étable à pourceaux; l'enfant prodigue fut réduit à garder les pourceaux; gai comme un pourceau dans l'orge, et manger comme

1. Puisque la désinence eau revient à la désinence el, qui fait elle au féminin, il ne peut y avoir entre les synonymes cerveau et cervelle, escabeau et escabelle, d'autre différence que celle qui dérive de leur genre. Voy. p. 9.

de cheval tortillés ensemble et qui font un nœud coulant. » BUFF. « On prend aisément les scarlattes (sorte d'oiseaux) avec des lacets et autres petits piéges. » ID. On dit un lacs de corde (BUFF.), et un lacet de crin (ID.). Avec le lacs on prend les animaux les plus grands et les plus forts, et, par exemple, des ânes sauvages et des éléphants (BUFF.) Avec le lacet on ne prend guère que des oiseaux, comme bécasses, grives, mėsanges, et des lièvres, tout au plus. Lafontaine se sert de lacs quand il s'agit de cerfs, de loups, de gazelles; mais, dans la fable de l'Hirondelle et les petits oiseaux, l'hirondelle conseille aux oisillons de manger le grain du chanvre, parce que De là naîtront engins à les envelopper,

Et lacets pour les attraper.

Au figuré, lacet indique un piége plus petit que le lacs, plus difficile à apercevoir. « Il se fait en nous, par la possession des biens de la terre, certains noeuds secrets, certains lacets invisibles, qui engagent même un cœur vertueux dans quelque amour déréglé des choses présentes. » Boss. Ou bien lacet est d'un style plus familier.

La coquette tendit ses lacs tous les matins. BOIL. << Monsieur Sancho, dit don Quichotte en souriant, il me paraît que la demoiselle Laure vous tient bien au cœur. Vive Dieu! mon ami, te voilà tombé à ton tour dans les lacets de Cupidon. »

LES.

TERMINAISONS ET ET EAU.

Dameret, damoiseau.

DAMERET, DAMOISEAU. Homme qui cherche à plaire aux dames, en se faisant près d'elles petit, aimable, mignon, en leur contant des gentillesses et des fleurettes.

Damoiseau, écrit d'abord et prononcé damoisel, était le masculin de damoiselle, aujourd'hui demoiselle, et signifiait autrefois un jeune gentilhomme qui n'était point encore reçu chevalier. Dans le sens ironique et familier qu'a conservé ce mot, il exprime un jeune homme qui fait le cavalier et le galant, qui se donne pour réussir auprès des dames, et qui cherche des aventures. Un jeune damoiseau (ROLL.). Dameret indique simplement un petit effeminé qui prend une parure et des manières propres à plaire aux dames; le dameret n'est point nécessairement jeune; au contraire, quand on emploie ce mot, il semble que l'on veuille établir un contraste entre l'âge ou la condition du personnage et les prétentions qu'il a ou qu'on lui prête. Le dameret semble être un damoiseau suranné.

Molière parle d'un vieillard insensé

Qui fait le dameret dans un corps tout cassé. Et Boileau ne veut pas qu'on aille

Peindre Caton galant, et Brutus dameret. D'autre part, Molière donne du damoiseau l'idée la plus vraie, dans le passage suivant de l'École des femmes.

De tous ces damoiseaux on sait trop les coutumes :
Ils ont de beaux canons, force rubans et plumes,
Grands cheveux, belles dents et des propos fort doux;
Mais, comme je vous dis, la griffe est là-dessous,
Et ce sont vrais satans, dont la gueule altérée
De l'honneur féminin cherche à faire curée.

Le damoiseau est avantageux: c'est un petitmaître, la terreur des vieux maris jaloux. Le dameret est langoureux, il soupire, il fait le petit Celadon, et le plus souvent cela ne lui convient guère.

TERMINAISON ETTE.

Amour, amourette. Nonne, nonnette. Char,
charrette.

