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Toutefois, si pédantisme ne se prend jamais dans cette acception pratique de pédanterie, pédanterie a quelquefois l'acception spéculative de pédantisme et se rapporte aussi aux savants. Mais

radicaux et leur impriment le sens de disposi-mune, sans nulle pédanterie et fort rompu au tions et de manières d'agir mauvaises, et dont on grand monde. » S. S. fait en quelque sorte profession. Mais, en général, isme, désinence spéculative, indique plutôt le système de conduite, le vice en lui-même, dans le caractère, indépendamment de l'application; erie, désinence active, diminutive et fré-alors même pédanterie garde un certain rapport quentative, est plus propre à marquer les tours, les traits, les pratiques qui en dérivent, ou l'habitude de se livrer à ces tours, à ces traits, à ces pratiques.

BIGOTISME, BIGOTERIE; CAGOTISME, CAGOTERIE. Fausse dévotion.

Bigotisme et cagotisme sont pour la théorie, pour l'idée; ils expriment une manière de penser, un système de croyances, un vice que le moraliste fait connaître dans ses conséquences et ses caractères principaux. « Cadogan remuait par le moyen des prédicants les passions du bigotisme protestant, de manière que les peuples étaient persuadés que la religion de l'Etat ne pouvait être en sûreté si la république (hollandaise ) n'adhérait aux sentiments du roi Georges. >> S. S. Le Prussien Gresset va dans une cour où l'on aime la philosophie et la liberté de penser, et où l'on déteste le cagotisme. » VOLT.

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à l'action. Le pédantisme est une qualité ou une manière de penser de pédant. « Un livre plein d'un pédantisme dégoûtant. » (VOLT.) « Ne vouloir être ni conseillé ni corrigé sur son ouvrage est un pédantisme. » LABR. « Le pédantisme grec et latin permit rarement d'imiter Marot et Amyot. » COND. La pédanterie est une manière d'agir de pédant ou de tout ce qui en résulte. « Il ne faut pas à votre fils d'épitaphe latine : c'est une pédanterie ridicule. » VOLT. « C'est une pédanterie insupportable de s'attacher à corriger dans les enfants toutes ces petites fautes contre l'usage. » J. J. « La forme que les rhéteurs ont prescrite à la chrie (espèce d'acrostiche) est le chef-d'œuvre de la pédanterie. » MARM.

Enfin le pédantisme est plutôt un défaut qui tient à la profession, et la pédanterie un défaut du caractère, propre à l'individu. « Le goût de l'auteur de ce factum est d'une pédanterie qu'on ne peut pas même espérer de corriger. » SÉV. CHARLATANISME, CHARLATANERIE. Trompe

Le charlatanisme s'attribue plutôt aux savants, aux hommes qui s'occupent de théorie et de systèmes. « Tenons-nous en garde contre l'autorité magistrale qui veut subjuguer, et contre le charlatanisme, qui accompagne et qui corrompt si souvent les sciences. » VOLT. « On revint à Mairan, et on renvoya dans les espaces imaginaires le charlatanisme du carré de la vitesse. » ID. Mais charlatanerie se dit en parlant de toutes sortes de gens, d'industriels, d'intrigants et de fripons.

Dès que du cagotisme on fait profession. DÉSH. La bigoterie et la cagoterie sont de fait, se rapportent à la conduite; ce sont les pratiques du bi-rie de charlatan. gotisme et du cagotisme ou l'habitude de ces praliques; elles peuvent être décrites par un poëte comique ou satirique, ou racontées par un biographe. Les Espagnols en moins de deux ans (sous le ministère du comte d'Aranda), ont réparé cinq siècles de la plus infâme bigoterie. » VOLT. Crois-moi, renonce à la cagoterie; Mène uniment une plus noble vie. Id. En un mot, il y a quelque chose de plus concret et de plus relatif à l'action dans les mots bigoterie et cogoterie. On hait le bigotisme, c'est-à-dire la manière de voir et le vice du bigot; on hait la bigoterie, c'est-à-dire la manière d'agir du bigot. PÉDANTISME, PÉDANTERIE. Affectation de pėdant.