Désinence diminutive, ne différant de la précédente que par le genre des noms qu'elle termine. Elle donne à ces noms, tous féminins, un caractère si tranché que leur différence d'avec leurs radicaux, qui leur servent quelquefois de synonymes, saute aux yeux tout d'abord. Personne n'ignore, par exemple, qu'une lancette est une petite lance à l'usage des chirurgiens. «Ayant ouï dire qu'Hippocrate recommande, quand on saigne, de faire une large ouverture, le frater en fit une qui paraissait plutôt un coup de lance que de lancette. » LES. Une femmelette est une faible femme, une femme de peu de capacité, de valeur ou de mérite. Elle a voulu faire l'héroïne, elle n'est qu'une femmelette (MARM.).

AMOUR, AMOURETTE. Affection d'un sexe pour l'autre.

Amourette, suivant l'Académie, est un terme

Idiminutif et familier qui désigne un amour de pur amusement sans véritable passion. La différence qu'il y a du sérieux au badin, dit Girard, à l'égard du même objet, fait celle de l'amour et de l'amourette. Celle-ci amuse simplement, et celui-là occupe. » Condillac, de son côté, considère l'amourette comme un amour peu sérieux, ou encore comme un petit attachement qu'on n'ose avouer, soit parce qu'on n'est plus d'âge à se permettre l'amour, soit parce qu'on rougit d'aimer une personne trop au-dessous de soi.

NONNE, NONNETTE. « Noms donnés autrefois aux religieuses, et employés encore dans le style badin. »

« Nonne est le mot simple; il signifie une fille religieuse. Nonnette est un diminutif de nonne; c'est une jeune religieuse. Le premier de ces termes exprime donc l'état ou la qualité de la personne; le second, sa jeunesse ou quelque chose de tendre ou de fin. » ROUB.

<< Ceux qui ont imaginé que ces captives furent employées au service de l'arche, ne songent pas que les Juifs n'eurent jamais de nonnes et que la virginité était chez eux en horreur. » VOLT.

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Char, traduit immédiatement du latin, currus, carrus, s'emploie figurément pour exprimer, dans le style élevé, toutes sortes de voitures; et, au propre, il signifie particulièrement des voitures d'apparat dont on fait et dont autrefois surtout on faisait usage dans les courses, dans les triomphes et les cérémonies publiques. La voiture appelée charrette sert à transporter des fardeaux et les objets nécessaires pour les besoins de l'agriculture ou de la vie; elle a ordinairement deux ridelles, et le timon du char s'y trouve remplacé par deux limons.

TERMINAISONS ETTE ET ON.

Toinette, Toinon. Fanchette, Fanchon. Susette Suson.

Ces deux désinences diminutives, en s'ajoutant aux mêmes radicaux, servent à former des noms appellatifs de femmes entre lesquels il y a synonymie. Tels sont les termes de familiarité et de tendresse, Toinette et Toinon, Fanchette et Fanchon, Susette et Suson.

Mais les uns dénotent, dans les femmes qui les portent, de la gentillesse et de la grâce; les autres, à terminaison essentiellement masculine, s'appliquent à des femmes sans façon, un peu luronnes, à de grosses réjouies qui tiennent de la virago. On ne les trouve guère employés qu'au village; encore ne s'y donnent-ils qu'aux domestiques. A un poëte qui fait parler ses bergers

comme on parle au village Boileau reproche de changer

Lycidas en Pierrot, et Philis en Toinon. Que de femmes se récrieraient, et à bon droit, si, au lieu de les appeler Marguerite, Jeanne ou Jeannette, on se permettait à leur égard la dénomination, plus que commune et plus que familière, de Goton ou de Jeanneton! Dans le Mariage de Figaro, Susanne, sa fiancée, est généralement nommée Suson par tous les personnages, surtout par ceux dont elle dépend. Mais le comte, au milieu de ses cajoleries, l'appelle Susette; Figaro lui-même dit, ma Susannette, et Marceline: • Embrasse ta mère, ma jolie Susannette. »

TERMINAISON OT.

Char, chariot.

Désinence diminutive et familière du même genre que la désinence et; elle fait ote au féminin et vient de l'italien otto. Les mots qu'elle termine sont, ou des substantifs, comme ballot, petite balle, bachot, petit bac, caillot, petite masse de sang caillé, Jeannot, le petit Jean, capot, petite cape; ou des adjectifs, comme vieillot, bellot.

telle qu'on n'en peut plus rien retrancher et
qu'elle doit être suivie rigoureusement, à la let
tre. La forme n'est pas aussi sacramentelle; elle
laisse plus de latitude; elle renferme des parties
variables, facultatives ou arbitraires. La forme
d'un compliment, surtout quand il doit être long,
m'embarrasse toujours. « Le courtisan a des for-
mules de compliments différents pour l'entrée et
pour la sortie. » LABR. La forme, d'ailleurs,
se considère plutôt absolument, en elle-même,
et par opposition au fond : elle est importante; il
ne faut pas la négliger. La formule est relative
aux termes mêmes qui l'expriment on appelle
formulaires des recueils de formules.

TERMINAISON AIN.
Nonne, nonnain.

Ain en français, en latin anus, a, um, indique souvent les personnes par rapport au lieu qu'elles habitent ou occupent, auquel elles sont particulièrement attachées, ou d'où elles tirent leur origine. Africain, Africanus, qui est d'Afrique; Romain, Romanus, qui est de Rome; le chapelain est attaché à la chapelle, comme le sacristain à la sacristie, comme le châtelain au château, comme le mondain au monde. Outre le lieu, cette désinence marque aussi par analogie l'ordre religieux auquel on appartient, la communauté dans laquelle on réside, à laquelle on est attaché: ainsi dominicain, franciscain, génovéfain.

CHAR, CHARIOT. Ces deux mots different comme char et charrette. (Voy. pag. 220.) « Le Cirque servait à la course des chevaux et des chariots.... Le char de ces sortes de courses était extrêmement petit et bas.» ROLL. « Denys de Syracuse avait envoyé à Olympie son frère Théaride pour y disputer en son nom le prix de la course des cha- NONNE, NONNAIN. Religieuse cloîtrée, agrériots. Quand il fut arrivé dans l'assemblée, la gée à une famille et soumise à une mère spiribeauté aussi bien que le nombre des chars attiré-tuelle; termes de style badin. rent les yeux et l'admiration de tous les spectateurs. » ID.

TERMINAISONS OT et ETTE.

Chariot, charrette.

CHARIOT, CHARRETTE. Ces deux mots diminutifs different principalement, sinon uniquement, par le genre. (Voy. page 10.)

TERMINAISON ULE.

Forme, formule.

Terminaison venant directement du latin ulus, ula, ulum, et diminutive dans les deux langues. Au lieu d'avoir le caractère de familiarité des précédentes, et de servir comme elles à former des noms propres, elle se trouve à la fin d'un grand nombre de termes scientifiques, tels que globule, teinule, ventricule, pédicule 1.

FORME, FORMULE. Ces mots sont synonymes, en tant qu'ils désignent la manière dont on procede habituellement pour rédiger certains actes, une quittance, une lettre de change, etc.

Formule, petite forme, c'est la forme réduite à ses moindres termes, à ses termes essentiels, 4. Le latin ulus, ula, ulum, est lui-même une imitation du grec: pizzas, tout petit, de pizzòs, dorien, pour expòs, petit; eldvddcov, idylle (petit tableau) d'eidos, image, etc.

Il y a dans nonna in un rapport spécial à l'ordre dont la religieuse fait partie, à la communauté où elle réside. Nonne signifie simplement l'état ou la qualité d'être religieuse, sans spécifier aussi expressément de quel ordre.

Ma fille est nonne; ergo c'est une sainte.

Vénus en fit (de ce monastère) un séminaire : Il était de nonnains.

Ensuite nonnain a une terminaison masculine, et, si on a appelé nonnette une sorte de mésange, on a nommé nonnain une espèce de pigeon (BUFF.). De là suit que la nonnain a quelque chose de l'homme; c'est une luronne, comme en général les femmes portant des noms masculins, Toinon, Fanchon, Suson. Nonnain se dira particulièrement bien d'un jeune homme, qui, se faisant passer pour fille, entre en cette qualité dans un couvent de nonnes (VOLT.).

TERMINAISONS AIN ET OIR.

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