Que si les deux mots peuvent s'employer aussi à l'égard des mêmes personnes, ils ne laissent pas de différer encore dans ce cas. Le charlatanisme est le genre, et la charlatanerie un trait: le charlatanisme, une charlatanerie, des charlataneries. « A l'article Charlatan du Dictionnaire encyclopédique, M. de Jaucourt a développé le charlatanisme de la médecine. » VOLT. « La ridicule charlatanerie de deviner les maladies et les tempéraments par des urines est la honte de la médecine. » ID.

COQUÉTISME, COQUETTERIE. Ce qui constitue une coquette ou la coquette.

Pédantisme est un terme de spéculation, c'està-dire exclusivement propre à caractériser une manière de voir ou de juger en matière de littérature, de science ou de systèmes. Le pédantisme de l'érudition (LAH.); des traducteurs (D'AL.), délivrer la pensée des brassières du pédantisme (MARM.); Molière a défait le public du pédantisme des Femmes savantes (VOLT.); Léopold de Lorraine a établi dans Lunéville une espèce d'université sans pédantisme (ID.). — Pédanterie, au contraire, est un mot relatif aux actions et à la conduite: aussi se dit-il de plusieurs choses à l'égard desquelles pédantisme ne conviendrait point du tout. Caton, qui aimait par pédanterie les vieilles gens, s'attacha à Fabius. » FÉN. « Si un homme se renferme dans les bornes de son état, nous croyons remarquer en lui une affectation d'être toujours ce qu'il doit être, et nous appelons cela de la pédanterie. » COND. « Les peuples corrompus appellent pédanterie une exactitude Part, partie (repart, repartie). Garant, garantie.

scrupuleuse sur les mœurs. » ID. « Le marquis d'Arcy était un homme d'une vertu peu com

Coquétisme est très-peu usité. Mais Regnard l'a employé avec une admirable précision dans la comédie de la Coquette. Isabelle y dit à Colombine: «Savante comme tu l'es, tu devrais te mettre à montrer le coquétisme en ville; tu serais bientôt riche. » Coquétisme est donc réservé pour la théorie, et coquetterie pour la pratique: le coquétisme est la science; et la coquetterie, l'art. TERMINAISON IE.

Chapelle, chapellenie.

La terminaison féminine ie est en grec,
en latin

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LES.

De là il suit que garant exprimera une chose qui a par elle-même ou à qui l'on trouve la vertu de garantir, tandis que garantie signifiera un garant donné à dessein. On dira donc mieux : sa conduite passée est un garant de sa sagesse à l'avenir; et il donne sa conduite passée pour une garantie de sa sagesse à l'avenir. On a ou l'on prend pour garant; on donne une garantie ou pour garantie.

et en français, l'une des plus communes; ce qui | donc à boire de l'eau sur la garantie de Celse.. fait que sa valeur générale est très-difficile à déterminer. Nous nous bornerons à dire qu'elle rend abstraits les substantifs à la fin desquels elle se trouve, et leur imprime un sens analogue à celui des substantifs en té. Butet les appelle abstractifs-absolutifs, parce qu'ils présentent l'abstraction poussée jusqu'au plus haut point, parce qu'à force d'abstraction ils deviennent absolus et ressemblent fort aux substantifs sans terminaison significative. Mais parmi eux il en est dont on peut réduire la terminaison à celle du participe passé: tels sont, bouillie, saisie, repartie, rôtie. Or, cette observation nous paraît suffire pour mener à caractériser précisément les quelques noms de cette désinence qui ont pour synonymes des substantifs sans terminaison signifi

cative.

PART, PARTIE. Ce qui entre dans la composition d'un tout.

Part vient du latin pars, gén. partis, qui correspond au mot français pour le sens comme pour la forme. Partie dérive du participe passé. partitus, du verbe partire, diviser, partager: partie, partita, sous-entendu res, c'est-à-dire, chose divisée, ou plutôt chose qui résulte d'une division, ce qui provient d'un partage. En conséquence, partie rappellera toujours spécialement qu'il y a eu division, soit effective, soit mentale, et que la chose a été détachée d'un tout. De son côté, part étant un radical pur, sera absolu il signifiera, non pas quelque chose d'effectif ou de concret, comme partie, mais quelque chose d'idéal ou d'abstrait: non pas quelque chose qui est de fait, mais quelque chose qui doit être. Avoir part se dit à priori et suppose un partage à faire mais qu'un objet ait des parties, c'est quelque chose d'actuel et de réel. On fait les parts, en attribuant à chacun selon son droit: on ne fait pas les parties, elles existent de soi dans les choses.

:

En termes de jurisprudence, on ne se sert que du mot garantie, parce qu'en matière d'affaires et de procès il ne s'agit que de garants volontaires, formellement donnés, qui reçoivent expressément la destination de garantir. De sorte qu'entre garant et garantie la différence est analogue à celle qui existe entre indice et indication.

On peut ajouter à ces deux exemples chapelle et chapellenie, traités comme synonymes par Beauzée, et qui signifient, l'un et l'autre, un édifice sacré avec un autel où l'on dit la messe. Ils ne sont synonymes que dans la jurisprudence canonique; hors de là, le mot chapellenie est inconnu, on se sert toujours de celui de chapelle.

Or, dans le langage des canonistes, chapelle a un sens absolu, et chapellenie en a un relatif : le premier donne l'idée d'une église particulière et indépendante, d'un édifice isolé, entièrement détaché et séparé de toute autre église; le second désigne une partie d'église qui a été faite chapelle, qui a reçu la destination d'une chapelle : telle est, dans l'église paroissiale de Saint-Sulpice. lerrière le chœuf, la chapelle de la Vierge; c'est proprement une chapellenie. - Ensuite, chapellenie se prend seul, à cause de sa signification passive, pour ce qui est donné ou attribué à un chapelain comme bénéfice attaché à la chapelle. En quoi il ressemble à chanoinie, châtellenie et baronnie.

TERMINAISONS IE ET ISME.
Néologie, néologisme.

« La partie, dit Girard, est ce qu'on détache du tout; la part est ce qui en doit revenir. Le premier de ces mots a rapport à l'assemblage: le second, au droit de propriété. On dit, une partie d'un livre et une partie du corps humain; une NÉOLOGIE, NÉOLOGISME. Invention ou empart de gâteau, et une part d'enfant dans la suc-ploi de termes nouveaux, ou nouvelle applicacession. » tion de termes usuels. Deux mots grecs, vέoc, nouveau, et λóyog, discours, servent à composer le radical commun.

Repart, employé par Molière pour repartie, doit se dire aussi dans un sens général, absolu, à priori, pour caractériser, et non pour raconter.

Il a le repart brusque et l'accueil loup-garou. Mais on citera de quelqu'un une repartie brus que, ou fine, plaisante, spirituelle.

Dans néologie la terminaison simple ie étant peu significative par elle-même, c'est à la terminaison composée logie qu'il faut s'adresser pour avoir la valeur précise du mot entier. Or, «logie, dit Roubaud, sert ordinairement à désigner un GARANT, GARANTIE. Ces mots se disent des genre de science, de connaissances, de traité, choses qui en rendent d'autres sûres, qui les font comme dans théologie, chronologie, astrologie, attendre avec confiance: sa conduite passée est un et souvent une qualité du discours, comme dans garant, ou une garantie de sa sagesse à l'avenir. amphibologie, battologie. Ce mot, par lui-même, Garant, dans les anciennes langues du nord ne se présente pas sous un mauvais aspect, puiswarrant, signifie d'abord la personne qui répond qu'il signifie parole. » Dans néologisme la termid'une chose; c'est le radical pur du verbe garan-naison simple isme est assez significative pour tir, d'où dérive garantie. Garantie désigne proprement ce qui résulte de l'action de garantir et rappelle expressément cette action. « Bois de l'eau, Gil Blas, me dit le docteur, tu guériras; Celse même t'en sera garant.... Je continuai

indiquer à elle seule le caractère qui distingue le mot entier de son synonyme. Isme exprime un système, une doctrine que l'on professe, et quelquefois l'affectation, l'abus, l'excès de la chose, comme dans fanatisme, sophisme, purisme.

De là la distinction établie par Roubaud entre | état plus durable, une disposition plus permanéologie et néologisme. « La néologie, dit-il, nente. - Ainsi, en latin ægrimonia, suivant annonce un genre nouveau de langage, des manières nouvelles de parler, l'invention ou l'application nouvelle des termes. Le néologisme marquera l'abus ou l'affectation à se servir de mots nouveaux, d'expressions et de mots ridiculement détournés de leur sens naturel ou de leur emploi ordinaire. Il y a une néologie louable, utile, nécessaire, opposée au néologisme. »

Gardin, est un fond de peine d'esprit; ægritudo, une peine d'esprit. Cicéron prétend que la peine, exprimée par ægritudo, résulte de l'idée d'un mal présent; elle a donc plus de vivacité. Castimonia est dans les hommes et dans les femmes une disposition à être chaste; dans castitas l'idée de chasteté se trouve bien plus forte, plus effective et plus présente ; et c'est pourquoi ce mot ne Cette distinction observée, du reste, par l'Aca-se dit que des femmes. Pareillement, entre les démie dans la définition des deux mots dont il s'agit ici, n'est pas d'une grande fécondité. On ne peut guere s'en servir qu'à l'égard des mots philosophie et philosophisme, dont le second signifie, comme tout le monde sait, l'abus de la chose marquée par le premier'.

Nous ajouterons une remarque, c'est que néologie devrait donner néologue, lequel se prendrait en bonne part, comme philologie donne philologue; tandis que néologisme donnerait néologiste, auquel serait réservé le sens défavorable: c'est ainsi que de purisme on a fait puriste. Il n'en est point ainsi. Nous n'employons guère que le mot néologue, et presque toujours nous le prenons en mauvaise part.

deux mots français épargne et parcimonie, qui en dernière analyse ont même racine, il y a cette différence, qu'épargne signifie quelquefois un acte particulier d'économie: vous faites là une bien petite épargne! au lieu que parcimonie ne signifie jamais que la disposition à épargner. De plus, parcimonie marque essentiellement une épargne petite, minutieuse, qui s'attache aux menues dépenses.

TERMINAISONS MONIE ET TÉ.

Acrimonie, dcreté.

ACRIMONIE, ACRETÉ. Qualité de ce qui est âcre, mordant, corrosif.

L'acrimonie est le diminutif de l'acreté; elle produit une sensation affaiblie d'acreté des sels peuvent être acrimonieux sens être dcres. On dit l'acrimonie du sang (VOLT., MARM.), et l'âcreté des humeurs ou de la bile. « L'acrimonie et la pointe des sauces m'agréèrent étant jeune. » MONTAIGN. Ensuite, acrimonie désigne une dispo

A ce propos, nous signalerons une inconséquence de notre langue. Elle appelle, et avec raison. psychologues les savants qui cultivent la psychologie, et physiologistes ceux qui s'occupent de physiologie. Il faudrait évidemment donner au second mot la même terminaison qu'au premier, sauf à appeler des noms de psychologistes et de physiologistes les psychologues et les physiolo-sition constante à l'écreté: on parlera de l'âcreté gues qui feraient abus de leur science, qui s'en d'une chose qui vient d'être âcre, et de l'acrimopréoccuperaient excessivement. Ainsi le veut l'a- nie d'une autre qui demeure toujours âcre, mais nalogie. Il faudrait de même ne prendre qu'en moins àcre. « Les neiges m'ont arraché les yeux bonne part mythologue et ornithologue, et en par l'âcreté de l'air qu'elles apportent avec elles.» mauvaise mythologiste et ornithologiste: un ha- VOLT. bile mythologue ou ornithologue; un ennuyeux mythologiste ou ornithologiste.

TERMINAISON MONIE.

Au figuré, l'âcreté marque de la haine parmi les satiriques, Juvénal, avec sa mordante hyperbole était dcre; l'acrimonie marque de l'humeur: la femme de Socrate était acrimonieuse. Ainsi, l'acrimonie n'est pas franchement dcre; elle déplaît plutôt qu'elle ne blesse; elle est plutôt mordicante que mordante. Elle se dit du caractère

Cette terminaison composée vient incontestablement du latin; elle se retrouve, par exemple, dans les mots acrimonia, ægrimonia, querimo-peu enjoué, sombre, chagrin, maussade, de ces nia, castimonia, sanctimonia, parcimonia. Quelle qu'en soit l'origine, quand on compare les noms en monie avec des synonymes de même radical et d'une autre terminaison, leur valeur caractéristique apparaît assez facilement. Ils désignent quelque chose d'adouci ou de plus faible, et en même temps quelque chose de plus constant, un

D

4. Corbinelli écrit à Mme de Grignan: « Le titre de mon livre est le Misanthropisme; mais madame Votre mère soutient qu'il faut dire la Misanthropie. La question ne peut être résolue par le principe de distinction appliqué ci-dessus à neologie, neologisme, puisque misanthropie signifie évidemment quelque chose de mauvais aussi bien que misanthropisme. Mais misanthropisme regarde la théorie, les opinions, le système; et misanthropie la pratique, la conduite, le sentiment de l'âme. Mme de Sévigné avait donc tort; car dans le liver de son ami Corbinelli il devait être question d'une secte, suivant les propres termes de Corbinelli lui-même.

SYN. FRANC.

hommes bilieux que tout mécontente, et qui font sentir continuellement leur mauvaise humeur à tout ce qui les entoure; il y a en eux quelque chose de disputeur, de contredisant, de revèche, d'acariâtre, de petitement, de mesquinement méchant. Ce n'est plus l'énergie, la violence de l'acreté; mais aussi c'est la permanence d'une disposition à l'âcreté.

TERMINAISONS GONIE, GRAPHIE,
LOGIE.

Cosmogonie, cosmographie, cosmologie.

COSMOGONIE, COSMOGRAPHIE, COSMOLOGIE. Le radical commun de ces trois mots consiste dans leur première partie, laquelle vient du grec xóσpos, univers ou monde : ils expriment des sciences de l'univers ou du monde. Leur différence

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D

tient à leurs terminaisons composées, toutes trois | peine et sans feintise d'accepter le pontificat. également dérivées du grec. Cette même remarque trouve son application à l'égard des mots simplesse et simplicité. (Voy. pag. 188.)

Gonie, qui termine le premier mot est fait de yívɛobat, devenir, naître; graphie, désinence du second, a pour racine ypagety, décrire; logie, qui se trouve à la fin du troisième, tire son origine de λóyog, discours, raisonnement, science. De sorte que cosmogonie indique la science de la formation de l'univers; cosmographie, la science qui décrit l'univers, qui enseigne la construction, la figure, la disposition et le rapport de toutes les parties qui le composent; et cosmologie, la science par excellence, ou la science raisonnée de l'univers, c'est-à-dire une science générale qui, sans entrer dans les détails, comme la cosmographie, tâche de découvrir une partie des lois par lesquelles l'univers est gouverné.

La cosmogonie est conjecturale: elle fait des hypothèses sur la naissance et l'état primordial du monde. La cosmographie est purement historique et descriptive: elle expose, dans toutes ses parties et ses relations, l'état actuel de l'univers tout formé; espèce de physique générale, qui tient, d'une part, à l'astronomie, de l'autre, à la géographie. La cosmologie est inductive et rationnelle; plus spéculative, plus métaphysique que la cosmographie, qui se borne à l'observation, elle s'occupe surtout des rapports nécessaires, des lois; elle montre l'analogie et l'union qu'ont entre elles les parties de l'univers, et son utilité principale consiste à nous élever par les lois générales de la nature à la connaissance de son

auteur.

TERMINAISON ISE.

Feinte, feintise.

La terminaison ise, d'origine toute française, est familière, et se prend d'ordinaire en mauvaise part pour exprimer un défaut, ainsi qu'on peut le voir par les mots, balourdise, bêtise, sottise, couardise, fainéantise, friandise, paillardise. C'est pourquoi les noms en ise ont quelques synonymes en erie. Parmi les substantifs peu nombreux qu'elle termine, plusieurs sont tombés ou tombent en désuétude, comme hantise et chalandise; et quand un substantif en ise est synonyme d'un substantif autrement terminé, si l'un des deux cesse d'avoir cours, c'est plutôt le substantif en ise. Or, le substantif en ise qui vieillit, et par cela même qu'il vieillit, a un air de bonhomie, de naïveté et de familiarité étranger à son synonyme.

TERMINAISONS ISE ET ERIE.

Cafardise, cafarderie. Lourdise, lourderie.

Ce qu'il y a de commun entre ces deux terminaisons, c'est d'être familières et d'indiquer des défauts ou des actes qui en émanent. Mais leur différence vient de ce que primitivement erie désigne un métier, une profession, une habitude, la répétition des mêmes actes, tandis qu'aucun nom de métier ne se termine en ise. En général, erie marquera plutôt le défaut et ise l'acte qui en dérive. Mais supposons que tous deux marquent en même temps ou le défaut ou l'acte. Tout nom en erie, exprimant un défaut, fait entendre qu'on se livre habituellement aux actes provoqués par ce défaut; ce que ne suppose en aucune sorte un nom en ise significatif du même défaut. Tout acte vicieux, dont le nom se termine en crie, est habituel; et le même nom terminé en ise n'emporte pas cette idée.

CAFARDISE, CAFARDERIE. Ces deux mots se disent en parlant du cafard, de sa manière d'être ou de sa manière d'agir.

Cafardise s'entend plutôt de sa manière d'agir, d'un acte particulier; et cafarderie, de sa manière d'être, de son défaut. L'usage a presque rejeté cafardise, par la raison toute simple que cafarderie convient aussi bien pour marquer l'acte que le défaut. Tous deux néanmoins méritent d'être conservés; car, si cafarderie peut exprimer un acte particulier de cafard, il le fait avec une nuance étrangère à cafardise, et qu'on n'a pas toujours l'intention de faire entendre: il représente la personne comme commettant fréquemment ou comme étant dans l'habitude de commettre des actes semblables.

LOURDISE, LOURDERIE. Ces deux mots, beaucoup moins usités que leur synonyme balourdise, signifient une faute grossière contre le bon sens, contre la civilité ou la bienséance.

On fait une lourdise en passant, et des lourderies continuelles; la lourdise est causée par l'irréflexion, et la lourderie vient de ce qu'on est un lourdaud. « La lourdise de sa réponse fut inexprimable. » S. S. La comtesse d'Escarbagnas, dans la pièce de Molière qui porte ce titre, relève les lourderies de son valet Criquet.

TERMINAISON AT.

Pension, pensionnat.

Tel est, en effet, le caractère distinctif de feintise par rapport à feinte. Charron a parfaitement observé cette différence. Il dit quelque part « Des faits et dits internes, pensées, opi- Cette désinence répond à la désinence latine nions, créances (ou la feinte est bien grande, et atus, forme de participe passé passif. Consulat qui enfin se découvre) sourdent les externes. » Et est la traduction exacte de consulatus, célibat de ailleurs Les petits déguisements, faire la pe- cælibatus, tribunat de tribunatus, pontificat de tite bouche, les figures et feintises, qui sentent à pontificatus, et ainsi des autres, comme apostola pudeur et modestie, vont fort bien aux fem-lat, épiscopat, rectorat, doctorat, tirés immédiames, sont là au siège d'honneur. » Saint-Simon a tement du latin ou formés sur le modèle des mots aussi employé feintise avec la nuance qui lui est latins de cette classe à l'aide d'une base latine. assignée ici,« Le cardinal Albano eut vraiment Cette terminaison, originairement passive, signi

fie, dans les deux langues, ce qui provient d'une | cairie égalerait au moins vicariat en noblesse, action, comme résultat, état, apparat, agrégat, puisqu'il se trouve beaucoup de mots terminés orgeat. contrat, mandat, et plus souvent quelque en ie tant en grec qu'en latin. Mais la composichose dont on est chargé, qu'on souffre en quel- tion de vicariat, comme celle de secrétariat, est que sorte, un emploi, un office, une dignité. toute latine: il est formé de vicarius, comme seEnfin, elle désigne quelquefois aussi le lieu oc- crétariat de secretarius; celle de vicairie et de cupé ou possédé par celui qui est revêtu d'une secrétairerie est toute française, car ces mots ne dignité ou d'un titre, comme dans les mots élec- sont autre chose que les mots français vicaire et torat, exarchat, landgraviat, marquisat, pala- secrétaire, à la fin desquels on a placé, pour l'un tinat, vicariat. ie, et pour l'autre rie.

De là vient que vicairie s'entend uniquement de la fonction d'un vicaire de paroisse; au lieu que vicariat se dit bien, par exemple, de la dignité d'un ecclésiastique ou d'un prince, qui remplace un ecclésiastique ou un prince supérieur dans certaines fonctions. Un prêtre est élevé par l'évêque au grand vicariat du diocèse. Le vicariat de l'empire en telle province. Un vicaire apostolique exerce le vicariat du saint-siege

PENSION, PENSIONNAT. Maison d'éducation. Le terme simple et primitif, pension, exprime l'idée commune sans autre accessoire que celui qui résulte de son étymologie même, pendere, payer. et qui consiste dans un rapport au prix que payent les élèves. Le terme composé et dérivé, pensionnat, designe, en vertu de sa terminaison, le lieu où logent ceux qui ont le titre de pensionnaires. Dans un collège et même dans plusieurs pensions, le pensionnat est un quartier (FÉN.). Le pape choisit pour le vicariat apostospécial où n'entrent point les externes. Lors-lique les sujets qu'il veut (ID.). « Les papes osant que les deux mots sont le plus synonymes, pen-prétendre qu'ils donnaient l'empire, devaient à sion indique un établissement où l'on paye plus plus forte raison en donner le vicariat. » VOLT. ou moins suivant la nourriture et le degré d'in- On distinguerait de même canonicat et chastruction qu'on y reçoit, et selon qu'on suit ou noinie. qu'on ne suit pas les cours du collège; pensionnat n'a rapport qu'au local; il est plus ou moins spacieux et situé dans telle ou telle rue. Un maître de pension élève un pensionnat ou vend son pensionnat. — Ensuite, pensionnat signifiant le local de la pension rappelle plutôt les soins matériels qui sont donnés aux élèves.

TERMINAISONS AT ET ERIE.

Secrétariat, secrétairerie.

TERMINAISON EIL.

Somme, sommeil.

Cette désinence, très-rare en français, semble avoir été faite du latin, ilium, ilia; car conseil vient de consilium, Marseille de Massilia, éveil de evigilia, comme l'adjectif pareil de parilis. Or, on peut sans témérité trouver à ilium et à ilia quelque air de ressemblance avec les termi

SECRÉTARIAT, SECRÉTAIRERIE. Lieu où un naisons illus et illa, ellus et ella, dont le caracsecrétaire fait et délivre ses expéditions.

At est une terminaison latine, noble par conséquent, qui fait considérer le secrétaire comme revêtu d'une charge, d'un titre, d'une dignité. Erie, au contraire, termine les noms de professions assez vulgaires, et en marque les opérations

réitérées.

Le secrétariat est occupé par un secrétaire, agent responsable, qui jouit d'un titre, qui a des bureaux, des commis, qui fait des opérations importantes et qui conserve les registres, les archives, dont la tenue et la garde lui sont confiées. La secrétairerie est le lieu où se trouvent réunis les secrétaires d'un vice-roi, d'un gouverneur, agents subalternes, qui ne sont revêtus d'aucun caractère, qui n'écrivent rien en leur propre nom et ne tiennent aucun rang dans la hierarchie.

Le secrétariat de l'Institut. « J'ai peur que votre protégé ne soit bon à rien je lui recommande cent fois de se faire un caractère lisible pour vous étre utile dans votre secrétairerie. » Voltaire au maréchal duc de Richelieu.

TERMINAISONS AT ET IE.
Vicariat, vicairie.

VICARIAT, VICAIRIE. Fonction de vicaire.
A ne consulter que la terminaison, le mot vi-

tère diminutif apparaît clairement, par exemple, dans les mots, lapillus (de lapis, pierre), petite pierre, furcilla (de furca, fourche), petite fourche, cultellus (de culter, couteau), petit couteau, pagella (de pagina, page), petite page, comme il apparaît en français dans les mots flottille, croustille, faucille, parcelle, tourelle. Il en est de même de la terminaison ilis dans les adjectifs : par signifie égal, et parilis, pareil, c'est-à-dire presque ou à peu près égal; regius se dit de ce qui appartient au roi ou de ce qui en vient, regalis de ce qui lui convient, mais d'une manière moins directe, de ce qui est digne d'un roi. Et pour les verbes, on ne saurait douter que vigilare, veiller, ne soit le diminutif de vigere, être en vigueur. La terminaison française eil doit donc être diminutive, comme la terminaison ilium ou ilia, d'où elle dérive; ce qui ne veut pas dire qu'elle le soit pour le sens dans tous les mots français à la fin desquels elle se trouve placée, et, par exemple, dans soleil, oreille, corbeille.

Mais, n'y eût-il qu'invraisemblance dans toute cette conjecture, il suffirait, pour distinguer les synonymes suivants, de savoir, d'une part, que la terminaison eil est significative et ne fait point partie du radical des mots où elle se trouve; de l'autre, que, bien que d'une origine probablement latine, elle est dans le fait presque toujours française, la plupart des noms en eil ne corres

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